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Album

09 décembre 2014 - U-Zine

Jadallys

Labyrinthes

LabelUnderclass Records
styleDark heavy metal
formatAlbum
paysFrance
sortienovembre 2007
La note de
U-Zine
7/10


U-Zine

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Le principe même du labyrinthe est de perdre la personne qui va oser entrer, mais il est aussi une des représentations symboliques du chemin tortueux qu'emprunte l'esprit humain. Si je commence cette chronique par ces considérations, c'est pour bien appuyer que la seconde création des Français de Jadallys a été réfléchie, ébauchée, construite selon ces deux voies autant musicalement que conceptuellement et si l'on prend ceci comme un postulat de départ, on a sans aucun doute un peu moins de mal à faire face à un album qui entraîne un nombre impressionnant de critiques, de remarques et de sentiments contradictoires.

La production a été remise entre les mains expertes de Stéphane Buriez et le son est tout bonnement excellent, l'unique guitare sonne rock et métal à la fois et sa distorsion fait mouche. Mais les autres instruments ne sont pas en reste: la basse est bien présente et la batterie claque. On notera au passage l'absence de claviériste mais la présence de nombreux samples et une vraie place laissée aux effets électroniques. Pour finir sur le son et les musiciens, la voix de Sélène n'est pas en reste et il est nécessaire qu'elle soit mise en avant et que ses nombreuses variations soient peaufinées et mises en valeur. Et là encore c'est gagné. Techniquement parlant, il ne manque rien à cet album, on pourra aussi placer un mot sur le digipack très soigné. Mais aussi sur la pochette qui résume parfaitement le mystère et l'atmosphère sombre qui règne sur l'album. Il faut aussi les photos en filigrane dans le livret montrent le groupe et leur concept maquillage ainsi qu'un mystérieux personnage, acteur de leur concept (enfin je suppose!).

Parce que si je ne suis pas en mesure de vous dire s'ils suivent un vrai fil rouge, je peux affirmer qu'ils portent une certaine attention aux paroles et aux mots. Tout est en français et fort bien mis en valeur par la chanteuse dont les intonations sont souvent langoureuses, faisant ainsi traîner les notes et marquant les mots afin qu'ils sonnent. Mais elle sait aussi être agressive et porter son instrument sur les chemins de l'extrême comme dans Mer Aimante, titre assez représentatif des nuances que Sélène peut apporter: d'un extrême à l'autre. Elle joue de ses tons comme une actrice en susurrant un texte aux résonances poétiques dans le Vide et va jusqu'à déformer sa voix dans Expérience. Ces éloges ne peuvent dissimuler le contenu de certaines chansons qui me semble un peu léger ou poussé ici pour remplir des lignes. Je pense que j'ai été choqué par l'écart entre un texte comme celui de la Complainte de Judas qui m'a marqué, avec sa profondeur et son profond désespoir bien mis en mots et celui de Rapport Sagittarius a avec des phrases hallucinantes d'absurdité (allez sur le myspace pour écouter les paroles) ou encore les bruits de dinde sur Nuit. Les mots comptent chez Jadallys mais à quel prix! Je resterai sur une bonne impression, celle d'un groupe qui propose un tout, une unité texte-musique.

Car la musique reflète l'esprit qui, penché sur cet album comme la mauvaise marraine sur le berceau de Cendrillon, jette un voile sombre et plein de désespoir. En effet, l'ambiance générale n'est guère à la fête, les paroles sont peu optimistes pour la race humaine ou traitent d'araignées, de guerre, de nuit ou de vide, et la musique se fait écho de cette noirceur. Alors pour se faire, les musiciens allient des riffs pesants et minimalistes voire carrément glauques comme dans l'araignée, chanson lente et prenante, à des rythmiques appuyant le ton de supplication voire de complainte (la complainte de Judas, ou Expérience). Cependant la tendance générale est au mid tempo, plutôt heavy et assez enlevé. Les structures des chansons ne sont pas vraiment classiques et les ambiances sont travaillées, les grooves de batterie sont très présents, le groupe casse souvent les constructions habituelles: dans Morte au Combat, on passe de langueur à agression, la tension monte en même temps que le tempo, et même si on en arrive à ne pas pouvoir classifier la musique que l'on écoute, la faire rentrer dans une boîte, on y prend un certain plaisir. On arrive tout de suite sur l'écueil de cette déstructuration, cela peut être difficile d'accrocher, de sentir une homogénéité au niveau du plaisir d'écoute. Le groupe a pris tous les bouts de compos qui leur plaisaient, et les a relié par des ponts déroutants ou originaux: dans le Vide, le break entre les deux moitié de la chanson en est une représentation assez typique. Mais il montre là que rock, métal, atmosphérique, heavy et extrême peuvent se mêler de manière remarquable et singulière.

Labyrinthes peut se targuer d'un avantage, il est quasi impossible de le comparer à une autre production. Ce qui peut se retourner contre Jadallys puisqu'en mélangeant des musiques puissantes, sombres, mais aussi assez rock et mélodiques, ils ont pris le risque faire une musique ambitieuse et plus difficilement accessible au grand nombre. Au moins ils soulèvent l'intérêt, ce qui est loin d'être négligeable !

1.mer aimante
2.la complainte de judas
3.le vide
4.nuit
5.l’araignée
6.rapport sagittarius a
7.k
8.morte au combat
9.labyrinthes
10.enfant de personne
11.expérience
12.shaman