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mardi 5 décembre 2017

Gaahl's Wyrd + The Great Old Ones + Auðn @ Toulouse

Le Métronum - Toulouse

Shawn

Anciennement responsable du webzine U-zine.org. Actuellement chroniqueur éclectique et live reporter basé à Toulouse.

Il est des concerts qui commencent tardivement, sans que le temps semble rentrer en compte. Et il est des concerts qui commencent honteusement tôt. Surtout pour les concierges de Pau. Et ce concert est bien de ceci. Vous n’avez rien compris ? Alors retour arrière. Il y a deux mois, sur l’évènement Facebook du concert, alors encore morne et endormi, une publication fait alors grand bruit chez SPM Prod. Un habitué de leur concert, concierge en établissement scolaire sur Pau se plaint, à grand renfort d’insultes de l’horaire honteusement précoce de ce concert. Malheureusement, tout l’argumentaire du monde n’y fera rien, et le mème était créé.

Mais loin d’une simple question d’horaire, ce concert c’est avant tout la mise en avant d’un genre souvent absent sur les scènes toulousaines, faute d’un public assez nombreux : le black metal. Car si un Behemoth, de par sa seule réputation a été capable de remplir un Bikini, Gaahl, malgré un succès certain, n’a pas l’aura suffisante pour remplir un Métronum. Et c’est donc à quelques jours de l’échéance que l’association organisatrice annoncera que la date est décalée dans la Music Box du Métronum. Cette petite salle (moins de 200 places) offrira donc une certaine proximité avec les groupes, à défaut de se produire sur la grande scène.

AUDN

Première formation à entrer en scène : Auðn (« désolation » en islandais). Alors que dans le public, les spectateurs les plus pointus s’écharperont sur la prononciation exacte du nom du groupe, sur scène, l’ambiance est feutrée. Peu de lumières, beaucoup de fumée, l’instant est intimiste malgré la proximité avec le public. La formation islandaise défend sur cette tournée son second (et excellent) opus, Farvegir Fyrndar, sorti chez les Français de Season of Mist. Alors que leur premier album éponyme avait fait connaître le groupe, c’est véritablement cette seconde galette qui a enfoncé le clou. Un black metal atmosphérique, aérien et froid, à l’image de l’Islande.

Et sur scène, les musiciens, menés par le vocaliste Hjalti Sveinsson, sont à l’image de leur musique : distants et sobres. Coté setlist, évidement leur nouvel album est à l’honneur, notamment avec l’excellent titre Lífvana jörð. Loin du cliché qu’est devenu Solstafir et consort, Auðn offre ici un nouveau regard sur les terres volcaniques islandaises : plus cinglant, plus contemplatif de ces paysages glacés. Une bien belle invitation au voyage avant un autre départ, plus abyssal …

THE GREAT OLD ONES

A-t-on encore besoin de présenter TGOO après une année entière passée à parcourir la France ? Car si vous avez loupé la formation en concert en 2017, c’est que vous l’avez sûrement fait exprès : outre leur passage Motocultor et au MFest, le groupe s’est aussi produit à Toulouse pas plus tard qu’en juin dernier, avec Deluge et Heir, à la Faculté de Sciences. Pour autant, petit cours de rattrapage pour ceux du fond. Fondé par le guitariste chanteur Benjamin Guerry en 2009, TGOO se caractérise par une influence considérable provenant des écrits de Lovecraft. Selon les dires du frontman, H.P. Lovecraft est le 6ème membre du quintet.

Sorti au début de l’année, leur dernier opus (le 3ème donc), EOD: A Tale of Dark Legacy, sera donc l’opus à défendre ce soir. Cinq titres de l’album seront joués, curieusement dans le même ordre que sur album, montrant si besoin était l’importance de la chronologie de l’histoire, à l’image des écrits lovecraftiens. TGOO nous offre ici une plongée en eaux profondes, directement à R'lyeh, à la rencontre des grands anciens, que sont Rhan-Tegoth, Nyarlathotep ou le plus célèbre d’entre eux : Cthulu. Une plongée dont on ressort au bout de 40 minutes encore haletant malgré le léger déséquilibre de son suivant la position dans la salle. Notons par ailleurs que la basse était tenue ce soir là par Benoit Claus de Gorod.

Setlist The Great Old Ones :
Searching for R. Olmstead
The Shadow Over Innsmouth
When the Stars Align
Je ne suis pas fou
Antarctica
Visions of R'lyeh
The Ascend
Wanderings
Mare Infinitum

GAAHL'S WYRD

En aout 2015, alors que le concert de GodSeed du Motocultor allait débuter, François Montupet (membre de l’équipe du festival et chanteur de The Four Horsemen) monte sur scène et annonce : « Gaahl m’a demandé de vous transmettre le message suivant : ce concert sera le dernier de GodSeed ». Froid dans l’assistance : l’ambiance était posée. Car Gaahl, c’est tout ça : un type capable d’arrêter un projet musical en plein festival, un type qui décide d’arrêter les concerts avec Wardruna (perdant ainsi sur scène un de leurs membres les plus charismatiques), un type capable de bugger 30 secondes, un verre de vin en main, avant de lâcher un « Satan » devenu culte. Bref, Gaahl, quoi qu’il fasse n’a jamais laissé indifférent. Moqués par les uns, adulés par les autres, on ne peut définitivement pas rester de marbre : tant pour la carrière musicale de l’homme que pour son personnage.

Et c’est bien ce même Kristian Eivind Espedal, de son vrai nom, que l’on retrouve ici à la tête de Gaahl's Wyrd, son projet actuel. Et à y regarder de plus près, on se rend rapidement compte que ce nouveau projet est avant tout… un cover band ! Car loin de proposer des nouveautés, ce sont bien les anciens projets du Norvégien qui seront à l’honneur : Trelldom, Gorgoroth et évidement God Seed. Et autant le dire cash : tant au Ragnard Rock qu’au Fall of Summer, chacun des concerts de Gaahl's Wyrd m’avait jusqu’à présent profondément ennuyé. Seulement ce soir à Toulouse, les choses sont légèrement différentes. En effet, l’habile choix de l’organisateur de passer sur une salle plus intimiste, sans crash barrière, offre désormais une proximité que l’on avait jusqu’alors peu eu l’occasion d’approcher.

C’est ainsi les yeux dans les yeux de Gaahl que la prestation commence. Et dès le début chanté à cappella, le norvégien pose son énorme scrotum sur la scène (c’est une figure de style hein…) : une voix ahurissante de puissance dans un homme hermétique à toute sensation. Pas un sourire, pas un tressaillement de moustache, l’homme reste de marbre, sa voix surpassant tout le reste. Sans aller à détailler la setlist titre par titre, surtout sur des morceaux déjà bien connus (Incipit Satan, Steg …), le set est surtout à prendre comme un aperçu d’une carrière déjà longue de plus de 20 années sur 3 groupes différents. Scéniquement on aura noté un Gaahl sensiblement plus "éveillé" qu'en festival, la proximité avec le public aidant. 

Bref, loin d’être le concert de l’année, Gaalh's Wyrd aura eu le mérite de faire revivre quelques vieux titres, chantés par leur vocaliste originel. Peu de monde malheureusement, confirmant doucement mais surement le déclin de cette scène en Occitanie. Dommage.

Setlist Gaahl's Wyrd :
Steg (Trelldom cover)
Slave til en kommende natt (Trelldom cover)
Til Minne... (Trelldom cover)
Sannhet, Smerte Og Død (Trelldom cover)
Sign of an Open Eye (Gorgoroth cover)
Awake (God Seed cover)
Aldrande Tre (God Seed cover)
Høyt opp i dypet (Trelldom cover)
Carving a Giant (Gorgoroth cover)
From the Running of Blood (God Seed cover)
Lit (God Seed cover)
Alt Liv (God Seed cover)
This From the Past (God Seed cover)
Incipit Satan (Gorgoroth cover)
Til Et Annet (Trelldom cover)
Exit - Through Carved Stones (Gorgoroth cover)
Wound Upon Wound (Gorgoroth cover)
Prosperity and Beauty (Gorgoroth cover)

Photos