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Album

10 octobre 2017 - Dolorès

Pagan Altar

The Room Of Shadows

LabelTemple of Mystery Records
styleDoom / Heavy
formatAlbum
paysRoyaume-Uni
sortieaoût 2017
La note de
Dolorès
9/10


Dolorès

Non.

Un pincement au cœur, c’est la réaction de tout fan de Pagan Altar qui découvre qu’un nouvel album va voir le jour, annoncé par ce visuel aux allures de dernière lueur avant que les bougies ne s’éteignent. Si la joie est immense de voir sept nouveaux titres rejoindre la discographie sans faute du groupe culte, c’est également un rappel que Terry Jones (chant), nous a quittés il y a déjà deux ans.

Le voici, The Room Of Shadows, Adam Burke aux pinceaux (j’en parlais récemment dans une autre chronique, cet homme est partout, mais ce n’est pas pour nous déplaire), et… Terry Jones au chant. Non, il n’est pas revenu d’entre les morts, mais en réalité, l’album était déjà prévu depuis 2013. Ainsi, les parties de chant étaient déjà enregistrées, Andy Jones, le fils de Terry et guitariste du groupe, n’a eu qu’à continuer ce qui était déjà entamé. Néanmoins, il semblerait que cela ait été compliqué de finir par sortir l’album, avec la pression donnée par le rôle de dernier de sa lignée, dernier reflet du groupe et de son frontman.

Autant dire que la fan que je suis avait beaucoup d’attentes liées à ce The Room Of Shadows. A la première écoute, je l’ai trouvé sympathique, mais j’ai été déçue. J’ai trouvé que les morceaux se ressemblaient parfois, que le chant avait cet écho-reverb assez énervant, que je ne relevais pas d’instants véritablement mémorables. En réalité, je l’ai sans doute sous-estimé car je ne voulais pas être influencée par le fait qu’il s’agissait d’une pièce exceptionnelle par son contexte, qui ressuscitait le chant de Terry et lui donnait un dernier souffle.

A force d’écoutes (d’où le fait que cette chronique sorte en octobre alors que l’album est paru en août), la tendance s’est totalement inversée. On ne peut pas nier que l’album est un chef-d’œuvre, ni meilleur ni en deçà du reste de la discographie de Pagan Altar. Ces sept titres ont toujours cette patte, à la fois tranquille et épique, empreinte de sorcellerie noire et de lueurs mystiques. Certes, le temps que met « Rising Of The Dead » à réellement débuter a quelque chose de rageant, mais on s’y fait et on se retrouve à apprécier le titre comme la bombe à retardement qui annonce la suite de l’album.

Comment ai-je pu m’attendre à des titres énervés, ou plus entraînants ? Le mid-tempo dans le genre « je prends mon temps mais je t’écrase de mes mélodies rock’n’roll ou grandiloquentes » est tout de même un des atouts de Pagan Altar depuis les premières notes. Le groupe n’a jamais eu besoin de chercher l’originalité, la nouveauté, une quelconque opportunité de sortir du lot car il s’épanouit dans l’efficacité la plus simple. C’est ce qu’ils ont toujours fait et ce qu’on peut attendre d’eux.

Malgré le fait que le groupe n’en fasse jamais trop, on se délecte de ces histoires qui nous sont contées (assez gothiques et noires comme d’habitude, ici de Dorian Gray à Jack The Ripper), de ces contes musicaux aux guitares majestueuses et aux rythmiques variées. Pas la peine de citer un titre qui sorte du lot, ils forment tous un ensemble homogène, de qualité équivalente (bien que « The Ripper » triche avec ses 10 minutes de folie).

Pagan Altar a toujours été un groupe qui force le respect. Certes, c’est un trait qui se retrouve assez souvent chez les groupes de Doom/Heavy qui ont ce côté épique et si simple, noble et humble à la fois que la mélodie en devient évidente. Les lignes de chant de Terry Jones ont toujours été un énorme bonus pour le groupe, malgré son chant nasal qui en repousse plus d’un, car les mélodies et les intentions sont maîtrisées à la perfection.

A noter que le groupe se produit encore avant de s’éteindre pour de bon, avec l’excellent Brendan Radigan au chant, à voir au Hammer Of Doom en novembre pour les chanceux. Cela risque d’être l’une des dernières occasions de voir l’entité prendre vie sur scène, car Andy Jones considère que Pagan Altar est un projet qui ne peut être voué à perdurer sans Terry (et on ne saurait le contredire).

Toutefois, cette dernière pièce d’hommage est une réussite dont on se souviendra.


1. Rising of the Dead
2. The Portrait of Dorian Gray
3. Danse Macabre
4. Dance of the Vampires
5. The Room of Shadows
6. The Ripper
7. After Forever