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mardi 10 octobre 2017

Celeste + Sunstare + 30.000 Monkies + Krig @ Lille

Le Midland - Lille

Nostalmaniac

Le Max de l'ombre. 29 ans. Rédacteur en chef de Horns Up (2015-2020) / Fondateur de Heavy / Thrash Nostalmania (2013)

Nostalmaniac Quelle surprise inattendue que cette date de Celeste à Lille ! D’autant plus au Midland (ex-Select), bar-concert plutôt underground situé dans le quartier populaire de Moulins. Même si le groupe lyonnais y a déjà joué par le passé, ça reste surprenant au vu de sa réputation. Une surprise pas au goût de tous créant une mini-polémique (notamment sur le prix de l’entrée (12 € sur place et 10 € en prévente, pas vraiment de quoi crier au scandale), la sono du bar, etc) qui en aura visiblement découragé certains. Il faut noter également que ce vendredi est assez chargé côté concerts : Mayhem / Enthroned à Avelgem (à 40 min de Lille) et Belphegor / Deströyer 666 à Bruges.

Bref, ce soir dans le Nord, le registre est sensiblement différent même si la noirceur est de mise avec le Sludge/Post-Hardcore de Celeste et Sunstare mais aussi l’OVNI belge Krig et leurs compatriotes de 30,000 Monkies.

KRIG

Florent : C'est déjà la quatrième fois que j'ai l'occasion de voir les gars de Krig, originaires de mon coin de Belgique, distiller en live leur drôle de mélange entre grind, musique tribale et sludge bruitiste. C'est toutefois la première fois que je les vois depuis la sortie de leur premier opus Alchemist's Culture... et depuis le départ-surprise qui s'en est ensuivi : celui de leur charismatique chanteur Damien. Un peu étrange et casse-gueule pour un si jeune groupe d'avoir à remplacer son chanteur principal à peine sorti le premier album. D'autant plus que Krig a fait le pari d'évoluer, en attendant, probablement, un remplaçant, sous forme de trio. La musique devient dès lors majoritairement instrumentale, avec Maël (guitare) s'occupant de quelques parties vocales et mantras. 
Autant le dire de suite : je ne suis pas franchement convaincu. Si l'instrumental d'ouverture, avec sa belle progression rythmique, est assez épatant, la comparaison avec les prestations explosives du combo avec Damien au micro déçoit inévitablement. En plus de quelques pains inhabituels, le trio paraît plus renfermé que d'ordinaire. On le serait à moins dans ces conditions un peu bizarres, mais celui qui découvre Krig ce soir risque fort de sortir de là moins secoué qu'il y a quelques mois de ça. Le potentiel du projet reste là, l'utilisation d'instruments traditionnels (bâton de pluie, percussions, gong...) et de chant de gorge par dessus une musique foncièrement extrême s'avérant décidément une bonne idée, mais pas sûr que le format de trio permette d'y rendre honneur. Bonne continuation, quoi qu'il en soit ! 

SUNSTARE

Nostalmaniac : Mine de rien, les locaux de Sunstare font leur bonhomme de chemin. Alors qu’ils préparent le successeur du très bon « Under the Eye of the Utu » (2015), c’est l’occasion de voir leur progression depuis la dernière fois que j'ai pu les voir.  Et il ne faut pas longtemps pour se laisser embarquer par leurs riffs abrasifs et la voix de Peb, toujours aussi démonstratif et habité sur scène. "The Gods Above the Stars" est incontestablement mon morceau préféré avec cette rythmique pesante et lancinante qui installe une véritable tension. Une tension renforcée par les "inédits" que je connais moins ("For We Are All Alone On A Mass Grave", "How To Fill This Eternal Silence part II" et "10.000 Days Of Night") mais qui démontrent un certain savoir-faire pour des compositions lourdes et intenses (toujours l'influence du mastodonte américain Neurosis, of course, sans le côté expérimental). Un avant-goût du prochain opus ? En tout cas,  l'imposant "Love Sex Death" est un autre gros moment avec ce feeling torturé intensifié par le frontman. La fin martiale de "10.000 Days Of Night" (le batteur s'acharne sur ses toms) conclut sans fioritures le très bon set d'un groupe qui a énormément progressé en peu de temps et dont j'attends impatiemment le nouvel album qui pourrait les aider à sortir un peu plus de leur berceau nordiste.

Setlist :
Monolith part I 
The Gods Above the Stars,
For We Are All Alone On A Mass Grave
Love Sex Death
How To Fill This Eternal Silence part II
10.000 Days Of Night

CELESTE

Nostalmaniac : La salle se remplit. Pas de doute, chacun sait pourquoi il est venu. Alors, j'ai un drôle de souvenir de mon premier concert de Celeste. C'était en octobre 2009 (déjà...) au Water Moulin de Tournai et ça me fait relativiser les râleries de ceux qui se plaignaient du lieu et des conditions d'aujourd'hui tant c'était assez ... chaotique. Pas un mauvais souvenir pour autant car Celeste en live, ça reste une expérience unique. Les conditions, parlons-en. Les craintes sur le son vont se dissiper dès les premiers riffs tranchants de "D'errances en inimitiés", terriblement intense et massif. Comme à l'acoutumée, le groupe évolue dans le noir et la fumée avec ses lampes rouges frontales. Les Lyonnais qui enchaînent les titres sans grand répit donnent une impression de mur de son. "Laissé pour compte comme un bâtard" (autre extrait de l'excellent « Animale(s) ») et sa noirceur rampante me captive totalement, autant que les nombreux extraits du dernier album qu'ils viennent naturellement défendre  ("Cette chute brutale", "Comme des amants en reflet", "(I)", "Sombres sont tes déboires"). Un nouvel album qu'il faudra que je réécoute plus attentivement car j'admets ne pas avoir été convaincu par les premières écoutes mais en live, les titres ne sont pas moins redoutables que les anciens. Pour ce set, le combo se focalise justement sur ses trois derniers albums. Pas d'extrait de « Nihiliste(s) » (snif), ni de « Misanthrope(s) » (re-snif) donc mais deux titres de « Morte(s) Nee(s) » particulièrement efficaces et oppressants : "Un miroir pur qui te rend misérable" et "Ces belles de rêve aux verres embués". La rançon d'une discographie aussi imposante que riche, c'est sans doute de ne pas pouvoir contenter tout le monde mais quoi qu'il en soit, Celeste a livré un concert énorme et sans concession à la hauteur de leur réputation. Dans un endroit "roots", ce qui donne du cachet à cette excellente soirée préparée par la section lilloise de Ondes Noires

Setlist :
D'errances en inimitiés
Laissé pour compte comme un bâtard
Cette chute brutale
Comme des amants en reflet
(I)
Sombres sont tes déboires
Un miroir pur qui te rend misérable
Ces belles de rêve aux verres embués

Bravo à Ondes Noires et l'équipe du Midland pour cette soirée.