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vendredi 15 septembre 2017

Siege @ Paris

Instants Chavirés - Montreuil

Sleap

Live reporter et chroniqueur occasionnel dans divers genres (principalement extrême).

Sleap : Outre les diverses expositions hyper intéressantes ayant lieu en ce moment, la principale raison de mon séjour prolongé à Paris après le Fall of Summer est la venue de Siege. Il s’agit de leur première date française en plus de 35 ans d’existence, et, avec celle de Bordeaux, certainement l’unique date française de leur histoire. Les légendes du Massachussetts tireront en effet leur révérence après cette unique tournée européenne. Pourquoi suis-je en train d’employer le terme « légendes » ? C’est bien simple, Siege est l’une des formations Hardcore Punk les plus influentes des années 80. Fort d’un unique EP 6 titres paru en 1984, Siege va révolutionner la scène Hardcore US – et mondiale – en proposant une musique d’une vitesse, d’une violence, bref, d’une intensité encore jamais atteinte dans le paysage Punk de l’époque, ouvrant ainsi la voie au Grindcore et au Powerviolence alors inexistants. Et cette tournée d’adieu passant par une petite salle de Montreuil en cette mi-septembre ne pouvait donc me laisser indifférent.

Après un passage à la nouvelle exposition Druillet, j’arrive aux alentours de 22h aux « Instants Chavirés », toute petite salle manifestement alternative située à l’Est de Paris. Mon planning ne m’ayant pas permis d’assister aux shows des trois premiers groupes, je me presse dans la salle déjà bien remplie – car évidemment le concert est sold out. Les trois musiciens principaux effectuent quelques balances rapides avant d’entamer le set à 22h30 pétantes. Le nouveau vocaliste qui les accompagne sort de la foule et monte sur scène alors que retentit l’énorme Walls. Le public est encore un peu timide, mais les afficionados du combo américain se massent déjà devant la scène pour hurler les « Break down the walls ! Tear down them all ! » au micro de Mark Fields. Et c’est lorsque le groupe enchaine sans transition sur l’éponyme Drop Dead que la fosse explose véritablement. Un pit se forme juste devant la minuscule scène, en plus des slams et des stage dives qui commencent à se succéder. J’aurais pensé qu’un peu plus de monde se joindrait à la bagarre. En effet, malgré la foule condensée dans ce petit espace, le pit n’est pas des plus peuplés. Mais qu’importe, l’ambiance devant la scène est au rendez-vous.

La voix de Fields n’est pas aussi profonde que celle de son illustre prédécesseur, mais son côté criard et agressif convient parfaitement à la musique de Siege. Les morceaux ne sont donc absolument pas dénaturés. En plus d’une sympathie manifeste, le vocaliste n’hésite pas à descendre dans la fosse à plusieurs reprises pour se mêler aux moshers. Tous les titres du monument Drop Dead sont évidemment interprétés. Mention spéciale à Conform dont le riff d’intro est repris en chœur par la plupart des fans. Outre le légendaire duo original Kurt Habelt (guitare) / Rob Williams (batterie), c’est le nouveau bassiste qui attire également mon attention. Le bougre n’a pas de main droite. Il gratte donc sa basse avec un moignon fendu en deux qui lui donne des airs de véritable sabot. Peut-on faire plus Punk ? Mais le batteur et le guitariste mentionnés plus haut sont évidemment les plus impressionnants à voir. Tout comme son héritier Rich Hoak, Rob Williams joue torse nu et d’une façon totalement frénétique. Ses frappes sont si puissantes et par moment si approximatives que cela donne une dimension hystérique qui colle parfaitement avec ses grimaces et son attitude hyper furax.

J’émets tout de même une réserve sur le « nouveau » morceau joué en milieu de set, qui fait un peu retomber l’atmosphère. Une simple plage D-beat de deux minutes sans aucun changement. Pas terrible. D’autre part, j’avoue que je ne m’attendais absolument pas à entendre Grim Reaper en live. Le fameux titre de 7 minutes qui clôt Drop Dead est en effet une sorte d’improvisation du groupe accompagnée au saxophone. Et justement, un confrère les rejoint pour interpréter ce fameux titre sur scène au saxo. La sono n’est manifestement pas habituée à de telles conditions, et cela donne plus une bouillie sonore qu’autre chose. Mais il est vrai que sans ce titre, le set du groupe aurait duré seulement 15 minutes. On applaudit la performance, mais ce n’est clairement pas la meilleure des fermetures de set.

Heureusement, devant l’effervescence du public, le quatuor revient nous interpréter un rappel absolument fantastique sur une reprise de No TV Sketch de Discharge. Tout simplement ul-time ! Voilà ce que j’appelle une fin en apothéose. Totalement parfait pour terminer un show d’une telle intensité. 30 minutes de violence, ni plus ni moins. J’aurais aimé qu’un peu plus de monde se mêle à la liesse des premiers rangs, mais le public était tout de même adéquat. Loin du standard parisien qui croise les bras au fond de la salle en regardant son iPhone toutes les 5 minutes. Merci à l’orga’ pour cette date exclusive. Merci au public présent. Et évidemment, merci à Siege. Une légende de plus à rayer de mon palmarès live !