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lundi 4 septembre 2017

Darkenhöld

Aldébaran et Cervantes

Nostalmaniac

Le Max de l'ombre. 29 ans. Rédacteur en chef de Horns Up (2015-2020) / Fondateur de Heavy / Thrash Nostalmania (2013)

Pour cette première interview de la rentrée, j'ai voulu ouvrir nos colonnes à un de nos groupes français qui reste malheureusement trop méconnu : Darkenhöld. Avant de célébrer leurs dix ans l'an prochain, ils viennent de sortir leur quatrième album, « Memoria Sylvarum », en autoproduction. Un entretien détendu et sans langue de bois avec Aldébaran (guitares) et Cervantes (chant).

Nostalmaniac : Pour commencer,  je ne vais pas revenir sur votre bio mais plutôt vous demander si avec le recul vous êtes satisfaits de « Castellum »  ? Cet album vous a permis de franchir un palier supplémentaire ?

Aldébaran : En ce qui me concerne j’en suis plutôt satisfait ; après, forcément, avec le recul il y a des choses que je ne referais pas de la même manière. Je trouve que le son est un peu propre sur « Castellum ». Le son de guitare je n’aurai pas vu de la même manière. Peut-être qu’on aurait pu le faire plus en français aussi au niveau des textes. 

Cervantes : La thématique a été importante, car c’est un album plus concept que les deux premiers qui étaient davantage des collections de chansons. Castellum est de son côté dédié aux châteaux forts français, même si c'est également déguisé dans l'imaginaire, mais la base est là. Et pour cet album, on s’est dit : «  allez, on tente le français »...  mais au dernier moment on a eu une espèce de réticence. On s’est demandé si ce n'était pas trop brutal de passer à quelque chose d’entièrement en français. On a voulu faire un compromis en maintenant de l’anglais, en intégrant du français et comme un bon nombre de personnages impliqués dans « Castellum » proviennent de la Perfide Albion on s’est dit qu’il y avait une cohérence quand même. Je trouve que, même en termes de présentation, même si Aldébaran n’est pas totalement satisfait du son, moi je trouve qu’on a gagné en puissance, en lisibilité et cet album nous a valu un peu plus de reconnaissance. Je suis satisfait des compos, je trouve qu’elles sont vraiment très bonnes. Aldébaran a fait du super boulot. On a pu introduire le chant en français. C’est un album important, qui a été plutôt bien reçu et qui nous a permis de faire pas mal de concerts. 

Parlons du nouvel album : il s'est donc écoulé trois ans entre la sortie de «  Castellum » et celle de « Memoria Sylvarum ». Le processus a t-il été différent ?

Aldébaran : Oui, plutôt, parce que j’avais décidé de l’enregistrer, le mixer et le masteriser moi-même. Au niveau composition, on a passé plus de temps que sur les autres parce qu’on est revenus sur pas mal d’idées qu’on a essayé de peaufiner, on a voulu vraiment améliorer chaque morceau pour ne pas qu’il y ait trop de déchets et pas de regrets. Du coup, on a vraiment peaufiné avec Cervantes. Chaque riff a été remis en question quand ça n'allait pas, une mélodie qui était moyenne, on la refaisait. Donc oui, niveau composition, ça a été plus rigoureux. Pour le son, je me suis occupé de toute la partie production à part l’enregistrement des batteries qui a été fait au studio Cox in Hell du côté de Fréjus. J’ai passé beaucoup de temps à potasser des livres sur le son pour comprendre et avoir le son que je désirais. Une fois qu’on l’a enregistré, il y a eu une longue période où j’ai mixé l’album. J’ai eu l’impression que c’était très long. Au moins neuf mois de mixage, ce qui est assez anormal à part pour le « Black Album » de Metallica (rires). C’était un peu bizarre mais c’est exceptionnel. Il y aura pas d’autres albums pour lesquels je passerai autant de temps comme ça.  

Cervantes : Pour compléter ce que dit Aldébaran, il était assez pressé de le sortir, ce disque, et assez vite il m’a envoyé des compos en me disant « Bon voilà, maintenant les compos sont comme ça, il faut planifier le studio pour enregistrer ». Je lui ai dit d’attendre deux minutes, que j’allais faire un retour et on reparle. J’ai dû lui faire un retour de douze pages, quelque chose de détaillé avec tout ce qu’on pouvait améliorer. J’ai cru qu’il allait me tuer (rires). Je sentais l’impatience mais je me suis positionné en auditeur comme je le fais toujours dans Darkenhöld. Il faut savoir qu’à l’origine j’étais un très grand fan d’Artefact, le précédent groupe d’Aldébaran, et j’ai toujours gardé, même si je suis le chanteur et que j’ai écrit tous les textes de Darkenhöld, cette distance du fan de la musique d’Aldébaran. Puis j’essaye de pas trop le saloper avec le chant et les textes. C’est vrai que du coup, je lui ai dit chaque chose qu’on pouvait améliorer. La grande qualité d’Aldébaran, bien que j’attaque sa création, c'est qu'il a tenu compte avec beaucoup de bienveillance de tout ce que je lui ai dit et il a modifié énormément ses compos. Je pense qu’il a dû s’écouler au moins quatre mois de retravail en profondeur sur le disque. Il y a eu une autre perte de temps, en quelque sorte, c’est qu’on a enregistré le chant à l’Altherax de Nice, un studio-concert qui est un peu notre deuxième maison. Aldébaran, quand il a entendu ce que j’avais fait, m’a dit tout ce qui n’allait pas, et il avait raison. On a dû prendre tout un temps où il a lui-même enregistré des voix témoins pour mieux me montrer ce qu’il attendait sur certains passages précis et il a fallu que je rebosse les textes, que je rebosse le phrasé. Mais bon, avec tout ce que je lui ai fait subir en termes de travail sur la composition, c’était la moindre des choses. A la base, cet album était un album solo…

Aldébaran : En fait, au départ c’était un album qui était prévu en dehors de Darkenhöld et que je prévoyais comme un espèce de projet parallèle nommé « Sombre Val ». Du coup, c’est devenu le premier titre de l’album. Après, on s’est rendu compte que ça collait quand même pas trop mal avec Darkenhöld, voire même presque totalement. C’est passé sous le nom de Darkenhöld mais ce n'était pas forcément prévu comme ça. 

Cervantes : Donc voilà, ce disque était à la base quelque chose de très intime. Aldébaran avait un rapport très intime avec ce disque. Il m’a laissé quand même beaucoup d’espace. C’était la moindre des choses que moi, en contrepartie, je lui laisse l’espace pour corriger mes lignes de chant. Au final, ce disque était donc quasi conçu comme un album solo et s’est transformé comme notre œuvre la plus collective. Celui où on a le plus bossé Aldébaran et moi. On s’est vraiment beaucoup investis. Je sentais à la fin qu’Aldébaran en avait même marre car physiquement c’était épuisant. Cet album a été épuisant pour nous. Je ne sais plus combien de temps Aldébaran a passé à réenregistrer les guitares, il y a des douze cordes, c’est une horreur à enregistrer. 

Aldébaran : Oui, c’est une guitare qui n’est pas facile à jouer !

Cervantes : Mais du coup, on réfléchit pour la prochaine fois. Ici, on a vraiment travaillé en immersion totale donc c’est vraiment notre œuvre la plus authentique. Ca se paie en termes de temps, en termes d’énergie, en termes d’argent aussi. Aldébaran a dû acheter beaucoup de matériel. Rien que le micro lui-même, c’était une fortune. Au moins, c’est une création purement authentique. Il n’y a pas de producteur extérieur qui est venu mettre son grain de sel. 

Aldébaran : On voulait un son assez personnel aussi. C’est vrai que parfois, quand tu vas en studio, t’as le même son que pas mal de groupes qui sont passés par là.  

Avec ce nouvel album, ce qui m'a surtout marqué à la première écoute c'est le travail sur les atmosphères.... Quelque chose de plus uniforme aussi au niveau de l'alliance clavier/guitare.

Aldébaran : Le son de guitare est un peu différent par rapport à « Castellum », ça peut jouer. Le fait que j’ai enregistré, mixé et masterisé moi-même, ça donne une certaine cohérence. Le son n'a pas trop voyagé dans différents studios. C’est resté dans les mêmes mains. On aime bien les claviers mais on fait gaffe à ce que ce ne soit pas non plus dominant. Pour certains, c’est déjà trop !

Cervantes : J’aime beaucoup le clavier dans le Black Metal ; hérésie pour certains. Par contre, ce que je n’aime pas dans le Black Metal dit symphonique des 90’s c’est quand les guitares sont vraiment des prétextes et que c’est juste un mur de son juste pour grésiller dans l’arrière-fond. Que toute la mélodie est commandée par des claviers. C’est vraiment pas du tout le Black Metal que j’aime. Ceux qui suivent un peu Aldébaran sur sa page, il a un niveau en termes de guitare qui est très largement au-dessus de ce qu’on trouve habituellement dans la scène Black. J’ai toujours trouvé dommage que ce ne soit pas plus mis en avant. C'est pour ça que pour ce disque la guitare doit rester la dominante, celle qui contrôle la mélodie. Les claviers sont là ponctuellement pour densifier l’atmosphère ou pour créer des breaks, des passages mais ça doit pas être des trucs à la Catamenia ou ce genre de groupe où le clavier est ultra dominant. La guitare passe au second plan. C’est pas ce qui m’intéresse. 
 


On peut justement parler de tes influences guitaristiques Aldébaran. Tu as un bagage assez costaud…

Aldébaran : On va résumer tout : Yngwie Malmsteen. Ca fait un moment que je joue de la guitare et j’ai eu pas mal de profs de guitare, j’ai joué dans pas mal de groupes assez variés donc je me suis intéressé à différents guitaristes. Ca peut aller de Django Reinhardt à Andy LaRocque. La guitare classique, la musique médiévale. Tout ce qui est musique ancienne retranscrite à la guitare. C’est important pour moi. Tous les guitaristes Heavy, ceux d’Iron Maiden, comme beaucoup de gens je pense. Un métalleux est forcément passé par Iron Maiden, Metallica,  Megadeth, etc. On le montre plus ou moins dans ce qu’on fait mais oui, il y a cette base-là. 

Cervantes : D’ailleurs on le sent un peu plus sur l’album car j’ai toujours milité pour qu’il y ait plus de solos. C’est un peu le parent pauvre dans le Black Metal. Je ne sais pas si c’est par carence technique ou, pour reprendre cette phrase magnifique dans le film Pop Redemption, « c’est légèrement arpégé, mon dieu, qu’est-ce qu’on écoute là, on le sacrifie sur l’autel » (rires). On a davantage de solos sur « Memoria …  », même sur chaque morceau je crois, et j’aime bien cette touche Heavy car ça fait partie de notre background. Je suis un très gros fan du Heavy des années 80 et c’est indissociable. Sans que ça vire à la démonstration.  

Les Editions de la Vieille Tour, c'est votre propre structure mais pour cet album vous avez fait appel au crowdfunding, ce qui est toujours assez mal perçu. Pourquoi ce choix ? 

Aldébaran : C’est très pragmatique. En fait, j’étais arrivé au bout du mixage de l’album, j’en pouvais plus. On avait déjà fait des recherches de label pour les albums précédents, c’est une telle galère. T’as vraiment l’impression de te vendre à chaque fois. C’est assez désagréable. Sur cet album on avait l’impression qu’on pouvait espérer avoir les fonds pour produire un album par nous-mêmes et ne pas être dépendant d’un label. Passer par un label ça veut dire aussi attendre un an voir plus pour l’album sorte. J’avais pas trop envie d’attendre encore un an.

Cervantes : On sait que faire de la musique, ça coûte une fortune. On assume tout. Tout l’argent qu’on arrive à récupérer en vendant du merch, on le réinjecte dans une caisse pour pouvoir après sortir un nouveau t-shirt, partir. On a dû acheter un véhicule, bon, une espèce de vieille guimbarde, parce qu’on en pouvait plus de louer une bagnole pour aller en concert. Maintenant on a notre propre véhicule. C’est des frais pour essayer d’être au maximum dans l’autarcie. Les frais engagés pour enregister « Memoria... » , c’est très compliqué. Après toute l’énergie qu’a mis Aldébaran pour cet album, l’énergie pour se mettre en quête d’un label n’est pas la même. On a voulu prendre un risque mais comme l’album est aussi personnel que ce qu’on a pu te dire, on va jusqu’au bout et tant pis. 

On reparlera du crowfunding un peu plus tard, mais on peut dire que Darkenhöld est un trio avec en plus deux membres sessions ?

Cervantes : Oui. Le trio c’est parce que c’est vraiment l’origine du groupe. Darkenhöld c’est Aldébaran, Aboth et moi-même. Ca a toujours été la base. Aleevok nous a rejoint assez rapidement. Je crois qu’il n’a juste pas participé au premier concert. Anthony c’est pareil. On a un lineup qui est stable depuis sept ou huit ans.  En termes de création, on fonctionne vraiment à deux même si Aboth est très investi dans les parties de batterie. Aldébaran s’occupe même des boîtes à rythme pour donner les gros traits après on laisse Aboth apporter sa touche. 
 


Pour revenir à l'aspect crowdfunding, vous comprenez que ce genre d'opération soit aussi mal vu ?

Aldébaran : Oui, totalement. J’ai toujours été contre en fait. Il y a juste que c’était pratique de passer par ce moyen-là ; après, c’est une précommande grosso modo. Pas vraiment un appel de fond comme a pu le faire Wintersun (rires).

Cervantes : On est tombé en pleine période où Wintersun essayait de récolter  250 000 € pour se faire un studio alors qu’ils sont signés sur un label majeur. C’était vraiment la honte pour nous de voir des mecs qui arrivent à brasser une telle somme en quelques jours en vendant du digital pour 50€. Nous, clairement, c’est pour la survie du groupe, s’il fallait qu’on avance encore des frais après ceux de l’enregistrement, ça devenait impossible. On a essayé de le justifier comme on a pu mais on comprend que ce soit très mal perçu... mais on a été très surpris de récolter les 1000 euros sur trois jours. Cette somme, c’est vraiment une aide, ça ne couvre pas la totalité des frais. Soyons clairs. On était quand même un peu mal à l’aise de le faire. Pour nous, c’était pas une démarche simple.  

Aldébaran : Puis dans le Black d’autant plus. Il faudrait rien attendre des gens, tout faire par soi-même mais je pense que c’est irréaliste aussi. Après y a une misanthropie de façade : on veut pas d’interview, on veut pas de promo, etc. C’est aussi une manière d’attirer des fans. 

Cervantes : Sinon, s'il y a un cinquième Darkenhöld, on ne sait pas comment on fera. On aimerait ne pas refaire un crowdfunding et le sortir sur une structure avec un peu plus de moyens. Pour l’instant, on fait comme on peut. 

Une version vinyle est prévue ?

Aldébaran : L’idéal ce serait de faire un partenariat avec différents labels. On l’avait fait auparavant avec les trois premiers. Si Les Acteurs de l’Ombre et Those Opposed Records sont chauds, on pourrait refaire la même chose pour le nouvel album. Ca ferait un bel objet en tout cas et on aime tous avoir ça quand on a aimé un album. Ca fait plaisir d’avoir un beau vinyle. Même à titre personnel, c’est un objet que j’aime bien avoir à la maison. 

En restant indépendants, certains groupes collaborent avec des boites de promo ou même comme vous l'avez fait des chaînes Youtube (Black Metal Promotion), comment vous voyez ça ? 

Aldébaran : Au départ, je crois qu’ils avaient été plus ou moins attaqués quand ça s’appelait Full Black Metal Albums. Ils avaient eu des poursuites pour des raisons de droits d’auteur.  Quand c'est arrivé, je n’étais pas vraiment content car ça divulguait ton album que tu voulais vendre. Maintenant c’est carrément obligé, si tu ne passes pas par là c’est un peu dommage. Le gars est respectueux car il met tous les liens vers le Bandcamp, le shop, etc. Je ne sais pas si on y perd vraiment, c’est plutôt une vitrine, de la visibilité supplémentaire. Aujourd’hui, les groupes demandent à ce genre de chaîne d’y apparaître. Je pense que ça a permis de faire un peu plus connaître l’album car justement, on n'avait pas un gros label derrière avec un gros réseau. 

Cervantes : Je vais avoir bientôt 37 ans et j’ai vu arriver le téléchargement. J’ai pas du tout grandi avec cette culture. A l’époque, quand on écoutait du Black Metal avec Aldébaran, il fallait vraiment se démerder pour trouver des CD. A Nice on a un très bon disquaire qui arrivait à nous approvisionner. Il y avait aussi la vente par correspondance avec Adipocere, etc. J’ai claqué beaucoup d’argent de poche à l’époque mais c’est vrai que c’était un travail de fond. Si tu voulais écouter certains trucs, t’avais pas le choix, tu devais vraiment acheter. Du coup, j’ai encore du mal avec tout ce qui est téléchargement, streaming, etc. On ne peut pas y échapper non plus, tout le monde est touché. Du plus petit groupe jusqu’au plus grand. Soit on se laisse dévorer et on reste cramponnés ad vitam aeternam à un système qui est en déclin, soit on essaie de s’adapter sans nous trahir non plus.  A l’époque de notre premier album, personne ne nous connaissait. Le jour où l’album est sorti, le lendemain il était déjà en téléchargement illégal sur des sites russes. On ne comprenait pas. On n’existe pas et on est déjà piraté. 

Aldébaran : Il y a des artistes qui arrivent à être protégés mais il faut voir tout ce qu’il y a derrière. En dehors d’une major, t’as aucune chance de te faire respecter même si tu te plains à YouTube. On a eu le cas et ça n'a jamais abouti.

Cervantes : En plus avec des photos d’illustration pourries (rires). On s’est dit : c’est pas possible, respectez-nous. On sait qu’on ne peut pas lutter contre ça, alors autant utiliser ces moyens au moins pour nous faire connaître puis s'en remettre aux gens qui sont attachés à une version physique. 

En parlant de support physique, vous croyez encore à l’importance des magazines ?

Cervantes : Je suis abonné à Rock Hard depuis des années, avant j’achetais Hard Rock, Metallian, etc. Je suis encore attaché à la presse écrite tout en étant bien conscient du manque de liberté et d’autonomie par rapport aux webzines. La presse écrite, ils doivent vendre un magazine et pour couvrir des frais il faut des annonceurs, des publicités, etc. Ils peuvent pas se permettre de faire des interviews subversives, ils sont bridés sur certaines questions. Du coup, tu as toujours l’impression que c’est passé au tamis. C’est presque un acte de résistance journalistique de poser des questions qui tâchent et de sortir du « Bon alors, vous avez enregistré avec quel producteur ? C’était génial ? ».

Aldébaran : Avec la publicité achetée à la page suivante… C’est le jeu aussi et je comprends. Un webzine a plus de liberté. 

Cervantes : C’est ça qui est agréable avec les webzines, c’est le pouvoir que vous pouvez vous attribuer quand vous voulez dire un « fuck » à quelqu’un. Et puis, les initiatives comme la tienne, c’est très précieux. J’ai connu ça aussi en étant chroniqueur chez Nightfall In Metal Earth. Je suis assez attaché à cette liberté. Quand on a fait notre petit press book pour essayer de démarcher les festivals pour l’an prochain, on a compilé différentes chroniques et à part Rock Hard et Metallian, toutes les chroniques, c’est sur des webzines. Mais oui, je suis nostalgique du magazine papier car j’aime avoir quelque chose entre les mains quand je lis une interview et pas avoir les yeux sur un écran... mais en même temps je suis conscient que si on veut trouver de la subversion ou du travail de fond, il faut plus chercher sur Internet que dans la presse écrite, malheureusement. 

Il y a aussi des petits fanzines artisanaux, comme l’Antre des Damnés, Forever Ripping Fast ou Desecration…

Cervantes : Oui, bien sûr, et là on est même plus dans de la résistance… Je suis admiratif de ces gens qui trouvent de l’énergie pour faire ce boulot-là. 

Aldébaran : A l’époque, il n'y avait pas d’autres moyens mais aujourd’hui c’est vraiment une démarche consciente. Un fanzine de l’époque, c’était vraiment vital. Le gars n’avait pas d’autre choix pour parler des groupes qu’il écoutait. Je ne sais pas si t’as connu Thrashing Rage. C’était le fanzine de Laurent Michelland. Il y avait des styles qui n’étaient pas du tout couverts par les médias français. Lui, il parlait beaucoup de Black Metal en 1994/95. 

Cervantes : C’est aussi un gars qui travaillait à Metallian à l’époque. Il avait un style très extravagant, extrêmement lyrique, littéraire à fond. Il avait donc sorti Thrashing Rage, un fanzine en anglais. Je lui commandais directement et il te le renvoyait dans un pli fermé avec son sceau à la cire. Le sommaire était hallucinant. Tu avais Emperor, Abigor, Satyricon, etc. Tous les monstres de l’époque qui étaient en pleine explosion. Je les ai gardés, ces fanzines-là. Aujourd’hui, avec les facilités que procure Internet, c’est une démarche quasi sentimentale. Ca me touche beaucoup de voir ça.  

Revenons-en à l’album. C'est le premier album entièrement en français. C'était important de revenir à la langue française ?

Aldébaran : Cervantes écrit ses textes d’abord en français. J’aime beaucoup l’anglais mais c’est une langue très hégémonique qui manque d’originalité et de personnalité. Le français est très pratiqué mais ça donne quelque chose de plus personnel. C’est plus profond et riche. On peut apporter un côté plus poétique aussi. 

Cervantes : Il faut comprendre que le concept de l’album, c’est autour des balades et des errances d’Aldébaran dans les forêts autour de chez lui. On est donc sur du terroir. C’est même du local. Ca sent la forêt de Roquefort-les-Pins. Dans Darkenhöld, tout ce qu’on fait depuis le début, ça vient de ce qu’il y a autour de nous. Les tours qu’on voit, c’est des châteaux qui se trouvent à côté de chez nous. La tour de la Madone, par exemple. On a toujours nourri l’univers de Darkenhöld de choses qui sont extrêmement régionales... On est restés hébétés en lisant une chronique qui disait : « Oui, Darkenhöld, ce groupe surtout connu pour sa reprise d’Emperor ». La reprise d’Emperor c’est notre première sortie en 2008 sur un label qui n’a jamais sorti l’objet et dont tout le monde se fout. Je peux pas entendre ce genre de choses. Après, on entend dire aussi que ce qu’on fait ce n’est pas original. Oui, c’est sûr, l’esprit du groupe c’est les 80’s. Maintenant, cite-nous aujourd’hui des groupes qu’on copierait ou qui feraient la même chose que nous. Tu auras un peu de mal. J’ai toujours trouvé qu’il y avait une forme d’originalité dans le groupe justement à retranscrire cet esprit des origines avec un son qui est celui d’Aldébaran. Le son d’Aldébaran est vraiment reconnaissable en termes guitaristique. On s’est dit qu’on allait assumer jusqu’au bout l’originalité et le propos de Darkenhöld en assumant le français. En sachant que ça n’allait pas être facile car les sonorités ne sont pas les mêmes. C’est pas le mêmes phrasé. « Fire » ou « Demon » ça ne sonne pas pareil du tout en français. L’anglais est une langue faite pour le Metal, je trouve, et faire sonner le français bien dans le Metal... c’est pas simple. Comme le disait Aldébaran, j’écris d’abord en français et puis je galère pour traduire en anglais. C’est dommage car je perdais la richesse du texte. Là, on reste vraiment au plus près de ce que j’ai envie d’exprimer. C’est plus confortable pour moi et en même temps c’est une façon d’ancrer encore plus le groupe dans ce qui nous inspire. On est un groupe inspiré par le Moyen-Âge, par tout ce qui est heroic fantasy. Pas forcément Tolkien mais Les Livres Dont Vous Êtes le Héros, certains vieux jeux vidéo comme Hero Quest. Des choses qui font partie de notre enfance. En tout cas, l’utilisation du français, c’était aussi pour asseoir l’identité du groupe. On est un groupe français, on n’est pas dans le nationalisme, on ne revendique pas de patriotisme, mais on est un groupe français nourri de nos paysages et de notre culture. Pourquoi ne pas l’assumer ? Pourquoi devrait t-on s’inventer un espèce de passé viking ? C’est pas notre truc.  

Pour aller un peu plus loin, je sais qu’Aldébaran n’est pas originaire de la région niçoise mais toi oui Cervantes. Tu pourrais aller jusqu’à utiliser des dialectes locaux ?

Cervantes : C’est charmant, c’est chantant, c’est pittoresque mais… Dans le Black Metal ça demanderait un véritable effort de faire sonner le niçois (il me donne quelques phrases en niçois). On est sur un terrain qui m’échappe. 

Beaucoup de groupes scandinaves utilise des dialectes locaux. Nous, on trouve ça magnifique mais peut-être qu’entre eux ils trouvent ça aussi … compliqué. 

Cervantes : Le norvégien, c’est quand même une langue rude alors que le niçois c’est une langue qui est plutôt … chantante. C’est du Sud, quoi. Malgré tout, même si on reste mélodique, on fait une musique qui reste assez sombre. Je suis un assez gros fan de Stille Volk avec leurs chants pyrénéens, c’est plus raccord avec une musique folklorique. Après, faire sonner du Black Metal avec du niçard, ça peut être un concept (rires), on va y réfléchir, peut-être pour un split ou un EP. Déjà le français avec cet album, c’est important. On verra par la suite…

Tu peux me dire ce qui t'inspire pour tes textes ?

Cervantes Aldébaran, tout ce qu’il sent, voit, respire, il arrive à le retranscrire en musique. Mon objectif, sans faire dans « Chasse, pêche, nature et traditions », ou sans faire un reportage sur la flore et la faune de Roquefort-les-Pins, c’était d’utiliser les images qui lui ont inspiré la musique. Toutes les photos qu’il y a dans le livret sont d’Aldébaran, à part celle de "Présence des Orbes" qui est une photo que j’ai prise de la Tour de la Madone, et ce sont les lieux qui l’ont inspiré. Il m’a donné des photos, deux trois mots à chaque fois ou une phrase pour chaque morceau et j’ai brodé autour. J’ai bien sûr injecté l’imaginaire de Darkenhöld qui est construit autour de mythes et légendes ou de créations purement personnelles. J’ai respecté l’esprit, c’est pour ça qu'Aldébaran est intervenu aussi sur les textes. C’est pas le reportage d’Aldébaran qui marche dans la forêt. La vision qu’il a dans ses balades, c’est la musique et moi j’ai essayé d’y injecter un peu mon imaginaire. Il y a des lieux qu’on connaît bien comme la Grotte de la Chèvre d’or où on a été faire les photos qui ont servi à l’album.  On sent la vibration de ces lieux. Castellas de Roquefort aussi.  On n’essaie pas de composer une musique sur une imagerie fantasmée, la base émotionnelle de la  musique, on va la trouver sur le terrain et on utilise un peu l’imaginaire pour en faire un album. Ce qui nous inspire, c’est vraiment ce qu’on a autour de nous. « Castellum » c’était un tour de France des châteaux forts donc forcément y a eu plus d’imaginaire. D’ailleurs les deux seuls textes  sur « Castellum » sur lesquels ont a conservé vraiment la dimension historique c’est « Le Castellas du Moine Brigand » qui parle du Castellas de Rocquefort tout près de chez nous et « Le Souffle des Vieilles Pierres » qui est consacré au château de Villeneuve-Loubet. C’est notre ancrage, donc. Pour les autres, on est parti plus sur du fantasme. 
 


On n'a pas vraiment l'impression que vos influences musicales ont changé avec le temps. On retrouve toujours ce côté mélodique Dissection, premiers Dimmu Borgir, Sacramentum....

Aldébaran : On a effectivement une base de groupes 90’s de Black Metal qui nous influencent toujours comme Satyricon, Burzum, Bathory, Emperor.  Comme on disait, un peu de Heavy Metal et de musique ancienne. Je suis un peu les nouvelles tendances que j’aime plus ou moins, ça dépend. Ce qui est amusant c'est que tout le monde dit que Darkenhöld c’est comme du Black mélodique suédois des 90’s mais les mélodies ne sont pas vraiment liées aux groupes suédois. Les mélodies viennent plutôt des différentes musiques que je peux écouter mais qui ne sont pas forcément le Death/Black suédois. Ca peut être la musique classique que je retranscris plus ou moins avec des riffs Black Metal. On serait bien surpris des influences d’un artiste, pas forcément Metal. Une influence naïve, ça peut être aussi des thèmes de jeu vidéo. 

Cervantes : Par exemple sur « Echoes from the Stone Keeper », notre deuxième album, sur le passage très rapide au coeur de « Mesnie Hellequin » y a la mélodie de Ghosts 'n Goblins (Ndlr : jeu vidéo de 1985). On a grandi avec ça et ça nous a marqués.  Pour revenir à cet aspect Black scandinave, tout ce qui est après les années 90, j’ai du mal. Le Black Metal aujourd’hui, ça ne me laisse pas froid mais ça ne me parle pas vraiment.

Justement, vous pensez quoi des tendances actuelles dans le Black Metal ?

Aldébaran : Il y a un groupe que j’avais vu et qui représente un peu cette nouvelle génération qu’on appelle « black à capuches », c’est Cult of Fire. J’avais trouvé ça plutôt bon. Il y a un morceau que j’aimais beaucoup et je me suis rendu compte après coup que c’était une reprise d’une musique classique : la Moldau de Smetana. C’est sûrement respectable mais on est moins sensibles à cette scène occulte.

Cervantes : J’ai vraiment eu un rejet quand les premiers groupes sont sortis avec ces morceaux interminables de plus de dix minutes. Dissonant avec trois riffs. Une musique de mode. Je suis persuadé qu’on écoutera encore Emperor dans vingt ans, je ne mettrais pas une pièce sur ce qui sort aujourd’hui. C’est un univers qui me parle pas du tout - mais j’assume totalement mon côté vieux con là-dessus. Quand je sors un disque Black Metal de ma cédéthéque, c’est jamais un truc moderne. C’est toujours un vieux truc car ça a capté l’esprit d’une époque. Quand tu regardes ce qui est sorti en l’espace de quelques années, l’explosion créative qu’il y avait dans le monde, c’était impressionnant. L’émulation, la richesse. J’ai vraiment du mal aujourd’hui avec les productions, avec cette recherche d’un son hyper compressé, très massif. Ca me parle absolument pas.  Y a plus d’authenticité. Après, je comprends que ceux qui découvrent le Black Metal aujourd’hui c’est ça qui les accroche. Cette espèce de volonté d’élitisme en injectant de la philosophie, des textes chiadés, des rituels que tu peux pas comprendre si tu n’as pas lu la Kabbale. Je comprends qu’on essaie de se démarquer avec ça ou que ça puisse répondre à un besoin personnel ou créatif mais moi c’est pas ce que je cherche. C’est pas ce que j’ai envie d’écouter.  Après, je dis pas que c’est de la merde car y a des trucs biens. J’avais écouté A Forest of Stars, c’est vraiment pas mal. Nightbringer, j’ai bien aimé un des derniers. Je jette une oreille mais ça m’accroche pas du tout. J’ai besoin de ce que compose Aldébaran, c’est à dire des morceaux avec des structures, des breaks, des cassures. Pas juste une expérience sonore, mais j’assume encore une fois qu’il y a peut-être un peu de méconnaissance de mon point de vue et que certains seraient outrés de voir une définition aussi simpliste. C’est pas mon univers, tout simplement.  

Aldébaran : Par contre, je trouve que la scène finlandaise reprend un peu ce qui se faisait en Black Metal épique comme Satanic Warmaster, Goatmoon, etc. La Finlande est un peu la nouvelle scène norvégienne. Ils reprennent des éléments que j’appréciais en tout cas. On peut discuter du côté sulfureux d’un groupe comme Goatmoon mais musicalement, ça me correspond vraiment. Des intermèdes à la Mortiis au clavier, des petites choses comme ça. 

Darkenhöld est plutôt rare en live. C'est un choix délibéré ou un manque d'opportunités ?

Aldébaran : C’est plutôt un manque d’opportunités, après, on n'est pas là pour jouer à n’importe quelles conditions non plus... Mais on est assez volontaires. On envoie des CD à des festivals, à des orgas, etc.

Cervantes : C’est compliqué. Au début du groupe, on a accepté des conditions très limites mais nous, ça nous faisait des super photos souvenirs et de bonnes marades avec le temps. Mais sur le moment on ne rigole pas toujours avec les conditions par rapport à ce qu’on a investi. Parfois on en pleurait, pas physiquement, mais quand on refaisait les comptes après deux trois concerts… On espérait que ça allait vite changer car on pourrait pas tenir longtemps comme ça.  Maintenant on exige certaines choses, c’est bête mais, simplement, on ne veut plus perdre trop d’argent quand on fait un concert. On a des exigences minimales qui sont d’avoir un endroit où dormir, de quoi manger et juste de quoi rembourser les frais de déplacement. Et après, s’il y a possibilité d’avoir un cachet, on demande mais je peux te garantir que quand on fait nos demandes on exige pas d’avoir dix-huit huîtres fraîches dans le catering comme certains groupes français soit-disant révolutionnaires…

Aldébaran : Antisociaux…

Cervantes : ... et qui demandent toujours d’avoir la rage… Il faut dire parfois les choses car là on est dans la tartufferie et c’est agaçant. Nous, on est pas du tout là-dedans. On veut juste manger et être logé.  Aujourd’hui, si on ne joue pas beaucoup, c’est clairement par manque d’opportunités. On fait malgré tout pas mal de demandes mais on est pas prêts non plus à lâcher 25 000€ pour faire la première partie et accessoirement la pute de groupes bien installés qui sirotent des bières les pieds sur la table pendant que nous on démonte le matos. Je veux pas rentrer dans ce système-là. 

Vous avez quand même joué récemment avec Absu, un groupe important pour vous je crois...

Cervantes : C’était génial, oui. C’est Sébastien de Dead Rose Entertainement qui nous a calés sur l’affiche. Je vais pas dire qu’on l’a supplié mais on s’est proposés très vite quand on a su pour le passage d’Absu à Nice. Ca nous a permis de rencontrer Proscriptor, le batteur d’Absu, j’écoutais sa musique il y a vingt ans. J’ai fait signer mes CD un peu la voix tremblante, il a dû me prendre pour un fou. C’était chouette pour nous et d’avoir joué avec Absu restera un bon souvenir. 

Y a t-il des festivals français ou étrangers dans lesquels ça vous plairait de jouer ? 

Aldébaran : Déjà y a le Ragnard Rock mais a priori il n'y aura pas d’édition l’année prochaine (rires). Le Hellfest, on a beau critiquer, mais ce serait une belle opportunité pour jouer devant un public assez large. Le Fall of Summer, ça a l’air d’être un très bon festival aussi. Le Sylak,  je ne connais pas bien. On est toujours prêts à jouer du moment qu’on est dans des conditions acceptables. L’idéal serait de faire un concert dans un château ou une forteresse avec un éclairage un peu particulier. Genre le château de Vincennes. Ce serait énorme. Même des villages un peu médiévaux. Sur la place du village, faire quelque chose d’original. 

Cervantes : Tant qu’à faire, on préférerait un festival un peu dans l’esprit de ce qu’on aime plutôt que se retrouver perdu sur une affiche au milieu de groupes hyper hétéroclites. Bon, ça me plairait aussi, mais là au moins on serait sûr d’avoir un public qui comprend un peu mieux la musique et qui va pas se barrer au bout de deux morceaux simplement parce qu’il y a pas eu un refrain en chant clair. 

L'an prochain, Darkenhöld aura dix ans. Comptez-vous célébrer ça ? Quel regard avez-vous sur le chemin parcouru ?

Aldébaran : On a une idée qui germe mais on laissera la surprise. Ca devrait se concrétiser en 2018. Je ressens une certaine satisfaction, c’est peut-être un peu égoïste, mais à chaque album on a mis beaucoup d’énergie, il y a eu beaucoup de critiques aussi sur ce qu’on faisait sur le moment mais en gros, il n’y pas de regrets. On est fiers de nos quatre albums.  Il y a une histoire qui se déroule avec ces albums. Il y a un fil conducteur même si chacun a son identité. Chaque album est assez différent mais il y a un suivi car le lineup est resté le même depuis nos débuts. On a encore des choses à faire...

Cervantes : Honnêtement, il y a du bon et du moins bon. Dans le moins bon, mais c’est plus le fan qui parle, j’ai toujours trouvé que Aldébaran n’a toujours pas eu la reconnaissance qu’il mérite en tant que compositeur. Il n'y a pas beaucoup de guitaristes français dans le Black Metal qui ont son niveau. Techniquement, je suis admiratif. La qualité de ses compositions. Je parle vraiment de musique pure.  Je suis attristé de voir qu’il n'y a pas plus de reconnaissance du talent d’Aldébaran. Sinon, j’aurais espéré quand on a commencé le groupe avoir plus d’opportunités en live et pouvoir au moins jouer sur quelques festivals. C’est le seul regret que j’ai aujourd’hui, qu’on n'ait pas pu jouer plus, se présenter sur d’autres scènes à la rencontre des gens qui nous soutiennent depuis l’étranger. On a des fans un peu partout, pas forcément des masses, il faut le dire. On envoie un peu partout notre merch. En Inde, en Chine, au Japon, etc. On a deux trois fans chinois qui sont complètement à fond. On a des fans en Amérique du Sud, en Amérique du Nord, dans toute l’Europe. Un ou deux par ville mais c’est pas grave. Le positif, et je partage l’avis d’Aldébaran, c’est qu’on a sorti quatre albums dont on peut être fiers. C’est pas de l’amour propre bêtement placé mais on est fiers parce qu’on a fait la musique qu’on voulait, on s’est pliés à aucune mode, on a pas trop écouté les gens qui nous disaient « Vous devriez faire ça, ça marchera mieux ». On a une musique authentique, sincère. On s’est pas calés dans un créneau en disant que celui-ci serait porteur financièrement. De plus, on a réussi à créer un univers qui est cohérent avec une identité visuelle, avec des couvertures qui sont toutes les mêmes dans l’esprit. La peinture de Claudine Vrac. On peut être fiers de ça, d’avoir des gens qui nous suivent depuis toujours. De lire des chroniques ou des interviews où les gens ont compris. Ils ont compris ce que tu voulais faire et pour nous, ça contrebalance les chroniques à côté de la plaque.  On se dit qu’on laissera quelque chose qui a parlé à des gens et ça c’est une satisfaction en tant que compositeur et musicien. 

Quels sont vos projets à venir ?

Aldébaran : Il devrait y avoir un split album mais je vais pas trop en dire. Ce sera quelque chose de différent mais toujours cohérent avec ce qu’on a fait. Je travaille toujours sur des compos. On aimerait bien développer les lives. 

Cervantes : Il y a deux trois idées, dont ce split auquel on réfléchit. Soyez rassurés , y aura pas de beats techno ni de claviers indus. Ce qu’on aimerait, au-delà des dix ans du groupe, ce serait de se placer sur un ou deux festivals. Sinon, on ne se force pas, l’inspiration vient quand elle vient. On n'a pas de deadline, ni de label qui nous fout la pression. On a pas de morceau caché, de face B ou de morceaux bonus. Mon ressenti c’est qu’il n’y a pas de bouche trou dans nos albums. C’est déjà une satisfaction. 

En tant que nostalgiques de Black scandinave, avez-vous vu un des concerts de Emperor pour les vingt ans de « Anthems to the Welkin at Dusk » ?

Aldébaran : Emperor, c’est quand même un des pionniers dans notre genre. Je les avais déjà vus au Hellfest mais je ne sais plus en quelle année. Au Brutal Assault, c’était une super expérience. Ca fait toujours plaisir d’écouter les compos que t’écoutais ado. L’intro de « Anthems to the Welkin at Dusk » qui est assez mythique. Ca donne des frissons, forcément. J’écoutais ça au casque et ça fait quelque chose. 

Je vous laisse le mot de la fin...

Cervantes : Merci à toi pour cette initiative. On a fait quelques radios sur Grasse avec Flora. Elle fait partie de nos supportrices et elle nous a toujours ouvert les portes d’Agora FM pour des interviews et j’aime bien ce format. C’est assez sympa. Sinon, j’ai beaucoup apprécié ton interview. Ca fait une heure et demie qu’on parle et je ne l’ai pas vue passer. Je ne sais pas si ce nouvel album, qui est plutôt bien reçu, va changer quelque chose pour nous l’an prochain. En tout cas, on veut aller un peu plus à la rencontre des gens qui nous soutiennent. Il faut trouver le lieu et les gens qui sont prêts à parier sur nous.  J’espère que l’interview aura donné l’impression d’un groupe authentique et sincère dans sa démarche.

 

https://www.facebook.com/Darkenhold
https://darkenhold.bandcamp.com

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Interview par Skype le 2 septembre 2017