Chronique Retour

Album

17 juin 2017 - Malice

Nokturnal Mortum

Verity

LabelOriana Music
stylePagan Metal
formatAlbum
paysUkraine
sortiemai 2017
La note de
Malice
9/10


Malice

L'autre belge de la rédac'. Passé par Spirit of Metal et Shoot Me Again.

Il est enfin là ! Après presque huit ans d'attente, le nouvel opus de Nokturnal Mortum, probablement une des sorties attendues les plus fébrilement par les fans de pagan/black metal, est sorti en ce mois de mai 2017. Et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il a du pain sur la planche. Verity, c'est son nom, succède en effet à un Voice Of Steel devenu culte, véritable pic créatif de Nokturnal Mortum qui avait vu le groupe passer un nouveau cap après un Weltanschauung déjà annonciateur d'une forme de mue.

Un album d'autant plus attendu que Nokturnal Mortum a probablement pris dans nos contrées une nouvelle ampleur et s'est trouvé un nouveau public depuis ses deux programmations successives au Ragnard Rock Festival – ce n'est, je pense, pas surestimer l'impact du festival de le souligner et ce n'est pas le moindre des mérites de nos partenaires et amis d'avoir ainsi mieux mis en lumière la scène ukrainienne. Verity est également le premier opus depuis l'arrivée au sein du groupe de Iouri, frontman de Khors, dont on attend qu'il apporte sa patte (on sait notamment l'intérêt du bonhomme pour la musique ethnique).

De façon probablement calculée, le premier extrait révélé (exception faite de la reprise de Komu Vnyz, Lira) , Wolfish Berries, était l'occasion de découvrir les deux voix, celle du charismatique leader Varggoth et celle de Iouri (Jurgis de son nom de scène), s'entremêlant dans une espèce de dialogue contant une sombre histoire de lycanthropie tirée du folklore ukrainien (Iouri, de sa voix plus bestiale, prenant le rôle du monstre). Déjà, le décor était planté : longue introduction chamanique ( avec chant diphtonique en prime ), omniprésence d'instruments traditionnels, ambiances à couper au couteau. Si le tout garde une patte propre à Nokturnal Mortum, la place laissée à Jurgis fait parfois penser au Khors le plus aérien, époque Mysticism. Bref, une vraie prise de risque et peut-être le titre le plus à-même de déstabiliser les fans.

L'utilisation nettement plus systématique d'instruments folkloriques est d'ailleurs un élément récurrent de Verity, qui achèvera probablement d'éloigner du groupe ceux qui étaient séduits par sa facette la plus sale et la plus black metal – celle de Nechrist ou To the Gates of Blasphemous Fire, qui semble avoir définitivement cédé la place à une musique païenne résolument ancrée dans l'identité slave.

Ne croyez pas pour autant que Varggoth et sa bande délaissent ici totalement leur facette agressive, comme aurait pu le laisser craindre le décevant split avec Graveland. Molfa, qui ouvre l'album, nous envoie ainsi en pleine face les vociférations typiques du frontman accompagnées de blast-beats qui devraient faire des ravages en live. Mais au moindre détour reviennent les changements de rythme et d'ambiance qui font de Verity un album au final moins digeste que ses prédécesseurs tout en étant paradoxalement plus accessible. Comme Arkona sur son dernier opus Yav, Nokturnal Mortum va cette fois à fond dans une surenchère qui peut friser l'overdose, comme sur la conclusion Night of the Gods, loin d'être ratée (le titre dans son ensemble est une merveille) mais qui n'atteint pas la perfection de White Tower et dont les étonnants choeurs « yaaayaaayaaoooh » en crisperont certains.

Heureusement, les moments de magie ne manquent pas dans Verity et confirment que Nokturnal Mortum est probablement un des groupes les plus doués de sa génération. Il suffit d'écouter Song of the Snowstorm pour le comprendre. La voix écorchée de Varggoth porte en elle l'âme ukrainienne comme peu d'autres (celle de Roman Saenko -Drudkh-  et d'Eisenslav -Kroda- en faisant également partie, bien entendu) et rarement NM m'aura autant filé les poils que sur le final magistral de ce titre – on pense évidemment aux grands moments Valkyrie ou Taste of Victory. With Chort in my Bosom, dont les nappes de claviers sur les couplets rageurs évoquent presque la période Goat Horns, fait également partie des vraies réussites de l'opus tout en amenant cette même note d'émotion palpable.
Pour autant, si le tout est dense, il n'oublie pas d'offrir quelques moments taillés pour la scène, comme le surprenant Wild Weregild, titre sautillant qui a tout l'air d'un nouvel hymne avec son break folklorique « plus slav tu meurs, blyat ». Lira, la reprise de Komu Vnyz qui paraissait plutôt dispensable à sa sortie, prend ainsi elle aussi toute sa saveur au sein d'un album qui a bien besoin de moments de respiration.
Une chose est claire : Nokturnal Mortum a, depuis une dizaine d'années, pris un virage musical qui met l'accent sur l'hommage à sa terre natale, tournant le dos à son sulfureux passé (volontairement non-évoqué ici). Plus pagan, plus folk, moins black (même si l'arrivée de Iouri a remis en avant les guitares, ce qui est appréciable) et surtout avec des moyens et une qualité de son nettement supérieurs, NM a pris une autre dimension.  

Tracklist:

1. I'll Meet you in Ancient Darkness (intro) (2:39)
2. Molfa (8:33) 
3. With Chort in my Bosom (6:04) 
4. Spruce Elder (4:49)
5. Song of the Snowstorm (8;23) 
6. Wolfish Berries (9:02) 
7. In the Boat with Fools (6:26) 
8. Wild Weregild (6:43) 
9. Lira (Komu Vnyz cover) (5:08) 
10. Black Honey (3:42) 
11. Night of the Gods (9:14) 
12. Where do the Wreaths Float Down the River? (outro) (3:43) 

Les autres chroniques