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mardi 6 juin 2017

Throne Fest 2017 - Jour 1

Kubox - Kuurne (Courtrai)

Malice

L'autre belge de la rédac'. Passé par Spirit of Metal et Shoot Me Again.

Le Throne Fest est devenu une solide référence européenne en matière de festivals black metal. Et cette année, comme l'année passée d'ailleurs, on retrouvait à Kuurne (dans la banlieue de Courtrai, à une trentaine de kilomètres de la frontière française) une bonne partie du gratin et des groupe hype de la scène réunis sur deux jours denses comme il faut. Immanquable!

Moi qui ne connaissais absolument pas la Kubox (qui propose pourtant depuis quelques années des affiches sympa), je suis directement agréablement surpris par l'endroit: spatieux, moderne, très bien insonorisé (grâce notamment à des portes épaisses avec sas), avec un parking tout ce qu'il y a de plus pratique où on croise énormément de Français, proximité géographique oblige. Y'a rien faire, les Flamands savent organiser un festival (et comme souvent, l'accueil est parfaitement bilingue français/néerlandais). Le merch' aussi est assez bien fourni, sans être gargantuesque (il n'a par exemple rien à envier à celui du Eindhoven Metal Meeting, autre référence du genre). Bref, on sent l'expérience du festival et on est directement plongés dans une ambiance sympa. Premier groupe, comme souvent: un régional de l'étape, les Limbourgeois d'Ars Veneficium.

Ars Veneficium
13h00 > 13h30

Comme me l'a glissé fort à-propos un ami pendant le concert: en fait, Ars Veneficium, si c'est plutôt cool et que ça s'écoute sans mal, c'est parce qu'on a un peu l'impression d'en avoir déjà entendu la majeure partie. Comprenez: c'est peu original, mais très bien fichu, propre, carré, avec ce qu'il faut d'agression et ce qu'il faut des influences black ritualistes "à la mode" pour plaire à peu près à tout le monde sans casser trois pattes à un canard. Cela dit, les morceaux du dernier album The Reign of the Infernal King passent très bien la scène, S. est un frontman plutôt doué et le titre Worship the Goat est une belle tuerie. Bonne entrée en matière, donc.

 

Cryfemal
13h55> 14h40

Bon, pour Cryfemal, ce sera une autre paire de manches. Je le reconnais, je n'avais jamais entendu parler de ces Espagnols qui ont pourtant une discographie longue comme le bras depuis le début des années 2000... et je ne regrette pas vraiment au regard de la prestation. Si musicalement, ce n'est pas foncièrement mauvais, le chant du leader, Ebola (...oui, oui), qui est apparemment aussi le compositeur principal, est franchement moyen et le gars est même conscient de donner un mauvais concert ("C'était la pire chanson qu'on ait jamais jouée!", lâche-t-il après un titre effectivement assez foireux). Bref, on fuit assez rapidement en attendant le "vrai" coup d'envoi du fest' pour moi: les énormes islandais de Nadra. 

 

Nadra
15h05> 15h50

La scène islandaise commence à se construire une solide réputation dans le microcosme black metal grâce à une série de groupes plus talentueux les uns que les autres. Forcément, l'Islande est le troisième pays d'Europe avec le plus "haut taux de groupes de metal" par tête de pipe (derrière la Suède et la Finlande), ça aide (comment ça, "chiffre à la con"? Bon, d'accord, un peu). Parmi les dernières pépites sorties tout droit du pays des volcans, Nadra, dont le premier album Allir vegir til glötunar a tapé particulièrement fort l'année passée. Le groupe envoie un black metal plutôt brut de décoffrage porté par les cris possédés et très expressifs de Orlygür Sigurdarson. A ses côtés? Hé bien, tout le line-up de Misthyrming (qui joue le lendemain), tout bonnement. Forcément, la scène islandaise est un peu incestueuse.
J'avais lu quelques avis négatifs sur le son de Nadra en live mais alors que des soucis viendront perturber d'autres concerts (j'en parlerai plus loin), pas de problème ici si ce n'est que ça va un peu fort... et que le tout sera un peu bordélique. L'extraordinaire morceau Falid et ses 14 minutes me retournent véritablement mais pour le reste, et même si le tout est balancé avec beaucoup de conviction, on navigue entre moments vraiment jouissifs et un peu plus bancaux. Le revers de la médaille pour une musique vraiment viscérale, qui déborde de partout déjà sur album, peut-être? 

Furia
16h15> 17h00

La scène la plus représentée ce week-end, et c'est assez régulier de nos jours, c'est bel et bien la polonaise. Après Mgla, Batushka et Plaga l'année passée, c'est au tour de Furia, Hate et Massemord de venir imposer la kurwattitude à Kuurne. Furia ouvre le bal avec son black plutôt subtil, à mi-chemin entre ce son typiquement polonais popularisé par Mgla et des expérimentations atmosphériques, progressives et quasi-floydiennes qui font de leur dernier opus une vraie bonne surprise. Intelligemment, cependant, le groupe en réservera les titres pour un plus tard dans le concert (notamment le très réussi et très planant Za cma, w dym), façon de permettre au public de rentrer dedans via leurs morceaux les moins déstabilisants. Des titres comme Opetaniec ou Zamawianie Drugie tapent quand même pile où il faut et confirment que Furia est un des groupes les plus intéressants de sa scène nationale. 

On zappe consciemment le death carré de Hate, dont je ne suis pas un grand fan, pour s'octroyer un trip vers le Delhaize le plus proche. Non pas, notez, que le catering soit à éviter: très peu de file (c'est aussi le cas au bar où on est presque instantanément servi), des frites qui goûtent la frite, des oignons bien caramélisés dans le hamburger, une dose de sauce bien généreuse et même un vendeur de vrai café de qualité: rien à redire pour un festival de cette envergure. 

 

Absu
18h30> 19h30

Après cet intermède culinaire inévitable pour tout report qui se respecte, retour aux choses sérieuses avec un groupe que j'attendais avec impatience: Absu et son monstre de batteur-chanteur Proscriptor McGovern. Au final, le black thrashisant d'Absu n'est pas forcément ma tasse de thé, même si l'album Tara reste un sacré monument, mais la performance de McGovern, capable d'atteindre des notes impressionnantes tout en ayant un jeu de batterie parmi les meilleurs du circuit, m'a toujours bluffé sur album et j'étais curieux de voir ça en live. 
Petit souci: Absu sera officiellement la première victime du son merdique de la Kubox. Ou plutôt d'une malédiction qui s'abattra tout le week-end sur les guitaristes ayant le malheur de se trouver côté jardin de la scène (pour ceux qui n'ont jamais fait de théâtre, c'est le côté gauche vu de la salle), à savoir qu'on ne les entendra tout bonnement pas ou presque. Et quand il n'y a... qu'une seule gratte, ce qui sera le cas de quelques groupes, forcément, ça enlève un peu de relief- voire tout le relief, disons-le. Proscriptor a beau se démener sur ses fûts et être particulièrement charismatique, je n'arriverai pas vraiment à rentrer dedans (le thrash et affinités n'étant déjà à la base pas mon truc en live). A revoir peut-être dans de meilleures conditions? 


Nargaroth
19h50> 20h50

S'il y a bien un groupe dont je n'attendais rien au Throne Fest, c'est bien Nargaroth, dont j'avais encore en mémoire la prestation bancale au Ragnard Rock. Sur album, le groupe oscille entre très bons et très mauvais moments, avec une bonne tripotée de "moyen" entre les deux, et j'avoue ne pas trop comprendre le statut culte dont il jouit (bon, ok, Black Metal ist Krieg). Mais, allez, histoire de ne pas rester sur une mauvaise impression, on se place de manière centrale (meilleur moyen d'avoir un son de qualité optimale) et on attend avec l'espoir de passer un bon moment. 
Premier bon point, Ash (Mr. Nargaroth) a l'intelligence de ne pas commencer son concert par le fameux BMIG susmentionné, ce qui aurait probablement fait se vider la salle juste après. Au contraire, le set (qui dispose d'un très bon son servi par, probablement, quelques uns des meilleurs musiciens du week-end, notamment le fou furieux de batteur Lykanthrop) est entamé sur trois titres du récent opus Era of Threnody. Plus atmosphérique et posé que ce à quoi je me serais attendu, mais plutôt intéressant et qui rappelle les quelques travaux plus épiques et mélodiques sortis par le passé. Ca permet surtout d'installer une vraie ambiance, ce qui a un peu manqué à Simandre... et qui permet d'être parfaitement chauffé quand les choses sérieuses commencent. 
Black metal ist krieeeeeeeeg!!!!!! On n'a probablement pas fait plus basique, mais rien à faire, en live, ça marche. Le cracheur de feu qui débarque pour l'occasion amène nettement plus en intérieur et dans une petite salle que perdu sur la Odin Stage. A fond dans son trip, il reste impassible quand ses cheveux prennent feu et que les roadies viennent l'éteindre dans le plus grand des calmes... Cette fois, l'ambiance est au top et on doit bien l'admettre: Nargaroth est en train de réaliser un énorme concert, digne d'une tête d'affiche. Le temps de l'habituel dérapage idéologique ("Fuck the antifas!") qui réveille les deux mous du bulbe et demi (le troisième faisant 1m50 avec un joli S sur son crâne rasé) et leur fait lever le bras, et le concert se termine sur Possessed by black metal et une reprise bien torchée du War de Burzum. Un super moment. Comme quoi, il faut parfois laisser une seconde chance à un groupe après une déception. 


Deströyer 666
21h20> 22h20

Bon, après avoir lu mes impressions sur Absu, vous vous doutez bien de ce que je vais dire pour Deströyer 666: le thrash en live, c'est pas ma came. Je l'avais déjà remarqué devant Aura Noir à Eindhoven en décembre dernier, et c'est le même triste constat ici face aux Australiens (dont j'apprécie pourtant le dernier album, Wildfire): ça me saoule au bout de vingt minutes, qui plus est avec ce son plutôt approximatif au niveau des guitares. Rideau donc en attendant la tête d'affiche du jour: Marduk, que je n'ai encore jamais vu et qui nous jouera Heaven Shall Burn... When We Are Gathered en intégralité. 

 

Marduk
22h50> ...

J'avais entendu dire beaucoup de mal de Marduk en live ces dernières années: plus la même pêche, un Mortuus (chant) qui ne serait plus très impliqué, des titres cultes plus forcément balancés avec l'énergie connue sur album... Bref, les Suédois ne seraient plus forcément au sommet de leur art malgré un dernier album, Frontschwein, particulièrement réussi. 
Bon, premier constat: comme pour les autres groupes du samedi n'ayant qu'une guitare sur scène, le son est faiblard. Et du son faiblard pour Marduk, ben ça le fait pas. Deuxième constat: pourquoi jouer Heaven Shall Burn en entier si c'est pour le faire de cette façon, c'est-à-dire avec temps morts (dos au public) entre chaque titre, sans backdrop ou mise en scène particulière pour marquer le coup... et en plus en balançant les morceaux sans grande conviction? Même l'immense Darkness it shall be est torché comme à l'usine, Mortuus me semblant déblatérer les paroles encore plus vite que Legion en studio, ce qui n'est pas forcément un compliment. Ce n'est pas qu'on passe un mauvais moment, mais il manque quelque chose. 
Ca ira en s'améliorant à partir de la deuxième moitié du set, Frontschwein et le groovy Blonde Beast venant rappeler la qualité du Marduk récent, mais le soufflé retombe vite et on se prend à attendre avec impatience que Panzer Division Marduk conclue cette prestation franchement moyenne. Le pire, c'est que ce classique que j'étais curieux de vivre en live sera envoyé sans réellement me retourner la tronche. Les critiques au sujet de Marduk en concert sont donc fondées... Dommage! 

A suivre: le deuxième jour avec Dark Funeral, Cult of Fire, Gaahls Wyrd, Massemord...