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Album

22 mai 2017 - ZSK

Deficiency

The Dawn Of Consciousness

LabelApathia Records
styleThrash Metal mélodique
formatAlbum
paysFrance
sortiemars 2017
La note de
ZSK
8/10


ZSK

"On est tous le boomer de quelqu'un d'autre."

Le Next Big Thing, le grand espoir, le fleuron local, appelez-ça comme vous voulez mais toujours est-il que Deficiency, c’est le petit groupe qui monte, la formation bien prometteuse qui pourrait aller bien loin, les gars du coin qui ont fait un truc chiadé et qui sont partis d’un parcours classique pour espérer devenir un nom qui comptera dans l’hexagone et pourquoi pas un peu au-delà. Cela n’est pas nouveau pour qui connaît bien l’histoire de Deficiency, et The Dawn Of Consciousness ne devrait pas qu’être un moyen de faire parler d’eux à plus grande échelle mais bien une confirmation de leur potentiel, quatre ans après le déjà remarqué The Prodigal Child. Deficiency, c’est le groupe bien de chez moi, le quatuor de metalleux le plus en vue de la Moselle-Est, entre Forbach, Creutzwald et Hombourg-Haut, pour ceux qui connaissent. En tant que tel, le groupe existe depuis 2008 mais a été formé sur les cendres de Black Age, qui existait depuis 2004 et avait sorti un album autoproduit, The Point Of No Return, lors de sa dernière année d’existence. De l’eau a coulé sous les ponts depuis et Laurent, guitariste/chanteur de son état, est le seul membre actuellement subsistant de Black Age évoluant dans Deficiency en 2017. Après un premier full-length en 2011, State Of Disillusion, Deficiency s’articule autour de Laurent, Jérôme (guitare) et Vianney (basse) pour un second méfait, The Prodigal Child (2013), qui permettra au groupe de prendre vraiment son envol, multipliant les dates de concert avec comme points d’orgue quelques festivals moyens (Haunting The Chapel à Metz, Rock Your Brain Fest en Alsace…), une mini-tournée avec d’autres groupes français évoluant dans le même registre qu’eux (Heart Attack, Arcania, Malkavian), une tournée en première partie de Suicidal Angels ainsi qu’une première partie de Machine Head à Strasbourg, ce qui représentera un aboutissement pour le groupe, fier d’ouvrir pour une de ses idoles. Car Deficiency a dédié son art au grand Thrash.

Il était donc temps que le groupe retourne en studio pour confirmer son très bon début de carrière, changeant au passage de batteur pour Thomas Das Neves (Seyminhol, ex-Akroma, ex-Heavenly). Un retour au Dome Studio de David Potvin (Lyzanxia) et voilà Deficiency de retour dans les bacs pour 10 nouvelles compos placées sous le signe d’un Thrash traditionnel mais aussi moderne. Après des débuts classiques mais où le groupe démontrait déjà son savoir-faire et sa technique, Deficiency avait étoffé sa personnalité avec The Prodigal Child, multipliant les oripeaux modernes (on se souvient des riffs syncopés terribles d’un "The Introspection of the Omnipotent", qui font toujours un effet bœuf en Live) et laissant transpirer ses autres influences. The Dawn Of Consciousness va un peu remettre tout ça à plat en repartant d’un Thrash plus traditionnel, faisant la part belle à une influence qui semble évidente, celle de Metallica. Sur le fond et la forme, surtout pour cette production très sèche et incisive, Deficiency opère ici un retour au pur Thrash Bay Area, même si l’on peut trouver d’autres particularités. Et le leitmotiv de Deficiency semble ici être la mélodie, il revendique d’ailleurs haut et fort l’étiquette simple mais parlante de « Thrash Metal mélodique ». Concrètement, le groupe lorrain n’hésite pas ici à user de nombreux leads ou autres lignes mélodiques, le tout accompagné d’un peu d’acoustique à l’occasion. Laurent se met au diapason en se montrant très volubile, oscillant en permanence entre chant hurlé Thrash, chant plus Heavy et même différentes lignes plus claires. Le Thrash de Deficiency est donc plus aéré mais sans devenir atmosphérique ou trop progressif, la riffaille Thrash est de toute façon à l’honneur quand il le faut et l’on se retrouve rapidement dans le registre de brûlots passés comme "Unfinished", le groupe sachant toujours comment muscler son jeu et nous faire headbanguer comme tout bon groupe de Thrash qui se respecte.

Tout est en place pour que Deficiency confirme ses dispositions et se pose comme un groupe de Thrash authentique et personnel. Et le bien nommé "Newborn’s Awakening" va nous montrer directement les capacités du Deficiency v.2017, avec déjà des mélodies particulièrement enlevées et des cavalcades de riffs très entraînantes, en plus d’un refrain immédiat et de divers leads/solos léchés. Le groupe mosellan montre qu’il excelle désormais dans un Thrash frais et accessible, classique et passe-partout mais suffisamment fignolé et bien composé, qui peut plaire à tout le monde et se déguste facilement. "Uncharted Waters" démontre ensuite que la formation possède une certaine maîtrise et un touché remarquable, leur Thrash étant finalement relativement complexe tout en restant direct et efficace. Et les variations de voix de Laurent font qu’on ne s’ennuie pas une seule seconde. La mélodie est presque omniprésente mais pour ceux qui trouveraient ça trop gentillet, Deficiency n’hésite pas ensuite à envoyer la sauce grâce à l’excellent "Another Fail to Come", dynamique et tranchant à souhait, mais qui pour mieux marquer les contrastes du groupe s’autorise quelques incursions de chant plus clair notamment pour un refrain assez croustillant. Avec The Dawn Of Consciousness, Deficiency a donc su apporter une touche mélodique bienvenue à un Thrash Bay Area traditionnel, qui pourtant aurait pu se suffire à lui-même grâce à l’inspiration des musiciens, mais la mixture possède un charme qui agit dès les premières écoutes, et sachant également que tout ceci possède une certaine authenticité qui fait plaisir à entendre, le Thrash mélodique des mosellans est sans prétention mais se révèle irrésistible car travaillé dans ses moindres détails. La récompense des efforts de Deficiency se trouvera dans un véritable tube, le génial "Face the World We Experience" ou le groupe est au top de sa créativité, livrant des mélodies et riffs incroyables au sein de structures très bien pensées, qui trouvent leur firmament au sein d’un refrain inoubliable et d’une dernière partie épique à souhait. Un régal de classe à tous les niveaux, et ce n’est pas fini.

D’une durée plutôt conséquente (59 minutes), The Dawn Of Consciousness est donc l’occasion pour Deficiency de multiplier les compos Thrash détonantes, au sein d’ailleurs d’un concept-album dont l’histoire fait suite à celle de The Prodigal Child. Partant d’un Thrash classique mais inspiré et incisif ("From A Less to A Greater Perfection", "The Upriser", "The Post Knowledge Day", "Fearless Hope"), le groupe penche à quelques occasions vers du Heavy/Thrash, comme c’était le cas sur les albums précédents ("The Upriser", l’efficace "Nausera" avec du chant à l’avenant au début) et n’oublie pas ses accès plus modernes notamment quand il alourdit un peu le tempo (les mosh-parts de "The Upriser", certains moments lourds de "Nausera"). Et bien sûr, et c’est ce qui fait la particularité et la force de cet album, les moments mélodiques se taillent la part du lion, on s’arrêtera encore sur les refrains clairs de "From A Less to A Greater Perfection" et "The Post Knowledge Day" (qui se distingue aussi par quelques lignes de violon). Reste un instrumental très bavard, "And Now Where Else to Go", et tout est dit pour ce troisième album très réussi de Deficiency. On peut reprocher un manque d’originalité par moments avec des influs très prégnantes et notamment celle de Metallica, mais si Deficiency a le potentiel pour devenir le Metallica français (soyons fous), on ne va pas rougir outre mesure. The Dawn Of Consciousness est il est vrai assez long et risque de rebuter les réfractaires à la démonstration de leads, mais on ne peut pas reprocher au groupe d’être inspiré et de maîtriser son sujet sur le bout des ongles, tant techniquement qu’au niveau des émotions. Le groupe mosellan a tout simplement livré un parfait petit album de Thrash mélodique qui a tout d’un grand. Accessible, frais et accrocheur, The Dawn Of Consciousness est un petit bijou de Thrash à la fois traditionnel et moderne. Même si son style évolue entre ses sorties, Deficiency a ici confirmé son potentiel et maintenant il ne demande qu’à vraiment exploser, et il serait grand temps pour un groupe qui n’a déjà plus grand-chose à prouver, et attend de montrer sa valeur sur de grandes planches. Il n’y a plus d’excuse pour donner votre chance à ce groupe parti d’une sphère locale qui a le potentiel pour conquérir le cœur de tous les metalleux français et au-delà, avec un Thrash efficace et fignolé. Un super groupe de Metal avec un grand M, tout simplement…

 

Tracklist de The Dawn Of Consciousness :

1. Newborn's Awakening (5:17)
2. Uncharted Waters (5:22)
3. Another Fail To Come (5:40)
4. From A Less To A Greater Perfection (5:05)
5. The Upriser (5:55)
6. Face The World We Experience (5:55)
7. Nausera (5:28)
8. And Now Where Else To Go (7:35)
9. The Post Knowledge Day (7:15)
10. Fearless Hope (5:20)

 

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