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Album

28 avril 2017 - ZSK

Sarcasm

Within The Sphere Of Ethereal Minds

LabelDark Descent Records
styleBlack/Death Metal mélodique suédois des 90's
formatAlbum
paysSuède
sortieavril 2017
La note de
ZSK
7.5/10


ZSK

"On est tous le boomer de quelqu'un d'autre."

Houlà. Il va être difficile de faire une bio de Sarcasm pour commencer cette chronique, tant l’histoire de ce groupe suédois est particulière et complexe. Faisons court et précis avec quelques points remarquables :
1) Le groupe est un des nombreux avatars de la vague Swedish Death des années 90, dont le nom a été remis en avant lors de la parution du livre « Swedish Death Metal ».
2) Il n’avait sorti que des démos entre 1992 et 1994 avant de splitter sans réelle gloire.
3) Diverses compils et rééditions sont sorties depuis 1998.
4) Leur véritable premier album, Burial Dimensions, enregistré en 1994, ne sera rendu disponible qu’en… 2011 (!) par le biais de la compil LP Never After - The Complete Recordings (Dark Descent a ensuite réédité cette compilation au format double CD en 2015, avant de sortir l’album Burial Dimensions tout seul en 2016, de nouveau au format LP).
5) Niveau line-up, ses membres d’origine n’ont pas eu une carrière très fournie depuis. Deux de ses ex-membres, le bassiste Dave Janney et le batteur Oskar Karlsson, sont décédés respectivement en 2008 et 2016.
6) Le groupe s’est reformé en 2015 autour du chanteur Heval Bozarslan, seul membre d’origine. Le line-up actuel est complété par des membres de Imperial Domain ainsi que le batteur Matte Modin (Firespawn, Usurpress, ex-Dark Funeral).
7) Bien que classé dans le Swedeath, genre qu’il pratiquait pour ses premières démos bien grasses, le groupe officie plutôt dans un style Black/Death mélodique à la Dissection, Sacramentum, Unanimated, Dawn et compagnie.

Je pense qu’avec ça, vous savez tout ce qu’il faut savoir sur Sarcasm, qui nous propose donc en 2017 ce qui est son second album, Within The Sphere Of Ethereal Minds, et premier opus de reformation. Comme je le disais dans le point 7 de ma bio, Sarcasm œuvre plutôt dans un Black/Death mélodique suédois qui descend de Dissection et consorts, se rapprochant bien plus d’un Dawn que d’autres compatriotes naviguant dans des eaux plus grasses et brutales. Il est difficile de s’y tromper quand on trouve de nombreuses mélodies, de l’acoustique et une voix plus rocailleuse que rauque à l’écoute de ce que pond le combo originaire d’Uppsala. A la limite, on peut trouver dans ce que propose Sarcasm des réminiscences des premiers Dismember et Therion (jusqu’à Symphony Masses - Ho Drakon Ho Megas, la période injustement oubliée en somme), mais pour le reste, on se rapproche donc bien plus d’un Black-Metal mélodique typiquement suédois, jusque dans la production. Ce qui était proposé lors de la période A Touch Of The Burning Red Sunset (du nom de la dernière démo de 1994 et de la compil sortie en 1998) est d’ailleurs tout à fait bon pour le style, il est même dommage que Sarcasm était tombé dans l’oubli et à cause de son split prématuré, n’ait jamais pu être un des chefs de file du style, sachant qu’il avait même une longueur d’avance sur certains classiques ! Storm Of The Light’s Bane de Dissection était sorti en 1995, Far Away From The Sun de Sacramentum en 1996, Slaughtersun de Dawn en 1998… Bref, Sarcasm méritait une nouvelle chance et le livre/compil Swedish Death Metal l’a probablement aidé à se refaire une santé et préparer sa seconde jeunesse.

S’il est vrai que la mise en circuit de Burial Dimensions était un peu discutable (sur la forme, l’album était inférieur à ce qui était proposé sur les dernières démos, et on comprend un peu pourquoi il n’était jamais sorti…), Within The Sphere Of Ethereal Minds va nous permettre de savoir ce que Sarcasm vaut vraiment. Mais le Sarcasm de 1994 ou le Sarcasm de 2017 ? Cette question sera rapidement tranchée, car nous avons affaire à un album qui ne semble pas avoir été influencé par l’espace-temps. La musique s’est en quelque sorte figée en 1994, 23 ans après et alors que beaucoup d’eau a coulé sous les ponts et que le line-up de Sarcasm n’est plus du tout le même, le style n’a pas bougé d’un pouce. Within The Sphere Of Ethereal Minds c’est tout simplement du pur Black/Death mélodique suédois des 90’s. On pourrait même dire que le style n’a pas pris une ride à l’écoute de cet album. Certes, la production est un peu plus moderne et puissante mais on reste dans l’esprit de l’époque, comme si le Sarcasm de 1994 avait bénéficié de la meilleure sonorisation possible du milieu des années 90. On relègue donc Burial Dimensions au rang de vulgaire démo, et Within The Sphere Of Ethereal Minds joue avec brio la carte de l’album old-school légèrement remis au goût du jour, pour la seule volonté de refaire du bon vieux Black/Death mélo des nineties. Ce « deuxième » album de Sarcasm transpire donc l’authenticité par tous les pores, seul compte l’hommage à une période révolue (?) pour ces 35 minutes finalement hors du temps. Et pas forcément façon Thulcandra

On se replonge donc dans la Suède du milieu des années 90 dès "Bloodsoaked Sunrise", morceau d’ouverture classique ou tout y est, riffs râpeux, mélodies enivrantes et voix éraillée. La recette est simple mais fonctionne toujours, posant dès les premiers instants un certain vent de nostalgie, le retour à une époque ou Dissection, Dawn et Sacramentum apportaient de menues mélodies à leur Black à clous et épées. Et le meilleur reste à venir car, et c’est ce qui est important, le Sarcasm v.2017 est tout à fait inspiré. Notamment pour les mélodies et l’on se délecte bien vite du superbe travail sur les leads à l’écoute de morceaux comme l’entraînant "From the Crimson Fog They Emerged", "Embodiment of Source" ou encore "In the Grip of Awakening Times". Bien qu’il soit classé à peu près partout en « Death Metal » de manière un peu trop abrupte, Sarcasm œuvre bel et bien dans un registre mélodique dont les influences et inspirations sont évidentes. Cela n’empêche pas le groupe de sortir les riffs plus incisifs, en témoignent "Scars of a Land Forgotten" qui tire bien parti de la production sonore plus contemporaine, ainsi que l’excellent en tous points "In the Grip of Awakening Times". En 35 minutes pour 8 morceaux, on fera toutefois vite le tour de Within The Sphere Of Ethereal Minds, "Silent Waves Summoned Your Inner Being" est plus anecdotique et le plus « progressif » "A Black Veil for Earth" qui dépasse huit minutes se tire un peu en longueur, même s’il apporte quelques particularités comme de beaux passages purement acoustiques et un chant plus growlé.

Within The Sphere Of Ethereal Minds se termine par le plus classique "The Drowning Light at the Edge of the Dawn" où l’on constate une dernière fois que le groupe a de la ressource pour pondre des riffs efficaces et des mélodies accrocheuses, et on peut aussi définitivement confirmer que l’entité Sarcasm actuelle a tout compris au Black/Death mélodique suédois du milieu des années 90. Même si je dois révéler un détail idiot qui est sa pochette, elle aussi old-school jusqu’au bout des ongles mais qui ne me semble pas être fidèle au contenu et aux codes d’époque, pour illustrer cet album j’aurai plutôt vu quelque chose dans le style de la compil A Touch Of The Burning Red Sunset ou des albums de Dawn, surtout vu les noms des morceaux très évocateurs ("Bloodsoaked Sunrise", "From the Crimson Fog They Emerged"…). Mais bon, ce qui compte, c’est la musique, et Sarcasm fait ici un beau retour, on le retrouve comme on l’avait laissé en 1994 même s’il sait aussi vivre avec son temps, 23 ans plus tard. Il n’y a certes rien de révolutionnaire là-dedans, s’il était sorti vers 1996/1997 Within The Sphere Of Ethereal Minds aurait peut-être pu devenir un culte de la scène mais on ne le saura jamais de toute façon. Je pense que le groupe avait les capacités pour faire quelque chose de vraiment grandiose qui aurait suffisamment marqué la scène d’époque pour se placer aux côtés des Storm Of The Light’s Bane, Slaughtersun ou autre Far Away From The Sun (bon moi j’ai toujours préféré The Coming Of Chaos mais c’est mon avis), Within The Sphere Of Ethereal Minds sort peut-être avec 23 ans de retard mais maintenant que nous sommes en 2017, seule la nostalgie et le goût de l’old-school comptent, et à ce titre cet album est une réussite, surtout que le style pratiqué ne court plus vraiment les rues. Un retour vers le passé, pas forcément inoubliable pour qui connaît l’œuvre Black/Death mélo suédois sur le bout des doigts, mais particulièrement remarquable.

 

Tracklist de Within The Sphere Of Ethereal Minds :

1. Bloodsoaked Sunrise (2:54)
2. From the Crimson Fog They Emerged (4:22)
3. Embodiment of Source (5:33)
4. Scars of a Land Forgotten (3:20)
5. In the Grip of Awakening Times (3:40)
6. Silent Waves Summoned Your Inner Being (3:17)
7. A Black Veil for Earth (8:31)
8. The Drowning Light at the Edge of the Dawn (4:05)