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Album

27 mars 2017 - ZSK

Coldborn

Lingering Voidwards

LabelFinal Sacrifice Records
styleBlack/Doom Metal
formatAlbum
paysBelgique
sortiedécembre 2016
La note de
ZSK
7/10


ZSK

"On est tous le boomer de quelqu'un d'autre."

La Belgique, c’est un pays chaleureux et chaud (avec ses gaufres et ses frites), mais c’est aussi là-bas que peut Naître le Froid. La preuve avec Coldborn, one-man band existant depuis 2007 et mené par Norgaath. Si le projet est Belge, sa dimension est tout de même légèrement internationale. On retrouve pour Lingering Voidwards, son premier album (qui arrive même sans démo ou EP préalable), le portugais Menthor à la batterie (ex-Corpus Christii, et qui officie actuellement dans Enthroned, Lvcifyre et Nightbringer entre autres) ainsi que des invités allemands (le chanteur d’Anti) et encore portugais (Nocturnus Horrendus de Corpus Christii et Morte Incandescente). Chose logique vu que Norgaath a justement évolué dans Corpus Christii et Nightbringer sur scène. Aussi membre de Grimfaug, Norgaath a donc son projet parallèle Coldborn qui nous intéresse ici et qui livre son premier album après à priori neuf années d’existence. Bien évidemment, à voir la pochette et le logo du groupe, on se doute bien que nous n’allons pas avoir affaire à du Metal bien joyeux. Ni même le Black-Metal occulte de Corpus Christii et Nightbringer. Coldborn va plutôt proposer un Black-Metal bien noir et rampant, fait de morceaux longs et désespérés. Quoi de plus logique pour un album sorti au cœur de l’hiver glacial de 2016…

Se présentant comme faisant du Black atmosphérique, Coldborn évolue plutôt dans une sorte de Black/Doom, qui ne sourit pas et qui de toute façon n’a pas le moral. Presque old-school dans l’approche avec ses guitares grésillantes, Lingering Voidwards est un album qui aurait pu sortir dans le milieu des années 2000 chez des labels bien tristounets comme Dunkelheit ou Self Mutilation Services voire Dusktone (enfin, ce qu’ils ont fait de mieux). Bon, Coldborn ne donne pas dans le pur DSBM non plus, se rapprochant plus d’un Nyktalgia à la limite. Si le chant est nettement plus grogné qu’hurlé, cela ne nous donnera pas quelque chose de foncièrement original, mais je ne pense pas que c’est ce que recherche Coldborn de toute manière. Et assez étonnamment, Lingering Voidwards débute avec les 13 minutes de "The Call of Death’s Clarion" façon… Hate Forest, que ça soit pour certains éléments d’ambiance (dès l’intro d’ailleurs), les percussions ou les riffs répétés et implacables. Mais Coldborn laisse déjà aussi entrevoir son goût pour les mélodies assez désenchantées. Agressif et raffiné, le projet belge est assez complet en son genre. Après, il est sûr qu’il ne faut pas chercher là-dedans des compos tarabiscotées, on ressent aussi une influence du pan le plus classique de la scène USBM. "The Call of Death’s Clarion" montre déjà toute l’étendue musicale du projet, les riffs et tempos sont assez variés pour retenir l’attention malgré le côté forcément lancinant de l’ensemble, des claviers bien éthérés font également leur apparition, et les interventions vocales d’A.Krieg apportent également un petit plus non négligeable.

Si le départ du deuxième morceau, "In the Absence of Light, Death Gazes", est particulièrement tranchant et noir, Coldborn se concentre ensuite sur son aspect plus rampant et mid-tempo, et cela va le suivre sur pratiquement tout le reste de l’album même si l’on retrouvera encore des riffs bien acérés pour "Withered". "In Solitude" se concentre un peu plus sur les mélodies, de même que le morceau-titre qui s’offre même des passages assez épiques et bluffants. Jamais ridicule que ça soit au niveau des vocaux ou des compos (avec une prod forcément rustre mais qui sonne bien), Lingering Voidwards est un album convaincant à défaut d’être révolutionnaire, c’est le moins qu’on puisse dire tant certains riffs sonnent déjà-entendu, tout de même. Il est certain que ce premier album de Coldborn ne restera pas dans les mémoires et qu’on aurait aimé que sa personnalité soit un peu plus affirmée, et il y a de la place pour (que ce soit au niveau des percussions Hate Forestiennes, que l’on retrouve encore en force dans le très sombre "Withered", ou des passages éthérés ici et là). Au bout, Lingering Voidwards est un album correct de Black/Doom bien désespéré et ténébreux, un peu longuet par moments mais ça fait partie du style. Pas vraiment pour les fans de Corpus Christii ou Nightbringer c’est sûr, mais à recommander à ceux qui aiment que leur Black-Metal soit bien noir, grésillant, relativement lent et pesant, et misanthropique et négatif derrière son corpsepaint et sa capuche.

 

Tracklist de Lingering Voidwards :

1. The Call of Death’s Clarion (12:52)
2. In the Absence of Light, Death Gazes (8:38)
3. In Solitude (8:40)
4. Lingering Voidwards (8:10)
5. Withered (8:55)