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vendredi 17 mars 2017

Netherlands Deathfest 2017 - Jour 1

013 - Tilburg

Sleap

Live reporter et chroniqueur occasionnel dans divers genres (principalement extrême).

Jour 1

Sleap : Depuis 2016, le rituel hollandais annuel du Neurotic s’est intensifié avec l’arrivée du Netherlands. L’équipe du Maryland Deathfest qui s’associe avec les gérants de la meilleure salle de concerts d’Europe (le bien nommé Poppodium 013) ne pouvait que déboucher sur le meilleur festival possible. Et cela s’était avéré être le cas. Mais cette affirmation va-t-elle être confirmée pour cette seconde édition… ? Réponse dans ce nouveau live report !

Comme tous les ans, nous arrivons la veille pour profiter des nombreuses ‘consos offertes pour toutes autres consos achetées’ au bar du Tribunaal, annexé par la France depuis de nombreuses années. Les barmen sont à la fois contents et effrayés de nous retrouver en si grande forme. Le week-end promet d’être encore une fois scandaleux !
Pour couronner le tout, nous avons le plaisir de rencontrer Evan Harting, l’un des deux organisateurs du Maryland (et donc du Netherlands) Deathfest. Une occasion pour l’inviter à notre table et le harceler de questions, de name-dropping et de conseils plus ou moins avisés – et alcoolisés – pour les futures éditions.
Un before des plus sympathiques. Mais entrons sans plus tarder dans le vif du sujet !

Exhumed

Sleap : C’est avec la bande à Matt Harvey que je décide de débuter mon week-end de sauvagerie. Je retrouve la grande salle du 013 alors que les Californiens arrivent sur une version hyper techno de Michael Jackson. Et le carnage débute, comme à l’accoutumée, sur la doublette All Guts No Glory / As Hammer to Anvil – qui reste assurément la meilleure entrée en matière possible pour le groupe.
Quel plaisir de retrouver le son à la fois clair et massif de cette grande salle. Les têtes remuent déjà, mais il faut attendre les classiques comme l’énorme Limb from Limb pour que la fosse se transforme en fosse aux lions. La fameuse mascotte du groupe apparait d’ailleurs sur scène lors de ce titre – et plusieurs autres – pour exhiber des têtes coupées en plastique, des tronçonneuses ou encore balancer de fausses tripes dans la foule et slammer dans le public. En plus du charisme indéniable des musiciens, la paire de gratteux en tête, ce genre de petites animations sont vraiment l’un des points forts d’Exhumed en live. Dommage que le petit sketch avec le gratteux soliste ne se fasse plus (ceux qui connaissent les prestations du groupe savent de quoi je veux parler). Ça et l’absence de Necromaniac dans la setlist sont les deux uniques points noirs du concert. Mais cela fait un bien fou de réentendre Torso et surtout Open the Abscess joué en final. Matt Harvey, qui commence à être habitué de cette salle, nous aura une nouvelle fois offert un très bon moment en sa compagnie. Excellente entrée en matière !

Brodequin

Sleap : Histoire de rester fidèle à sa réputation, ce Netherlands Deathfest débute une nouvelle fois par un enchainement absolument cataclysmique (Exhumed / Brodequin / Discharge / Gorgasm / Repulsion), et ce sans aucune pause, bien évidemment.
En dehors de la qualité et de la réputation du groupe, ce concert de Brodequin est d’autant plus attendu qu’il sera le premier avec une vraie batterie depuis la reformation. En effet, le grand Jon Engman – qui ne pouvait plus assurer les parties de batterie autrement que par drumpad – est à présent remplacé par le batteur de Contorted Mind. D'autre part, le guitariste de Embodied Torment vient également rejoindre les rangs pour ces quelques dates live, une autre surprise de taille qui n'annonce que du bon. Verdict dans les quelques lignes qui suivent…
Avec ce running order de fous furieux, le concert a déjà débuté alors que j’essaie de me faufiler dans la seconde salle. J’arrive donc sur Spinning in Agony et, seigneur dieu, quel pied ! Le son est exactement comme je l’espérais. Ni trop clair, ni trop crade. On discerne parfaitement les 3 instruments derrière les monstrueux dégueulis de Jamie Bailey. Comme le rappelle ce dernier en milieu de set, il s’agit là du tout premier concert avec ce batteur, et la chose va malheureusement se constater lors de certains titres. En effet, le pauvre nouvel arrivant se retrouve un peu perdu sur plusieurs passages et se met donc à blaster en continu le temps qu’il retrouve le fil du morceau. Heureusement, il s’agit là de Brodequin, et les murs de blasts, même malvenus, ne sont finalement pas un problème, bien au contraire. Mais je concède que voir Bailey et son comparse se retourner pour faire des signes de tête au batteur en plein morceau est tout de même assez marrant à voir.
En dehors de ça, le public est chauffé à blanc. Un pit assez furax et de vrais fans du groupe dans la fosse, contrairement à un certain Hellfest 2016. Mention spéciale au gros pétage de câble général lors de l’intro de Trial by Ordeal. Et comme si ce set n’était déjà pas assez spécial, les américains nous gratifient de The Garotte, titre tiré du split de 2003 et jamais interprété en live ! Tout simplement excellent. Mais pas le temps de niaiser, il est déjà temps de regagner la salle principale pour…

Discharge

Sleap : … Pour revoir l’un des groupes les plus cultes de toute l’histoire des musiques extrêmes, tout simplement ? Et bien que je ne sois toujours pas emballé par les vocaux du nouveau chanteur, revoir l’un de mes groupes de Punk favoris sur scène est toujours un moment d’exception.
Malheureusement, la configuration ne convient absolument pas à un groupe comme Discharge. Salle immense, public dispersé, scène très haute, crash barrières, etc. Je rajouterais même ‘son un peu trop cristallin pour du Hardcore Punk’ mais je ne vais pas non plus cracher dans la soupe. Surtout que la boucherie commence sur un enchainement Blood runs Red / Fight Back / Hear Nothing / Nightmare Continues. Ou comment faire un K.O. d’entrée de jeu… Je prends donc mon pied tant que je peux, malgré un son qui ne sied définitivement pas au groupe, avant de continuer l’enchainement dans la seconde salle. Rainy et sa dégaine de paysan est un peu moins statique que lors de mon dernier concert du groupe, mais son flegme légendaire fait toujours contraste avec la violence de sa musique. Et évidemment, rien à dire sur les frères Roberts qui ont toujours un charisme et une classe impressionnante sur scène. Legends !

Gorgasm

Sleap : S’il y avait bien un groupe aujourd’hui qui pouvait me faire partir d’un show de Discharge avant la fin, c’est bien celui-là. Ce running order est un vrai calvaire (et ce n’est que le début)… Je ne sais plus depuis combien d’années j’attends de pouvoir voir Gorgasm en live. Et je suis surexcité que cela ait enfin lieu, qui plus est au meilleur festival du monde !
« VIOLENT ! » « DISCHARGE ! » « CONSUME ! » Vous l’aurez compris, la boucherie commence sur Seminal Embalment, histoire de me mettre à genoux dès le début du concert… Quel pied, mais quel pied ! Le son est excellent, le public encore plus énervé qu’à Brodequin, et des musiciens d’un charisme démentiel, Damian Leski en tête ! Et au-delà de la présence scénique des trois colosses au premier plan, je me délecte du jeu millimétré de Kyle. Tout est parfait. En plus des ultimes Corpsefiend et Fucking the Viscera, nous avons droit à une doublette dévastatrice Bleeding Profusely / Disembodied… Va-t-on seulement survivre à un set pareil ? Je me le demande…
Le seul bémol est l’absence d’un troisième micro. Je me réjouissais de pouvoir entendre un concert à trois vocalistes pétri d’échanges de vocaux ultra rapides, mais ce ne sera malheureusement qu’un show à deux voix. Et histoire d’en rajouter une couche, j’avoue que j’aurais bien aimé un petit Anal Skewer dans la setlist… Mais trêve de chipotage, je viens de vivre l’un des meilleurs concerts du festival. La déferlante de violence s’achève sur le tube Deadfuck, qui met assurément tout le monde d’accord dans l’assemblée. Les meilleures 45 minutes de la journée ? Pour l’instant cela ne fait aucun doute.

Repulsion

Sleap : Les chevauchements de ce running order sont décidément infernaux. Heureusement pour moi, les concerts de la Main Stage subissent un retard d’une vingtaine de minutes. Je ne rate donc qu’une poignée de morceaux des dieux Repulsion. Mais louper le début de set est déjà bien assez rageant pour moi, même lors de mon 4ème concert du groupe…
J’arrive donc sur Acid Bath et, comme le titre l’indique, je me mets dans le bain sans plus attendre. Un pit ultra violent, comme à l’accoutumée, bien qu’il manque encore quelques personnes pour une fosse ‘al dente’. La doublette Radiation Sickness / Festering Boil est d’ailleurs l’un des meilleurs moments du concert – sauf pour le malheureux déboitage de genoux d’un de mes compatriotes. Les deux reprises habituelles (de Slaughter et Venom) figurent également toujours dans le haut du panier. Le feeling old school est parfaitement restitué en plus de la violence supplémentaire insufflée aux morceaux. Morceaux d’ailleurs dédicacés aux « personnes âgées » de Cianide jouant le lendemain.
Sans surprises, c’est une nouvelle fois la triplette de fin d’album qui clôt le set de la plus belle des manières. Et en plus d’une fosse survoltée lors de ce final apocalyptique, nous avons droit à un magnifique featuring du guitariste de General Surgery pendant le fameux Maggots in your Coffin. Le pied ab-so-lu ! Rares sont les groupes que j’ai autant envie de revoir sur scène encore et encore. Repulsion est de ceux-là. Le manque se fait déjà vivement ressentir dès la fin du show. Une véritable drogue en live. Vivement la cinquième, et vite !

Terrorizer

Sleap : S’il y a bien un groupe qui forme avec Repulsion le duo ultime du Death Grind US, c’est bien Terrorizer. J’aurais bien rajouté Assück, avec qui la sainte trinité est complète, mais je doute que ces derniers se reforment un jour…
C’est donc la troisième fois que je vois la bande à Pete Sandoval sur scène, et malgré l’amour passionnel que j’ai pour World Downfall, ce line up n’est définitivement pas à la hauteur en live. Ceux qui ont lu mes précédents live reports du groupe savent de quoi je parle. Des vocaux à coté de la plaque, une attitude pas – mais alors pas du tout – raccord avec la musique, un manque de charisme certain de la part de Harrison et du frontman, bref… C’est encore un « non » pour moi. Et malgré une prestation toujours exemplaire de Sandoval derrière son kit, je ne parviens pas à rester bien longtemps dans la salle… En plus du retard – d’une trentaine de minutes maintenant – je n’assiste finalement qu’à la triplette d’ouverture de World Downfall avant de rejoindre la troisième scène, dépité. Vais-je pouvoir assister un jour à un show de Terrorizer LA ? Je désespère…

Nocturnal Graves

Sleap : Après la série des chevauchements, il est temps de passer au niveau supérieur de la frustration avec les véritables clashs. Le premier du week-end est donc Nocturnal Graves / Wormrot. Deux groupes qui n’ont rien à voir, mais dont la qualité dans leur domaines respectifs – et la rareté en Europe – s’équivalent tout autant. En éternel indécis, je fais donc moitié / moitié en commençant par les Australiens.
Le carnage débute sur When the Demons Feast, et pour mon premier concert de l’année dans cette troisième salle, c’est un sans-faute ! Un son terrible, un public réceptif, et un cadre toujours exquis (ce porche au dessus de la scène est vraiment parfait). Mention spéciale aux vocaux de Jarro qui sonnent encore plus bestiaux qu’en studio ! Le véritable homme à tout faire du groupe – et de tonnes d’autres formations démentielles – a vraiment une pure prestance. La setlist alterne à la perfection entre le premier et le second album, avec des titres comme Nocturnal Maniac, mais aussi Slave Annihilation ou encore From the Bloodline of Cain. Mais je ne peux malheureusement pas assister à toute la prestation des Australiens et quitte donc la salle après une première moitié de show plus que convaincante !

Wormrot

Sleap : J’en avais presque oublié à quel point il était compliqué de pénétrer dans la seconde salle, et surtout lorsqu’un groupe comme Wormrot y joue depuis déjà 20 minutes… Je parviens tant bien que mal à me faufiler jusqu’à l’entrée du pit alors que retentit le court mais ô combien intense Sledgehammer (cette accélération d’enc*** !!!). À l’instar de ce titre, les morceaux – provenant des trois full-lengths du groupe – s’enchainent à une vitesse vertigineuse. Non mais quelle avalanche de violence ! Et en voyant les musiciens œuvrer, le concert parait encore plus surréaliste. Le vocaliste Arif occupe très bien la scène et a assurément une classe indéniable – tantôt nonchalant, tantôt hyper énervé, adoptant parfois des postures christiques, etc. Le batteur martèle ses futs avec un sourire jusqu’aux oreilles du début à la fin, et le guitariste reste au contraire très sobre et calme avec sa petite chemise et sa mèche de cheveux. Un contraste entre les trois membres qui donne au show une dimension supplémentaire. Mais, en plus de paraitre aussi jeune, le trio de Singapour bénéficie d’un son absolument dingue. Comment peut-on envoyer des parpaings aussi massifs avec seulement une guitare et une batterie (et des vocaux ultra agressifs évidemment) ?!
Je ne pense pas pouvoir en dire plus, il s’agit là d’une de mes claques de la journée. Le power trio remercie chaleureusement l’assemblée ainsi que plusieurs autres personnes – dont le chanteur de Wolfbrigade qui leur sert de chauffeur sur la tournée – avant de nous envoyer un Lost Swines sans merci en guise de final. Une humilité et une puissance qui forcent le respect. Chapeau bas !

Bloodbath

Sleap : Après une avalanche de tueries, cette journée se termine cependant par un « mouais ». C’est en effet la quatrième ou cinquième fois que je vois cette nouvelle formation de Bloodbath en live, et, on peut le dire, l’effet est bien retombé depuis le Neurotic 2015…
À l’exception de l’excellent Like Fire, il n’y a pas de surprises de taille lors de ce concert, et la voix de Nick Holmes ne me plait toujours pas, désolé pour les fans. De plus, sa nonchalance entre les morceaux fait peine à voir tant il n’arrive pas à tenir le public dans sa poche (« Alors c’est l’histoire d’un mec qui rentre dans un bar… » marmonne-t-il en anglais entre certains morceaux). Bref, une fin de journée en demi-teinte pour votre serviteur. Je suis évidemment heureux de réentendre du Bloodbath en live, surtout avec le son du 013, mais je reste bien moins emballé qu’il y a deux ans.

***

En bref, une journée qui, malgré les chevauchements et autres clashs, reste absolument énorme, à l’image du festival de manière générale. Même si mon top 3 de ce premier jour reste Gorgasm / Brodequin / Repulsion, je mentionne tout de même la claque mise par les trois jeunes de Wormrot. J’aime déjà beaucoup le groupe en studio mais je ne les pensais pas capables de retourner autant une salle en live.
La flemme l’emportant sur les deux derniers groupes de la journée, la cohorte de français alcoolisés se dirige donc vers le bar du Tribunaal pour une seconde nuit de fiesta. Le réveil va être douloureux… 

Jour 2.
Jour 3.