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Album

10 février 2017 - ZSK

Nidingr

The High Heat Licks Against Heaven

LabelIndie Recordings / Season of Mist
styleBlack/Death Metal
formatAlbum
paysNorvège
sortiefévrier 2017
La note de
ZSK
6.5/10


ZSK

"On est tous le boomer de quelqu'un d'autre."

Défi Horns Up du jour : prononcer le nom de cet album à haute voix et le plus vite possible sans massacrer la langue anglaise : « The High Heat Licks Against Heaven ». C’est difficile, vous verrez, comme quand vous pachez chez chosh. De toute façon avec Nidingr on ne s’embarrasse pas en général, on envoie la sauce sans souci de propreté. Existant depuis 1996, le groupe mené par Teloch avait débarqué de presque nulle part avec Sorrow Infinite And Darkness en 2005. Son Black-Metal qui se posait comme une sorte de Dødheimsgard sans bidouillages et avec une voix Hardcore/Punk très saugrenue, avait marqué les esprits. Un grand début très original qui avait amené Nidingr a très vite devenir une référence du Metal extrême norvégien, avec les énormissismes Wolf-Father (2010) et Greatest Of Deceivers (2012). Teloch est aussi devenu une des figures de la scène BM norvégienne, avec ses participations à Mayhem et à bon nombre de formations de renom en Live (Gorgoroth, 1349, God Seed…). Bref, Nidingr est attendu au tournant, surtout qu’il y a cinq ans Greatest Of Deceivers s’était parfois fait affubler du qualificatif de « chef-d’œuvre ». Son Black/Death furibond et méchant a de quoi convaincre, et passée l’adaptation au chant si particulier du Cpt. Estrella Grasa ce n’est que du bonheur. Entre compos de dingue et arpèges bien evil, Nidingr est assurément une des sensations du Metal norvégien des années 2010.

The High Heat Licks Against Heaven va être l’occasion pour Nidingr d’évoluer un tantinet. Niveau thématique, on revient sur quelque chose de plus nordique comme pour Wolf-Father, avec cette pochette de Metastazis qu’on aurait bien vu orner une sortie de Solefald. Finies les références à Crowley de Greatest Of Deceivers, mais ce n’est pas pour autant que le groupe va abandonner son aspect le plus sombre et noir, bien au contraire car The High Heat Licks Against Heaven va vite se présenter comme l’album le plus rampant et introspectif de Nidingr. Notons déjà que le line-up évolue quelque peu, Blargh (ex-Dødheimsgard) a définitivement mis les voiles, laissant sa place à Destructhor (Myrkskog, ex-Zyklon, ex-Morbid Angel) qui toutefois ne fait que des vocaux additionnels sur cet enregistrement. Le bassiste Sir (Djerv, Gaahl’s Wyrd, ex-God Seed et ex-Trelldom) a également été recruté, mais le maître à bord reste bien Teloch et Nidingr est et restera à jamais son bébé. Un bébé qui garde toutes ses particularités, jusqu’au chant arraché du Cpt. Estrella Grasa bien évidemment, qui placera toujours Nidingr comme un groupe à part. Les compos et le touché général des grattes reste lui aussi 100% Nidingr, qui ne va pas se renouveler mais va changer quelques équilibres pour proposer quelque chose d’un peu différent de Wolf-Father et Greatest Of Deceivers. Pour le meilleur et pour le pire…

"Hangaguð" ouvre les presque 42 minutes de The High Heat Licks Against Heaven de manière classique, et on se réjouit déjà d’avoir affaire à un Nidingr toujours aussi énergique, intense, efficace et expéditif. Capable de blaster sec, de balancer un riffing chaotique mais contrôlé, de nous offrir des rythmiques bien cossues et des arpèges inquiétants, Nidingr fait toujours mouche, avec bien sûr la petite singularité vocale apportée par le Cpt. Estrella Grasa. "Surtr" poursuit l’effort même si on sent déjà que le groupe a opté pour un son plus poisseux, avec des riffs plus Death, quelque chose de plus lourd et moins épique que Greatest Of Deceivers en somme. C’est sur cette base que The High Heat Licks Against Heaven va se démarquer, mais c’est aussi là que le bât va blesser. On se délecte toujours d’un Nidingr bien frontal et dur mais moins virevoltant que par le passé jusqu’à "On Dead Body Shore", mais ensuite les choses se gâtent, et on le sentait venir dès le début en fait, tout de même moins mordant que Greatest Of Deceivers. Nidingr se fait plus dépouillé, et le mid-tempo devient nettement majoritaire. Après tout, il y en avait déjà pas mal sur Greatest Of Deceivers, mais ce n’est pas ici que nous retrouverons les riffs terribles de "O Thou Empty God" ou le groove imparable de "Pure Pale Gold". N’espérons pas non plus la frénésie de "Greatest of Deceivers" ou "Vim Patior", la formation norvégienne a opté pour un travail sur les ambiances, alourdissant et ralentissant le propos metallique. On est donc parti bien loin d’un Wolf-Father, malgré le retour des thématiques nordiques…

Le résultat ? Un Nidingr souvent poussif, jusqu’au chant du Cpt. Estrella Grasa certes plus varié mais un peu moins hargneux que par le passé. Les plus ambiants "Gleipnir" et "Ash Yggdrasil" (avec comme d’habitude Garm en invité) ont donc un peu de mal à convaincre, certes l’ambiance est bien pesante mais était-ce ceci qu’on attendait de Nidingr ? Un Nidingr qui se montre par ailleurs peu inspiré avec des morceaux assez moyens ("Sol Taker", "Heimdalargaldr"), certes la lourdeur avec des riffs bien poisseux amène de la nouveauté (et "Valkyries Assemble" fonctionne plutôt bien), mais cet album a du mal à décoller et surtout, on regrette bien vite le Nidingr le plus rentre-dedans et on a envie bien vite de ressortir Greatest Of Deceivers pour se réchauffer les cervicales. The High Heat Licks Against Heaven est un album un peu pataud et fatigué, redondant et inoffensif. Qui en plus se termine assez mal sur le plus mélodique "Naglfar Is Loosed", avec l’intervention dispensable de Myrkur, ce qui fait un peu copinage sachant que les ¾ du line-up actuel de Nidingr officie en backing-band Live de MyrkurNidingr a laissé de côté sa frénésie pour faire place à de la lourdeur, ce qui à mon avis vu le résultat final, est une fausse bonne idée. Cela peut plaire et on peut saluer l’envie du groupe de changer un peu de ton et de rythme, dans l’univers musical toujours si original de Teloch (toutefois sans l'apport de Blargh qui était non négligeable... on s'en rend peut-être compte avec cet opus). Mais passer après des monstres comme Wolf-Father et Greatest Of Deceivers, c’est un peu difficile, et The High Heat Licks Against Heaven manque un peu son coup, c’est un exercice intéressant mais je pense qu’on attendait de Nidingr un peu plus d’efficacité même si Greatest Of Deceivers avait montré que le groupe pouvait aussi se distinguer dans la noirceur. Une légère déception qui, espérons-le, ne signera pas le chant du cygne du groupe, qui depuis Sorrow Infinite And Darkness fait des étranges tracklists aux numéros décroissants, et techniquement The High Heat Licks Against Heaven doit avoir terminé le compte à rebours…

 

Tracklist de The High Heat Licks Against Heaven :

1. Hangaguð (2:32)
2. Surtr (3:06)
3. The Ballad of Hamther (5:30)
4. On Dead Body Shore (3:43)
5. Glepinir (5:07)
6. Sol Taker (2:42)
7. Ash Yggdrasil (6:20)
8. Heimdalargaldr (3:48)
9. Valyries Assemble (3:30)
10. Naglfar Is Loosed (5:22)

 

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