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La sélection de HU : novembre 2016

dimanche 20 novembre 2016
Team Horns Up

Compte groupé de la Team Horns Up, pour les écrits en commun.

Il est facile de se perdre dans le flot incessant de sorties alors nos chroniqueurs vous proposeront chaque mois une sélection de sorties récentes ou à venir (albums, EP's, démos, splits).

Voici nos choix du mois de novembre, avec la participation de Cook, Prout, S.A.D.E, Rob, S. et de notre rédac' chef Nostalmaniac.
Ce mois-ci on vous parle de Black, de Death, de Hardcore, de Drone mais aussi de punk rock !

Arkona - Lunaris

Style : Black Metal
Pays : Pologne
Label : Debemur Morti Records
Date de sortie : 4 novembre 2016

S. : Moins connu que leurs compatriotes de Graveland ou BehemothArkona ne fait pas moins partie de l’histoire du Black Metal polonais, en ayant sorti au milieu des années quatre-vingt-dix des productions cultes, que ce soit la démo « An Eternal Curse of the Pagan Godz » ou le full-length « Imperium », caractérisés par leur côté cru et glacial. Après une longue période sans nouvel album studio, Arkona avait sorti « Chaos.Ice.Fire » en 2014, qui m’avait laissé de marbre. Encore une formation à propos de laquelle j'ajouterai l’étiquette « old » lorsque je parlerai de mes goûts, me disais-je. C’est donc avec une grande méfiance que j’ai accueilli ce « Lunaris », nouvelle cuvée du trio désormais signé chez Debemur Morti. Et pourtant… quelle surprise ! Le groupe semble avoir retrouvé l’inspiration en concoctant six titres particulièrement efficaces. La première chose qui surprend, c’est la qualité de la production, propre, puissante, contrastée, mettant parfaitement en valeur l’ensemble de l’instrumentation. En quelque sorte, on retrouve le Arkona d’antan, avec un son contemporain, qui lui confère toutefois un regain de violence aux dépends de la froideur. Il distille néanmoins avec parcimonie quelques passages sympho qui élèvent les compositions, donnant une ambiance de grandeur et de solennité. On retrouve même une référence (voulue ?) au passé avec cet orgue introduisant « Śmierć i odrodzenie », qui est d’ailleurs le meilleur titre de l’opus, dont le refrain possède la force d’un hymne. Contre toute attente, ce Lunaris pourrait bien figurer dans mon top 10 de 2016…

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Wędrujący Wiatr - O turniach, jeziorach i nocnych szlakach

Style : Atmospheric Black Metal
Pays : Pologne
Label : Werewolf Promotion
Date de sortie : 31 octobre 2016

S. : Sous la bannière de Werewolf Promotion, Wędrujący Wiatr a sorti fin octobre son deuxième album studio intitulé « O turniach, jeziorach i nocnych szlakach », trois ans après « Tam, gdzie miesiąc opłakuje świt ». Amateurs de Black Metal atmosphérique qui hume bon l’écorce et la mousse, je ne peux que vous conseiller la nouvelle cuvée des polonais, tant l’atmosphère y est captivante, étant moi-même tombé sous le charme. Pendant près d’une heure, le duo nous invite à un voyage en sous-bois, sous la clarté lunaire, avec des mélodies contemplatives et envoûtantes, des vocaux dévoués ainsi qu’une production rugueuse mais tout à fait adaptée au registre. On notera également l’incrustation çà et là d’une guitare sèche aux sonorités aériennes et apaisantes, me faisant beaucoup penser à celles qu’on peut trouver chez les Finlandais de Häive. Au jeu des comparaisons, on pourrait classer cet album entre le « Forgotten Legends » de Drudkh, le « Loss » de Wodensthrone, le « A Gaze into the Abyss » de Antlers et le « Graveforests And Their Shadows » de Walknut.
Laissez-vous transporter par l'authenticité de Wędrujący Wiatr

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Fecundation - Congenital Deformity

Style : Brutal Death Metal
Pays : Corée du Sud
Label :  Pathologically Explicit Recordings

Date de sortie : 20 juin 2016

Rob :  99% Brutality, 1% Yngwie Malmsteem. C'est sous ce slogan bas du front mais néanmoins rigolo que se tient Fecundation, un jeune duo sud-coréen, formé en 2013 et ayant deux démos à son actif. Après quelques changements de line-up, la formation nous revient cette année avec un nouvel EP nommé Congenital Deformity. Et le slogan résume parfaitement la musique du groupe : un mix de Suffocation sans les mosh parts, Gorgasm et Disgorge. Avec des soli heavy metal.

Si ce mélange de deux genres peut faire grincer des dents à première vue, force est de constater que la recette prend bien. Bon, n'est pas Vital Remains qui veut, mais au moins chez Fecundation, ça ne prend pas 3 plombes et 8 répétitions d'un même thème pour exprimer son idée. Et pour un groupe se basant sur du brutal death US, il est plaisant de noter qu'en dehors d'un passage un peu grassouillet et groovy sur A Congenital Deformity, aucune trace de mosh part et autre abomination du genre n'est à signaler.
Enregistré par les deux membres, la production n'est ni synthétique, ni trop compressée. Au contraire le son est plutôt bon, légèrement crade mais quand même compréhensible. Seul le chant guttural et glaireux est parfois un peu trop mis en avant dans le mix.

Alors oui, quelques riffs sont un peu bateau et l'EP reste de courte durée, mais ce côté direct, avec juste quelques mid-tempos pour ralentir, et un riffing un poil technique et mélodique contrebalance les quelques défauts. Congenital Deformity est, pour une scène pourtant pleine à craquer, une bonne petite surprise.

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Inherit Disease - Ephemeral

Style : Technical Brutal Death Metal
Pays : U.S.A.
Label : Unique Leader Records
Date de sortie :  08 avril 2016

Rob: Histoire de rester dans le même style, parlons maintenant d'Inherit Disease. Formé il y a désormais 15 ans, le groupe californien revient de six ans de silence radio après Visceral Transcendance, toujours signé chez Unique Leader. Aidé par l'arrivée, en 2012, d'un second guitariste, le combo sort donc cette année son troisième album, Ephemeral.
Si le style d'Inherit Disease n'a pas évolué d'un iota - les influences restent DisgorgeDeeds of Flesh et autres Pathology - on peut noter un gros effort de production. Organique et naturelle, mettant moins en avant le chant guttural que par le passé, elle surpasse le son super sec de son prédécesseur. La basse est audible et le tout ne sonne pas bordélique. Ce qui est un plus vu le nombre de cassures rythmiques et l'intensité que dégage le machin. Ça blast, ça groove, c'est gras et putride et il n'y a que peu de moments d'accalmie.

Inherit Disease ne réinvente rien certes, l'album est quand même un peu générique et la musique sonne parfois redondant. Mais bon, ce sont des défauts inhérents au style. Si le combo ne révolutionne rien, Ephemeral est quand même un album bien foutu et exécuté avec brio.

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Singularity - Void Walker

Style : Blackened Death technique et symphonique
Pays : U.S.A.
Label : Indépendant
Date de sortie : 02 septembre 2016

Rob :  Singularity, jeune groupe d'Arizona formé en 2010, plutôt productif (3 démos, un album et cet EP donc), est un groupe intéressant sur plusieurs points. Le style pratiqué ici est un hybride de black symphonique et de death technique, qui rappelle les premiers Abigail Williams (époque In The Shadow Of A Thousand Suns) mais sans le côté pompeux et le chant clair pas très juste.
Alors je rassure de suite les puristes, les quelques nappes de claviers ne sonnent pas grandiloquentes mais renforcent plutôt l'ambiance globale de la musique. Bien sûr, il y a quelques arrangements et quelques notes de piano dispersées de part et d'autre, mais ce n'est pas du Dimmu Borgir ou du Cradle (pour ne citer que les pires).
Mené par une thématique de guerre spatiale et de clash de civilisations extraterrestres, Void Walker nous entraîne durant ses 3 titres et son interlude à travers une musique remplie de détails. Les structures sont simples, généralement binaires et ternaires, mais la composition réussit par moments à paraître labyrinthique. L'EP est assez riche et varié dans ses ambiances, même si l'atmosphère globale reste sombre.
Plutôt bien fichu, mélodique et technique sans trop en faire, l'EP n'apporte ceci dit rien au genre. Cependant, il serait dommage de passer à côté de ce Void WalkerSingularity délivrant ici une performance de qualité.

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Violent Magic Orchestra - Catastrophic Anonymous

Style : Indus/Black/Techno/Avantgarde
Pays : France/Japon/USA
Label : Throatruiner Records
Date de sortie : 2 décembre 2016

S.A.D.E : A la base découvreur de hardcore chiadé et hors des sentiers battus, Throatruiner Records élargit ces derniers temps sa gamme de sortie. En témoigne ce premier opus du Violent Magic Orchestra qui verra le jour le 2 décembre prochain. Sous ce nom bien étrange se cachent trois entités : Paul Régimbeau (Mondkopf, Extreme Precautions, Autrenoir), le collectif black metal japonais Vampillia et Pete Swanson (ex-Yellow Swans). Et que se passe-t-il quand on enferme dans la même pièce un producteur d'électro français, un collectif de black metal japonais et un américain bidouilleur de bruits ? Réponse : Violent Magic Orchestra. Soit un mélange étrange et destabilisant de black metal, de techno, de noise et de folie. Pas le genre de chose qu'il est facile d'appréhender et encore moins de décrire. En gros, ça grésille, c'est barré, c'est rapide mais pas toujours, ça sent un peu le Japon mais on ne sait pas exactement pourquoi. Et puis Attila Csihar, toujours friand de truc bien délire, vient pousser la chansonnette, donc c'est cool. Et bizarre. Et dérangeant. Et taré. Comme la pochette signée Metastazis, qui, pour une fois, sort de sa zone de confort. A ne pas mettre dans toutes les oreilles, mais à écouter pour les amateurs de machins pas bien nets qui rendent un peu fou.

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Vermin Womb - Decline

Style : Grindcore/Death Metal
Pays :  USA
Label : Throatruiner Records
Date de sortie : 28 octobre 2016

S.A.D.E : Encore du Throatruiner, cette fois dans un style plus commun pour le label : du grindcore. Mais comme dans toute bonne sortie estampillée Throatruiner vient se loger tout un tas d'autres sonorités dans les compos de Vermin Womb. Le son est monstrueusement étouffant, les vingt-quatre minutes de l'album ne vous laisseront pas respirer un seul instant. C'est crade, ça dégueule de tous les côtés, un chant juste inhumain vous agresse sur tout l'album pendant que l'instru empêche toute tentative d'évasion. Et si ce climat apocalytique sur les morceaux ne vous suffit pas, sachez que les transitions entre les titres sont assurées par des larsen bien aigus qui vous vrillent les tympans. Quelques passages death metal au tempo plus lent s'insèrent entre les mandales grindcore, mais le ralenti n'y fait rien, on ne respire pas mieux, bien au contraire. Ce premier album de Vermin Womb fait dans le direct et le sauvage, sans prendre le temps de se poser de question. Sans doute pas ce qu'on a fait de plus original en grindcore, mais est-ce vraiment important ? Non bien sûr, ce qui compte c'est l'étendue des dégâts à la fin. Et à ce niveau Vermin Womb s'en tire bien, très bien. 

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CHVE - 10910

Style : Ambient/Drone/Folk
Pays : Belgique
Label : Consouling Sounds
Date de sortie : 11 novembre 2016

S.A.D.E : Voilà presque un an que Rasa, premier album du projet solo de Colin H Van Eeckhout (Amenra), a vu le jour. Depuis cette date, en plus de quelques concerts avec AmenraCHVE s'en est allé défendre son bébé en live, notamment aux côtés de Steve Von Till (Neurosis). Et de cette expérience live, CHVE a voulu garder une trace. Seul dans un vieux tramway, il a enregistré cette performance live en une seule prise. Comme pour la piste unique de l'album studio, on a à faire ici à un morceau-fleuve, un peu moins d'une demi-heure de transe atemporelle et apaisante à souhait. Les deux morceaux (studio et live) se ressemblent bien sûr énormement, mais le son est quand même différent. Les vibrations graves sont nettement plus présentes sur le live, le son en est presque plus hypnotique. Mais ce qui donne un véritable cachet à la version live est la reprise divine du Petit Chevalier de Nico (oui, celle du Velvet), insérée directement dans l'architecture de la piste. CVHE chante en français, d'une voix posée et avec une reverb' splendide. On est complétement plongé dans cette ambiance moyenâgeuse apportée par l'instru (joué à la vielle à roue) et d'où émerge une tension moderne sortie d'on ne sait trop où. Un nouveau bijou signé CHVE, qui ravira les amateurs de Rasa studio.

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NOFX - First Ditch Effort

Style : Punk à papa
Pays : U.S.A.
Label : Fat Wreck Chords
Date de sortie : 7 octobre 2016

Cook Cela faisait 4 ans que les punks les plus riches de la scène n'avaient rien sortis, ça devenait donc urgent pour eux de renouveler l'expérience studio et de justifier leurs tournées continues. First Ditch Effort est le 13e effort du groupe, sans compter les EP's ! Difficile donc de se renouveler et de trouver des idées neuves. C'est donc avec un Fat Mike en pleine forme, se dépeignant comme le mec le plus craignos de cette terre, "I was a human trash can // shortening my life span" que commencent à se dérouler les treize titres avec "Six Years on Dope". Rien de nouveau sous le soleil, les punks restent des punks, la batterie s'agite inlassablement, proposant un méchant groove dès les premières secondes. On sent le frontman un peu plus en forme que sur leur Self-Titled de 2012, et pour cause ce joyeux drille a annoncé avoir réduit considérablement ses prises quotidiennes de drogue. En définitive cet album n'est que 33 minutes de pure insouciance, de chansons décomplexées et toutes efficaces à souhait. À coup sûr un album à vous procurer d'urgence, pourvu que vous soyez fans de la Californie, de crêtes vert fluo et de riffs percutants! 

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The Hammer - Vermin

Style : Hardcore
Pays : Suède
Label : Straight and Alert Records
Date de sortie : 8 avril 2016

Cook : Si jamais vous devez faire un trajet à vélo, ou bien vous réveiller dans le *insérer ici le moyen de transport en commun de votre choix*, alors ce 7" de The Hammer fonctionnera à merveille. Huit minutes de baston, de guitares qui s'entrechoquent, de batterie tumultueuse et de breaks massifs à souhait. Parue en Avril dernier chez Straight and Alert Records (label nantais spécialisé dans le punk/hardcore), cette galette suédoise s'impose comme l'une des meilleures sorties de l'année. Un gros pouce vert à l'intro de ce skeud qui vous assomera d'entrée de jeu, ainsi qu'à Random Acts of Violence qui sent fort la rue pavée et le crâne explosé.
On notera également un très bel artwork réalisé par Jacob Bondesson, qui reflète à merveille les paroles de l'album, portrait d'une société déjà morte mêlée à la violence urbaine, on sent ici un vécu et une sincérité dans la voix du chanteur qui deviennent rare. Courez donc vous procurer ce "Vermin" sorti du froid suédois, ça réchauffera votre hiver et vous remettra d'aplomb instantanément. "The state will protect you // There’s no bigger lie // It’s eat or get eaten // The weak are left to die"

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Deathspell Omega - The Synarchy of Molten Bones

Style : Avant-Garde Black Metal
Pays : France
Label : Norma Evangelium Diaboli
Date de sortie : 8 novembre 2016

Cook : Rares sont les groupes de black metal français talentueux, ou du moins originaux, prenant des risques et collant au froid nordique légendaire ayant fait la marque de fabrique des formations les plus cultes de ce genre musical. Deathspell Omega en fait cependant partie, et remet le couvert en cette fin d'année, quatre ans après l'excellent EP Drought. En premier lieu, l'artwork pose les bases et nous prépare d'avance à rentrer dans l'œil du cyclone. C'est donc avec le titre éponyme "The Synarchy of Molten Bones" et après un sample d'intro tout à fait épique que la cavalcade commence, et elle ne s'arrêtera qu'après un "Internecine Iatrogenesis" chaotique au possible. Trente minutes de rythmes acharnés, de riffs mordants comme l'acier, le tout enrobé d'une voix caverneuse et envoûtante ça ne laisse personne indemne. J'ai adoré l'atmosphère développée au sein de l'album, les prises de risque du groupe également, qui a plutôt misé sur une production plus massive que sur Inquisitors of Satan par exemple. Ça blast à 100 à l'heure, les mélodies s'imposent avec puissance, les rares interludes sont tous amenés avec justesse et permettent de contempler toute la beauté du champ de bataille créé par les musiciens, notamment avec l'excellent morceau "Onward Where Most With Ravin I May Meet", morceau de dix minutes complétement trasporteur et magistral. Certes, la rapidité d'exécution peut facilement faire perdre la tête, cela reste cependant excellent, pourvu qu'on soit amateur de cette cacophonie organisée. Je conseille à tout mélomane averti de se pencher sur la discographie de ce groupe qui sait s'imposer depuis quelques années maintenant dans le paysage trop rare du black metal français, et de prêter une oreille attentive à cette nouvelle sortie qui sera sans nul doute parmi mon top 5 de cette année musicale.

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Operation Cunt Destroyer

Style : Brutal Death Slam
Pays : Ecosse
Label : Transcending Records
Date de sortie : novembre 2016

Prout : Encore un grand moment de poésie avec la sortie récente d'un nouvel EP sans titre de Operation Cunt Destroyer. Le combo écossais fait dans l'égorgeage de mouton haram, dans le balbutiement des amygdales, dans le raclage de cordes verbales, le tout massacré par une batterie tantôt vénère tantôt tellement groovy que je me suis luxé trois épaules à la première écoute de l'EP. C'est parfois tellement violent et d'autres fois tellement slammy que je ne sais pas sur quel pied danser, donc visons les rotules. C'est pas original, c'est un tantinet technique mais sans en faire trop, mais c'est surtout la putain de claque du mois d'octobre tellement c'est bon !! Ça évolue un peu dans le gore et pas mal dans l'humour, y'a même des petites touches core mais vraiment très légères qui ne viennent pas entâcher l'oeuvre. Franchement à écouter pour tout amateur du style !

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Age of Woe - An Ill Wind Blowing

Style :  Sludge/Crust/Death Metal
Pays : Suède
Label : War Anthems Records
Date de sortie : 14 octobre 2016

Nostalmaniac : Bien que Göteborg soit inévitablement associée au Mélodeath propret, la réalité actuelle semble bien différente. Et ce n'est pas Age of Woe qui va s'en plaindre. Ce combo m'était inconnu jusqu'à leur unique date belge en début de mois. Concert qui m'a permis de découvrir ce groupe très intéressant (malgré une assistance ridicule de 5 personnes devant la scène ce jour-là) et de choper leur dernier long format, « An Ill Wind Blowing ».

Pour l'historique, Age of Woe s'est formé en 2010 en mêlant des membres de scène metal, mais aussi punk. Leur premier album « Inhumanform » est sorti en 2013 chez Suicide Records et Give Praise Records. L'été dernier, ils sont repérés par War Anthem Records (label lié au Party San) qui a donc sorti cette nouvelle galette.

En sept morceaux et trente-cinq minutes, les Suédois proposent une sorte de mélange Sludge/Crust/Death Metal sale et chaotique qui prend aux tripes. Et ce, dès les premiers riffs crasseux de "Voices of the Unheard". Alors que les passages plus véloces évoquent un croisement entre Amebix et Entombed, on pense également à Neurosis pour le côté bruitiste qui allourdit un peu plus l'atmosphère du disque. Les morceaux sont intenses avec quelques moments d'accalmie (l'interlude au piano "Kine Weza Kuruf Konkey"). On ressent quelque chose de viscéral, comme une colère intérieure qui surgit çà et là. Une colère qui laisse place parfois à la désolation (le final de l'excellent "Heavy Clouds" ou le break de "Ill Winds").

« An Ill Wind Blowing » se révèle donc un album solide qui réduit en cendres les clichés sur  la scène de Göteborg.

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Bahrrecht - L'aube glacée

Style : Black Metal
Pays : France
Label : Ketzer Records
Date de sortie : 31 octobre 2016

Nostalmaniac : Pourtant composé en 2012, un an après la sortie du prometteur « Nuit de neige », « L'Aube Glacée » vient enfin de se matérialiser sous l'impulsion du label allemand Ketzer Records. Ce "nouvel" album des Lorrains ne faisait pas du tout partie de mes attentes et pourtant...

Si dans mes jeunes années, j'étais très friand de Black Metal français chanté en français (« les Blessures de l'âme » de Seth reste pour moi un chef-d'oeuvre absolu du genre) et de Black Metal tout court, les modes sont passés par là ringardisant - à tort - une approche mélodique, je dirais même simplement guitaristique. Si j'en parle, c'est qu'à l'écoute de l'album l'influence du Black Metal deuxième vague est omniprésente. Surtout un certain Immortal (période 1995 / 1999) que ce soit dans les mélodies ou les riffs tempétueux. Bien loin de singer ses pairs norvégiens, Bahrrecht utilise ces influences pour créer des morceaux captivants avec bien sûr cette fibre nostalgique mais sans jamais aller jusqu'à l'impardonnable faute de goût ou à l'hommage stricto sensu. Pour exemple, "Dieux des bois" ponctué de passages acoustiques me replonge à la source de pourquoi j'aime le Black Metal. C'est ce pouvoir d'immersion dans des paysages imaginaires. Ces riffs glaciaux et majestueux qui t'embarquent ailleurs, dans un autre temps. Tout comme "La Palingénésie de mon âme" avec ses bruits de bataille et son break acoustique.

Passionnant, vibrant, poignant, haletant. Cet album a mis du temps à sortir, mais il s'agit d'une véritable perle du Black Metal francophone et j'espère vraiment que les Lorrains continueront à l'avenir dans cette voie, en dépit des tendances actuelles.

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Downfall Of Nur / Selvans

Style :  Atmospheric Folk/Black Metal
Pays : Argentine/Italie
Label : Avantgarde Music
Date de sortie : 7 novembre 2016

Nostalmaniac : Depuis 1993, le label Avantgarde Music (ou précédemment Obscure Plasma) a toujours été un vivier de jeunes talents. Jugez plutôt : KatatoniaCarpathian ForestKvist ou encore Novembers Doom y sont passés. Alors quand deux des fers de lance actuels du label italien s'associent, difficile de passer à côté. Et non, ce n'est pas un simple split mais une véritable collaboration entre les Italiens de Downfall of Nur (bien que le musicien Sanna vive en Argentine, il est Italien) et Selvans avec pour thème commun le dualisme entre le soleil et la lune.

Bien que les groupes proposent chacun un nouveau titre, ils collaborent pleinement. Antonio Sanna joue du launeddas (un instrument à vent traditionnel du sud de la Sardaigne) sur le morceau de Selvans et Selvans Haruspex joue de la flûte sur le titre de Downfall of Nur. L'intro et l'outro sont composés conjointement.

Pour commencer, "Pater Surgens" estampillé Selvans poursuit sur la lancée de l'excellent « Lupercalia ». On retrouve un Black Metal atmosphérique et résolument enraciné sans frontière temporelle avec assez de variations pour ne jamais provoquer de lassitude chez l'auditeur. Au contraire, on est pris par le fil de ces treize minutes qui passent très vite. Brillant grâce des breaks intelligents, quelques accélérations, mais aussi les claviers et bien sûr l'utilisation des instruments traditionnels (ce launeddas, sorte de cornemuse italienne, en fin de morceau est génial). 

Ensuite, la pluie tombe et l'orage gronde pour l'introduction du "Mater Universi" de Downfall Of Nur. Plus sombre, plus dissonant aussi. Mais tout aussi passionnant grâce à une trame jamais linéaire, ni prévisible. Et toujours l'apport bénéfique d'éléments traditionnels (ici, la flûte) ou simplement de la guitare acoustique. L'accalmie à mi-parcours laisse place à une montée en puissance brillamment orchestrée. Les quelques breaks ne brisent jamais la dynamique en place et donnent du coffre à un ensemble déjà bien consistant. Un pavé de près de dix-huit minutes qui a réussi absorber toute mon attention.

On connaissait le potentiel des deux formations, mais cette collaboration fructueuse l'explose littéralement.

Downfall of Nur : Facebook | Bandcamp
Selvans : Facebook | Bandcamp

 

Ysengrin / Sartegos

Styles : Dark Metal / Black/Death Metal
Pays : France / Espagne
Label : I, Voidhanger Records
Date de sortie : 11 novembre 2016

Nostalmaniac : Ysengrin est pour moi l'une des formations les plus intéressantes de l'UG français. Surtout depuis « To Endotaton » paru en 2012 et son unique morceau de 40 minutes absolument captivant dans un style ... ni vraiment Black, ni vraiment Doom, ni vraiment Death. Audacieux mais entièrement inspiré. En 2014, le talentueux musicien et vocaliste allemand Martin Falkenstein alias Inkantator Koura (Mosaic, ex-Alchemyst) intègre le projet qui se lance alors l'année suivante dans une série de quatre splits. Le premier avec les Chiliens de Black Grail et le second avec les Espagnols de Sartegos, paru récemment chez I, Voidhanger Records.

Pour ce second chapitre, le trio continue d'explorer cette voie sombre et mystique à travers les claviers mais aussi l'utilisation des instruments. La basse distordue de Guido supplante la guitare et apporte à l'ensemble un côté très morbide. En plus des voix qui se fondent avec cette atmosphère macabre et mélancolique. Le point culminant étant le morceau "Solar Birth" qui me fait penser par certains aspects à l'avènement de la scène Black/Death grecque et le son si particulier de groupes comme Rotting Christ ou Varathron. Bien que Ysengrin ne se réfugie pas dans un créneau old school.

Le projet espagnol Sartegos qui paraît, pour le coup, plus traditionnel, propose un Black/Death Metal certes efficace mais non moins empreint de mysticisme alternant passages plus rapides et plus lents avec brio en plus de se fendre de quelques soli redoutables (le final de "Umha Danзa de Estrelas negras").

Voici deux facettes d'un Metal qui se veut réellement sombre et mystique.

Facebook (Ysengrin)

 

Nox Irae - Night Without Return

Style : Death/Thrash Metal
Pays : France
Label : Autoproduction
Date de sortie : novembre 2016

Nostalmaniac : Alors que je m'apprête à boucler ma sélection, voilà que la première démo de Nox Irae apparaît sur Bandcamp. Formé durant l'été 2015, Nox Irae voit s'associer Herastratos et Grief de Affliction Gate avec Fred et Jérôme de Catacomb. Ce dernier n'existe plus depuis 2003 mais a planté ses graines dans le Death Metal français au début des années 90 (je conseille la compilation « The Years of Morbidology » sortie chez Armée de la Mort Records pour les plus curieux). Pas vraiment des gars pour faire du DSBM soporifique. N'y allons pas par quatre chemins, Nox Irae distille avec cette première démo et ses trois titres un Death/Thrash Metal volontairement old school. Le résultat, c'est un déluge de riffs incendiaires et dévastateurs (avec ce bon vieux son de gratte qui croustille) mais aussi une rythmique bulldozer et quelques soli bien sentis. « Night Without Return » est une tuerie à l'ancienne qui n'a pas la prétention de ne révolutionner quoi que ce soit, juste de te happer et te faire comprendre le "Death" de Death Metal.

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