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lundi 3 octobre 2016

Up In Smoke 2016

Z7 Konzertfabrik - Pratteln (Suisse)

Team Horns Up

Compte groupé de la Team Horns Up, pour les écrits en commun.

Lactance : Alors que le début de l'automne commence à se faire sentir et que la saison des festivals semble bel et bien derrière nous à présent, la Team Horns Up reprend quand même du service, en s'offrant un petit séjour à l'étranger. Direction la Suisse cette fois-ci, pour assister à la seconde et dernière journée du Up In Smoke. Un festival consacré au Doom / Stoner / Sludge / Rock Psychédélique, fêtant ses quatre ans d'existence cette année, auquel nous nous rendons pour la première fois en compagnie de Di Sab. L'occasion pour nous de vous fournir un état des lieux détaillé, histoire de se familiariser avec le festival et son ambiance.

Question accessibilité tout d'abord, il faut savoir que le Up In Smoke se situe plus précisément au nord du pays, près de la frontière franco-suisse, dans la petite bourgade de Pratteln. Une ville de taille moyenne, localisée dans la périphérie proche de Bâle, donc bien desservie par les transports en commun (trains, TER, bus...). Une fois arrivé à la gare de Pratteln, il faudra s'armer toutefois d'un peu plus de patience pour arriver enfin à destination. En plus de n'avoir aucune indication à moins de 100 mètres du site, il faut souligner que l'événement se déroule à proximité de la salle de concert Z7 Konzertfabrik. Un endroit plus difficile d'accès qu'il n'en a l'air, niché au plein coeur de la zone industrielle de Pratteln, aux abords d'un virage légèrement dissimulé.

C'est en croisant de plus en plus de monde muni de son barda, qu'on peut se rassurer néanmoins d'être dans la bonne direction. Après la traditionnelle fouille de rigueur à l'entrée, on passe donc tout de suite à la découverte du site lui-même, qui se divise globalement en deux parties. Le bâtiment appartenant à la Z7, d'une part, qui abrite la scène principale du festival. Une salle de concert très spacieuse en l'occurrence (où l'on trouve deux bars imposants, complétés par deux stands de merchandising), sous laquelle nous sommes complètement tombés sous le charme. Avec ses décors gris métallisés, ses lumières chatoyantes et ses longs mirroirs disposés de part et d'autre de la salle, il faut dire que l'orga a clairement choisi un spot idéal, qui a à la fois du caractère et quelque chose de très chaleureux.


Pour suivre les concerts sous la Smoke Stage, obligation de mettre les deux pieds dehors par contre. Une scène plus petite que la précédente, entièrement aménagée pour l'occasion, qui, en plus d'être entièrement couverte et bachée, profite d'un terrain légèrement en pente (pratique pour suivre la performance des artistes, même de loin). Un festival avec une configuration somme toute classique donc, qui nous aura permis de circuler d'un endroit à l'autre très facilement, sans rencontrer aucun problème d'affluence, à n'importe quelle heure de la journée.

Concernant les équipements standards que l'on retrouve dans tout festival, on peut également faire allusion à la bonne gestion des stands de restauration. Sans surprise, ces derniers sont surtout portés sur la charcuterie allemande (les amateurs de "Wurst" en tout genre, auront forcément de quoi être ravis), en plus d'offrir une ou deux alternatives aux végétariens/végétaliens (en rupture de stock dès le début de l'après-midi, néanmoins). Aucun problème du côté des bénévoles également, rarement sous le coup du stress, même aux heures de pointe. Peu importe l'horaire, les festivaliers sont effectivement servis dans des délais très rapides, ce qui reste fort appréciable (pour un festival hors-saison, où on a pas trop envie de faire la queue pendant des plombes). Comptez toutefois un budget plus important qu'en France, franc suisse oblige, avec des assisettes frôlant beaucoup plus les 10/13 euros bien tassés, que les 7/10 euros, en moyenne, par chez nous.

Même chose enfin pour les coins toilettes, répartis en nombre suffisant sur le site et disponibles à proximité des scènes (les toilettes en dur, déjà installés dans la salle de la Z7, sont clairement un plus). On pourra toutefois déplorer le manque de variété en ce qui concerne les stands de merchandising, qui concentrent uniquement le merch' des groupes présents sur l'affiche. Au fond, il serait très agréable à l'avenir de pouvoir trouver d'autres stands sur le site par exemple (labels, vêtements, ventes de cds / vinyles d'occasion...), en profitant de l'espace à l'extérieur de la Z7 notamment.

Malgré des poubelles réparties un peu partout sur le site, pourtant vidées régulièrement par les membres du staff, précisons également que les parterres devant les deux scènes, ont quand même tendance à se transformer en de vrais dépotoirs, en fin de journée. En effet, aucune consigne n'est distribuée sur place à vrai dire. Les bars vendant principalement des canettes de bière, que des festivaliers, peu soucieux de leur environnement, jettent après usage. Ce qui devient de plus en plus compliqué, forcément, pour se frayer un chemin jusqu'aux premiers rangs, garnis de déchets plastiques en tout genre. Une fois les concerts terminés, on pourra toutefois compter sur le staff pour donner un grand coup de propre à la Z7, afin de nous préparer un camping indoor de nouveau nickel (les places sont à réserver par mail).

En tout cas, avec des noms comme Electric Wizard, Pentagram, Yob, Black Cobra (en plus de Truckfighters et Subrosa la première journée), c'est une bien belle affiche que nous propose nos amis les Helvètes. Sans plus attendre, on vous propose donc de revenir tout de suite sur nos différentes impressions, concernant les groupes que nous avons pu voir, revoir et découvrir pour la première fois en live.

 

Liste des groupes commentés :

Ephedra - Mother's Cake - Desert Mountain Tribe - Wucan - Black Cobra - The Legends Of The Desert (Yawning Man / Fatso Jetson)
Cough - YOB - Pentagram - Elder - Electric Wizard
 

 

Ephedra
12h40 - 13h30

Di Sab' : 12h40, temps nuageux, personne ne semble avoir les yeux en face des trous, le peu de personnes qui sont restées dormir prennent leur petit dej. Autant dire qu’Ephedra ne partaient pas avec des avantages. Devant une petite cinquantaine de personnes,  le combo propose des pistes instrumentales un peu bâtardes : ni trop rentre dedans à la Karma to Burn ni trop psychédélique à la My Sleeping Karma. Ce manque d’orientation donne un résultat fortement bancal et mitigé. Autant certains plans sont vraiment intéressants autant parfois on s’ennuie, voire on se marre (ces petits triolets de notes étouffées qui s’apparentent à du Sum41 ralenti…) Scéniquement d’ailleurs ça ne déborde pas de charisme non plus, ce qui fait que la demi-heure se passe sans que ça soit véritablement un calvaire, mais la prestation sera rapidement éclipsée par les mastodontes qui suivent.   

Lactance : C'est en compagnie d'Ephedra, à l'extérieur sous la Smoke Stage, que l'on commence donc la journée. Un groupe de Stoner qui nous est tout droit venu d'Allemagne, dont je ne sais à vrai dire pas grand chose. Manque de bol, ce n'est pas avec leur prestation d'aujourd'hui, que les Allemands me donneront forcément envie de m'intéresser plus à eux...

Sans aucune méchanceté, j'ai effectivement l'impression de me heurter au cliché du "groupe local formé il y a seulement trois jours". Beaucoup de regards dans le vague (très gênants à la longue), des musiciens tout aussi patauds les uns que les autres, trop de passages à vide... Je ne sais pas si Ephedra a beaucoup tourné par le passé, mais plein d'éléments traduisent un certain manque d'expérience sur scène, qui pèsent fortement sur la qualité intrinsèque du show...

En plus de ça, les structures s'enchaînent de manière vraiment trop abrupte par moment, sans aucune connexion avec les parties précédentes (passages pseudo-sludge complètement loufoques, un peu plus impulsifs, certes, mais totalement sortis de nulle part), ce qui a le don de me faire tiquer à plusieurs reprises. De la même façon, les deux guitaristes ont également tendance à trop miser chacun sur leur wah-wah, comme pour tenter de masquer ces riffs stoner complètement bateau.

Le sentiment d'avoir affaire à une musique insipide, fourre-tout qui plus est, ne tarde donc pas à se faire sentir de mon côté (pratiquement dès le deuxième morceau...). Une impression qui n'évoluera pas pendant le reste du concert, que je décide quand même de suivre jusqu'au bout, malgré une certaine lassitude. Un bon point à noter cela dit : en plus d'être un coin hyper cozy, le son de la Smoke Stage est impeccable et équilibré entre chaque instrument. De quoi tout de même se réjouir pour la suite.
 

Mother's Cake
13h40 - 14h20

Lactance : Après le loupé d'Ephedra, dont je n'attendais pas grand chose de toute manière, place maintenant à Mother's Cake. Un jeune trio originaire d'Autriche, avec un nom complètement bizarre, dont j'ai appris l'existence il y a quelques semaines, grâce à la programmation. Un groupe que j'ai presque hâte de retrouver, en ce début d'après-midi de plus en plus humide manifestement, pour enfin me mettre dans l'ambiance.

Cheveux dans le vent, tenues vestimentaires très décontract', une ou deux clopes allumées en scred juste avant de monter sur scène, inutile de dire que Mother's Cake est avant tout là pour la jouer cool ! Une attitude presque désinvolte, qui colle pourtant parfaitement avec la musique du groupe : du Rock qui pioche autant d'influences dans celui des annnées 70 (pour le côté classy), que dans celui les années 90 (pour le côté plus alternatif), sans sonner lisse à un seul moment, par contre.

Des Autrichiens qui cachent plutôt bien leur jeu donc, en proposant quelque chose de fin et de très persuasif tout compte fait. D'une part grâce à la voix captivante du chanteur, tantôt émouvante, tantôt légèrement arrachée sur certains refrains. Puis, d'autre part, grâce à certaines parties plus osées en terme de rythmique, qui ont tout de même de quoi nous ébouriffer juste ce qu'il faut. Ce qui confère au groupe un son bien à lui en fin de compte, beaucoup plus propre que la majorité des groupes réunis sur l'affiche, précision faite (vu ce qui nous attend, ça ne fait pas de mal !).

Tout en conservant ce penchant très marqué pour le Rock, Mother's Cake sait enfin peaufiner son jeu avec quelques passages plus appaisés, plus orientés du côté du Blues. Ces mêmes passages contrastant fortement avec cette autre palette de riffs, plus funky cette fois-ci, qui ajoute également du peps à l'ensemble. Plusieurs fois au long du set, Mother's Cake arrive ainsi à redonner quelques petits coups de boost bien négociés, notamment pendant le final sur Runaway, dont certaines phases font carrément penser à du Rage Against The Machine (on aura eu le droit aux seuls slaps de la journée, quand même !).

Complètement à l'aise sur scène, les trois musiciens agissent ainsi en parfaits showmen, devant ce public plutôt réceptif, qui ne se fait pas prier non plus pour encourager le groupe. Aussi étrange que cela puisse paraître, on croirait presque, le temps d'un instant, qu'on a troqué la Smoke Stage, pour un bar à concert parisien gonflé à bloc... Très surprenant !


Di Sab' : Comme tout bon journaliste qui se respecte, je continue d’écrire sur des trucs que je ne connaissais pas la veille. Sauf que là ; à la différence d’Ephedra, j’ai été plus que conquis. Mother’s Cake est donc un groupe autrichien qui a gagné quelques prix locaux et a à son actif 2 albums et 1 EP. On en entend pas parler de par chez nous mais ça doit pas mal cartonner étant donné qu’ils s’apprêtent à ouvrir pour Wolfmother en tant que « Special Guest ». Vous savez quand votre grand-mère vous demande ce que vous écoutez et que, pour la faire courte vous dites « du rock mamie » ? Je serai tenté de dire cela pour décrire Mother’s Cake tant ils mangent à tous les râteliers : il y a une base rock, un peu stoner forcément, une voix aigüe d’inspiration Plantienne. Et, ci et là, ils parsèment leurs pistes de plans un peu funky, de petits slaps de basse ou alors ils ralentissent fortement le tempo et deviennent foutrement doom. Ca peut paraître un peu rebutant comme ça, mais les transitions sont en place et chaque variation fait sens. De plus et à l’instar d’Elder, malgré la complexité de leur musique, les mecs n’ont pas les yeux rivés sur leurs instruments sans se soucier de leur public. Ca rigole avec les premiers rangs, ça fait les kékés en fumant des cigarettes et on retrouvera le chanteur totalement éclaté dans le pit de Pentagram. Le seul point noir est une bande d’Allemands, ayant manifestement un complexe d’infériorité, et, afin de le résoudre, ont passé leur temps à brandir des pénis et des poupées gonflables, le tout coiffé de casquette-pénis. On les retrouvera malheureusement jusqu’à Cough, moment où le briquet d’un héros eut raison de leur poupée gonflable de merde. Si tu es francophone et que tu lis Horns Up, we salute you ! 


 

Desert Mountain Tribe
14h40 - 15h20

Di Sab' : Vu qu’on a passé le concert à errer dans un Conforama Suisse Allemand afin de trouver un distributeur, on n’a pas grand-chose à dire là-dessus.  On a juste vu les deux derniers titres et c’est dommage parce que c’était pas mal du tout dans mes souvenirs. Doom psyché atmosphérique hyper chaleureux, un peu classique mais bien foutu. Avis aux amateurs…

Lactance : Trouver quelques billets pour s'acheter du merch' et la bouffe, il faut bien résoudre le problème à un moment donné (sauf si on espère mendier, après tout). C'est donc pendant le set de Desert Mountain Tribe, que nous décidons de nous débarasser de ce fardeau, une bonne fois pour toute. Le trio britannique qui, pile au moment où on s'apprête à décoller, commence tranquillement son show de son côté. Un début de set qui a l'air de tenir ses promesses en plus, mais dont on espère tout de même rattraper le fil, une fois revenus...

Comme par hasard, c'est une pérégrination beaucoup plus longue que prévue, qui nous retient à l'extérieur du site... Conclusion, nous avons tout juste le temps de nous placer pour écouter les cinq dernières minutes du live, seulement. Ce qui ne m'empêche pas, par ailleurs, de m'immerger complètement dans l'univers molletonné du groupe, que l'on retrouve aussi sur Either That Or The Moon (paru cette année).

Une musique portée par une atmosphère très envoûtante, c'est bien le mot, avec des lignes de guitare à la fois très pures et très douces, par dessus lesquelles on discerne aussi un beat post-punk bien marqué. Sans parler de la voix du chanteur, qui apporte également quelque chose d'un peu plus chaud à l'instru, avec ces effets de réverbération aussi soyeux que soignés, qui renforcent encore plus ce sentiment de planer par moment.

De quoi bien me dégoûter d'avoir raté le début du concert, je ne vous le cache pas... Difficile d'en dire plus en tout cas, désolé d'avance, même si je tenais quand même à écrire ces quelques lignes, si jamais l'envie vous prend d'en savoir plus sur ce groupe.
 

Wucan
15h30 - 16h15

Lactance : Dans le genre de claque complètement imprévue, je dois dire que je l'avais pas vue venir celle-ci ! Pour ceux qui ne connaîtraient Wucan que de vue, on parle donc d'un groupe de Rock vintage, presque figé dans les années 70, autant inspiré par le Rock Psychédélique, que par la Folk. Un programme déjà bien chargé, dit comme ça, auquel il faut aussi rajouter la présence d'un instrument à vent : la flûte traversière. Typiquement le genre de truc qui passe ou qui casse en live, perso, même si je ne demande qu'à me laisser surprendre.

Et, justement, il suffira d'une seule chanson à Wucan pour me convaincre, et me démontrer qu'on s'inscrit bien dans le premier cas de figure ici. Non seulement les solos à la flûte sont bluffants d'un bout à l'autre du concert, mais instaurent une ambiance de dingue sur scène, avec des musiciens encore plus enivrés par leur musique, durant ces passages susmentionnés. En particulier sur Franis Vikarma, dont je ne me suis pas complètement remis, avec ses mélodies joviales imparables, qui me traînent encore dans la tête.

Impossible, du même coup, de ne pas s'arrêter un peu plus sur la performance extraordinaire de Francis Tobolsky. La chanteuse, également flûtiste donc, qui monopolise presque tous les regards lorsqu'elle se trouve aussi derrière le micro. Car en plus d'être une danseuse très grâcieuse et très élégante, la frontwoman possède par ailleurs une voix magnifique, qui a presque ce côté ensorcelant parfois.

Wucan sait enfin tirer son épingle du jeu avec des riffs très accrocheurs, qui tirent un poil vers le proto-Metal, et qui ont de quoi rappeler certains des meilleurs titres de Kadavar ou de Siena Root, entre autres. Seul un dernier passage au thérémine (excellent au passage !) et un morceau fondé (en partie) sur le riff de Crazy Train, manquent à l'appel pour conclure l'un des meilleurs show du fest', tout simplement.

Di Sab' : Premier concert à l’intérieur de la Z7 dont Lactance vous a vanté les mérites dans l’intro. En plus de l’esthétique industrielle qui confère au lieu  un vrai charme, cette salle bénéficie d’un son excellent (énorme avantage de l’Up in Smoke soit dit en passant), et, étant haute de plafond, les lights sont très bonnes. Bref, il est temps pour Wucan de fouler les planches de cette superbe scène. Ne connaissant pas le groupe, j’ai appris via leur t shirt qu’ils revendiquaient jouer du « heavy flute rock ». En arrivant dans la salle, je constate que le groupe est doté d’une frontwoman. N’étant pas du tout friand de tout ce revival rock psyché/70’s/à chanteuse (exception faite des immenses The Devil’s Blood, groupe au nul autre pareil), je n’ai même pas eu le temps de craindre le pire tant la claque fut immédiate.

Dans ce style où l’absence d’originalité est une quasi-constante, c’est la sincérité et l’engagement des groupes qui permettent de séparer le bon grain de l’ivraie. Et dans ces domaines, Wucan a marqué de nombreux points : à l’inverse de certains (qui a dit Blues Pills ?), les Allemands mettent vraiment du cœur à l’ouvrage : en plus d’avoir un timbre ravissant, la chanteuse a une bonne présence scénique et on la devine contente d’être là et échange fréquemment des regards complices avec ses musiciens. La flûte, qui a tendance à me prendre la tête chez des groupes comme Blood Ceremony (et ses ambiances Tintin et le temple du Soleil) n’est pas toujours dérangeante bien que parfois franchement dispensable. Musicalement, Wucan crée un pont entre Aqualung et Black Sabbath. Pas les références les plus originales, vous en conviendrez, ni les plus dégueulasses. Bref, les conditions aidant, les ¾ d’heures passèrent trop rapidement. La découverte du festival, assurément, et Dieu sait que je n’aurais pas parié là-dessus. A l'inverse de Lactance par contre, je n'irais pas jusqu'à dire que ce fut un des concerts du festival.  

Black Cobra
16h30 - 17h10

Lactance : Un guitariste et un batteur qui se font face durant 40 minutes, pendant lesquelles le monde entier semble s'écrouler à nos pieds. Non, ce n'est pas Mantar qui investit la Smoke Stage, sous nos yeux ébahis, mais bien Black Cobra. Le duo américain, actuellement en tournée avec Yob, Sunnata et Au Dessus (un "petit plateau" dans le jargon...), qui nous fait l'honneur de passer par la Suisse aujourd'hui, avant de venir conquérir la France. Un groupe que j'ai enfin l'occasion de voir en live, après avoir écouté maintes et maintes fois Invernal.

De grosse attentes, pourtant déçues durant les toutes premières minutes du concert. Même si le duo décide de mettre le Up In Smoke à feu et à sang, en expédiant dès le départ Challenger Deep (extrait du dernier album Imperium Simulacra), j'avoue que j'ai un peu de mal à capter ce qui se passe autour de moi, pendant au moins cinq bonnes minutes. Des basses qui peinent à se faire entendre, un son ultra brouillon, beaucoup de mal à distinguer certains riffs... Le début de Black Cobra, quelque peu chaotique dira-t-on, est effectivement loin de me transcender...

Heureusement, ça commence à se décanter lorsqu'on embraye petit à petit sur le deuxième titre. Est-ce mon oreille qui s'habitue, ou juste l'ingé son qui effectue ses réglages, je n'arrive pas vraiment à me prononcer pour le coup. Quoi qu'il en soit, j'entends bien en prendre pour mon grade durant la grosse demi-heure qu'il me reste, à coup de Sludge made in US, bien vénère.

Très inspiré par les premiers albums de High On Fire, Black Cobra nous entraîne effectivement dans une ambiance beaucoup plus agressive que poisseuse (pour situer par rapport à Cough), avec ces riffs uptempo qui nous font aucun cadeau. Une ambiance complètement hostile, aucun doute là-dessus, qui doit beaucoup à cette voix pleine de tension également, qui nous aspire, littéralement, dans un vortex de violence sans fin (plein de flangers, de reverb' et autres effets chelous, totalement classes, ceci dit).

Quelques passages un peu bas du front par-ci, quelques rythmiques plus incisives par-là, on comprend aussi que Jason Landrian n'est pas là pour dorloter sa gratte non plus, dont les frettes sont mises à rude épreuve pendant toute la durée du show. Ce même plaisir malsain que l'on retrouve aussi du côté de Rafael Martinez, d'ailleurs. Le batteur, assez imposant, même assis sur son siège, que l'on prend également en train de martyriser ses fûts, à coup de kicks bien rigides et de frappes hyper massives. Un jeu très démonstratif en résumé, qui fait aussi la part belle à des rythmiques très martiales (redoutables sur les breaks), avec quelques roulements de fûts bien secs, pour compléter le tout.

Hormis un début un peu approximatif, Black Cobra crée ainsi la surprise tout compte fait, fort d'une performance de plus en plus convaincante sur la durée. Une prestation à la hauteur de mes espérances, du moins, même si j'espère secrètement revoir le groupe en club (où l'ambiance risque d'être encore plus méchante et vicieuse, j'imagine).
 

Legends Of The Desert
(Yawning Man - Fatso Jetson)
17h25 - 18h25

Di Sab' : Loin de moi l’idée d’être médisant, mais j’ai un réel mal à trouver des points positifs à ce concert. Sous le terme « Legends of the Desert » se cache les deux groupes de Stoner Yawing Man et Fatso Jetson. Déjà, l’idée de faire faire à ces deux formations (regroupées ensemble car ayant des membres présents et passés en commun) un demi concert chacune est, pardonnez, fondamentalement conne. Après 20 minutes de retard dues aux réglages des deux batteries (vous ne pouviez pas en prendre une pour deux sachant que vous ne jouez pas simultanément ?) on a le droit à 25min d’un stoner instrumental hyper insipide, se voulant psyché, mais n’ayant pas le moindre relief. Au terme d’une chanson (je ne sais pas si c’est Yawing Man ou Fatso Jetson qui a commencé), le groupe décide de s’échanger leurs instruments. Putain ! Dites le si vous avez envie de faire autre chose que de jouer les gars, y’a des dizaines de groupes plus méritants à qui votre créneau aurait été utile. En plus de ça, c’est quoi cette prétention ? Vous n’êtes pas Down, et ce n’est pas le Hellfest 2013 on s’en fout que vous  changiez de poste. On décide tout de même d’attendre « l’autre » groupe qui joue un stoner un peu plus dynamique mais pas d’une facture hallucinante non plus. Passablement énervé, je décide de mettre les voiles, de déguster une  feldschlösschen (une marque de bière suisse allemande dont le goût est à peu près aussi agréable et doux que la prononciation) et d’attendre sagement Cough. Legends of the Desert mon cul, comme dirait Zazie.

Lactance : Bon, je plaide coupable, je n'ai jamais été un très très gros fan non plus de Yawning Man, ou de Fatso Jetson. Les deux groupes réunis à l'affiche du Up In Smoke, dans le cadre d'un show exceptionnel, qui me fait, a priori, ni chaud, ni froid. Au moins, ça a le mérite d'être clair...

Un show exceptionnel, puisqu'il faut préciser que les deux groupes ont décidé de se partager une seule et même heure de jeu. Seul Mario Lalli (à la basse dans Yawning Man, à la gratte dans Fatso Jetson), permettant d'assurer la continuité entre les deux performances, en restant sur scène pendant l'heure complète.

Une idée pas si mauvaise, si je tente de me mettre à la place des fans, mais qui m'est complètement fatale. Déjà pas très féru de la musique des deux groupes, inutile de vous dire que j'ai un mal encore plus fou, à rentrer dans ce concert hybride. En commençant par celui de Yawning Man, le premier groupe à venir squatter la scène, dont les compos me paraissent tout aussi laborieuses en live, qu'en studio. Très rapidement, je décide donc de m'accorder une pause en sortant de la salle, avant de retenter ma chance, vingt minutes plus tard, avec Fatso Jetson.

Mais, pas de chance, c'est sensiblement le même scénario qui se reproduit sous mes yeux. Bien que je trouve Fatso Jetson plus récréatif que Yawning Man, ne serait-ce en terme de compositions, pas moyen non plus de m'enticher de ce Stoner trop mou, et trop gentillet à mes yeux. Autant de raisons qui me poussent, une nouvelle fois, à m'en arrêter là, et à aller faire un tour du côté du merch'.




 

Cough
18h40 - 19h20

Lactance : Cough, aka l'un des groupes dont j'attends le plus aujourd'hui. Après trois albums autant acclamés par le public, que par la critique, il faut dire que les Américains commencent à se tailler une réputation de plus en plus solide. Encore plus avec la sortie récente de Still They Pray, pour être exact, qu'on risque de voir apparaître dans beaucoup de tops à la de fin d'année. C'est une quasi certittude.

Après des balances qui s'éternisent un peu trop à mon goût, nous voilà donc partis, hauts les coeurs, pour une heure de son bien fat et bien crasseux. Dès le début du set, Cough nous reproduit effectivement, trait pour trait, cette atmosphère pestilentielle et suffocante, qui suinte le dégoût et le désespoir, à cent lieues à la ronde. Cette impression de se figer sur place, dès que la moindre note retentit et nous absorbe, puis de se liquéfier ensuite, lorsque l'on superpose aussi les cris du bassiste (tout aussi malsains que primitifs), ainsi que les nappes bruitistes du claviériste (bien claustro', en plus de ça).

Mais voilà que, sans prévenir, on nous arrache subitement de notre bad trip qui, paradoxalement, partait on ne peut mieux. Car c'est dans une grosse galère que s'embarque effectivement David Cisco, avant même la fin du tout premier morceau. Le guitariste, coincé sur le côté droit de la scène, qui n'arrive plus à sortir le moindre larsen de son Marshall, et qui semble très agacé par la situation, visiblement (ça peut se comprendre).

Un véritable cauchemar pour les autres musiciens, obligés d'attendre, eux-aussi, comme des clampins, en attendant que les choses se précisent plus du côté de la régie. Une pause imprévue qui paraît extrêmement longue à tout le monde, forcément, enfin écourtée, cinq à dix minutes plus tard, par l'arrivée d'un nouvel ampli. Comme si de rien n'était, on reprend donc là où on nous avait laissé, jusqu'à la toute fin du concert.

Un incident qui m'aura quand même fortement gâché le spectacle, même si le groupe n'y est pour rien, puisque j'ai un peu plus de mal à me replonger dans l'ambiance après. En tout cas, ce n'est que partie remise...!

Di Sab' : Je ne sais pas si Cough a vu le concert de Legends of the Desert ou si c’est leur état naturel, mais les types débarquent sur scène d’un air passablement blasés. Après le traditionnel sample d’intro parlant de drogues, de meurtres et de suicides et sous des lights rouge sang du plus bel effet, le combo de Richmond ouvre son show sur une version ralentie et parfaite d’Haunters of the Dark qui me confirme tout le bien que je pense de Still they Prey et par extension, du combo. Mais, après le refrain (tout en montée, où l’on sent, encore plus qu’ailleurs, l’ombre du sorcier électrique planer), l'ampli  de David Cisco (chant/guitare) lâche. Fin du morceau en instrumental  puis 10 bonnes minutes de flottement le temps de la remplacer, temps qu’emploie le reste du groupe à éclater des clopes et une bouteille de Jim Beam puis retour aux choses sérieuses avec Possession. Le groupe mise tout sur l’aspect nihiliste de sa musique, en laissant prolonger les larsens, en ralentissant le tempo  et surtout en ayant engagé un claviériste de session qui, lorsqu’il ne picole pas, rend le tout plus bruitiste via l’usage d’une boite à effets ou plus glauque lorsqu’il renforce les riffs par des accords plaqués au synthé. Le duo vocal Chandler/Cisco sublime le tout, la performance du premier n’aurait pas dénoté dans un concert de black, tandis que l’autre est dans un registre qui nous rappelle fortement Jus Osborn.

Visuellement c’est cheveux dans la gueule et échine courbée à l’exception du batteur qui d’ailleurs abat un boulot monstrueux. Le public, nombreux ne s’y trompe pas et réserve un accueil chaleureux à Cough qui ne s’encombrent pas avec le fait de se montrer reconnaissant, après tout, on est doom ou on ne l’est pas. Je regrette juste l’absence d’Acid Witch mais avec un concert de cette puissance et d’une telle intégrité, et malgré des soucis techniques, Cough confirme son statut de « second couteau d’élite » et nous délivre un des meilleurs moments du festival.


 

Yob
19h35 - 20h25

Di Sab' : Les ayant ratés comme une merde en 2014 alors qu’ils tournaient avec Pallbearer (ce plateau putain !), j’attendais le retour de YOB, un de mes groupes favoris, en Europe comme un mort de faim, et bien que mes attentes furent particulièrement élevées, YOB n’aurait pas pu mieux y répondre.

J’attendais Ball of Moten Lead, j’ai eu Ball of Molten Lead. J’attendais Atma, j’ai eu Atma. J’attendais Burning the Altar, j’ai eu Burning the Altar. J’attendais de tout mon être Marrow, j’ai eu Marrow (et une sacrée claque émotionnelle en prime, genre au bord des larmes comme un fragile).

Cette setlist parfaite pouvait s’apprécier à sa juste valeur grâce a un son absolument démentiel. Fort mais très équilibré. YOB n’avait donc pas le moindre problème pour développer ses ambiances, se faisant tantôt suffocant, tantôt éthéré, tantôt agressif, tantôt soyeux. Mike Scheidt vient fréquemment demander le soutien du public qui le lui donne fort volontiers. Le public d’ailleurs, à l’inverse de certains concerts du début, n’est pas du tout mongol. Exit les poupées gonflables et les chapeaux pénis, les yeux sont fréquemment fermés, on sent en chacun l’envie de ne pas perdre une note de ce précieux moment.  Le groupe dégage un charisme absolument fou sans rien faire de particulier sinon boire du thé (c’est d’ailleurs le premier groupe buvant du thé sur scène que j’ai l’occasion de voir) et reproduire parfaitement les titres qui m’ont tant marqué sur album. De la voix si particulière de Scheidt (en chant clair comme en growl) aux riffs lourds en passant par les arpèges légers de Marrow, j’ai rarement un groupe live reproduire aussi précisément ce qu’ils proposent sur CD. Le seul point noir fut que YOB n’avait que 50 minutes de set (ce qui ne leur ont permis de ne jouer que 5 titres) mais même avec un set si court et avec des exigences si hautes, j’ai réussi à être agréablement surpris. Mille merci à eux, et à très vite, je l’espère !  
 

Pentagram
21h45 - 22h35

Di Sab' : PLS : Acronyme pour Position Latérale de Sécurité, un geste de premier secours à pratiquer en présence d’une victime inconsciente sur le dos mais respirant normalement. Exemple : ’enchaînement des 5 premiers titres du concert de Pentagram au Up in Smoke m’a mis en PLS.

 Après avoir samplé l’intro de Too Late les vétérans américains entament… Death Row. Suivent All your Sins, Sign of the Wolf, Forever My Queen et When the Screams Come. Un an après ma dernière confrontation avec le groupe, Pentagram semble en encore meilleure forme. La bande à Bobby Liebling a beaucoup gagné avec le retour de Victor Griffin qui, comme d’hab, enchaîne les riffs avec un flegme déconcertant, planqué derrière ses petites lunettes noires. Après l’enchaînement susmentionné qui, en plus de m’avoir fait perdre mes capacités vocales m’a laissé sur les rotules, on calme le jeu avec deux extraits du pas si bon que ça Curious Volumes (album qui m’avait pourtant plu à sa sortie, comme quoi). Après, malgré ce fashion faux pas, ils ont eu l’intelligence d’interpréter Dead Bury Dead et l’éponyme, qui sont loin d’être les pistes les plus désagréables. Puis reprise sur les chapeaux de roues avec  une triplette finale Relentless/Last Days Here (bouleversante au possible bien que plus rock que la version studio)/20 Buck Spin. Quand on voit la setlist absolument démente qu’ils envoient en club, on peut pleurer sur les absences de Be Forwarned, de Sinister ou de Broken Vows dues à un temps de jeu trop court. J’en profite ici pour dire que le temps des sets est un des seuls problèmes organisationnels de ce festival. Quand on organise un festival pour fan de Doom, c’est tout de même chaud de ne pas donner à une sous tête d’affiche du calibre de Pentagram un temps de jeu inférieur à 1 heure, quitte peut-être à mettre un groupe en moins ?

Sur scène, Bobby bien que toujours aussi déjanté et peu avare de mimiques dont lui seul à le secret, semble un peu mieux dans sa peau qu’au Fall of Summer. Toujours aussi squelettique, dans ses mêmes vêtements improbables, Bobby finit le concert en balançant l’ampli de Griffin par terre tandis que celui-ci balance sa guitare sur la batterie, le tout avec le sourire. Pentagram donne réellement l’impression de se bonifier avec le temps et ce n'est pas peu dire.   

Lactance : Pas grand chose d'autre à ajouter, après cette analyse fine et détaille, livrée par le collègue. Dans ces conditions, je me contenterai juste d'ajouter que c'est aussi, pour ma part, un sans faute. Avec, entre autres, une ambiance de taré sur All Your Sins et Relentless, qui ne finit plus de rendre complètement dingue, des frissons qui me parcourent l'échine pendant le solo When The Scream Comes, mais aussi une agréable surprise sur Dead Bury Dead (extrait du dernier album, que je trouve, en vérité, pas terrible-terrible)... Sans oublier, bien sûr, la star de la soirée : notre vieux Bobby, qui assure toujours autant, avec sa dégaine excentrique et ses petits gestes impudiques, même en étant moins high que la dernière fois au Fall Of Summer. On en concluera, finalement, que Pentagram est seulement venu pour nous rappeler, à raison, que ce sont bien eux les boss de la soirée. Ni plus, ni moins.



 

Elder
22h50 - 23h40

Di Sab : Un coup de barre de mon côté et un horaire bâtard du leur (dur dur d’être entre Pentagram et Electric Wizard) font je n’ai pas réussi à rentrer dans le show d’Elder. Je préfère ne pas faire le gros hater et laisser Lactance vous en parler. A noter que malgré ce moment pas tellement agréable, je les ai revus à Lyon moins d’une semaine après et ils ont donné un concert absolument formidable.  

Lactance : Après le set complètement ouf de Pentagram, et un repas bien mérité pour entamer la dernière partie de soirée, changement d'ambiance à présent, avec l'arrivée d'Elder. Les Américains que Di Sab' et moi avons l'occasion de voir pour la deuxième fois, moins d'un an et demi après leur passage à Clisson (Hellfest 2015).

Pourtant, même si ça ne fait pas si longtemps que je les recroise, c'est une expérience radicalement différente de la dernière fois, que nous réserve le groupe ce soir ! Avant de rentrer plus dans les détails, précisons que les conditions de jeu sont effectivement bien plus favorables que l'autre coup. Non seulement il fait nuit, ce qui apporte toujours un petit plus (plus que de jouer à 11h du mat', c'est sûr), mais la scène paraît surtout plus adaptée à nos trois musiciens, qui m'avaient paru assez intimidés, bizarrement, par la taille de la Valley (pourtant peu remplie).

Tout ça pour dire que ce n'est certainement pas un hasard, si je trouve le trio beaucoup plus en confiance ce soir. Plus à l'aise dans leurs pompes et plus communicatifs avec le public par exemple, les trois membres semblent vraiment profiter à fond de leur temps de jeu, sans se soucier du reste cette fois-ci. En particulier Nick Di Salvo, qui adopte une atittude très avenante, en se lâchant complètement sur certains solos (toujours aussi époustouflants en live), pour le plus grand plaisir des premiers rangs.

Concernant la setlist, Elder voit également juste, en nous gratifiant dès le départ d'un Gemini, tout simplement parfait. Le titre en question, qui fait consensus dès le premier riff (le premier d'une très, très longue liste ce soir). Ce qui permet ainsi aux Américains de se concentrer ensuite, sur les morceaux plus psychédéliques de leur discographie, que l'on retrouve plus du côté de Lore. Le dernier album du groupe, paru l'année dernière, sur lequel il faut absolument foncer, si ce n'est déjà fait.

Mention spéciale au public enfin, qui aura participé de très près à l'ambiance festive du concert. C'est assez rare pour le noter, mais c'est très agréable de voir des spectateurs qui savent se tenir, en appréciant les passages les plus sereins (dans un silence presque religieux), puis qui se laissent partir en  en vrillle quand ça swingue un peu plus, avant de se tenir à nouveau à carreau, etc...

Juste un seul petit pépin à noter, par contre : la voix de Di Salvo, que j'ai trouvé un poil moins juste que la dernière fois (tendance à passer une octave au dessus l'instru', sur certains passages plus animés). Mis à part cela, c'est un show plus que réussi, que nous sommes donnés de voir sous la Smoke Stage, avant de conclure notre journée avec le dernier groupe (déjà).

 

Electric Wizard
00h00 - 01h15

Di Sab' Venom, Celtic Frost, Slayer et Black Sabbath dans la sono, une immense toile de ciné sur laquelle apparaît en pause un screenshot d’un film en super 8 impliquant des bikers et des Harley, pour la 3ème fois, je vais voir mon groupe favori derrière Sabbath. La première fois m’avait littéralement retourné, la 2nde m’avait laissé sur ma faim, la faute à un Jus bien trop défoncé. Cette fois-ci, on se situe un peu au milieu de ça. En mode « peut mieux faire ».

C’est d’ailleurs le constat qui est tombé à la sortie de Time to Die. Electric Wizard n’est pas devenu foncièrement mauvais, loin de là mais voilà, il ne corrige pas ses défauts.

Le principal problème d’Electric Wizard vient de la setlist. On a encore eu droit à cette même setlist pas terrible avec une surreprésentation de Witchcult Today(sérieusement, 3 titres de cet album pour deux de Dopethrone et ce, depuis toujours), des albums vraiment cools comme We Live! qui sont totalement occultés pour mon plus grand désespoir. J’ai vu la première fois le Wizard en 2011 en 2014 et donc en 2016 et à un ou deux titres près, la setlist était identique à chaque fois. Autre point drôle concernant la setlist : il y a chez Electric Wizard, à mon sens, une différence nette entre les bons titres sur CD et les bons titres live. A titre d’exemple, j’adore écouter Black Mass alors que son interprétation n’a jamais été bonne. Idem pour Funeralopolis et son final qui, en live, n’a même pas 10% de l’intensité qu’on retrouve sur CD. A l’inverse Satanic Rites of Dracula passe plutôt bien.

Après, j’ai conscience d’être fortement critique car j’affectionne ce groupe plus qu’un autre. Et, objectivement, malgré ces erreurs de setlist, on a eu droit à un enchainement Dopethrone/Return Trip/Supercoven qui, vous vous en doutez, a littéralement tout annihilé dans une apothéose de décibels et de marijuana. Je remarque avec plaisir également que le combo s’est visuellement refocalisé sur les films d’horreur après une petite phase « LSD » où on voyait juste des sortes de lampes à laves vertes bouger au ralenti. Le retour des séquences de Jess Franco impliquant bien souvent des femmes nues, des fouets et des cryptes est donc plus que bienvenu. Sinon, au rayon des nouveautés, j’ai pu constater qu’Incense for the Damned passe très bien l’épreuve du live, bien que j’aurais préféré avoir la monstrueuse Time to Die, seule pièce vraiment digne du Wizard se trouvant sur le dernier album.

Après avoir craint qu’Electric Wizard ne parte en roue libre, ce concert en demi-teinte m’a tout de même redonné un peu d’espoir malgré le manque évident de recul qu’a le groupe sur lui-même. J’espère que les chosen few transformeront l’essai via leur nouvel album qui devrait arriver pour Halloween mais dont ils ne semblent pas déterminés à nous livrer le moindre extrait, à 20 jours de l’échéance.  


 

Di Sab' : Alors que plus jeune, j’aspirais au gigantisme et à l’éclectisme de festivals tels que le Hellfest, désormais j’ai tendance à me tourner plus vers ce genre de festival. Encore loin du prestige d’un Psycho California, je situerais le Up in Smoke entre le Doomed Gatherings et les Desertfest. Pas trop grand, mais avec une affiche néanmoins prestigieuse, la possibilité de faire de bonnes découvertes et surtout, un public de passionnés. Il est d’ailleurs impressionnant de voir à quel point à chaque concert, la quasi-totalité du public est mobilisée et devant la scène, j’ai également, par ailleurs, assez rarement vu de déchets et quasiment pas de déguisements. Autre bon point, que Lactance n’a pas souligné dans l’introduction : lorsqu’on dit Suisse, on pense à leur franc fort et à leurs prix excessifs, je vous avoue avoir craint avant de venir de me retrouver dans une situation « à la norvégienne » où le moindre demi coûterait l’équivalent de 8€ et porterait donc un coup à mon budget étudiant. Il n’en est rien, le festival est loin d’être cheap, mais les prix ne sont pas outranciers non plus. D’ailleurs, le pass 2 jours à 66€ est relativement bon marché lorsque l’on voit le prestige de l’affiche. Ces éléments, plus la qualité du lieu font du Up in Smoke un très bon festival qui n’a, à mon sens, pas moyen de devenir meilleur. Bravo à l’organisation et à l’année prochaine sans doute ! 

 

Un grand merci à Sylvain Dessaint, ainsi qu'à toute l'équipe de Sound Of Liberation et de la Konzertfabrik, présentes derrière le projet !

Nous tenons à remercier également Random Hero, pour leur contribution !
We'd also like to thank Random Hero, for their contribution ! Thanks guys !