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vendredi 12 août 2016

MetalDays 2016

Dans la boue - Tolmin, Slovénie

Paul

Metaldays 2016 : 25 – 29 juillet 2016

Cela faisait longtemps que j’entendais dire beaucoup de bien de ce festival. Après avoir fait le Muskelrock en Suède début juin pour la même raison, me voici aujourd’hui en Slovénie, et plus précisément à Tolmin, petite ville de près de 12000 habitants située à la frontière de l’Italie. (Fait intéressant : le nombre d’habitants a doublé lors de cette édition du Metaldays puisque la ville a précisément accueilli 12000 festivaliers.)

Le Metaldays a lieu dans une vallée connue pour les festivals de divers styles musicaux (Rock, Punk Rock, Metal, Reggae, Dance...) qu’elle accueille tout au long de l’été, vallée au creux de laquelle serpente la rivière Soča, qui donne au Metaldays un petit côté « colonie de vacances pour metalheads » agréable, étant donné que des activités (baignade et bronzette bien sûr, mais aussi sports co’, yoga, jeux à la noix...) sont organisées autour de cette particularité géographique qui confère au festival un charme unique. Je découvre le plus beau décor de fête qu’il m’ait été donné de voir : la ville de Tolmin se dresse dans une cuvette entre de hautes montagnes aux flancs couverts d’une végétation dense. Le vert nuancé des forêts fait donc le lien entre le bleu (gris) du ciel qui le domine et le bleu aigue-marine du cours d’eau qu’il surplombe. C’est magnifique, et cela parviendrait presque à me faire oublier le cadre de rêve du Muskelrock.

Je constate que la majeure partie des campements s’est établie sur du terrain plat et herbeux prévu à cet effet par les organisateurs. Il faut dire que tous les spots habitables dans la forêt (à l’abri et à l’ombre) ont été pris d’assaut par les habitués plus de deux semaines à l’avance (!). Au Metaldays, dure est la concurrence lorsqu’il s’agit de poser sa tente. Une fois arrivé sur place, j’aurai pour ma part la chance de trouver un petit espace qui m’a été réservé par des amis bien aimables, aux deux tiers abrité par une bâche et sous les arbres. La chance ! Dire que je n’aurai rien fait pour mériter ça. Le patron du camp (baptisé avec humour « Mein Kamp », ce qui ne va certainement pas faire changer d’avis les haters à propos de la ligne éditoriale de Horns Up), un babtou solide prénommé Danijel, m’expliquera qu’il est arrivé ici il y a douze jours, et qu’il était alors loin d’être le premier à s’installer. Certains spécialistes en vacances ont même disposé des panneaux solaires, creusé des tranchées afin d’accéder à l’eau de la rivière depuis leur lieu de résidence et ont aménagé une salle couverte de projection cinéma. Pourquoi pas.

Mais avant cela, je me retrouve rapidement confronté à un gros problème : il m’est impossible de trouver l’endroit où je suis censé retirer mon pass presse. Je me mets à pester contre l’organisation : aucun agent de surveillance ne semble avoir été mis au courant et tous me donnent des indications différentes (je découvrirai par la suite qu’il existe effectivement pas moins de trois chemins différents (!) pour accéder au stand en question). La seule bénévole à me donner un indice crédible me force à gravir avec toutes mes affaires sur le dos un escalier bien raide qui débouche sur un terrain de foot. Je vais de gauche à droite et ne trouve rien de concluant. Pire : j’apprendrai bien après qu’il m’aurait suffi de longer la pelouse pour arriver à bon port. C’est vrai que ça aurait été très chaud d’accrocher un panneau fléché indiquant la direction à tous les petits nouveaux. Putain. Après avoir déambulé pendant plusieurs heures (parmi les plus longues de ma vie), je me pointe penaud au camping où la rencontre avec mes camarades d’aventure me remonte vite le moral.

Sans l’avoir vu venir, je me retrouve dès lors dans une situation aussi inconfortable pour moi qu’amusante pour toi lecteur. Pour cause, je ne suis tout simplement pas en droit de dormir sur le camping cette nuit. Je ne sais trop comment j’ai fait, mais j’ai évité malgré moi les contrôles de bracelet en rentrant dans cette partie fermée du camping. Et qui dit pas de pass dit pas de paycard, dont dépendent tous les achats sur le site du festival (hors merchandising et artisanat). Je me retrouve donc bloqué au camping, façon Tom Hanks dans « Le Terminal », sans possibilité d’obtenir enfin mon pass (il est trop tard pour aller le chercher), de faire des courses au village (il me faudrait pouvoir re-rentrer dans le camping une fois cette tâche effectuée) ou d’acheter quelque chose sur place (je ne dispose d’aucun moyen de paiement). Bravo champion. La faim au ventre, il ne me reste qu’une carte à jouer, celle dite « de l’étudiant fauché » : dormir. Ce que je m’empresse de faire une fois mes affaires dépliées. Il pleuvra toute la nuit...


Jour 1, 25 juilletCHAOS


Le soleil brille sur Tolmin quand je passe la tête au dehors : youpi ! Je vais chercher mon pass presse de bon matin, mange un « pizza hot dog » pas chel (si, si, ça existe en Slovénie...) acheté à la boulangerie du coin et me lance à la découverte du site du festival. Rien d’intéressant n’est encore ouvert. Bon, je repasserai plus tard. En attendant, j’explore le camping dans ses moindres recoins (si tu gardes bien cette phrase en tête, tu riras peut-être en lisant le résumé du jour 5). Je note que la pinte de bière est à 1€ seulement (si, si...) à un certain point de ravitaillement du camping et je vois, j’entends, je sens des Français partout. Dire que nous n’étions qu’une poignée de froggies à tout casser lors du Muskelrock... Bonjour le dépaysement. Mais bon, c’est juste histoire d’insister sur le fait que ce festival est très populaire auprès du public Metal de l’Hexagone et que donc, grâce à cet article franchement pas dégueu, nous allons quasi-instantanément atteindre les dix mille « j’aime » sur la page Facebook du site. (Mais alors, où étaient les médias français ? Je crois que j’étais le seul Français à couvrir l’événement...) On m’apprend que la température de l’eau est bien meilleure que les années passées. Cela ne m’empêche pas de la trouver très froide au premier abord. Quoiqu’il en soit, on n’est pas les plus à plaindre, comme on dit sur le Vieux Port.

[D’ailleurs, je te vois venir Corentin, ne viens pas chouiner dans la section commentaires de l’article parce que que je n’ai pas couvert le concert de ton groupe moldave favori. Je suis seul à faire ce report, et je ne suis pas du genre à aller voir quarante concerts par jour. Te voilà averti : it doesn’t get more subjective than this.]

L’après-midi se profile doucement et le bruit des premières balances résonne sur les parois rocheuses. C’est l’heure d’aller assister à des concerts !

(…)

Il n’est que 21h53 et, pour temps, voici déjà venue l’heure de faire mon résumé de cette première journée. Il a plu. D’abord, il y a eu l’orage au milieu de l’après-midi. Vu qu’en bon touriste, j’avais laissé ma tente ouverte en me barrant du camping (je te rappelle qu’environ un tiers de sa surface, dont une partie de l’entrée, est plus ou moins exposé à l’air libre), j’ai dû courir dans la boue et traverser tout le camping en me pétant la gueule à plusieurs reprises afin d’aller vérifier. Ouf, mes amis l’avaient fermée dès les premiers signes d’intempérie. Trempé jusqu’à la moelle, à la recherche de ma dignité, j’ai commencé par rire de cette situation. Quel con. Cela a duré plusieurs heures, l’occasion de se planquer dans l’abri d’un groupe de Slovènes ma foi fort hospitalier (ces jeunes gens sortent leur premier album dans quelques jours, alors allez les écouter). La pluie est partie, la boue est restée. J’ai eu un peu de temps pour aller écouter de la musique. Puis la pluie est revenue par intermittence, avant de s’imposer définitivement.

Je me retrouve une nouvelle fois bloqué au camping : j’avais grand besoin de me changer après cette étape diluvienne, et je ne veux surtout pas mouiller à leur tour mes seules affaires de rechange (le reste est entreposé bien au chaud là où mon père, qui a eu la gentillesse de m’accompagner au Metaldays, loge à 15 minutes de Tolmin). Voilà pourquoi je me retrouve seul, complètement blasé, dans ma tente, sans avoir même pu regarder un concert en entier.

Plus tôt, j’ai tout de même assisté à une partie du concert de Comaniac sur la petite scène, jeune groupe de Thrash prometteur mais pas gâté par le son et pas très doué pour s’approprier l’espace scénique en plus de paraître assez arrogant. Le fait que le guitariste soliste pète une corde lors du troisième morceau et mette deux minutes à la changer backstage pendant que le reste du groupe continue à jouer n’a pas contribué à rendre sa prestation plus professionnelle. Dommage.

Les Israéliens d’Orphaned Land, quant à eux, étaient partis pour reproduire à l’identique le show (de bonne qualité, sans plus) qu’ils ont fait au Hellfest en juin dernier. Au bout de deux morceaux, la pluie s’est remise à tomber, et j’ai choisi (par défaut) de faire l’impasse sur ce concert.

Plus tard, je suis sorti à nouveau pour voir un bout du set de Rosetta, groupe que j’apprécie et qui a représenté pour moi une franche déception, à cause du son brouillon déjà (le delay qui s’étend sur quinze secondes, on préférerait parfois qu’ils le débranchent), ainsi que de l’aspect statique du show. Le manque de charisme du chanteur se trouve heureusement compensé par l’impressionnante technique du batteur, qui s’avère en fait le véritable leader du groupe en live.

Enfin, j’ai vu (ou plutôt entendu, de loin), la quasi-intégralité du set de Sacred Reich depuis la tente presse sous laquelle je suis allé m’abriter en attendant que la pluie cesse de tomber. Le concert, quoiqu’un tantinet bordélique – comme d’habitude avec ce groupe – m’a semblé convaincant, et ce, surtout grâce à la performance du chanteur, qui était très en voix ce soir.

La pluie a continué à s’abattre sans vouloir me laisser d’espoir. J’ai donc dû regagner mes quartiers tel une âme en peine afin de pouvoir broyer du noir au sec, en errant parmi les rangs moroses de ce camping déséclairé (non, en effet, ce mot n’existe pas, mais la situation ne me laisse pas d’autre choix que de l’utiliser).

Moi qui me faisais une joie de participer au Metaldays du soleil pour la première fois, je suis gagné par un accès de déprime ce soir. Comme si le soleil n’allait pas se lever demain matin. Comme si c’était le bon déroulement du festival tout entier qui avait été compromis par les événements de la journée.

Sans parler du fait que je me suis encore une fois retrouvé à tourner en rond pendant plusieurs heures aujourd’hui (cette fois-ci, non plus à la recherche d’un pass, mais d’un programme papier), et ce, pour les mêmes raisons qu’hier : personne n’a su m’indiquer où je pouvais trouver ce que je cherchais. Sur les conseils des uns et des autres (et, oui, je parle notamment du personnel de l’équipe d’accueil), j’ai traîné ma carcasse aux quatre coins du site : au point info, au stand de merch, à la tente presse, au point de pose des bracelets, etc. Personne n’était au courant de rien et tout le monde se refilait la patate chaude. Putain. À ce compte-là, autant dire qu’il n’y a qu’un seul petit écran au point info pour que les festivaliers se mettent au courant du running order. Je me demande même si les festivaliers en ont quelque chose à foutre des concerts, où s’ils viennent juste pour se bourrer la gueule sur la plage et puis aller se mettre du bruit dans les esgourdes quand ils n’ont plus conscience de rien. Je n’en ai vu que deux, en tout et pour tout au cours du festival, qui disposaient de l’un de ces programmes papier. Alors, je sais qu’on peut tout imprimer en amont, mais merde quoi...

Dire qu’en plus, je vais rater Testament que j’attendais de voir avec impatience... Avant de dormir, je fais l’erreur de consulter les prévisions météo et découvre qu’il va pleuvoir comme ça pendant toute la semaine. Tu imagines mon état. Même que j’ai mangé une glace à l’italienne dans l’après-midi et qu’elle était dégueulasse, crémeuse et tout. Ça fait beaucoup pour un seul homme.

Je plonge donc dans un lourd agité sur fond de Dark Funeral au dehors, en rêvant de disparaître loin, très loin d’ici.


Jour 2, 26 juillet(RE-)NAISSANCE


Quand je repense à l’état dans lequel le temps m’a mis hier (j’étais carrément trop dépité pour être de mauvaise humeur), je me rends compte que j’ai traversé une véritable crise de foi, épisode que tous les festivaliers doivent connaître et redouter (hormis peut-être ceux qui sont biturés H24 ou ceux qui n’ont plus rien à perdre niveau amour-propre). J’ai douté, mon père.

Cependant, c’est un fait, j’ai dormi comme un loir pendant 10 heures et je me sens en pleine forme malgré mes déboires de la veille. Aujourd'hui, c'est mon anniversaire et la vallée baigne dans la chaleur du soleil. Et quel silence ! Un silence parfait habite la forêt en cette heure matinale. J’entends les gouttes d’eau tomber des feuilles au sol et les oiseaux gazouiller. J’entendrais presque la nappe de brouillard se déplacer lentement le long de la surface de la Soča. Je n’ai jamais rien connu de tel.

Que la fête commence !

Skálmöld : 16:50/17:40 – Main Stage

J’avais découvert ce groupe avec son album « Born Löka » sorti en 2012. L’ayant raté au Hellfest cet été, j’ai été content de pouvoir enfin le découvrir sur scène. Déjà, force est de constater que le groupe est parvenu à trouver son public en quelques années, car nombreux sont les festivaliers à venir l’applaudir en ce milieu d’après-midi. Son show est carré (même si les musiciens sont assez immobiles sur scène), son attitude professionnelle. Cependant, il est aisé de lire dans le jeu des Islandais et de cerner leurs limites. Skálmöld fait bien son travail, est à sa place ici et maintenant, mais je ne vois pas vraiment comment il pourrait aller plus loin, faute d’émettre une proposition artistique vraiment originale. Les musiciens sont loin de sortir du lot techniquement parlant (je pense au chanteur lead et à son growl on-ne-peut-plus monotone ainsi qu’à la paire de guitaristes qui ne jouent pas toujours bien ensemble...), de même que leurs morceaux sont assez fades. Ajoutez à cela une pointe de prétention dans la composition (qui passe bien en studio mais a plutôt tendance à coincer en live à cause des carences des musiciens), censée exprimer un truc du genre « Mwa j’écoute Týr et Moonsorrow... », et tu obtiens une musique en fin de compte peu enthousiasmante. En résumé : un bon concert avec des temps forts incontestables (et particulièrement le final sur « Kvaðning »), à apprécier comme un apéritif, mais hélas pas grand-chose de plus.

Setlist :

Intro
Gleipnir
Fenrisúlfur
Að hausti
Með drekum
Himinhrjóður (intro)
Miðgarðsormur
Narfi
Að vetri
Kvaðning



Note à propos de la petite scène : S’il y a bien une chose que j’ai verifiée au Metaldays, c’est que, tout comme le fait d’assister à un bon concert de Metal peut être l’un des meilleurs moments de ta vie, un mauvais concert de Metal peut vite devenir l’un des pires. C’est le style de musique qui veut ça, que ce soit all or nothing. Je dois dire que j’ai vu défiler sur cette petite scène un certain nombre de groupes random au cours des cinq jours du festival, et que par conséquent je ne vais pas m’attarder sur chacun d’entre eux, tant leur niveau était généralement bas. De petites formations (locales ou non) s’y sont succédé pendant les premières heures de la journée et, à l’image du groupe Na Cruithne dont j’ai eu (la chance ?) d’entendre quelques morceaux le premier jour, la plupart d’entre elles m’ont fait plus de peine qu’autre chose en faisant preuve d’un amateurisme navrant les trois quarts du temps. Inutile, donc, que j’écrive trop de méchancetés à leur propos. Si tu le veux bien, ami lecteur, concentrons-nous plutôt sur ce qui valait le coup d’œil et d’oreille au Metaldays 2016.

Insomnium : 19:10/20:10 – Main Stage

Premier concert vraiment « sérieux » du festival pour moi et première belle découverte. Avec la nuque caressée par les rayons du soleil en plus, pour la toute première fois depuis le top départ du festival ! Et ça change tout.

Insomnium profite d’un son d’excellente facture (hormis la guitare solo réglée beaucoup trop forte) pour nous jouer ses morceaux à la perfection. Que demander de plus ? Petit bémol cependant : une impression de linéarité s’est nettement dégagée du début du set, par ailleurs séduisant, qui a mis en valeur des morceaux tous plus ou moins construits sur le même modèle (dont l’efficacité n’est certes plus à démontrer). Le groupe, au style cantonné au Death mélodique mid-tempo à la sauce scandinave, n’a pas non plus dix milles cordes à son arc et choisit de jouer la majeure partie du temps sur la corde de l’émotion (habile jeu de mots filé, je te ferai remarquer). Le concert s’est diversifié au fil du temps (tempi plus rapides comme sur « Revelation », passages acoustiques...), ce qui a permis au groupe de casser la routine qui avait pu s’installer au cours de la première partie du spectacle. Et il s’est passé quelque chose. Insomnium a lancé la soirée d’une bien belle manière.

Setlist :

The Primeval Dark
While We Sleep
Change of Heart
Only One Who Waits
Revelation
Down With the Sun
The Killjoy
Through the Shadows
The Promethean Song
Ephemeral
Mortal Share



Arkona : 20:35/21:35 – Main Stage

Je vais manquer de superlatifs pour décrire ce à quoi j’ai assisté ce soir en compagnie d’Arkona. C’est bien simple, c’était tout le contraire du concert qu’ils ont donné au Hellfest édition 2015 dans de piètres conditions : trois quarts d’heure sur la Temple au son pourri en fin d’après-midi. Tout était aujourd’hui réuni pour que les Russes nous prouvent une bonne fois pour toutes qu’ils en ont dans le ventre. Et ils l’ont fait avec maestria.

La nuit est tombée et a laissé place au premier véritable show son & lumières que je vois du festival. Affluence oblige, les caméras ont été mises en marche afin de retransmettre le concert en direct sur les deux écrans géants encadrant la Main Stage. Le son était parfait dans l’équilibre entre les instruments Metal, les instruments traditionnels et les samples (ce qui n’arrive qu’une fois tous les dix ans environ !) et le jeu de lumières était au top. Arkona a eu le temps (une heure tout pile) de nous gratifier d’un set plein de sens, en passant progressivement de ses morceaux les plus longs et les plus complexes à ses hits Folk Metal pensés pour être directs et festifs (car c’est dans la variété de ses compositions que réside la grande force de cette formation). Les spectateurs ont ainsi pu voyager à travers toute la palette d’émotions conviées par la musique du quintet. L’incomparable Masha, femme aux mille voix et authentique bête de scène, a comme à son habitude époustouflé l’auditoire grâce à son énergie, son talent et sa détermination à toute épreuve. J’aimerais d’ailleurs beaucoup la voir prendre par moments à elle seule les commandes du spectacle, uniquement armée de sa voix et de l’amour que lui renvoie son public, et emporter sur ses ailes ce dernier dans une forme de transe. Le doute n’est plus permis : même si je n’aurais jamais pensé écrire cela il y a quelques années, Arkona fait partie de mon top 3 des groupes de Folk Metal à voir au moins une fois en live, aux côtés des Finlandais d’Ensiferum et de Finntroll.

C’était exactement le genre de concert de haute volée et sans prise de tête dont j’avais besoin ce soir, une pure partie de plaisir pour fêter mes 22 ans. Merci Arkona.



Skindred : 22:00/23:15 – Main Stage

Énorme découverte (mieux vaut tard que jamais...). Si Arkona avait sans aucun doute la grande classe, Skindred a la classe internationale. Ces mecs pourraient jouer partout et être acclamés par tous tant ils font évidemment l’unanimité. Skindred, c’est Limp Bizkit en bien. C’est tout ce que Limp Bizkit a toujours voulu devenir sans jamais avoir été capable d’y parvenir : un groupe qui combine avec talent un (Néo-)Metal basique diantrement efficace et d’autres styles de musique populaires (hip-hop, zouk, reggae, électro...) dans le but de créer le monstre musical ultime dès qu’il s’agit de s’éclater comme pas deux dans une fosse de concert. Arrivé par curiosité pour voir la deuxième partie du set de Skindred et sans espoir particulier, j’ai été très impressionné par l’envergure du show proposé par le groupe, qui est en grande partie due à l’incroyable aura de son frontman à la voix d’or Benji Webbe, qui a su mettre tout le monde d’accord. Il n’a pas laissé les spectateurs se reposer une seule seconde et n’a eu de cesse de jouer avec eux en les faisant participer au bordel organisé qui régnait dans le pit. Tout y est passé (ça pousse, ça saute, ça secoue ses fringues en l’air...) pour le plus grand bonheur adolescent des spectateurs. Pro jusqu’au bout des os (j’en profite pour souligner ici la frappe métronomique du batteur), Skindred est im-bat-ta-ble en fest’. La savate.




The Stone : 01:00/02:15 – Second Stage

Je me force à rester éveillé afin d’assister au dernier concert de la journée (il ne pleut toujours pas, alors j’en profite au max, tu penses bien). Inutile de préciser qu’à cette heure plus que tardive, devant du Black Metal serbe joué sur la petite scène, se retrouvent tous les vrais. Autant dire pas grand-monde (même les photographes étaient couchés, lol). J’avais découvert par hasard ce groupe en errant sur Internet il y a quelques mois de cela, et avais été agréablement surpris par le caractère rafraîchissant de leurs compositions (qui restent malgré tout très ancrées dans la veine Black underground pur jus). Eh bien, je suis content de t’annoncer que j’ai bien fait de ne pas aller me coucher, parce que The Stone a donné le premier concert de qualité que je vois se dérouler sur cette scène secondaire (enfin !). Après avoir rencontré quelques problèmes d’ordre technique (avec la bande instrumentale d’introduction etc.), le groupe a pris possession de la nuit en jouant de son Black Metal sans concession qui fait fi des conventions. En effet, les morceaux bien bâtis du groupe s’avèrent plus subtils qu’il n’y paraît de prime abord et apporte tous leur pierre (mdr) à l’édifice de ce concert qui s’impose à son tour comme l’un des temps forts les plus inattendus de la programmation du Metaldays. Bourré de riches trouvailles harmoniques et démontrant une importante puissance de feu ; à la fois novateur et dévastateur. Je me permettrai tout de même d’émettre un doute quant au bon goût de la dégaine générale du batracien encagoulé dépositaire du micro. On a connu des chanteurs (et y compris dans la sphère Black Metal) aux organes produisant des sons plus intéressants que le coassement constant qui émane de sa gorge. Sa façon pour le moins amphibienne de se mouvoir sur scène n’aidant pas à améliorer le tableau, je ne peux que déplorer l’absence d’un frontman vraiment doué au pilotage de la carrière de The Stone (mdrrr). Il est d’ailleurs parti comme il est arrivé, sans un mot. Faut croare qu’il n’y avait pas besoin d’en dire plus.

Aujourd’hui, pour mon anniversaire, mes prières ont été entendues et le temps s’est montré relativement clément envers nous, pauvres hères. Je suis très reconnaissant d’avoir eu la chance d’assister à tous ces bons concerts un 26 juillet. Dans le même temps, je commence à comprendre ce qui fait l’attrait du Metaldays. Définitivement remis à ma place, je relativise face aux caprices de la météo. Et je repense au fait que la crétinerie – ô combien revigorante – des autres festivaliers est pour sa part restée au beau fixe tout le temps que j’ai passé ici. En réalité, c’est une belle leçon d’humilité (non, pas d’« humidité », tu as lu trop vite). Apaisé, je me mets même, en un sens, à faire confiance au ciel quant à la suite des événements. Une sincère re-naissance.


Jour 3, 27 juillet(R)ÉVEIL


Cette troisième journée s’est à peu de choses près déroulée comme la précédente au niveau de la météo, ce qui m’a permis de bien mieux m’organiser. Je commence à prendre conscience de la façon dont les choses fonctionnent ici et à adapter en conséquence mon rythme de vie. Après avoir consacré la matinée à bronzer et me baigner, à l’écoute d’une playlist honorable balancée sur les enceintes du bar de la plage (n’est-ce pas le vieux sage chinois Lao Tseu qui a élucubré, un lendemain de cuite au saké : « Profite du soleil tant qu’il est là, car tu ne pourras pas en profiter quand il ne sera plus là » ?). Voyant les premières gouttes de pluie tomber dans l’après-midi, je regagne le camping afin de dormir un peu. Quand je me réveille, il ne pleut plus et un arc-en-ciel flotte au-dessus de ma tête. Je me sens alors en harmonie avec mon environnement immédiat. C’est une nouvelle étape (vers la joie, je l’espère) du parcours initiatique que représente ce festival à mes yeux. En me promenant sur le site, j’entends (de loin) des bouts des sets d’Aborted, Pro-Pain ou encore Dying Fetus qui se succèdent sur la Main Stage. Un peu trop violent pour moi tout ça, à ces heures indues. J’ai ensuite vu quelques morceaux du groupe italien Gloryful qui jouait sur la petite scène à 18h. Du Heavy/Power certes entrée de gamme, mais pas inintéressant pour autant, malgré des morceaux franchement légers, un mauvais son de batterie et un chanteur qui, en plus de ne pas disposer de capacités vocales hors du commun, arbore un look « ghetto master » en décalage total avec le concept fantasy-licorne du groupe. Mais passons. C’est carré, le guitariste soliste est excellent, et cela me fait un bien fou d’entendre enfin du Heavy Metal (mon style de prédilection) au Metaldays ! Me voilà reparti comme en 40 et prêt à attaquer les concerts du soir.

Graveyard : 19:15/20:15 – Main Stage

Temps couvert. Une pause relax, petite bouffée d’air frais dans la programmation costaude du fest’ avec le Blues Rock revival 70s des Suédois. Un concert très satisfaisant qui est allé crescendo. Le public a mis un peu de temps à adhérer à la musique du groupe (ce qui est compréhensible), mais s’est laissé prendre au jeu sur le long terme grâce aux efforts d’un très bon chanteur chaud bouillant (autour de la voix duquel la musique de Graveyard gravite nécessairement) et à des morceaux de plus en plus entraînants. Bravo au batteur qui, à en juger d’après ses roulements incessants, a manifestement fait ses classes à l’école Mitch Mitchell, et aux techniciens du son qui ont eu la présence d’esprit de mettre la batterie bien en retrait par rapport aux autres instruments, ce qui me donnait presque l’impression d’assister à un concert du Woodstock de la grande époque. Un bon esprit pour un bon moment partagé tous ensemble, et la découverte plaisante d’un groupe qui reste toutefois d’après moi légèrement surcoté.



Rise of the Northstar : 21:10/22:00 – Second Stage

J’avais entendu beaucoup de critiques positives à propos de ce jeune groupe français. Sans écouter la moindre note de musique, je m’étais un peu renseigné sur la bio du groupe avant de venir ici, et je dois dire que je désirais ardemment pouvoir affirmer à la sortie de ce concert que ROTNS est effectivement la nouvelle fierté nationale en matière de Metal. Il faut dire que ces mecs ont tout pour plaire : un concept japonisant novateur en béton armé et le look stylé qui va avec, des musiciens de haut niveau (à commencer par le guitariste soliste et le batteur), des morceaux bien ficelés et pas dénués d’originalité entrecoupés de breakdowns ravageurs. Leur potentiel est énorme. Et gâché par un frontman qui n’a hélas pas grand-chose pour lui. Ni le timbre, ni la technique, ni le charisme, toutes ces choses qu’il faudrait qu’il ait pour pouvoir faire décoller ses acolytes et leur projet toujours plus loin, toujours plus haut, toujours plus fort. Il a même, tout connement, des problèmes de rythme qui se font cruellement sentir dès que la musique du groupe lui laisse un peu trop d’espace et ne parvient plus à contenir son flow. C’est d’ailleurs pour cette raison que ce sont les passages scandés sur le modèle question/réponse en mode gang vocals qui en jettent le plus – et de très loin – sur scène. Le reste du temps, le chant est monotone et attendu. Je vois très bien ROTNS jouer dans tous les festivals Metal du monde dans les années à venir, il ne fait aucun doute qu’ils le méritent, mais je ne peux pas les imaginer occuper le haut d’une affiche balèze. Parce qu’ils défoncent en vrai : ils font montre d’une détermination inébranlable qui crèvent littéralement les yeux, ont sorti leur premier album chez Nuclear Blast et ont rapidement réussi à conquérir le cœur du public Metal en imprimant leur marque partout où ils sont passés. Mais le chanteur fait très mal son taf d’entertainer, et écrase un peu plus à chaque pas le capital sympathie (au demeurant énorme) du groupe. Je rage, parce que je ne vois pas comment ROTNS pourrait devenir un grand nom dans l’état actuel des choses. Quel dommage.

Kreator : 22:10/23:40 – Main Stage

Une agression sonore extrême. Ce qu’un bon concert de Thrash doit être, à mon avis. Même si le son brouillon rendait souvent la musique illisible, un charme électrique, une magie m’a poussé à rester secouer la tête devant Kreator jusqu’à la toute fin de son set (ce que je ne pensais pas faire au début...). Un lien indéfectible avec ce public massif que le groupe connaît bien, n’en étant plus à son coup d’essai avec le Metalcamp/Metaldays qu’il est venu démolir à plusieurs reprises. La clauque ! comme on dit chez moi dans l’Aube. Et ce chanteur, par le chien ! Irascible et increvable, ses cris stridents se sont abattus sur nos tympans pendant une heure et demie sans jamais faiblir en intensité. Je suis séché. Résultat : sous les tirs de mitrailleuse de ce Thrash infernal d’une violence inouïe, tout le monde s’envoie du love et la bonne humeur est contagieuse dans la fosse. D’innombrables imprécisions dans l’exécution et une approche globalement bruitiste de la musique n’entament pas le sentiment de bonheur qui s’empare de moi et viennent paradoxalement le renforcer. C’est un moment de Metal monumental que je suis en train de vivre. Les changements de tempo brutaux n’éprouvent aucune pitié envers nos cervicales et le massacre suit son cours sans que rien ne puisse venir y mettre un terme. C’est jouissif de se faire maltraiter comme ça ! Fumées, flammes et autres confettis viennent régulièrement agrémenter le show en lui apportant une touche de fun. En bref, un concert taillé pour les masochistes en puissance que nous sommes, nous qui jouissons de l’exultation des sens s’opérant à travers l’expérience d’une souffrance difficilement contenue. Kreator a prouvé à tous ceux qui en doutaient encore qu’il n’y a en réalité que peu de différence entre la douleur et le plaisir. Une vraie tête d’affiche comme on aimerait en voir plus souvent.

Setlist :

(Choir of the Damned)
Enemy of God
Terrible Certainty
Phobia
Awakening of the Gods
Endless Pain
Warcurse
(Mars Mantra)
Phantom Antichrist
From Flood Into Fire
Extreme Aggression
Suicide Terrorist
Black Sunrise
Hordes of Chaos (A Necrologue for the Elite)
Civilization Collapse
(The Patriarch)
Violent Revolution
Pleasure to Kill
Flag of Hate
Betrayer
(Until Our Paths Cross Again)




Secrets of the Moon : 01:00/02:15 – Second Stage

Le rendez-vous a été pris pour un second concert de Black Metal, plus intello et post-truc cette fois-ci, à la même heure et au même endroit que pour The Stone hier. Cette fois-ci cependant, je n’ai pas le courage de rester debout jusqu’à la fin du set. Certes, c’est bien joué et bien chanté, aussi bien dans le registre hurlé que dans le registre mélodique standard, mais la musique – en ligne droite – manque un peu de relief à mon goût et gagnerait selon moi à emprunter des sentiers plus sinueux. Même chose à propos du show, excessivement statique. Secrets of the Moon joue un Black acidulé qui ne me fait ni chaud ni froid. Ennuyée, la place se vide. Direction la plage.

Stand-up show de Bob Slayer : 2 heures passées – Beach Bar

C’est l’histoire d’un mec qui sort des vannes graveleuses pendant une demie-heure devant un parterre de « métalleux » bourrés. Même si je ne peux pas dire que c’était désagréable, je ne peux pas dire que c’était très drôle et encore moins que c’était travaillé. Une enfilade de conneries salaces torchée par-dessous la jambe et débitée par un rigolo qui avait un gramme dans chaque phalange. Au lit.


Jour 4, 28 juillet« More of the same »?


Journée très similaire à la précédente au niveau de la météo et de mon organisation perso. Serait-ce tout ce que le Metaldays me réserve ? N’a-t-il pas quelque chose de plus à m’offrir en récompense pour la bonne volonté dont je fais pieusement preuve à son égard ? Mike Spreitzer, le guitariste de DevilDriver que j’ai l’honneur d’interviewer dans l’après-midi (ça arrive bientôt sur Horns Up...) me le confie : tout ce qu’il espère est d’obtenir encore plus de ce qu’il a déjà, de l’amour et de la reconnaissance. Pour ma part, je veux un peu plus que ce que j’ai déjà, un peu plus que le strik' minimum de vitamine fourni par les quelques heures d’ensoleillement que daigne quotidiennement m’accorder le ciel depuis que je suis arrivé. Mon souhait sera-t-il exaucé avant que je ne regagne mon pays ? Quoiqu’il arrive par la suite, cela n’a pas été le cas aujourd’hui.

Septic Flesh : 19:00/20:00 – Main Stage

Mais pourquoi donc les gens aiment-ils ce groupe ? De la musique pompeuse d’une grande laideur et le pire son sur la Main Stage depuis le début du fest’ (pas de guitares). Alors ok, le chanteur porte une jolie armure comics et le batteur met tous ses confrères à l’amende. Mais je me fais chier comme un rat mort. J’écoute trois morceaux et je passe mon chemin. Faudra que j’écoute un de leurs albums un jour où je n’aurai rien à faire (ce qui n’est heureusement pas près d’arriver...).



Phantasmagoria : 19:00/19:40 – Second Stage

Le concert le plus gênant qu’il m’ait été donné de voir de toute ma vie. Phantasmagoria est Le-groupe-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom de la scène « Metal ». Malaise à tous les étages et zéro pointé musical. Le pire groupe du festival, et pourtant crois-moi, les nazes se bousculaient au portillon. D’ailleurs, l’ambiance générale m’a fait beaucoup penser à cette chose. Il fallait le voir pour le croire et les mots me manquent pour décrire le fiasco. Anecdote : quand ils ont décidé de prendre une photo de groupe à la fin de leur set devant les vingt pelés qui se tenaient là bouche bée, je m’en suis voulu d’avoir ri trop vite. Cela faisait peine à voir. C’était vraiment triste. Voilà, cela devait être dit. Il est temps pour moi de passer à autre chose, mais sache que les larmes coulent encore.

Nine Treasures : 20:00/20:40 – Second Stage

LA découverte qui vaut des millions du festival. À l’instar du groupe coréen Jambinai, qui m’avait bouleversé au Hellfest en juin dernier, Nine Treasures nous vient d’Asie, et plus précisément de la région autonome de Mongolie-Intérieure en Chine. C’est un pur moment de jubilation pour tout le monde, et y compris pour les musiciens qui, sur scène, arborent un grand sourire face à la réception extrêmement chaleureuse que le public du Metaldays leur réserve. Leur Folk Metal galopant à la sauce locale (avec instruments tradi’ et chant de gorge à l’appui) qui nous transporte dans les steppes me rappelle beaucoup, dans sa fraîcheur et son insouciance, celui du Korpiklaani d’antan (et de « Voice of Wilderness » notamment). C’est la première fois de la semaine que je vois autant de monde bouger devant la petite scène. La réactivité du public est admirable. J’ai déjà observé ce phénomène au Hellfest avec Jambinai : le public Metal est en général très encourageant lorsqu’il s’agit d’applaudir des formations en provenance d’autres continents. Il faut dire que cela fait tellement de bien de voir un groupe chinois remettre à leur place tous les jeunes groupes européens de Folk Metal. Nine Treasures a en effet accompli l’exploit de casser le Folk Metal game en quarante minutes chrono : le concept et le look sont béton, les morceaux, tubesques, sont exécutés à la perfection, la communication avec le public, maladroite et irrésistible, vise en plein dans le mille, des sourires brillent sur tous les visages qui composent l’assemblée et une ambiance de fête peu commune fait virevolter les cœurs. Cerise sur le gâteau : la musique traditionnelle mongole n’a pas été simplifiée à outrance lors de son portage sur le cadre harmonique typiquement occidental qu’est celui du Metal, et certains cycles musicaux, à la fréquence d’apparition bien dosée, donneraient matière à cogiter à nombre de musiciens bien de chez nous. Ces aspérités rendent la musique de Nine Treasures encore plus délicieuse à mes oreilles. Écoutez Nine Treasures et partagez leur musique, car les cinq cavaliers Mongols sont lancés à toute allure à la conquête du monde. Transcendant ses simples qualités d’exotisme et de sympathie, l’avenir de cet excellent groupe s’annonce radieux. Mind: blown, je suis déjà plus qu’impatient de les retrouver.

Gama Bomb : 21:00/22:00 – Second Stage

Je trouve nos amis anglais bien plus en forme ce soir que lorsque je les ai vus pour la première fois au Fall of Summer l’année dernière. Ils sont plus « en connerie ». Il faut dire qu’il fait nuit et que la fête bat son plein dans le pit (alors qu’au FoS, ils avaient été programmés en milieu d’après-midi). L’enthousiasme du public est tel qu’il entraîne le groupe avec lui et le pousse à tout donner. Rien de nouveau sous le soleil, Gama Bomb fait du Gama Bomb, mais un peu mieux qu’à l’habituée : ça va à dix mille à l’heure, c’est chaotique et nerdy à souhait, ça fait marrer les amis. J’avoue que je prends un malin plaisir à regarder leur set ce soir. Ça fait du bien de temps à autre d’assister à un show décomplexé à prendre au troisième degré. Alors, quand en plus c’est joué (non, je n’ai pas dit : « chanté ») avec une grande propreté et que la communication est au poil (« Restez, on a encore plein de morceaux comme celui-ci à vous jouer »), le moment est particulièrement agréable. Gama Bomb est certes un groupe limité (dans tous les sens du terme), mais ô combien jouissif à voir jouer. Oh, boys just wanna have fun.

Belle triplette de rire ce soir avec le rire de gêne pour Phantasmagoria, le rire de joie pour Nine Treasures et le rire de benêt pour Gama Bomb. La soirée est jusqu’à maintenant placée sous le signe de l’amusement.

DevilDriver : 21:45/23:00 – Main Stage

Première fois que je vois ce groupe que j’aimais tant il y a quelques années de cela (ah la la, « The Fury of our Maker’s Hand »...) et je ne me prends pas la claque attendue. Il faut dire que ça commence mal, des problèmes de matos venant retarder de 20 (!) minutes l’arrivée du groupe sur scène. La setlist se prend direct une manchette dans les dents (du moins, c’est ce que j’imagine...), et la dynamique bricolée du concert (sans aucun temps mort libérateur) s’en ressent. Ensuite, et malgré tout le temps que les techniciens ont pris, le son est fouillis. La communication agressive de Dez avec son public laisse par ailleurs à désirer : à la longue, ça devient un peu relou de se faire traiter de tous les noms sans rime ni raison. Le look du bassiste détonne avec celui des autres membres du groupe et tous (à l’exception du guitariste du guitariste Mike Spreitzer) ont l’air de s’ennuyer à mourir sur scène. Même si le nouveau batteur assure comme un chef, l’exécution me paraît loin d’être irréprochable. Bref, la connexion entre le groupe et son public ne se fait pas ce soir. Quelques vieux classiques (« I Could Care Less », « Before the Hangman’s Noose », « Clouds Over California »...) viennent tout de même épisodiquement exciter la foule un tantinet. Ce concert en demi-teinte représente donc pour moi une grande déception. Il ne me reste plus qu’à me rabattre sur l’écoute du nouvel opus du groupe, ce « Trust No One » qui, je l’espère, saura me faire vibrer comme l’ont fait ses aînés.




Jour 5, 29 juilletJOIE

Ah oui, ça oui, je dis oui ! Les danses du soleil ont fini par payer et cette ultime journée s’écoule paisiblement dans un climat d’été. ENFIN. Quelle joie ! C’est toujours ainsi que le Metaldays devrait être, car son vrai visage est radieux. En me baladant le matin, je découvre (tu vas rire) la grande plage dont j’ignorais l’existence et comprends tout à trac où passent leur temps les milliers de festivaliers que je vois disparaître à longueur de journée. Je suis bluffé par ses dimensions. Tout s’éclaire, voici donc ce qui fait le cachet du Metaldays. C’est beau, très beau. Je visite ensuite la forêt alentour et rencontre un chic camarade suisse de Brutal Fun. Ce Day 5 démarre en trombe.

Dead Label : 14:15/14:55 – Main Stage

Ce jeune power trio irlandais balance un set Metalcor-ish agréable en ce début d’après-midi. Honnête, direct, efficace. Pas toujours très en place (because la batteuse (la battrice ?) était un peu tendue). Le bassiste/chanteur possède un coffre sacrément puissant et les morceaux s’enchaînent avec naturel. Un bon concert qui donne la patate.

Nightmare : 15:10/15:50 – Main Stage

Très bon concert de Nightmare sur la scène principale ! Le Nightmare nouvelle mouture a tout pour lui : une frontwoman charismatique à la voix renversante, un batteur virtuose, un set de morceaux forts et variés (de la power ballad au Heavy velu qui lorgne dangereusement du côté du Thrash) et de l’expérience à revendre. Tout cela respire le professionnalisme. Hélas, le public répond aux abonnés absents... Devine quoi, le seul jour où il fait beau de la semaine, bah tu vois des centaines festivaliers se diriger vers la plage en slibard avec leurs canots pneumatiques sur la tête. Ils ne savent vraiment pas ce qu’ils ratent. Ami lecteur, va de ce pas supporter notre belle scène Metal nationale en écoutant Nightmare, je te garantis que tu ne le regretteras pas. Ce concert a fait forte impression.



Skyforger : 16:10/17:00 – Main Stage

C’est la première fois que je le dis, mais là ce n’est plus possible, le son est vraiment trop fort lors du concert de Skyforger. À vrai dire, je n’ai pas compris grand-chose à ce concert auquel je ne suis pas resté longtemps. Après une prometteuse introduction folklorique chantée par le bassiste (le seul membre un tant soit peu sympathique du groupe), tout se désagrège et un froid est jeté d’emblée sur le public. Le son est criard et les compositions, qui vont piocher des idées à droite et à gauche, me semblent maladroites. Le public n’a pourtant pas l’air de se plaindre. Ce concert de Skyforger (groupe culte que l’on m’a souvent présenté comme une référence en matière de Black/Folk) fait partie de ces concerts décevants difficiles à décrire pour un chroniqueur amateur. Tout ce que je suis en mesure de dire à son propos, c’est que l’étincelle ne s’est pas produite... pour moi en tout cas. Soit je suis passé à côté, soit c’était effectivement médiocre. Quoiqu’il en soit, j’ai trouvé l’ensemble assez désagréable à l’œil comme à l’oreille, et ce, malgré les tentatives répétées que j’ai faites pour me concentrer sur le show en changeant d’emplacement à deux reprises. Je suis sans voix. En revanche, je leur donnerai volontiers une chance en studio, par curiosité.



L’heure est à la joie. Je profite du soleil pour me baigner une dernière fois dans la Soča, puis retrouve mon ami suédois Rasmus de FestivalPhoto.net avec lequel je pars en excursion à travers le camping. À l’issue d’une suite de belles rencontres, je me rends compte que j’ai raté trois des concerts que j’avais prévu d’aller voir aujourd’hui (c’est-à-dire, dans l’ordre, Obscurity, Einherjer et Exodus, dont j’ai toutefois le plaisir d’entendre le dernier morceau). C’est tellement pas pro wallah ! Mais il faut que tu me comprennes, mon ami (je peux t’appeler comme ça maintenant, dis ?), je saisis pleinement pour la première fois ce qu’est le Metaldays : le festival de Metal le plus à la cool de la planète Terre. Tu m’étonnes que les gens deviennent accros ! Quand le soleil brille sur la vallée et sur les visages de ceux qui la peuplent, cet endroit devient un coin de paradis où les êtres s’apprécient à leur juste valeur. La déconnexion du réel est totale, de même que le bonheur d’être présent au monde, debout sur ce sol chaud. Tout est bien.

Blind Guardian : 21:45/23:15 – Main Stage

Me voilà fin prêt pour mon dernier concert du festival (il va falloir se lever tôt demain...). Blind Guardian, ça sonne pas mal pour un bouquet final, non ? À vrai dire, il y a de bonnes choses et de moins bonnes. Tout d’abord, le son est surprenant : on-ne-peut-plus-limpide (ces guitares acoustiques, bonté divine !) mais le volume est très faible. Un choix fort intéressant ma foi, c’est la première que j’entends ça en festival. Cela surprend tout le monde, de nombreux regards interloqués sont échangés dans la fosse au début du set. Tout est joué à la perfection par les instrumentistes (même si personnellement je doute qu’ils fassent réellement les chœurs...) mais le chanteur Hansi Kürsch ne convainc pas du tout. Zéro présence, zéro look, zéro voix. Sur les morceaux les plus exigeants (« The Holy Grail », « Mirror Mirror »...) il est même carrément à la ramasse. Certes, le gardien aveugle n’a jamais eu la voix qu’il méritait, mais là c’est vraiment flagrant. En dépit de cela, le public passe un très bon moment en compagnie des Allemands et s'époumonne sur « The Bard's Song ». Blind Guardian reste un groupe de grande envergure et son set de qualité vient clôre avec mon Metaldays avec une classe certaine.

Setlist :

The Ninth Wave
The Script for My Requiem
Nightfall
Tanelorn (Into the Void)
Prophecies
The Last Candle
Time What Is Time
Lord of the Rings
Time Stands Still (at the Iron Hill)
The Holy Grail
Imaginations from the Other Side
(War Of Wrath)
Into the Storm
The Bard's Song - In the Forest
Mirror Mirror



C’était la première fois que je faisais un festival de taille moyenne (perdu quelque part entre le Fall of Summer et le Hellfest, histoire de te donner une idée) et ce fut une expérience enrichissante pour moi, même si je continue à préférer les petits fests family-sized à la programmation alléchante (Muskelrock FTW). Une chose est sûre : malgré sa taille, le Metaldays et son orga’ sont très à l’écoute des festivaliers. Ainsi, au rang des améliorations figuraient entre autres nouveautés pour la première fois cette année la présence d’un distributeur automatique de billets sur le site ainsi que la possibilité pour les filles d’aller camper dans une zone exclusivement réservée aux festivalières (initiative visionnaire ou victimaire ? Je te laisse seul juge). De plus, il était possible de rencontrer tous les jours le patron du Metaldays afin de lui faire part de bonnes idées à éventuellement concrétiser lors de l’édition suivante. Franchement rien à reprocher de ce côté-là !

Les deux scènes étaient bien disposées l’une par rapport à l’autre et les sons produits par les groupes qui jouaient simultanément ne se recouvraient pas le moins du monde. À de rares exceptions près, le son de la Main Stage était remarquable (le meilleur que j’ai entendu en festival, pour tout te dire). Petit problème d’organisation cependant : sur le côté droit de cette même scène était disposée une série de cabines WC. Je ne vous fais pas un dessin pour vous exposer le problème. Du côté gauche se trouvait par contre une pente herbeuse pratique qui permettait aux spectateurs fatigués de prendre de la hauteur et d’apprécier les concerts depuis un autre point de vue.

Quelle semaine ! C’est avec le sourire que je quitte Tolmin, en direction de l’Italie. Un grand merci à mon père pour m’avoir accompagné dans cette aventure, ainsi qu’à CMM Promotion pour sa confiance, sa bonne humeur et ses photos (les crédits reviennent à Katja Borns et Marc Hansen). Vivement l’année prochaine !


Mon top 3 festival :

1 – Kreator
2 – Nine Treasures
3 – Arkona