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Album

14 juin 2016 - S.A.D.E

Surgical Meth Machine

Surgical Meth Machine

LabelNuclear Blast
styleIndus
formatAlbum
paysUSA
sortieavril 2016
La note de
S.A.D.E
6.5/10


S.A.D.E

Chroniqueur doom, black, postcore, stoner, death, indus, expérimental et avant-garde. Podcast : Apocalypse

Après avoir mis en arrêt, relancé, re-stoppé, rebranché et enfin conclu de manière apparement définitive Ministry, Al Jourgensen ne pouvait évidemment pas rester silencieux. Le voilà donc de retour avec un nouveau projet, Surgical Meth Machine, alors même que la tournée d'adieu de Ministry n'est pas encore terminée.

Cet album éponyme commence par un discours de Al nous faisant une thérapie sur sa sensibilité face aux critiques et commentaires Facebook sur fond de beat et de sons indus comme il en a le secret. Mais Al envoie tout ça bouler sur un magistral "I don't fucking care" avant de balancer ce qu'il a fait de plus nerveux, dense, dingue, rapide et décérébré de tout sa discographie. I'm Sensitive est un pur défouloir pour Jourgensen et ça déboite vraiment sévère. Et la machine à péter nuques, tympans et synapses ne fait que démarrer. La suite est du même acabit, de l'indus ultra vénère, soutenu par un riffing thrashy saturé dans tous les sens et rempli ras-la-gueule de samples de voix, bruits et autres détails dont Jourgensen sait si bien faire usage. Surgical Meth Machine est une pure agression gratuite, bordélique, déjantée et hors contrôle. Les morceaux s'enchaînent avec un petit blanc d'une fraction de seconde, aucun espace de respiration n'est accordé à l'auditeur.

Seul aux manettes avec Sam D’Ambruoso, son ingé son depuis quelques années, Jourgensen laisse toute sa folie exploser sur la première partie de l'album. Tragic ALert, Smash and Grab, Rich People Problems, chacun de ces titres vous démolit le cerveau et le clou du spectacle arrive avec le bien nommé Unlistenable. Ici Al règle leurs comptes aux groupes qu'il méprise (au moins en façade) sur fond de bordel sonore total, boucles balancées de manière aléatoire et cacophonie indus. On sourit la première fois mais c'est typiquement le genre de titre qu'on saute aux écoutes suivantes tant c'est pénible à écouter. Et après ce sommet de décébrage en règle, Surgical Meth Machine prend une tournure radicalement différente.

Avec la reprise de Gates of Steel de Devo, exit la saturation exacerbée, terminés les délires bruitistes. Jourgensen nous amène ici sur un terrain un peu flottant entre post-punk, rock'n'roll à la cool et electro psyché. Et la suite de l'album continue sur le même ton : loin de la folie de la première partie, ici une forme de sérénité nous envahit. Une sorte de mélancolie également, notamment sur le sublime titre final I'm Invisible. Avec son ambiance toute en délicatesse triste, ses sons trip-hop et la voix apaisée de Jourgensen fredonnant "I'm invisible", ce dernier titre est à des années-lumières de I'm Sensitive. Et c'est peut-être une des meilleures composition de Jourgensen, tous projets confondus.

Au final que penser de ce premier album de Surgical Meth Machine ? Difficile à dire tant l'écart de style est immense entre le début et la fin de l'album. Jubilatoire quoique possiblement soûlant sur la première partie, mélancolique et apaisé sur la fin, ce premier album nous laisse un peu perdu. Pas mauvais, avec même quelques très bon moments (I'm Invisible donc, mais aussi I Don't Wanna, ou Tragic ALert), ce nouveau méfait signé Al Jourgensen reste assez mystérieux. A écouter néanmoins, rien que pour plonger dans l'esprit tourmenté de son géniteur.

Tracklist de Surgical Meth Machine :

01. I'm Sensitive
02. Tragic Alert
03. I Want More
04. Rich People Problems
05. I Don't Wanna
06. Smash And Grab
07. Unlistenable
08. Gates Of Steel
09. Spudnik
10. Just Go Home
11. Just Keep Going
12. I'm Invisible