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Album

20 novembre 2015 - Balin

Revenge

Behold.Total.Rejection

LabelSeason of Mist
styleBlack/Death
formatAlbum
paysCanada
sortienovembre 2015
La note de
Balin
9/10


Balin

Matthieu, 24 ans, basé à Nantes. Ancien membre d'U-Zine et de Spirit of Metal. Vous me retrouverez pour les chroniques et live reports de divers styles musicaux.

Depuis toujours Revenge entraîne dans son sillage aussi bien les critiques les plus acerbes –  « ce n’est que du bruit », « du blast sans riff, quel intérêt ? » et je vous épargne le traditionnel refrain sur les soli épileptiques servi par les inconditionnels de Slayer et autre Infernal War – que les conversions inattendues, surtout ces derniers temps. Réel intérêt pour un groupe si particulier quand on méprise le reste de cette scène ? Peut-être… Effet de mode ? Certainement. James Read lui n’en a que peu faire à vrai dire. Menant son char depuis 2000 et le split d’une des entités les plus féroces du style, l’immense feu Conqueror, le canadien, accompagné dans un premier temps par Monsieur Pete Helmkamp, poursuit son œuvre de destruction massive en solo depuis que ce dernier a quitté la formation en 2011. Loin de décourager le stakhanoviste canadien, ce départ l’a semble-t-il rendu encore plus énervé et haineux comme en témoigne Scum.Collapse.Eradication, avant dernier méfait de la formation accouché de A à Z par J. Read considéré par certains comme le meilleur album de la formation.

   Si les disciples du groupe savent pertinemment que la colère et la folie ne quitteront jamais Revenge, quelques uns n’ont pas manqué d’exprimer leur réserve quant à la signature de combo chez Season of Mist, désireux d’attirer dans ses filets tous les fers de lance dans un panel de genres assez impressionnant. Autant vous le dire tout de suite, c’eut été mal connaitre le père Read que de douter de ce cinquième opus que j’oserais même qualifier d'album le plus violent du groupe. L’instigateur du protocole est présenté, les aspirations totalitaires révélées et les pions avancés. Il ne reste plus qu’à présenter l’arme en question : Behold.Total.Rejection.

   Un des aspects les plus reconnaissables du groupe sont bien entendu les vocaux hystériques et amplis de violence de James Read. Aucun changement à ce niveau-là, les textes sont vociférés avec toujours autant de véhémence et de mépris envers l’humanité. Je regretterai d’ailleurs toujours de ne pas pouvoir entendre ce chant en live même si Vermin s’en sort avec les honneurs à chaque fois. L’autre élément essentiel est ce jeu de batterie totalement inhumain. James Read est une machine de guerre, c’est indéniable (vous devriez le voir maltraiter ses cymbales sur scène…). En plus d’avoir un jeu épileptique et une endurance hors du commun (il nous a fait ça pendant une heure et demie lors du dernier Nuclear War Now! Festival !), le Canadien alterne entre des rafales de blast et des breaks (oui ce sont toujours les mêmes, et alors ?) destinés à rendre fou l’auditeur. Qui peut en effet résister aux breaks de Mobilization Rites ou de Desolation Insigna ? Certainement pas votre serviteur. Ajoutez à cela une production excellente puisqu'il s’agit pour ma part du meilleur son dont ait disposé le groupe depuis sa naissance, en partie grâce au son parfait de la caisse claire et des cymbales.

   Si on compare ce disque avec les premières sorties, la principale évolution qui avait déjà commencé à apparaitre sur Infiltration.Downfall.Death et qui prend ici une ampleur considérable est le growl goregrind (interprété par Haasiophis en live) qui renforce le côté apocalyptique et psychotique de la bête. On trouve également dans ce Behold.Total.Rejection (disposant au passage d’une magnifique cover) quelques petites « innovations ». Il semblerait en effet que le groupe ait voulu varier ses débuts de morceaux. On y trouve ainsi un début de titre de grindcore, littéralement – et de plus en plus sur ce disque, Mass Death Mass (1’45) ou ETHR (1’26) devraient vous en convaincre – avec Scum Defection, piste d’ouverture qui donne le ton d’entrée de jeu. Silent Enemy lui commence sur un break qui illustre la plus grande présence de l’instrument en règle général sur cette galette avec un son véritablement écrasant ou Hate Nomad qui s’ouvre sur un solo (mais bon ça ce n’est pas la première fois qu’il nous la fait).

   Encore une fois les titres des morceaux ne trompent pas. Revenge se veut annihilateur et conquérant, destructeur et dominant. Un auditeur non averti pourrait effectivement, à l’écoute d’un solo typique Revenge comme celui de Mobilization Rites, prendre ce disque, comme tous les autres disques du groupe, pour une déferlante jusqu’au boutiste et anarchique de la haine sonore. Pourtant James Read a une vision pourtant bien précise de la façon d’éradiquer ses ennemis : chaque break, blast et soli a bel et bien sa place dans son œuvre de destruction plus longue que d'habitude (dix morceaux au lieu des huit habituels).

   Il est très probable que l’introduction de Scum Defection ou le chant goregrind et désarticulé de Nihilist Militant en déconcertent plus d’un, le groupe allant par la même occasion plus loin dans la facette grindcore de sa musique tout en reprenant tous les codes que son leader avait établi avec Ryan Förster à la fin des années 90. Pourtant ce Behold.Total.Rejection balaye littéralement tous les doutes que certains ont pu avoir et livre un Revenge dans la plus grande maîtrise de son art, c’est à dire au paroxysme de sa violence et de sa haine. Encore une fois, le char d’assaut passe, entraîne avec lui ceux qu’il estime dignes tout en délaissant la grande majorité derrière lui, au sol, impuissants.

No scene. No brotherhood. No remorse. Et pour encore longtemps.

Setlist :

1. Scum Defection (Outsider Neutralized)
2. Shock Attrition (Control in Decline
3. Wolf Slave Protocol (Choose Your Side)
4. Mass Death Mass
5. Mobilization Rites
6. Silent Enemy
7. Desolation Insigna
8. Hate Nomad
9. ETHR (Failure Erased)
10. Nihilist Militant (Total Rejection)