Chronique Retour

Album

25 septembre 2015 - Dolorès

Grave Pleasures

Dreamcrash

LabelSony Music
styleDeathrock Moderne
formatAlbum
paysFinlande
sortieseptembre 2015
La note de
Dolorès
6.5/10


Dolorès

Non.

Il y a deux ans seulement, sortait le fameux "Climax" qui a réussi le pari improbable de rallier à leur cause un grand nombre de fans du milieu Metal habituellement hermétiques à toute forme de Post-Punk / Deathrock et compagnie. Combien de fois ai-je entendu "j'aime bien Beastmilk (premier nom du groupe) mais je n'écoute pas de Post-Punk". Bien évidemment, dès le premier jet, les Finlandais apportaient déjà un feeling bien métallique et indéniablement original à leur Rock loin d'être banal.

A présent rejoints par le batteur de feu-In Solitude / Procession et le frontman d'Oranssi Pazuzu en second guitariste, Grave Pleasures a toutes les cartes en main pour rebondir sur ce nouvel opus. Le line-up envoie quelque peu du rêve tout de même, on a toujours Mat McNerney (Hexvessel, ex-Code, ex-DHG) au chant, une figure primordiale de l'identité du groupe et un frontman exceptionnel. On peut presque dire qu'ils font la paire avec Linnéa Olsson (Sonic Ritual, The Oath) tant on lie les deux personnages instinctivement. Finalement, tout un tas d'influences diverses se rejoignent dans ce line-up, ce qui pourrait probablement expliquer que "Dreamcrash" prenne une direction un peu moins limitée que pour le Post-Punk métallisant et pop à souhait de "Climax".

Malgré tout, Grave Pleasures ne s'est pas défait de sa précédente identité Beastmilk. Sur le plan des structures, du son, des riffs accrocheurs à souhait, du chant égal à lui-même, on retrouve bien évidemment l'aura Rock à la fois festive et froide du groupe, enjouée et apocalyptique à sa manière. Le rendu est néanmoins plus pro et fait peut-être un peu moins écho au retour aux sources. C'est presque un adieu à Christian Death, Echo & The Bunnymen et compagnie, on entre à pieds joints dans le Rock moderne où les influences 80s ne se font plus qu'en pointillés. On a, cette fois-ci, Tom Dalgety au rôle de producteur, qui a entre autres travaillé avec Opeth mais également Killing Joke et Siouxsie. Dans le genre borderline Post-Punk / Metal et bienvenue dans la cour des grands, cela semblait être la figure idéale pour "Dreamcrash". Néanmoins, on perd la touche un peu plus Punk/DIY des débuts, qui a fait la renommée de Beastmilk et qui crée le fossé avec Grave Pleasures.

J'ai beau l'écouter de long en large, y trouver de l'intérêt et une envie d'y revenir, "Dreamcrash" est très loin d'avoir le même pouvoir entêtant que son prédécesseur. Pourtant, on a tout : un chanteur toujours aussi excellent, qui maîtrise son chant et le fixe comme étant l'une des seules caractéristiques qui puisse raccrocher la formation à ses origines Deathrock. Des titres variés, aux mélodies choisies avec précaution, sur un ensemble d'une quarantaine de minutes tout sauf ennuyeux. Toujours une petite dose d'originalité qui fait qu'il est difficile de raccrocher la formation à d'autres projets potentiellement similaires. Mais cet album déçoit... Il manque peut-être une petite dose de folie, peut-être a-t-on cette impression de déjà-vu avec un second opus un peu trop redondant ? Difficile à croire quand l'EP et le premier album se complétaient à merveille sans créer de redite. Néanmoins, il faut avouer qu'on ne dispose d'aucun hymne à scander aussi fédérateur qu'un "Children Of The Atom Bomb" ou un "Genocidal Crush" (pour piocher dans les deux sorties précédentes).

Certes, "New Hip Moon" est le tube tenace de cet album et on s'en souviendra. A cela s'ajoutent les trois excellents "Crying Wolves", "Crisis" et "Crooked Vein" qui rappellent que Grave Pleasures sait toujours composer des titres au ton plus grave et solennel, créer quelques variations d'intensité et prendre aux tripes. Dommage qu'on doive attendre le final "No Survival" pour entendre une basse au premier plan à la Sisters Of Mercy qui transpire le siècle dernier. "Utopian Scream" devait sans doute être l'un des tubes aux côtés de "New Hip Moon", mais c'est un titre un peu trop bancal pour une entrée en matière, il aurait sûrement bénéficié d'un meilleur placement en passant en second.

On continue de se faire entraîner et charmer par le chant si particulier de Mat, par des structures parfois lascives, parfois totalement déchaînées. Mais il est difficile de ne pas comparer "Dreamcrash" à "Climax" quand le fossé se creuse autant, notamment car le changement de nom et de line-up forcent presque à constater quels élements ont dû se transformer en chemin. Il est également assez rare d'avoir un premier jet aussi excellent, aussi encensé par tous, pour se retrouver avec une suite qui baisse de quelques degrés en qualité. "Dreamcrash" est loin d'être un mauvais album, Grave Pleasures prouve à nouveau à quel point le projet est pro, carré, dans l'ère du temps, mais il montre également que le projet atteint un stade d'essoufflement et de perte de vitesse.

1. Utopian Scream
2. New Hip Moon
3. Crying Wolves
4. Futureshock
5. Crisis
6. Worn Threads
7. Taste The Void
8. Lipstick On Your Tombstone
9. Girl In A Vortex
10. Crooked Vein
11. No Survival

Les autres chroniques