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dimanche 13 septembre 2015

Shining + The Great Old Ones

Divan du Monde - Paris

S.A.D.E

Chroniqueur doom, black, postcore, stoner, death, indus, expérimental et avant-garde. Podcast : Apocalypse

Pour débuter sa tournée française avec The Great Old Ones dans ses bagages, Shining a choisi la capitale, en faisant escale au Divan du Monde. Retour sur cette première date.

Ce sont donc les Bordelais de The Great Old Ones qui entament les hostilités, un portrait de HP Lovecraft en fond de scène et le fameux Chtulhu en fer forgé accueillant les visiteurs de cette terre hostile qu'est leur post black metal rampant et suintant. Le titre Je ne suis pas fou mène le premier assaut, une fois le sample passé, la lourdeur dense et poisseuse de TGOO écrase le Divan. Le son est puissant, trois guitares sur scène c'est toujours la branlée, le tout soutenu par une basse bien épaisse et une batterie massive, et vous voici dans les limbes glauques de la mythologie lovecraftienne. L'éclairage reste dans des teintes bleues/vertes tout à fait appropriées, on baigne dans cette ambiance aqueuse et visqueuse que produisent les leads de guitares, cette sensation de liquidité dans la musique terriblement palpable en live. Un seul petit reproche sur le son de batterie, qui, par moment, fait un peu trop claquer la caisse claire, mais c'est de l'ordre du détail. TGOO aura donc bien fait le boulot et préparé un Divan déjà bien plein pour Kvarforth et sa bande.

Le plateau est installé pour Shining, exit Lovecraft et Chtulu, et bienvenue aux bannières à l'effigie du groupe. A 21h pétante, le Divan est plongé dans le noir et Den Påtvingade Tvåsamheten résonne en guise d'introduction à la grand messe. En toute logique, c'est Vilja & Dröm qui suit derrière avec le premier "Ouharr" de Kvarforth (si vous avez une meilleure idée pour retranscrire cette signature vocale, je prends !). Rien qu'avec ce premier titre, toute la grandeur de Shining est mise en lumière : puissance de la haine, fragilité de la tristesse, le tout enchainé, imbriqué, comme si l'ensemble ne forme qu'un seul état de l'âme. Shining est ici pour défendre IX - Everyone, Everything, Everywhere, Ends et poursuit donc avec Framtidsutsikter qui est peut-être le meilleur titre de ce dernier album. Le chant Kvarforth est clairement hallucinant, il arrive à sortir avec la même aisance des beuglements à la limite de l'humain et des refrains d'une fragilité subtile, passant de l'un à l'autre sans la moindre difficulté. La suite est encore un extrait du dernier né de la famille : Människotankens Vägglösa Rum. Le son est précis, le riff tout biscornu de ce titre est parfaitement retrancrit dans ses nuances, et quand il faut que ça tape lors du passage en blast, la puissance est là.

Démarrent ensuite les cordes qui introduisent Besvikelsens Dystra Monotoni, mon titre préféré du groupe et là orgasme absolu, putain ce groupe est trop bon. On reste sur Halmstad avec, sans transition, un Neka Morgondagen qui rajoute encore dans la puissance. Kvarforth s'est entre temps muni d'une cravache avec laquelle il titille les premiers rangs (vous en pensez ce que voulez, mais je trouve les rasoirs plus stylés) tout en arpentant la scène d'un bout à l'autre. Les autres membres ne sont pas en reste, le bassiste gratifiant le trou de balle qui slamme en tapant le pied de micro d'un bon doigt d'honneur. Dans une pause entre deux morceaux, Kvarforth s'adresse au public "Paris, do you like Peste Noire ? Here's Famine !" et voilà que débarque le leader de KPN. Kvarforth s'éclipse laissant Famine au micro, mais sa prestation sur Fields Of Faceless restera malheureusement anecdotique, son micro refusant de sortir le moindre son pendant un bonne partie de son intervention. Après le retour de Kvarforth aux manettes, le set continue avec un enchaînement Eradiction Of The Condition/Ohm fort plaisant, mais surtout mon titre préféré du groupe (oui je sais c'est la deuxième fois que je dis ça, parfois, il est impossible de choisir) Låt Oss Ta Allt Från Varandra. Il manquera juste la cow-bell sur le rédémarrage après l'accalmie pour que le titre soit complètement parfait, mais encore une fois c'est du pur chipotage. Pour la fin de parcours, Fullständigt Jävla Död Inuti et son refrain entêtant poursuit cet excellent concert. Ayant douché les premiers rangs au Jack Daniels en début de set, Kvarforth se fait pardonner en mangeant un crachat recueilli dans sa main gantée (!), le tout entre deux "Ouharr". "Satanas worldwide" nous fait chanter le groupe en guise d'adieu et c'est l'interlude Åttiosextusenfyrahundra qui sert de berceuse pour clore cette soirée.

Avec une setlist aux petits oignons, un son impeccable et une salle parfaitement appropriée pour un groupe de cet envergure, cette soirée a été énorme. Des groupes comme Shining, avec une discographie sans réel point faible, il n'y en a pas des masses et quand on voit la qualité de leurs prestations live, il ne me reste qu'à vous prévenir qu'il y a encore six dates à cette tournée et qu'il y en aura forcément une pas trop loin de chez vous.

Setlist :

01.Vilja & Dröm
02.Framtidsutsikter
03.Människotankens Vägglösa Rum
04.Besvikelsens Dystra Monotoni/Neka Morgondagen
05.Människa O'Avskyvärda Människa
06.Fields Of Faceless
07.Eradication Of The Condition
08.Ohm
09.Låt Oss Ta Allt Från Varandra

10.Fullständigt Jävla Död Inuti
11.For The God Below

 

Merci à l'organisation, à Garmonbozia et à Caroline pour la setlist !