
Chroniqueur Punk Hardcore, bassiste dans JEANNE et MIND AWAKE, chanteur dans GALERE, posteur régulier sur DROIDxRAGE. xVx
Parfois, j'ai vraiment l'impression d'être un peu trop naïf et d'apprécier tout ce qui me passe sous le nez sans trop d'esprit critique, ou alors au contraire d'être aigri et dur dans mon jugement. Dans le même ordre d'idée, depuis que j'ai commencé à écrire pour Horns Up, j'ai l'impression de n'avoir donné de bonnes critiques qu'aux groupes américains.
Il y a quelque temps de ça, Maurice de Backbite Records m'a donné quelques uns des disques qu'il a sorti récemment. Non je n'ai pas acheté tout le catalogue du label. Aujourd'hui on s'attaque au dernier que j'ai eu entre les mains (pour le moment) et je peux vous dire que j'ai été assez surpris par ce que j'ai entendu. Des trois albums que j'ai eu à chroniquer, celui là fait vraiment office de coup de cœur. Le meilleur pour la fin comme on dit.
Les CONTAINER viennent de Düsseldorf, en Allemagne, et ont sorti leurs dernier effort en Octobre dernier, vous savez sur quel label, après une première démo en Décembre 2013. Un EP qui s'appelle The Celtic Kiss. Excusez moi pour mon inculture mais je ne suis pas bien sur de saisir la référence ici, et internet ne s'est pas montré très coopératif pour m'aider. Donc si jamais quelqu'un lit cette chronique et qu'il se sent charitable, je veux bien qu'on m'éclaire sur la question.
J'aimerais m'arrêter sur l'un des premier points négatifs de l'album, parce-que je suis comme ça, même quand j'aime quelque chose je trouve toujours à redire et en plus c'est par là que je commence. Alors certains diront que je suis un peu matérialiste et regardant sur l'aspect extérieur des choses mais qu'est ce c'est que cet artwork ? J'ai mis beaucoup de temps à comprendre ce que représentait le dessin et même avec ça, j'ai un peu de mal à apprécier ce que j'ai sous les yeux. Désolé d'insister là dessus, mais un vinyle est aussi fait pour être un objet que l'on regarde, et là on en a pas très envie.
Heureusement, on oublie vite ce détail, parce-que le contenu est vraiment intéressant. Par contre il vous faut aimer COLD WORLD, parce-que si cet album prend bien influence d'un groupe, c'est celui là, parfois même de manière un peu trop évidente. Bon, aucun sample de hip-hop ici, mais pas mal de vocalises sur des riffs parfois un peu heavy metal. Ceci dit, ce n'est pas mal fait, et c'est même bien pensé. Donc même si le premier morceau s'ouvre sur un riff un peu bateau, je vous conseille de ne pas vous arrêter là. Wisdom est déjà plein de bonnes idées et on sent qu'il y a clairement eu de la réflexion derrière chaque plan. Seule la partie parlée au milieu de la piste est un peu dérangeante, principalement en raison de l'effet qui a été posé sur la voix. Mais c'est peut-être une coutume locale, parce que NASTY sort le même genre de plans qui ont le même problème. Outre ça, l'ensemble est assez fluide, tient la route et les parties lourdes ou stoner qui d'habitude me font un peu grimacer passent inaperçues.
Comme sur la piste suivante, chanson éponyme, qui commence directement par un riff bluesy et me fait limite penser à un truc que EYEHATEGOD aurait pu écrire. Mais, étrangement, je trouve ça plutôt intéressant, surtout pour passer plus tard à un plan plus Thrash avec de la double pédale. Ca s'enchaîne relativement bien. C'est d'ailleurs ce qui me parle dans cet EP : la cohérence. Les morceaux sont fournis en références, avec des riffs et constructions originales, sans pour autant qu'il y ait des éléments qui ne paraissent pas à leur place. A vrai dire, j'ai même fini par écouter le reste de l'album d'un trait, chaque titre apportant son lot de surprises. J'en arrive même à la fin de Bone Crusher, qui clôt l'EP avec un riff digne de SLAYER, à me dire que c'est un poil court. Même si une telle durée n'est pas en soi une mauvaise idée, un morceau de plus pouvant ajouter une longueur dont on ne veut pas entendre parler.
Après, dans tout ce beau travail, je trouve quand même le chant parfois hors du temps ou alors trop banal justement, prenant appui sur chaque premier temps des mesures. Je serais même tenté de dire qu'il manque légèrement de flow par moment, trop concentré à vocaliser certainement. L'intro de Vulture #1 tombe dans un cliché à la BULLDOZE, big up à la famille en Allemand. Ça me met toujours mal à l'aise ces trucs là. N'en déplaise aux amateurs. Pour les paroles, ça reste très personnel, la vie est dure et nous aussi, très NYHC encore une fois. J'ai lu une interview du chanteur de FIRE & ICE récemment qui disait que c'était une sorte d'exutoire contre la pression de la société. C'est peut-être la même chose dans ce cas, mais dans le style critique du monde qui nous entoure, je suis plus LION OF JUDAH ou ORCHID si vous voulez mon avis. Et puis les fameuses références de bastons... Peut-être que le chanteur est un grand bagarreur, mais je trouve toujours drôle de lire des trucs comme ça. Enfin ce n'est pas tout à fait mon genre de textes, mais ce n'est pas très important. On joue du punk hardcore pour s'exprimer au final.
Pour en revenir sur ce que je disais au début, ce disque m'a surpris. Je ne m'attendais pas du tout à quelque chose dans ce genre, avec de très bonnes idées et surtout, très peu de mauvaises si je puis dire. Les compos sont fouillées, les riffs réfléchis. Et même si on tombe sur quelque plans bateau par-ci par-là, ça n’entache pas un ensemble de très bonne facture. La production en elle même ne gâche pas le son, qui dans ce style aurait pu prendre une tournure bien plus metal que celle là. Hormis la pochette, qui est un détail sans trop d'importance au final, et le chant/paroles qui ne sortent pas tellement de l'ordinaire, c'est un bon EP que les Allemands nous ont sorti et je serais curieux de voir la formation en live, histoire de voir de quoi ils sont capables sur scène. Si vous aimez le hardcore relativement lourd et groovy et que vous avez déjà fait le tour du sujet, je ne peux que vous conseiller ce disque.
Tracklist:
1. Wisdom
2. The Celtic Kiss
3. Vulture No. 1
4. 80% Sweet, 20% Bitter
5. Bone Crusher