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Album

08 avril 2015 - Balin

Kerasphorus

Cloven Hooves at the Holocaust Dawn

LabelNuclear War Now Productions!
styleBlack/Death
formatAlbum
paysUSA
sortiefévrier 2010
La note de
Balin
8.5/10


Balin

Matthieu, 24 ans, basé à Nantes. Ancien membre d'U-Zine et de Spirit of Metal. Vous me retrouverez pour les chroniques et live reports de divers styles musicaux.

Combien d’entre vous ont, comme moi, versé toutes les larmes de leur corps lorsqu’ils ont appris le split d’Angelcorpse en 2009 ? Beaucoup, je sais. Mais combien ont été mis au courant que Pete Helmkamp, notre beugleur favori, venait de fonder un autre projet très alléchant ? Très peu croyez-moi. L’emblématique chanteur/bassiste quitte également au même moment Revenge et peut donc enfin pleinement consacrer son temps à un seul et unique projet. Pour ma part, la présence du bonhomme dans un projet est généralement signe de très grande qualité car outre les erreurs de parcours que sont Feldgrau et Terror Organ (sérieusement…), Angelcorpse, Revenge et Order From Chaos sont pour ma part trois énormes piliers de ma culture musicale. Mais revenons à nos moutons. Kerasphorus est une entité formée en 2009 par Pete Helmkamp au chant et à la basse et B. Wolaniuk (ex-Horn of Dagoth) à la guitare. La batterie session est quant à elle assurée par… James Read (Conqueror/Revenge, Cremation, Axis of Advance et j'en passe) !

« Eat of the fruit of the poisoned tree / The prophets of infinity. »

   Cloven Hooves at the Holocaust Dawn est le premier des deux enregistrements publiés par Kerasphorus et voit le jour seulement un an après la naissance de la formation via Nuclear War Now Productions !. Magnifiquement illustré par Devil Joe, l’illustration de ce premier EP est aussi alambiquée et énigmatique que la musique du trio américain. En effet, il y a derrière ces quatre titres de Black/Death un véritable message sur lequel il conviendra de revenir après s’être attardé sur le principal ici, la musique.

  « Offerings to the otherside / Mortality as ritual. »

   Il est très difficile de caractériser par de simples mots la musique de Kerasphorus. Les trois musiciens viennent de la scène Black/Death bestial et leur travail commun au sein de Kerasphorus s’en rapproche beaucoup mais on y trouve une touche de folie et un aspect déstructuré que ne possède pas la grande majorité des groupes de cette scène. La production est excellente et permet de discerner l’ensemble des instruments. Ainsi on trouve un riffing très personnel, très alambiqué, alternant entre parfois du riffing tronçonneuse mais le plus souvent des arpèges chaotiques et des breaks apocalyptiques (Disturb the Furthest Stars), le tout couvert des incessants blast-beats de la machine de guerre James Read. Le chant de Pete Helmkamp n’est plus vraiment à présenter mais sachez qu’il est ici très mis en avant, vociférant avec la haine qui lui est propre ses textes en anglais ou en latin.

« Alone in utter darkness / Living to destroy the light. »

   L’influence principale n’est étrangement pas à chercher du côté de Revenge, mais plutôt d’un Angelcorpse à la thématique plus mystique et bien plus porté sur l’ambiance. Plus philosophique que guerrier, ça bourre tout de même sec, mais le trio sait proposer des passages plus aérés (ces fameux arpèges) ou mid-tempos (Aosoth Paradigm ou Swarm Intelligentsia). J’employais plus haut le terme déstructuré et il est vrai que la structure des morceaux étonne aux premiers abords. En effet, on est bien loin du schéma intro/couplet/refrain/couplet/refrain/break/solo/refrain mais la structure est sensiblement la même pour chaque titre de cet EP.

« From Kain to katharsis / Portal to the great majesty. »

   Je vous invite également à lire les textes de cet excellent EP pour entrer davantage dans l’univers du groupe. Pete Helmkamp a écrit deux livres, The Conqueror Manifesto relatant la suprématie de l’hérétique et Controlled Burn dont vous trouverez quelques scans sur Cult Nation (mais chut, je ne fais pas de pub pour la concurrence). Les deux sont malheureusement très difficiles à trouver mais pour faire bref, notre joyeux luron range ses écrits derrière une certaine philosophie de l’ascendance et prône la valeur du fort tout en maudissant l’incapacité du faible en s’inspirant en premier lieu des écrits de Nietzsche (l’Antichrist) mais également de Mark Twain (Lettres de la terre), Nicolas Machiavel (Le Prince) ou Sun Tzu (L’art de la guerre) pour ne citer que ceux-là. L’inversion de l’ordre chrétien, la condamnation du genre humain, l’annonce prochaine de l’arrivée salvatrice d’un messie de l’hérésie ainsi que diverses mentions relatives au cosmos font partie de ce que vous trouverez par exemple à l’intérieur de ce livret.

« From genocide to genesis / The flesh is weak / Exhort abyss. »

   Cloven Hooves at the Holocaust Dawn est sans aucun doute un des EP que j’ai le plus écouté pour toutes les raisons que je viens d’évoquer. Faisant partie intégrante de la scène Black/Death bestial tout en s’en démarquant légèrement par certains aspects purement musicaux, l’apocalypse et la colère qui se dégagent de ces quatre titres font que j’y reviens très souvent. Il est d’autant plus dommage que la formation publiera l’année suivante un EP de deux titres de la même veine avant de se séparer définitivement, tuant dans l’œuf ce qui aurait pu devenir un grand nom du genre, mené par des musiciens de génie.

« New age of the man and beast / The flesh is weak. »

Setlist:

1. The Abyssal Sanhedrin
2. Aosoth Paradigm
3. Disturb the Furthest Stars
4. Swarm Intelligentsia