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mardi 24 mars 2015

Ensiferum + Insomnium

Bataclan - Paris

Michael

Avocat le jour, rédacteur sur Horns Up la nuit et photographe à mes heures perdues.

Il y avait comme un petit air de Finlande en ce lundi 23 mars 2015 au Bataclan. Au programme, du death mélodique et du folk/epic jusqu’au bout de la nuit avec les trop méconnus Omnium Gatherum, les géniaux Insomnium et la tête d’affiche du soir : Ensiferum.

Venus faire la promotion de leur dernier album One Man Army, qui ne nous aguère enchanté chez Horns Up, Ensiferum a de nouveau passé haut la main le test du live en comblant les lacunes qui avaient pu être les leurs par le passé à savoir un manque de communication et des musiciens en retrait. De quoi ravir un Bataclan dans sa formation « restreinte » avec un balcon fermé au public.

Retour sur la soirée en texte et en images.

Insomnium :

Comme c’est désormais souvent le cas, les concerts commencent à 18h30 à Paris, de quoi empêcher tous ceux qui travaillent et ne peuvent poser de journée pour un concert à manquer toutes les premières parties. Heureusement que j’avais pu voir Omnium Gatherum au Summer Breeze il y a quelques mois, faute de quoi la tristesse aurait été grande de les manquer aujourd'hui...

En tout cas, Insomnium nous a offert ce soir un show à son image : froid, puissant, intense. Ce n’est pas toujours chose aisée de rentrer pleinement dans un tel concert. Il ne faut pas s’attendre à de longs passages de headbanging ou à une musique festive où tout un chacun peut s’en donner à cœur-joie. Insomnium joue des ambiances, des atmosphères. Mais si vous parvenez à être embarqué par le groupe dans le voyage qu’il vous propose, la soirée ne peut qu’être inoubliable.

Dans un set relativement long pour une première partie, le groupe aura eu l’occasion de parcourir ses cinq derniers albums (aucun titre de In the Halls of Awaiting n’étant représenté), en laissant toutefois la priorité au petit dernier, Shadows of the Dying Sun, avec les titres While We Sleep, Black Heart Rebellion, Ephemeral ou bien encore The Promethean Song. Et le test du live me semble rempli pour ce dernier même si on avait pu émettre quelques réserves à cet égard lors de son écoute.

Côté scène, si Markus Vanhala (également guitariste d’Omnium Gatherum et remplaçant de Ville Vänni depuis 2011) est un tantinet poseur, il donne un peu de mouvement pour un groupe qui, globalement, reste très figé. Mais ce n’est pas une critique, tant l’attitude sur scène du groupe correspond à la musique du groupe. Les quelques grimaces et signes de la main de Niilo Sevänen suffisant amplement à créer ce lien si particulier avec le public.

Au final, Insomnium aura fait du Insomnium avec un show carré et sans concession. Un plaisir.

Setlist :

The Killjoy
While We Sleep
Every Hour Wounds
Daughter of the Moon
Black Heart Rebellion
Where The Last Wave Broke
The Promethean Song
Drawn to Black
Ephemeral
Weighed Down With Sorrow

Ensiferum :

A 20h40, le groupe entre sur scène pour plus d’une heure vingt de show, ce qui est presque inédit tant le groupe nous a habitué, même lorsqu’il était en tête d’affiche (dans le cadre des Paganfest, notamment) à des prestations d’une heure. Et l’on ne va pas se mentir : cela fait bien longtemps que l’on n’avait pas pris autant de plaisir à voir le groupe évoluer sur scène.

Pour ceux qui ont eu l’occasion de les voir de très nombreuses fois, vous aurez constaté toutes les améliorations apportées aux prestations scéniques. Si Petri a toujours un charisme très limité qui en fait un frontman passable (de ce point de vue, en tout cas), le groupe a pris une certaine dimension notamment grâce à Markus et Sami qui ne cessent d’être en mouvement et d’haranguer la foule. Ajoutez à cela le remplacement sur cette tournée de la très timide et toujours en retrait Emmi Silvennoinen par la plus fantasque, souriante et mobile Netta Skog (autrefois chez Turisas) et l’on obtient un concert plus dynamique et qui colle plus à la musique du groupe.

Autre facteur en faveur d’une soirée réussie : la setlist. Ensiferum nous a réservé une flopée de ses meilleurs titres dans le cœur du set. Je veux bien évidemment parler de la très mélodique Smoking Ruins, bien trop rare en live, d’Into Battle et de la festive et faite-pour-se-foutre-sur-la-gueule Ahti.

A noter également, le retour dans la setlist de quelques titres trop souvent oubliés par le groupe comme Token of Time qui n’est, au final, pas joué si fréquemment, mais surtout de Victory Song et Little Dreamer dont on ne comprend toujours pas comment le groupe a pu les ignorer autant de fois. Cette dernière représente tout le génie du groupe dans sa période Jari Mäenpää et mériterait d’être bien plus présente.

Mais la grande question que l’on se posait tous ce soir était relative au rendu live des titres du nouvel album. Et, à en croire le public, le résultat est positif. Si les titres manquent de puissance, de prises de risque et parfois même d’originalité sur cd, il faut reconnaître qu’en live l’effet est tout autre. Two of Spades notamment, et ses interludes chaloupés dans la mouvance disco qui sont plutôt hors sujet sur cd, est très agréable et festive en live. De quoi faire parler tous les détracteurs du genre face à une musique champagne pas très sérieuse. Axe of Judgement et One Man Army auront également fait le boulot en retournant la foule, contrairement à Heathen Horde qui m’a semblé un peu poussive.

Quoi qu’il en soit, le nouvel album aura eu le mérite de limiter les chansons de Unsung Heroes jouées en live tant leur rendu est mitigé. Encore une fois aujourd’hui, l’enchainement Unsung Heroes / Burning Leaves aura un peu fait retomber l’ambiance en milieu de set. On aurait aimé plus de fougue. Quitte à faire dans des titres longs et guerriers, Heathen Throne, Lai Lai Hei ou même Stone Cold Metal auraient fait l’affaire !

Surtout que le son n’était pas trop mal ce soir, à l’exception de l’accordéon de Netta, légèrement en retrait.

Après une Victory Song qui aura plus ou moins mis tout le monde d’accord en dépit de sa longueur, le groupe est revenu sur scène pour nous offrir une reprise de Breaking the Law de Judas Priest. Cela n’aura pas échappé aux fans de la première heure du groupe qu’il s’agissait d’une reprise présente dans l’édition digipack de leur album éponyme. Pour l’occasion, tous les membres ont changé d’instruments : Sami à l’accordéon, Petri à la basse, Markus à la batterie, Janne à la guitare et enfin Netta au chant. Et voilà de quoi donner de la fraicheur aux live du groupe. Par le passé, on a beaucoup reproché au groupe sur U-zine de ne prendre aucun risque et de faire le strict minimum en live. Si certaines choses ont peu évolué avec une communication très légère s’en tenant à annoncer les morceaux pour Petri, Ensiferum a tout de même décidé d’innover avec une reprise et une plus grande implication de Sami avec le public. Il n’en fallait pas beaucoup plus pour faire passer les prestations du groupe dans une autre dimension, et il me semble que cela a été fait ce soir.

Dans un Bataclan sur-climatisé (nous faisant presque regretter l’époque d’un concert Amon Amarth  / The Black Dahlia Murder façon forêt tropicale), Ensiferum aura réussi à faire monter la température et convaincre tout le monde qu’ils sont, en dépit de leurs derniers albums, toujours au top. Et ce n’est pas le final sur Iron qui viendra me faire mentir. On aura vu le public parisien donner le peu qu’il leur restait en s’égosillant sur le refrain avant de rentrer sagement chez lui en se demandant comment tenir jusqu’au weekend après ça.

On en redemande.

Setlist :

Axe of Judgement
Heathen Horde
Into Battle
Little Dreamer (Väinämöinen, Part II)
Warrior Without a War
Ahti
Smoking Ruins
Two of Spades
Unsung Heroes
Burning Leaves
One Man Army
Victory Song
Breaking the Law (Cover Judas Priest)
From Afar
Token of Time
Iron

Merci à Cartel Concerts pour l’accréditation.

Photos