
Un mec qui écrit des trucs.
OMFG ! GORELUST REVIENT ! TROP BI1 OMFG UI UI !
Voilà, donc ça c'est la phrase que personne ne prononcera jamais à part deux-trois hipsters groupies qui se tabarnak en esti d'calisse parce que bon, les come-backs dans tous les sens on commence à s'y être fait et ça va deux minutes, c'est pas non plus un événement. Donc, Gorelust, c'est quoi, pour ceux qui connaissent pas ? Bah c'est un groupe de Québecois qui ont fait du Death Metal au début des années 90. Et ces petits gars ont sorti un album plutôt bien branlé avec leur "Reign of Lunacy" de 1995, un joli petit sous-Cryptopsy qui avait le mérite de faire son job, un poil opportuniste et pas si mémorable mais vu que sur un morceau y'a Luc Lemay en guest bah forcément ça fait passer la pilule parce que c'est des copains et tout ça. Bref, de la troisième zone bien profonde probablement élevée au rang de culte par les archivistes de l'internet actuel, ceux qui creusent partout juste pour mettre sur un piédestal tout ce qui est ancien et citeraient plusieurs centaines d'albums dans les "œuvres cultes" d'un seul sous-genre, la routine avec tous ces groupes. Mais bon, on va pas se leurrer : Gorelust, dès le premier split c'est tombé, ça tapait en concert et ça s'était fait une petite réputation de niche mais c'est tout, presque tout le monde s'en battait les couilles il y a 20 ans, tout le monde s'en battait les couilles il y a un an, et tout le monde s'en battra les couilles dans deux mois ainsi que dans deux ans.
Donc, devant cette horde de come-backs, la résurrection de l'intégralité des cimetières Death Metal de Scandinavie et du Pays de Georges Bush, fallait que nos Québécoué reviennent nous foutre un album avec une pochette qui n'est pas du tout (non du tout) un hommage au premier, et... Et voilà. Les membres d'origine, le style perpétué, la base de la base, tout ce qu'on pouvait en attendre. Sauf que bon, c'est pas qu'on commence à saturer mais un peu quand même quoi. Genre c'est bien, on se retrouve propulsé dans les années 90, avec le niveau des groupes de seconde zone et tout, c'est plein de charme, mais mon Dieu ce que c'est emmerdant tout ça en fait. C'est typiquement la grosse influence, les papys qui ont su comment faire et répètent la formule comme s'il ne s'était rien passé, comme si rien n'avait changé, qu'on était toujours en 1995 et que jamais la pause n'avait été marquée. Sauf que si en fait. En résulte donc une œuvre pas mauvaise mais totalement dépassée et complètement à l'Ouest, ce qui a un certain charme qu'il faut bien reconnaître. On prend un des albums bateaux de l'ère où le Death se pétait la gueule, et en fait on le sort maintenant.
On va dire, on a vraiment trop l'impression d'écouter un groupe qui pilote, ça sonne mou et peu inspiré malgré la technique et la vitesse qui y vont parfois fort (genre, rien de bluffant mais on sent que les mecs se sont donnés). Le problème est déjà imputable au son. Ah bah oui, c'est clair, on entend tout. Mais mon dieu comment les guitares sont léthargiques et ce que la batterie a un son de MERDE, mais cette infamie quoi... Donc déjà ça part pas gâté avec un handicap pareil. "We Are the Undead" sonne mal et ne défonce jamais. Ce qui est dommage pour du Death Metal. En revanche quand je disais que ça sonne mou c'est juste que ça l'est vraiment, adieu la vélocité et l'hystérie bien canadienne du premier opus, bienvenue le Death relativement soutenu mais n'allant jamais au delà des semi-blasts un peu chiants et peu énergiques. Et du coup ça groove tranquillement, ça tape pépère, ça sort quelques bons titres (bien rugueux des fois avec une "City of the Cannibals" parfaitement accrocheuse ou "Farewell to the Flesh" qui se la joue mélodique et sait faire) mais sinon... Sinon c'est vu et revu en long, en large et en travers par des groupes qui n'ont même pas les influences communes. On veut sonner Old School mais si l'esprit y est, rien ne se dégage et on s'emmerde juste devant une musique si peu radicale.
Genre voilà, si on pense DEATH METAL DE VIEUX c'est environ ça qui va nous arriver en tête, toujours "moyen" dans tous ses partis pris, le truc totalement neutre. Pas vraiment quelque chose qui se dégage, pas d'arguments à donner pour écouter cet album plutôt qu'un autre. Certains diront "boah, y'a des bons riffs" sauf que cette phrase c'est quand même un peu le "oh, il est gentil" du Metal, et si c'est pour foutre un album dans la Friendzone autant passer son chemin. Pourtant ils font des efforts en repiquant des trucs à tout le monde (le titre d'ouverture ressemble à un Blind Test tellement on enchaîne toutes les quatre mesures un riff pompé à un groupe différent, pour un rendu pas désagréable mais ici isolé dans son concept) .C'est même presque attendrissant de les voir d'un coup se vautrer dans une énorme Slam Part gerbouleuse sur "Penetrating the Weak", comme si ils voulaient nous dire que eux aussi ils étaient à la page, que le groupe est pas dépassé et qu'il a écouté les dernières sensations en vogue. Sauf que si le riff en question est tout sauf dégueu, ça sort tellement de nulle part que plutôt que circle piter du jambon on hausse les deux sourcils. Genre juste... Bravo les mecs, vous savez tout faire, z'êtes capables d'imiter les identités des autres en moins bien, mais la base de votre musique actuelle c'est un Death un peu ringard donc on sent que ça a rien de naturel. On salue l'effort, mais on n'y revient pas, donc bof.
Bref. Les bonnes intentions, c'est bien. Mais tout le monde peut se foirer. Ici, Gorelust a déballé toutes ses ambitions, cherché à sortir un album dans la continuité de ce pourquoi on les a connus il y a deux décennies tout en s'actualisant histoire de paraître pas trop démodés. Le résultat est grotesque, sonnant bizarrement infiniment moins brutal que "Reign of Lunacy" en raison d'une sagesse de composition incompréhensible (mais où sont les déferlements de furie chaotique qui changeaient tout bordel ?) couplée à des idées balancées dans tous les sens mais n'ayant jamais aucun liant ni cohésion. Après, ça s'apprécie en bruit de fond, quand on n'en extrait qu'un riff ou deux de la masse tout en se touchant la nouille ou en tapant des zombies. Mais bon hein, si c'est juste histoire de sauver des bouts de machins, autant laisser tomber et plutôt se concentrer sur un des 12 albums de fous furieux qui valent le coup sortis durant les 3 dernières heures. Mais en tant que come-back oubliable d'un groupe de seconde division, on en attendait de toute façon pas beaucoup plus.
Tracklist :
1 – Lunacy Still Prevails...
2 – Rape the Rapist
3 – Entering the Kill Fest
4 – There is No God
5 – We are the Undead
6 – Penetrating the Weak
7 – City of the Cannibals
8 – Decapitated the Holy Whore
9 – Farewell to the Flesh
10 – Wretched Life