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Album

05 février 2015 - DarkMorue

Slugdge

Gastronomicon

LabelTorn Flesh Records
styleDeath / Black / Sludge / Lovecraft / Limace
formatAlbum
paysAngleterre
sortiejuin 2014
La note de
DarkMorue
8.5/10


DarkMorue

Un mec qui écrit des trucs.

Y'a pas à dire, les metalleux ils font vraiment n'importe quoi. Certaines personnes peuvent être un peu dérangées, délirantes, mais à part dans des trucs totalement underground obscurs de caves au Japon et en Russie, pour faire de la merde et te sortir un concept aberrant puis marcher jusqu'au bout, notre musique est la plus forte. On a eu le Black Metal sans guitares qui fait l'apologie des plantes avec Botanist. Le Porngrind qui est une aberration à lui seul. Des crevards qui font du Metal au Violoncelle et remplissent les stades on sait pas comment, des petites japonaises qui cassent des gueules tout en Kawaii, Devin Townsend qui parle d'extraterrestres shootés à la caféine, un groupe avec un perroquet en frontman, ou Austrian Death Machine qui base sa disco sur... Arnold Schwarzenegger. Sinon on a aussi Anal Cunt et Steel Panther. Pour ne citer que des projets relativement influents. Voilà, un rapide tour d'horizon qui nous mène au candidat du jour. Slugdge. Le nom en dit déjà long. On a affaire à un groupe de Metal Extrême qui base ses paroles sur une forme d'occultisme champêtre étrange, nous contant les histoires torturées d'une entité Lovecraftienne sous la forme d'une limace géante intergalactique. Eh ben on est pas dans la merde avec ça.

Nom de groupe génial. Pochette totalement dingue avec même un mage qui tient un sceptre en forme de tête d'escargot. Titres parfaits avec des jeux de mots tous plus nuls les uns que les autres. On tient une perle. Le meilleur humour du monde. Des anglais, bien évidemment. Mais alors, dès qu'on attaque les choses sérieuses et qu'on se bouffe la musique, là tout de suite ça déconne moins. Slugdge m'a soufflé. Bluffé, retourné, foutu au sol et couvert de sel. Si on devait donner le genre, à vue de nez on penserait que c'est du Sludge vu que bah c'est écrit dessus, mais nope. L'entité est un hybride de Metal Extrême, des gros bouts de Black/Death un peu sales, avec des voix tantôt grasses tantôt criardes, qui s'emmerde pas de catégorisations et incorpore partout des riffs Sludge (faut bien quand même hein), épiques, passages ambiants et chant clair au timbre ressemblant comme deux gouttes de bave à celui de Vintersorg. Et croyez moi, au final ça en impose. Je pensais à une grosse blague mais ça déconne pas et on tombe vite sous l'emprise de cette monstruosité hybride totalement à part.

Gastronomicon fait suite à un premier album moins convaincant mais à la pochette géniale pissant allégrement sur la tombe de John Martin. Sorti en Juin 2014 et disponible gratuitement sur le Bandcamp du groupe. Deux gus qui se partagent le taff, une batterie programmée admirablement, et une grosse claque. La production maison est dense et obscure mais polymorphe et s'adaptant à tout, et transporte direct dans un monde hanté, cotonneux et bourré de monstruosités tapies dans l'ombre. Et ce par de longues compositions tortueuses, allant de 5 à 8min, sachant se renouveler et frapper fort tout en restant alambiquées. Que ce soit le titre éponyme qui ouvre l'album sur les chapeaux de roues avec des riffs énormes, un gros brisage de nuque Sludgy qui défonce en fin de parcours et nous plonge dans une ambiance glaçante et percutante faite d'entités gastéropodes des plus malfaisantes... Ce growl globuleux, ces envolées lyriques prenantes, putain c'est fantastique. Et chaque titre se débrouille pour ne pas ressembler à son voisin mais avoir ses moments forts. J'ai un petit faible pour "Slimewave Zero" qui dès l'intro se met en mode Hardcore et envoie dans le pit castagner des feuilles mortes (non mais ce riff qui hurle BAGARRE BAGARRE BAGARRE quoi), mais rien n'est en reste. Rien. "Gastronomicon" poutre en long, large et travers, c'est tout.

On a toujours sur tous les morceaux LE riff sponsorisé gras du guetto qui met un coup derrière la nuque certifié gagging, le moment épique en puissance, le gras et la vitesse. C'est juste une question de dosage. "Pax Aranea" est de loin le plus envolé avec son motif mélodique récurrent, mais "Invertahate" n'est pas en reste et sert sur la fin un bel uppercut. Là où "Salters of Madness" (non mais ces titres les mecs vous êtes des génies) se fait véritable panzer Black/Death en opposition à une "Lettuce Prey" (HAHAHA) de loin plus aérée et progressive que le reste ou la puissance des incantations claires/obscures de "The Sound of Mucus" qui prend aux tripes. Non mais voilà quoi. C'est de la triche. Ces 46min d'une intensité folle défilent à la vitesse de la lumière, et on se surprend de prendre un plaisir aussi ultime à suivre la musique d'un groupe auquel on ne s'est à la base intéressé que parce qu'il parlait d'Evil Limaces Anti-Cosmiques. C'est ce genre de claque qui fait le plus de bien.

Découvert totalement sur le tard, "Gastronomicon" est l'un de mes sommets de 2014. Gros melting-pot de Metal Extrême à la fois puissant, épique, frontal, rageur et sombre, passant d'un genre à l'autre avec une aisance et un naturel qui coupe le souffle, en livrant au shaker un gros gloubiboulga de plans qui poutrent avec un second degré qui fait mouche et qui change tout. Et le pire dans tout ça, c'est qu'il y a rien de pro nulle part. Tout est fait maison et l'album n'est même pas disponible en physique. Alors s'il vous plait, intéressez vous, soutenez le projet, faites leur des câlins. Tout pour que ce genre de trucs perce et puisse viser encore plus ambitieux. Surtout quand on voit à quel point le nouveau titre venant juste de sortir, "Spore Ensemble", est jouissif au plus haut point.

Snail : Attiré par le délire, resté pour l'énorme baffe, tout amateur de Metal Extrême quel qu'il soit ne doit surtout pas passer à côté d'une telle entité.

Tracklist

1- Dark Side of the Shroom (Intro)
2- Gastronomicon
3- Lettuce Prey
4- The Sound of Mucus
5- Slimewave Zero
6- Invertahate
7- Salters of Madness
8- Pax Aranea

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