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Album

01 février 2015 - Dolorès

Ascension

The Dead Of The World

LabelWorld Terror Committee
styleBlack Metal
formatAlbum
paysAllemagne
sortiedécembre 2014
La note de
Dolorès
5.5/10


Dolorès

Non.

Il semblerait bien qu'Ascension ait tout plaqué pour recommencer dans un nouvel élan. Quatre ans d'attente pour voir éclore un premier EP, "Deathless Light", une petite mise en bouche avant l'album. Un nouveau logo apparaît, complètement indéchiffrable quand on ne sait pas de quel groupe il s'agit, et d'ailleurs même pour un fan il faut un certain temps pour remettre en forme le puzzle, retrouver chaque lettre.

"Consolamentum" étant également sorti un 24 décembre, c'en est presque intrigant. On peut bien se demander si c'est un moyen de contester la dominance religieuse et/ou de fêtes qui peut régner sur ce jour ou si c'est simplement un cadeau de Noël aux fans (l'un n'empêchant pas l'autre).

Bien qu'il y ait déjà un changement esthétique au niveau logo et pochette, cela se poursuit sur les titres. Toujours lourd et dissonant bien sûr, mais on observe une transformation complète dans les compositions et le son. Est-il possible d'établir un lien avec leur tournée à venir avec Bölzer? Sans que les compositions soient similaires ni vraiment comparables de manière sérieuse, il y a des structures qui en sont proches ("Unlocking Tiamat") et ce son de guitare dissonnant, grinçant, particulier, qui ressemble quand même à ce qu'on peut trouver chez les Suisses.

Sans cela, aucun doute qu'on a bien affaire au groupe Black, à tendance occulte, qu'on connait bien. Sa particularité est toujours de ne pas sombrer dans les mélodies omniprésentes. Ascension se contente de quelques soli, utilisés avec modération ("Deathless Light", et l'arrivée d'une partie guitare lead, se cloturant en solo, qui rend le passage assez épique dans son genre).

Il semblerait, en traînant un peu sur le net, que je n'aie pas écouté les mêmes morceaux que tout le monde, lorsque je retiens de l'album ses titres plus rythmés, sa production au résultat bien propre, un album jouant plus sur la variété des riffs, du tempo. A l'inverse, "Consolamentum" avait plutôt tendance à instaurer une ambiance et agir en fonction, la développer, jouer sur ses nuances. Ici, ça valse un peu sans cohérence, cherchant encore une stabilité, laissant l'atmosphère de côté, beaucoup moins prononcée. Finalement la production joue aussi, rend l'album plus clair, plus net, où on perd un peu la touche du groupe. Le chant lui-même perd de son naturel avec un mix qui noie toutes les aspérités de celui-ci, le fait passer au second plan quand son aura malsaine était indispensable auparavant.

C'est finalement de cette manière qu'Ascension a choisi de se renouveler musicalement. "The Dead Of The World" semble choisir plusieurs voies à la fois, encore tâtonnant. Si cette nouveauté est la bienvenue, elle permet aussi de se rendre compte que les précédentes sorties n'en avaient clairement pas besoin pour offrir tout de même d'excellents titres.
... Et qu'une fois passée la bonne surprise de ces nouveaux morceaux complexes, prenants en apparence, on reste un peu sur sa faim. Les titres manquent d'identité, non seulement d'une ligne directrice plus marquée, mais aussi manquent de continuité avec ce qu'ils avaient fixé auparavant. Même après de nombreuses écoutes on réussit à les confondre. Puis, on manquerait presque d'un titre à la "Rebellion Flesh" du précédent opus, qui avait cet effet de ralenti qui est le bienvenu entre deux titres assez violents, une variation nette dans l'album entier et pas seulement au sein des morceaux.

Restent des titres clairement très bons, mais simplement trop évasifs, qui perdent en intensité et rendent l'immersion plus difficile. A l'inverse, le chant reste beaucoup trop constant, on aurait peut-être attendu un peu plus de spontanéité, quitte à ce qu'il soit plus maladroit.

On retiendra tout de même "Death's Golden Temple" même si je me serais bien passée des quelques échos à Behemoth, "Black Ember" (qui, finalement, se rapproche plus de ce que le groupe proposait par le passé), ainsi que "Unlocking Tiamat" ou le titre où les nouvelles idées fonctionnent plutôt bien. On y voit ce qu'on attendait du groupe : du rythme, du dynamisme, des accents martiaux qui se transforment pour devenir épiques.

En ce sens, "Mortui Mundi" est à la fois un des meilleurs titres et l'un des plus frustrants. Achever l'album par un morceau qui file dans tous les sens, et un léger temps mort aux rythmes martiaux qui revient vers nous dans un crescendo... pas aussi puissant qu'on l'aurait espéré. Il devrait être interdit de faire monter en puissance un titre de cette manière, le laisser s'étirer et s'essouffler, en sachant que l'auditeur attendra une explosion finale, si celle-ci ne vient jamais et laisse l'opus se cloturer ainsi.

Difficile d'y trouver son compte quand on ne s'attendait pas à cela. Ascension n'est pas non plus décevant sur "The Dead Of The World", il est difficile de leur lancer des reproches quand leurs titres sont techniques, maîtrisés, carrés et passent par de très bons riffs accrocheurs. Malgré cela, le changement d'identité est assez soudain, et on y perd une grosse part de l'atmosphère inquiétante, pesante, du ressenti lourd et noir qu'on avait par le passé. A l'heure des sorties Black qui se ressemblent toutes, perdre l'attention de l'auditeur lors d'un changement majeur peut être assez fatal.

1. The Silence Of Abel
2. Death's Golden Temple
3. Black Ember
4. Unlocking Tiamat
5. Deathless Light
6. The Dark Tomb Shines
7. Mortui Mundi

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