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[Tribune Libre] - Amoeba raconte son SummerBreeze

vendredi 7 septembre 2012
Shawn

Anciennement responsable du webzine U-zine.org. Actuellement chroniqueur éclectique et live reporter basé à Toulouse.

Tous les ans depuis 15 ans, la paisible citée médiévale de Dinkelsbühl accueille le SummerBreeze Open Air Festival. Depuis plusieurs année les organisateurs ont mis en place un tremplin pour découvrir de jeunes groupes. Originaire de Strasbourg, le tout jeune groupe de death métal Amoeba nous raconte l'épopée qui les a propulsé sur l'une des scène du festival. Rétrospective de l'aventure vécu de l'intérieur et raconté par Marius, guitariste de la formation.
 

LA SELECTION


Nous sommes le 2 septembre 2012 et au moment où j’écris ces lignes, deux petites semaines se sont écoulées depuis notre retour du SummerBreeze. Il y a encore un peu plus de trois mois, on recevait un mail à l’intitulé ô combien satisfaisant « NEW BLOOD AWARD 2012 : you are among the last 20 bands ! ». Dire que l’envoi de notre candidature, fait à contrecœur et bien après la deadline annoncée du 31 mars, nous avait laissé penser tout le contraire !! Il restait encore à départager les vingt groupes, choisis parmi plus de 2000 participants, pour déterminer les six finalistes qui allaient jouer le 15 août 2012 sur la Party Stage.

Pour cela, un vote fût mis en place sur le site officiel du SummerBreeze, et pendant une dizaine de jours – au grand dam de ma famille, le bac approchant à grand pas – ma principale activité consistait à squatter facebook et à faire tourner le fameux lien. Et puis finalement, sans réelle surprise au vu du temps passé à faire la promo mais tout de même rassurés, on apprenait qu’on allait bel et bien jouer sur le fest, en compagnie de trois groupes (un de metalcore, un de melodeath et un de sludge/doom). Pas beaucoup de blastbeats à l’horizon donc. On était sans conteste le groupe le plus brutal des six et on comptait bien en user.
 

L'ACCUEIL

Deux mois plus tard, après une galère d’ampli de dernière minute qui aura manqué de me faire un ulcère (merci encore S’bastien, si tu lis ces lignes !), Amoebaet son crew-dream-team s’il en est arrivait à Dinkelsbühl par un début d’après-midi ensoleillé. Après répartition des pass et installation de tentes sur le camping artiste, direction les loges, situées juste derrière la scène, histoire de s’échauffer, de boire quelques bières et de taper la discute avec les autres groupes pendant qu’Obscure Sphinx jouait. Rapidement – trop rapidement – fin du set de ses derniers … la pression monte à vue d’œil. On commence à décharger le matos avec l’aide de techniciens du Breeze qui nous prêtent main-forte pour installer la batterie de Louis sur un praticable, transporter et brancher les amplis…

Tout se passe très vite, et on commence une rapide balance alors que déjà s’approchent les spectateurs partis se ravitailler entre les deux groupes. Et là surprise, le son sur scène est énorme, l’ingé-son est super réceptif, monte juste ce qu’on lui demande dans les retours. Je suis hyper nerveux mais caisse claire et grosse caisse claquent super fort dans mes retours comme je l’aime, il y a juste ce qu’il faut de basse et de chant. Les gens s’amassent de plus en plus et on réalise qu’il y a une foule honorable devant nous. J’entends Lucas, le vocaliste, qui grogne « Putain y’a au moins mille personne !! ». Fin de la balance, tout est ok, on se retrouve tous derrière la scène pour un cri de guerre général. Je me sens proche de mes potes comme jamais, on n’a jamais joué devant tellement de monde, on va tout défoncer.




LE LIVE

On rentre sur scène sur les premières notes de notre sample d’intro qui nous laisse le temps de souffler une dernière fois, de regarder les gens … Et puis fin de l’intro, quatre coups de caisse claire et on entame Castigation & Weakness et son début tout en blastbeats : headbang de rigueur. Les deux premiers titres passent très vite et je sens un début pas hyper maîtrisé : même si tout est plutôt carré musicalement, mes pensées sont tournées vers mon ****** de short trop serré qui me fait chier. Ce n’est qu’à partir du troisième morceau que je me détends complètement. Je sens les gens hyper réceptifs et il faut exploiter ça à tout prix ! Je vois plein de types headbanguer au premier rang et ça fait du bien. Lucas hurle sur le début de Our Last Gasp « Circle pit ! Circle pit ! », et il en faut pas moins à nos teutons pour se lancer.

Ca devient vraiment un bordel monstre dans la fosse : après deux mois sans concerts ça fait du bien de retrouver cette sensation sur une si grande scène ! Je me rends rapidement compte que le public est conquis, et j’improvise un wall of death sur l’intro d’un nouveau titre « Do you guys know what an old school wall of death is ? ». Incroyable de voir à quel point le public allemand est chaud ! Martyrdom, l’avant-dernier morceau du set est envoyé à une vitesse impressionnante – 260 bpm sur CD, on devait friser les 280… - et ça passe tout seul, quel pied bordel ! Et déjà la fin du set approche … On remercie l’organisation, les autres groupes et le public qui nous a réservé un super accueil. On fini sur The Dreadful Invocation, notre seul morceau lent, evil au possible. Je monte sur un haut parleur devant la scène – et manque au passage de me péter la gueule – et je regarde le public. Si le bordel s’arrête dans le pit, morceau lent oblige, je sens les hochements de tête approbateurs et les regards comme hypnotisés quand Lucas se roule par terre en lâchant des grognements gutturaux ... Les lights passent à un rouge intense, fixe, et je sens une réelle ambiance qui s’installe pendant les cinq minutes du dernier morceau. On quitte la scène avec une dernière acclamation du public et avec la nette impression, unanime, d’avoir fait notre meilleur set à ce jour.




L'AFTER

Le temps d’aller boire une bière et de discuter avec des metalheads venus de partout qui ont apprécié le show, surtout des allemands donc, mais aussi un français, un groupe d’italiens, puis d’espagnols. Pendant que les deux derniers groupes du New Blood Award jouent, et on se retrouve tous derrière la scène. J’apprends entre autre que le guitariste de Buffet of Fate est aussi l’homme derrière Sophicide – one man band de tech-death plutôt énorme -, et les résultats sont rapidement annoncés : c’est Obscure Sphinx qui rejouera sur le Pain Stage le lendemain, bravo à eux donc ! On croise un type du jury qui nous confie qu’on n’est pas passé loin, la faute à un début de set un peu faiblard … « Et puis vous n’avez que dix-huit ans, vous ne pouvez pas tout avoir ! » qu’il dit ! Mais à ce moment là, rien n’aurait pu m’enlever le sourire, on venait de jouer sur la scène du SummerBreeze et il nous restait trois jours à voir des groupes énormes (à ce sujet, c’est Cattle Decapitation qui me laissa la plus grosse impression, sans oublier Anaal Nathrakh et les grands Krisiun. Dans un registre plus hardcore, les concerts de Terror, Every Time I Die et Born From Pain me mirent aussi de bonnes grosses baffes !).

En bref, une tuerie. C’est comme ça que je résumerais cette aventure au Summer Breeze. Non seulement la première grosse scène pour Amoeba, mais aussi le premier festoche pour chacun d’entre nous… Avec un staff technique et une orga à toute épreuve, et bon dieu que ça fait plaisir de se sentir traité honorablement même quand on est un tout petit groupe sur un énorme festival – on se souviendra entre autre de l’enthousiasme du premier jour en apprenant qu’on pouvait se faire livrer à manger ou ramener à la zone artiste en camionnette… C’était aussi l’occasion pour nous de faire connaître à nos confrères allemands l’étendue de notre stupidité, et je peux parier que les types à côté de nous sur le camping s’en souviennent. Comme ils disent, SCHEIß FRANZOSEN !!!

Marius, Amoeba.


Crédit photo : Nicole Clemens - http://www.lady-metal.com/