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jeudi 11 décembre 2014

Epica + Dragonforce + Dagoba

Le Bikini - Toulouse

Shawn

Anciennement responsable du webzine U-zine.org. Actuellement chroniqueur éclectique et live reporter basé à Toulouse.

J’ai mal à mon Bikini. Je n’aurais jamais pensé un jour commencer un live-report de la sorte, mais aujourd’hui la légendaire salle du sud de Toulouse a déçu. Elle qui habituellement est synonyme de qualité, sonore et visuelle, nous a offert ce soir-là un bien piètre cadre d’accueil à cette affiche. Pourtant, deux jours plus tôt, Arch Enemy et surtout Kreator avaient fédéré une large part du public metal, avec des shows d’une intensité exceptionnelle mais surtout par un son et des lumières mettant clairement en avant les groupes et les capacités techniques de la salle. Ah, beh là on oublie tout ça.

Pourtant l’affiche, quoi qu’un peu étrange, avait de quoi séduire. Beaucoup s’étaient interrogés de voir sur le même plateau Epica, Dragonforce et Dagoba, trois groupes déjà bien établis sur nos terres, mais officiant dans des styles clairement différents. Pourtant, à y regarder de plus près, l’affiche est parfaitement logique, les trois groupes étant sur le même label, Verycords, mais aussi puisque ces formations parlent principalement aux jeunes. Pas surprenant donc de voir une très longue file d’attente devant le Bikini en attendant l’ouverture des portes. L’occasion pour nous de nous glisser en coulisse pour rencontrer Frédéric Leclercq, bassiste de Dragonforce pour une interview, et de revenir tout juste pour voir Dagoba monter sur scène.

DAGOBA

Et il ne fallait pas être en retard pour le début du concert de Dagoba, la formation marseillaise entrant sur scène très peu de temps après l’ouverture des portes. Dès les premiers instants, on sent que quelque chose n’est pas comme d’habitude. Le groupe, en général si expressif sur scène semble bridé. Par la place tout d’abord, la batterie de Franky Costanza étant placée devant celle d’Epica, mais également par le temps de jeu. Dagoba, que l’on a pu voir jouer encore l’an dernier en tête d’affiche à Toulouse avait allègrement rempli la salle du Cap’ et avait offert un show des grands jours. Ici, le groupe, pourtant fleuron du metal hexagonal, n’est réduit qu’à une simple première partie.

C’est donc 6 petits titres que les marseillais nous offrirons. Défendant leur dernier album Post-Mortem Nihil Est, le concert de ce soir est à des lieux de celui donné au Hellfest, point culminant de cette année 2014 pour eux, et dont la prestation a été plaqué sur DVD limité à 2.000 exemplaires, tous vendus en moins d’une semaine. Si Shawter et sa bande est en forme, on sent dès I, Reptile que le son est clairement mauvais. Trop de basse, le chant est introuvable dans le mix, pas assez de clarté, le tout sonne terriblement fouillis, atténuant de fait la puissance sonore habituellement délivrée. Ajoutons à ça des lumières qui mettent difficilement en valeur le groupe, et on a la parfaite recette du show qui avait tout pour être excellent et qui rend outrageusement médiocre.

Pourtant le groupe n’est pas à blamer, puisque Dagoba assure le show. Shawter réclamera circle pit et wall of death, exécuté par un public encore un peu froid. Alors que sur scène, le groupe semble pourtant prendre du plaisir, dans la fosse, l’ambiance est plus mitigée. Effectivement, le public de Dagoba, habitué à évoluer dans un pit ouvert propice aux mouvements de foule se confronte au public d’Epica, plus statique, essayant de se frayer un chemin jusqu’aux premiers rangs, et assez hostile à toute bousculade. Bref, premier groupe, et première déception. Quand on connait la puissance de feu de Dagoba (il suffit de regarder quelques vidéos de ce dernier Hellfest), on ne peut qu’être frustré de voir la machine aussi bridée. Dommage.

I, Reptile
The Man You're Not
The Nightfall & All Its Mistakes
Black Smokers (752° Farenheit)
When Winter...
The White Guy (and the Black Ceremony)
 

DRAGONFORCE

A ce moment du concert, on se dit qu’on ne peut pas vraiment faire pire et que les deux formations restante rattraperont le loupé. La vérité sera bien loin du compte. Autre groupe, et même constat : mêmes erreurs. Le problème est le même : un groupe irréprochable, mouvant, dynamique, mais avec des conditions techniques sonores et visuelles déplorables. Défendant ce soir son nouvel opus sorti cet été Maximum OverloadDragonforce s’échine à prouver depuis des années qu’il n’est pas que « le groupe de guitar-hero », mais que ses compositions et ses nouveaux albums méritent à eux seul l’intérêt du public.

Leur power metal est naturellement très axé sur les aigus, qu’il s’agisse de la voix haute-perchée de Marc Hudson ou des solos de guitare endiablés de Herman Li ou de Sam Totman. MAIS BORDEL ILS SONT OU LES AIGUS ?? Le mix qui sort de la console est une bouillie infâme, surchargé en basse, limité en medium et avec des aigus totalement inexistants. N’importe quel fan de Dragonforce les ayant écouté sur album sait que le groupe est très technique et que leur son mérite une qualité irréprochable pour pouvoir en apprécier toutes les subtilités. Encore une fois on en est loin. Et avec des lumières aussi sombre et un abus flagrant de stroboscope, le résultat nous amène aux portes de la nausée.

Pourtant sur scène, le groupe encore une fois, assure le show. Les duels de guitare font même l’objet d’un véritable sketch tant Sam et Herman se défient. Et que dire du très mobile clavieriste ukrainien Vadim Pruzhanov, qui, lorsqu’il n’est pas derrière son clavier, se balade sur scène avec un clavier amovible à la Alestorm, allant rejoindre ses comparses en plein solo. Frederic Leclercq, le français du combo, s’occupera de la communication entre les titres, lui qui prend toujours énormément de plaisir à se produire en France. Seulement, un show peut être excellent, si les conditions techniques ne suivent pas, l’impact sera nul. Et en effet, même si le son s’est légèrement amélioré à partir de Cry Thunder, pour la désormais célèbre Through the Fire and Flames, c’est tout l’inverse, à tel point qu’il nous faudra quelques 10aines de secondes avant de reconnaître le titre. Second groupe, seconde déception. Notons cependant le très bon baptême du feu de Gee Anzalone, tout nouveau batteur du Dragonforce.

Fury of the Storm
Three Hammers
The Game
Seasons
Symphony Of The Night
Cry Thunder
Valley Of The Damned
Through the Fire and Flames

EPICA

S’il y a bien un genre de metal pour lequel j’ai encore beaucoup de mal, c’est bien le symphonique. Pourtant, même sans l’apprécier franchement, il faut reconnaitre que les groupes du genre nous ont offert dernièrement des concerts de haut vol. Nous avons pour beaucoup en mémoire l’excellent concert de Within Temptation au Bikini en octobre 2011, où même sans apprécier le style, le groupe nous avait fait voyager, bénéficiant d’un son et de lights exceptionnels. Plus récemment, Epica m’a foutu une sévère branlée au Motocultor où la formation hollandaise nous avait démontré qu’un groupe plus calme avait totalement sa place entre Belphegor et ... Six Feet Under (remplacé finalement par Arcania).

Et arrivé au stade de tête d’affiche, il reste en nous un fond d’espoir. Ca n’aurait pas été la première fois que des premières parties essuient les plâtres niveau technique avant d’avoir un headliner où le son et les lights sont impeccables. Pourquoi pas ce soir au fond ? Malheureusement, une fois de plus, l’erreur technique continue avec le même constat : un groupe pourtant très bon sur scène, complètement ruiné par une mise en valeur désastreuse. Ainsi, Epica entre dans un décors de scène sobre et soigné, nous rappelant un peu le concert de Within Temptation où la scène avait le même aspect.

Entrée donc sur Originem, intro de leur nouvel et 7ème opus The Quantum Enigma avant de débuter le set avec The Second Stone. Dès le départ le constat est évident : la voix, pourtant élément principal de la musique des bataves est sous-mixée. On ne l’entend à peine et il faut parfois tendre l’oreille pour faire l’effort de l’isoler du mix. Encore une fois, beaucoup de basses, peu de medium et trop peu d’aigus. La setlist de la soirée met clairement en avant les titres du nouvel album (Chemical Insomnia, The Essence of Silence, The Second Stone, Unchain Utopia, Victims of Contingency) sans pour autant oublier les premiers opus (The Last Crusade par exemple).

La voix de la flamboyante rousse Simone Simons, pour peu qu’on arrive à l’entendre sonne pourtant extrêmement juste, assurant comme toujours le show avec une attitude décontractée et rock’n’roll. La désormais maman depuis un an, semble bien plus épanouie que jamais et cette sérénité s’en ressent sur scène. Même constat du coté de Mark Jansen, le guitariste prennant visiblement beaucoup de plaisir à se produire. Mais pour autant, malgré une prestance scénique et une très bonne communication avec le public, les circonstances nous prouveront qu’un mauvais son peut non seulement gâcher un groupe, mais aussi gâcher une soirée entière. Pour le coup, les 30 euros de la place de concert ont un gout bien aigre …

Originem
The Second Stone
The Essence of Silence
Unleashed
Storm the Sorrow
Victims of Contingency
Fools of Damnation
The Obsessive Devotion
Chemical Insomnia
Sancta Terra
Natural Corruption
Last Crusade
Design Your Universe
----
Cry for the Moon
Unchain Utopia
Consign to Oblivion

En bref, le Bikini nous a montré ce soir un piètre visage, rappelant même par moment le Phare. Pour ma part, le pire concert de l’année. Une véritable incompréhension alors que deux jours plus tôt, la soirée d’Arch Enemy/Kreator était une véritable pépite. A oublier bien vite de nos mémoires. Merci à Veryshow (notamment Yoann et Sabrina pour la logistique).