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jeudi 11 décembre 2014

Combichrist + William Control

Ninkasi Kao - Lyon

U-Zine

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Mardi 02 décembre, ce soir c’est le grand soir, Combichrist revient en triomphe à Lyon, après sa tournée de 2013, pour donner un concert au Ninkasi Kao, que les Lyonnais ne sont pas près d’oublier et pour prouver qu’ils n’ont en rien perdu de leur verve qui les couronne maîtres incontestés de la scène électro-indus.

19h00 tapante William Control monte sur scène, c’est que les gaillards sont ponctuels , premier point positif qu’il faut souligner et peut être même encadrer tant ceux-ci se feront rares tout au long de cette première partie. La fine équipe qui pointe le bout de son nez est pour le moins ... atypique, deux hipsters, l’un au clavier l’autre à la basse, arborant des mèches blondes impeccablement brushingées, un batteur émo sur le retour et un chanteur, indéfinissable, affublé d’un costume noir trois pièces et d’une banane so Elvis Presley. Le groupe a donc tout le champs libre pour faire étalage de ses talents tant le public est perplexe sur les capacités musicales des loustics. Malheureusement pour eux, malgré des efforts réels, la mayonnaise aura du mal à prendre, en dépit même des gesticulations frénétiques du chanteur durant les premiers morceaux, qui ne sont pas sans rappeler, les maintenant cultes, mouvements du chanteur de Joy Division. Côté musical, il faut bien avouer que c’est assez mou du genou, la preuve en est la taille minuscule de la batterie qui sert plus d’entracte comique que de réel instrument, étant réduite à son stricte minium - une grosse caisse, un fût et deux cymbales- ce qui rend les tentatives musicales du batteur, qui joue quasiment à genou en raison de la taille microscopique de son tabouret, tout à fait insignifiantes et répétitives au possible, quand celui-ci ne perd pas ses baguettes en tentant de faire une acrobatie foirée sous le regard mi-hilare mi-empli de pitié des trois premiers rangs. Pour ce qui est de la basse, il est difficile de juger tant celle-ci se fera discrète dans le mixage et manque de bol pour le chanteur, il devra faire avec quelques problèmes de micro au milieu du set. Heureusement qu’au deuxième rang, un pèlerin isolé danse à la manière d’une bacchanale pour redonner un peu de peps à un chanteur visiblement découragé alors que le public refuse tout simplement de pousser la chansonnette quand ce dernier le lui demande à deux reprises sur la dernière chanson.

Le show s’achève, au bout de 30 minutes, sur ce semi échec des William Control devant une salle pour le moins sceptique et insensible avec le show très sage des Américains, mais ne soyons pas trop durs avec eux, visiblement victimes d’une erreur de casting, ils auront au moins réussi à nous faire voyager dans le temps de par les swings dignes du King dont nous a gratifié à plusieurs reprises le leader.

C’est donc un public, pas du tout épuisé par la première partie, qui attend le pied ferme Combichrist, qui se fait désirer, après une longue intro musicale de cinq minutes. Le moins que l’on puisse dire c’est que ce public à besoin de se défouler, puisque dès l’entrée des musiciens sur Today I woke to the rain of blood c’est l’hystérie, les léthargiques spectateurs se mettent à hurler, à faire péter leurs cordes vocales, et à gesticuler avant même qu’Andy n’ait commencé à chanter. La salle est désormais pleine à craquer et la mêlée de pogos-dansants ne fait que confirmer que le monde est bel et bien venu en masse pour voir Combichrist. Le groupe va, en effet, être à la hauteur des espérances de ce public en furie puisque les morceaux qui vont se succéder seront pour la plupart des classiques du groupe, issus de l’album de 2007, à base d’électro bien puissante, qui poussent évidement le public à chanter ou plutôt hurler en cœur, joyeusement, des titres comme This my rifle, Electrohead ou le cultissime Get your Body beat. Côté visuel, le groupe donne tout ce qu’il a de verve sur scène et a visiblement grand plaisir à voir autant d’enthousiasme sur cette date lyonnaise, même si le guitariste n’a pu être présent, car hospitalisé ce soir-là, pour une raison obscure, l’espace scénique est parfaitement maîtrisé par le leader et le bassiste qui n’hésitent pas à faire des va et vient incessants pour haranguer le monde de droite et de gauche. Cette absence n’est, d’ailleurs, pas aussi gênante qu’il pourrait paraître puisque cela permet au groupe de faire péter les basses ce qui renforce encore la puissance du set. Même le batteur n’est pas statique et apporte sa pierre à l’édifice visuel puisqu’il n’hésite pas à renverser des bouteilles d’eau sur sa batterie pour donner un effet sympa et va même jusqu’à faire porter à bout de bras un de ses fûts aux premiers rangs pour pouvoir jouer en avant-scène avant de balancer ce même fût sur le reste de la batterie restée en arrière, au grand damne des roadies qui doivent tout remettre en place en un temps record. Cette frénésie se fait telle que l’on voit plusieurs slammers tenter leur chance et grimper sur scène, mais ce qui marque l’acmé du concert c’est le wall of death impressionnant lancé sur Fuck that shit, dans le dernier tiers du concert ; ce qui dans un concert d’électro est assez exceptionnel pour mettre en lumière la réussite éclatante du show des Norvégiens ce soir. D’ailleurs une fois le set fini après un rappel sur This shit will fuck you up, la salle a bien du mal à se vider et une bonne partie du public continue à s’égosiller dans le vent dans l’espoir de voir les membres du groupe refaire une apparition. Seule ombre au tableau, (juste histoire de nuancer très très légèrement), le peu de chansons tirées de l’album de mars 2014 We love you, carence d’autant plus étonnante que l’album très dansant a reçu un accueil très positif sur les internets dès la parution des premiers morceaux qui auraient donc parfaitement trouvés leur place dans le show.

En définitive, Combichrist, avec un son géré aux oignons saupoudré d’un jeu scénique bien maîtrisé, a donné ce soir au Ninkasi Kao un concert quasi parfait, devant un public furieux et conquis qui sort de cette prestation, épuisé après une heure de danse intense mais plus que satisfait par ce qu’il vient de voir.

Intro - What The Fuck Is Wrong With You? Orchestral Version
Today I Woke to the Rain of Blood
Blut Royale
This Is My Rifle
Can't Control
Throat Full of Glass
Never Surrender
Shut Up and Swallow
Electrohead
Get Your Body Beat
Fuck That Shit
What the Fuck Is Wrong With You?


Encore un grand merci aux groupes, à Chart - Live Photography pour les clichés et surtout à SHL Production et au Ninkasi Kao pour cette soirée.