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jeudi 11 décembre 2014

Behemoth + Cradle of Filth

Bataclan - Paris

U-Zine

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Ce mardi 11 février, le Bataclan accueillait Cradle Of Filth, Behemoth, In Solitude, Inquisition et Svartjern pour une soirée haute en couleur ponctuée par la prestation dantesque de Behemoth, suivi de l'excelle... de Cradle Of Filth qui a eu le mérite d'essayer de sauver les meubles en fêtant les 20 ans du groupe.

Inquisition :
Caacrinolas :

Dire que mon avis sur Inquisition a changé en l’espace d’à peine trois ans relève de l’euphémisme (Cf. mon LR sur la tournée en compagnie de Revenge) d’un groupe que je trouvais talentueux mais pour lequel je n’éprouvais rien, c’est désormais devant un groupe que j’ai appris à apprécier et aimer que je me présente. Forts des deux derniers lives que j’ai pu voir d’eux (au Hellfest mais aussi et surtout au Klub devant un public déchainé) c’était relativement confiant que j’attendais cette prestation d’Inquisition. Force est de constater que j’en attendais surement un peu trop. Non pas que le groupe ne fut pas à la hauteur, loin de là, juste que la salle ne se présentait vraiment pas au coté intimiste que peu avoir le groupe. Alors certes au hellfest c’était étonnement bien passé, mais Inquisition, duo oblige, sied bien mieux aux petites salles qu’aux grands espaces. Et quand en plus de ça on vous fait jouer à un horaire où les gens sortent à peine du bureau forcement ça n’aide pas…

Reste que la courte (6 titres) set list aura réussi à en faire bouger certains. Si dans une salle contenant entre 100 et 500 personnes Inquisition saura vous faire plonger dans son univers si particulier, au-delà c’est difficile…

John :

Il fallait être fonctionnaire, en vacances ou encore au chômage pour arriver à l’heure pour Svartjern. A en juger par le monde déjà présent dans la salle juste avant Inquisition, le pays est bien en crise. Ouverture des portes à 16h, début du set à 16h50, c’est bien trop tôt. Il a fallu faire une croix sur ce premier groupe mais Caacrinolas et moi même arrivons pile à l’heure pour le début d’Inquisition.

Si mon acolyte m’en a dit le plus grand bien, il faut avouer que les colombiens auront du mal à me convaincre sur scène. Bien que musicalement il n'y a rien à redire, le duo pèche réellement en live. Si le rendu est loin d'être catastrophique, il est difficile de se faire prendre par les ambiances, il manque clairement quelque chose : de la présence. Sur une scène aussi grande que celle du Bataclan, Dagon a hélas bien du mal à occuper l'espace vacant. Dommage, le groupe bénéficiait d'un son relativement bon, le Force Of The Floating Tomb en ouverture laissait présager du bon. A revoir dans d'autres conditions, donc.

Setlist :

Force of the Floating Tomb
Nefarious Dismal Orations
Command of the Dark Crown
Crush the Jewish Prophet
Astral Path to Supreme Majesties
Infinite Interstellar Genocide

In Solitude :

Caacrinolas :

Autant être franc tout de suite, je n’ai que très peu vu la prestation des suédois, n’étant que moyennement fan de leur heavy metal, mais après, et sans être pour autant fan du genre, force est de constater qu’ils savent tirer leur épingle du jeu, en dépit de plusieurs problèmes techniques.

Après le principal problème qu’a eu le groupe c’est bien évidemment le manque flagrant de réaction du public qui était principalement venu voir du black metal, et non pas le style pratiqué par In Solitude. Qu’importe le groupe aura tout de même affiché un enthousiasme certain.

Setlist :
Death Knows Where
Lavender
A Buried Sun
Horses in the Ground
Sister
Witches Sabbath

Behemoth :

Caacrinolas :

Si il y’a bien un groupe dont j’attendais avec une certaine curiosité le retour c’était bien Behemoth. Non pas qu’il ne soit si rare en live, après tout le dernier live que j’ai pu voir d’eux datait de février 2012, mais tout simplement que Behemoth vient de sortir un album, et pas un simple album balancé à la va vite comme ça, mais le premier depuis la rémission de Nergal.

Alors forcément vu la direction de l’album on était en droit d’attendre quelque chose de différent de la part des polonais que l’habituel show calibré à souhait auquel on avait le droit depuis…pfiou 2004 et la sortie de Demigod ?

Que dire de plus si ça n’est que Behemoth à bel et bien travaillé son show, et ce d’une manière magistrale. De l’entrée sur scène où Nergal arrive affublé d’une capuche et tenant deux flambeaux, du plus bel effet, en passant par la tonne de pyrotechnie (parce que oui visiblement au Bataclan c’est possible), sans oublier les très controversés mais au combien efficace confettis, tout est calculé au détail prè. Mais ne nous méprenons pas, si Behemoth à toujours eu un certain attrait pour le spectacle lors de ses lives, cette nouvelle mouture du groupe est tout simplement ce que j’ai vu de mieux pour le groupe.

Exit les discours au combien rébarbatifs de Nergal, exit les gimmicks vus est revus, non désormais Behemoth affiche un visage clairement plus sombre, et si certains crieront à la fumisterie, j’irais pour ma part non pas à crier au génie mais tout simplement à la réussite.

Et que dire de ce final tout simplement parfait ? Behemoth à toujours maitrisé son sujet c’est indéniable, mais sur ce coup-ci ils sont allés plus loin. Ils nous ont proposé un véritable spectacle, et peut être personnellement l’un des plus beaux shows visuels que j’ai pu voir avec les maitres en la matière : Rammstein.

Un petit mot sur la musique quand même, les nouveaux morceaux s’intègrent déjà parfaitement dans la set list du groupe, avec une mention spéciale à « Ora Pro Nobis Lucifer » qui s’impose déjà comme un futur grand classique du groupe. Pour le reste bien sur il ne s’agissait que d’un enchainement classique de tubes mais toujours au combien efficace, même si je ne cracherais pas sur un retour d’ « Antichristian Phenomenom ».

Quoi qu’il en soit Behemoth est bel et bien de retour, et ça se voit.

John :

J'ai longuement hésité à faire le déplacement car qu'on se le dise, Behemoth était le seul groupe de la soirée à m'intéresser. Grand bien me fasse, les polonais ont livré une prestation énorme qui montre clairement que la scène est leur terrain de chasse favori. Alors que mon dernier souvenir de Behemoth remonte à plus de 3 ans et un concert au Trabendo avec Decapitated, j'appréhendais l'état de forme de Nergal.

Le show débute sur l'excellent "Blow Your Trumpets Gabriel" et dès le début on s'en prend plein les yeux. Behemoth a réellement soigné son jeu de scène : murs de fumées, flammes et autres artifices, le rendu est énorme et ajoute un sacré plus à la prestation scénique des polonais. Les cinq titres issus du dixième opus du groupe passent brillamment l'épreuve du live, mention spéciale à "The Satanist" et "O Father O Satan O Sun!", et n'ont pas à rougir face aux monstres que sont les "Decade Of Therion", "Christians To The Lions" ou autre "Chant For Ezkaton 2000". Si Nergal a laissé de côté le jeté de bibles ou autres gimmicks prévisibles, le show n'en est pas moins noir. Il faut dire que le bougre en impose sous sa nouvelle tenue de scène et cette capuche. Le show est impressionnant de maitrise, tout est réglé de A à Z et la mise en scène est parfaite, loin du côté "guignolesque" que le groupe a pu avoir par le passé. La communication est réduite et grand bien nous fasse, cela permet d'instaurer une ambiance bien plus sombre et froide qui colle parfaitement avec la nouvelle direction prise sur "The Satanist".

Un show intense d'un peu plus d'une heure avec une setlist assez folle, aux allures de best of. A noter la présence du vieux "Hidden In A Fog", le show se conclut sur "O Father O Satan O Sun!" qui prend une dimension énorme en live. Avant le riff final, le groupe quitte la scène et revient entièrement masqué pour jouer cette fin en apothéose pendant que le monologue de Nergal est diffusé sur bande. Un mur de fumée couvre entièrement la scène après le titre, une fois la fumée dissipée, les polonais ne sont plus sur scène, une fin qui semble toute simpliste mais tellement géniale.

Il n'y a plus qu'à espérer qu'ils repassent vite, très vite.

Michaël :

Tout le monde - ou presque - parle de Behemoth en ce moment. Il faut dire qu'après plusieurs albums de bonne facture, le groupe avait tapé du poing avec Evangelion. Et il suffit de voir l'engouement pour The Satanist, les commentaires de "pro", enjoués comme déçus, et des "anti", pour comprendre que le groupe devient grand, très grand et qu'il apporte ainsi un flot de commentaires et de détracteurs. Sauf que dans le métal, la vérité ressort souvent des lives et non des albums.

Et ce soir, Behemoth a frappé fort, très fort.

Premièrement de par l'ambiance, l'atmosphère sur scène. Beaucoup de groupes tentent d'instaurer une ambiance particulière, qu'elle soit parfaitement festive (le plus simple) ou malsaine, avec des résultats bien différents (Primordial excèle à ce titre). Et Behemoth fait résolument partie des groupes qui ont fait de la scène leur terrain de jeu. Que ce soit par les décors (pieds de micros, décors en métal, encens, effets pyrotechniques), les lights toujours très dynamiques ou plus largement leurs accoutrements, les polonais nous offrent un vrai show, une messe noire. Si tout est assez "théâtral", on ne boude pas notre plaisir.

Deuxièmement parce que musicalement le groupe nous a offert une setlist très équilibrée qui, tout en faisant la part belle aux titres du dernier album, ne manque pas de nous sortir l'artillerie lourde avec de grands classiques comme Conquer All, Decade of Therion ou bien encore Christians to the Lions. Le final sous forme de rappel pour le titre O Father O Satan O Sun! est tout simplement démentiel. Même si je trouve quand même départ un peu précipité, c'est une belle claque que cette prestation de Behemoth. Pas vraiment d'ombre au tableau même si le son n'était pas toujours excellent. J'ai entendu dire que certains ont trouvé que le groupe ne communiquait pas assez avec le public pendant le show, mais cela viendrait probablement casser ce subtil côté théatral du groupe.

Il n'y a plus qu'à espérer que Nergal tienne sa parole lorsqu'il avait annoncé que le groupe multiplierait les dates à l'avenir et reverrait sa setlist pour nous ressortir de belles vieilleries. On a hâte.

Setlist :

Blow Your Trumpets Gabriel
Ora Pro Nobis Lucifer
Conquer All
Decade of Therion
As Above So Below
Slaves Shall Serve
Christians to the Lions
Hidden in a Fog
The Satanist
Ov Fire and the Void
Furor Divinus
Alas, Lord Is Upon Me
At the Left Hand ov God
Chant for Eschaton 2000
Encore:
O Father O Satan O Sun!

Cradle of Filth :

Caacrinolas :

Lettre ouverte au hobbit du Suffolk :

Dani, Il fut un temps de plus en plus lointain pour moi où ta musique m’apparaissait comme l’une des plus violentes qui soit, cette batterie, cette basse, ce chant fou et tout ce qui faisait jadis ta force m’est cependant apparu au fil du temps comme de moins en moins efficace, pour ne pas dire ringard... Néanmoins, comme il est coutume de dire, on oublie difficilement ses premiers amours, et la musique n’échappe pas à cette règle. C’est donc le cœur plein de souvenirs acnéiques et emprunts d’odeurs d’alcool douteux tel que la Smirnoff Ice et la Boomrang que je te rendais visite, et encore une fois j’aurais peut être du rester sur cette image que j’avais de toi autrefois…

Bon déjà mon cher Dani tu as compris que te foutre du mazout sur la gueule ce n’était pas folichon en plus de te donner un air carrément con, donc tu t’en est retourné à un corpsepaint visuellement plus traditionnel et ça je t’en remercie, ça nous enlève déjà une épine du pied… Par contre je t’en prie, je t’en conjure… Arrête de bouger sur scène comme si tu avais un œuf vibrant dans le cul, pour le coup c’est vraiment ridicule et on passe plus de temps à se foutre de toi qu’a réellement apprécier la musique de ton groupe qui outre une présence scénique proche du néant, aura eu le mérite d’une interprétation plutôt juste en plus d’une set list quasi parfaite où s’entremêlait bons nombres des tes hits d’antan.

Et puis même si l’un de tes meilleurs albums est sorti en 1998, je t’en prie essaye au moins une nouvelle version de Windows, celle-ci est désuète et voir tant d’horreurs visuelles ça fait mal à mon petit cœur.

On sent bien que ton groupe fait un tas d’effort sur pas mal de points, malheureusement ça n’est encore pas ça, mais à en juger ta prestation du soir conjuguée à celle du hellfest, on se dit que tu peux y arriver à nouveau, accroche toi car « c’est le boulot qu’on ne commence jamais qui est le plus dur à finir ».

Ha oui et puis la prochaine fois essaye de choisir un petit camarade qui ne te soufflera la vedette… ca t’évitera de passer pour plus nul que tu ne l’es vraiment.

Ton dévoué Caacrinolas.

John :

Comme Michaël, mon dernier souvenir de Cradle Of Filth remonte au Hellfest mais en 2006. Une entrée sur scène qui relève du génie avec un speaker qui ferait passer celui de Kiss pour un mec qui ne sait pas faire son métier. "Êtes vous prêt pour la terreur ? Êtes vous prêt... POUR LA COUPE DU MONDE DE FOOTBAAAALL". Avant de voir Dani arriver sur scène avec une gargouille qui fait des galipettes partout. Grand moment. Mais je crois que ce n'était pas aussi grand que ce soir au Bataclan.

Une grande partie de la salle se vide après la prestation de Behemoth, on se demande tous comment le groupe va faire pour passer après ça ? On se le demande encore...

Si j'ai clairement passé le plus grand de mon temps à rire à chaque fois que Dani rendait hommage au lapin Duracell, j'ai aussi éprouvé énormément de peine pour le groupe tant leur prestation était triste. Nous avions l'impression d'assister à un groupe de première partie sans trop de moyens, qui essaye de jouer aux grands bonhommes avec écran de veille Windows 98 en guise de backdrop. Tout est de mauvais goût, on sent clairement un groupe en fin de vie qui peine à renouveler son public.

Cependant il faudra reconnaitre que le groupe a livré une prestation correcte qui aura visiblement ravi la vingtaine de die hards encore réveillés au premier rang. C'est après quasiment une heure de torture que je quitte la salle, au risque de ne plus réussir à dormir pendant des jours.

Michaël :

Mon dernier souvenir de Cradle of Filth date du Hellfest 2009. A l'époque, passionné par tant de musicalité et de décibels, j'avais fait une sieste aussi longue qu'agréable sous le soleil clisonnais. Je m'étais reveillé tranquillement dans la paille après le show, sans avoir été ni volé ni violé. J'avais échappé à la prestation du groupe. Mais ce soir, je m'étais donné pour défi de rester tout le set du groupe. Et croyez moi, c'est un défi. Et je n'ai pas été déçu, loin de là.

D'une part, on retrouve un Dani qui, s'il n'a pas perdu son énergie sur scène, fait un peu peine à voir. Avec ses mouvements hors tempo, ses sautillements ridicules et surtout le poids des ans (au sens propre comme au figuré), l'effet est encore moindre. D'autre part, la présence scénique du groupe est quasi néante. Déjà, il faudrait sérieusement revoir l'organisation de la scène. Une batterie au fond à droite de la scène, une claviériste au fond à gauche qui est à peine visible derrière la fumée, un champ vide immense au milieu qui laisse sa place à un écran géant qui diffuse des images miteuses et des clips datés. On n'est pas dans le visuel, on n'est dans le cheap. Cradle of Filth ne doit encore faitre vibrer que les ados qui écoutaient le groupe à l'époque des Eastpak à patchs. Enfin, je l'espère.

D'ailleurs le public ne s'y trompe pas, la fosse s'étant vidée d'un bon gros tiers, si ce n'est plus. En tout cas, c'est une prestation qui nous fera d'autant plus regretter de ne pas avoir eu Behemoth en tête d'affiche.

Setlist :

Cthulhu Dawn
A Dream of Wolves in the Snow
Summer Dying Fast
The Principle of Evil Made Flesh
Beneath the Howling Stars
For Your Vulgar Delectation
Haunted Shores
Nymphetamine (Fix)
Born in a Burial Gown
Cruelty Brought Thee Orchids
Her Ghost in the Fog
Encore:
Intermission
Funeral in Carpathia