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jeudi 11 décembre 2014

Ensiferum + Amoral + Profane Omen

Trabendo - Paris

U-Zine

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Deux/trois pompes, quelques flexions, un CBO dans l'estomac et mon Canon sous le bras, me voilà fin prêt pour Ensiferum. Parce que oui, un concert comme celui-ci ça se prépare. Et ça ne se prépare pas comme les guignolos allongés par terre à côté de la buvette dehors, raides bourrés dès 19h. Rater un morceau du concert d'Ensiferum au Bataclan l'an dernier m'avait valu des mois de pleurs et de dépression. J'avais même fini par accrocher un poster de Steve Perry dans ma chambre.

Alors à 18h, je me présente dans la file d'attente -déjà longue- pour pénétrer dans le Trabendo. Cette douce salle que beaucoup apprécient pour la proximité avec les groupes. Cette douce salle que les photographes détestent pour l'absence de pit photo.

Après une trentaine de minutes d'attente, Profane Omen entre en scène.

Profane Omen

Pas toujours simple d'ouvrir un concert lorsque l'on évolue dans un style fondamentalement différent. Si le métal reste du métal, l'entreprise peut s'avérer bien périlleuse si le public n'est pas très ouvert.

Se présentant comme les représentants d'un "Death n'Roll" renouvelé, le groupe va nous offrir une trentaine de minutes d'un death métal pas toujours des plus inspirés mais franchement groovy. Aidés par un batteur très efficace à la cadence impressionnante, les finlandais vont faire monter la température d'un cran dans une salle qui se remplit petit à petit.

Wastehead ou encore la dynamique Painbox parviennent à dynamiser un public qui n'en attendait pas tant. Je me surprends à hocher la tête et taper du pied. C'est toujours bon signe. En tout cas, je jetterai une oreille attentive sur ce groupe dans les jours qui viennent.
 

Amoral :

Amoral, c'est l'histoire de la déchéance d'un groupe qui promettait de devenir un grand du genre. Un début de carrière sur les chapeaux de roues qui termine en apothéose avec un Reptile Ride qui avait définitivement achevé de me convaincre.

Un changement de chanteur et deux albums plus loin, je retrouve le groupe dans un registre certes toujours aussi technique mais bien plus progressif -et commun?-. J'étais vraiment curieux de voir évoluer le groupe sur scène, maintenant que j'ai stoppé de les écouter sur cd.

Le groupe commence par Mute, probablement leur meilleur. Du rythme, des solos et un batteur très précis renforce l'impression de puissance et de mélancolie si chère aux premiers albums. La foule semble emballée par un groupe dont la cause n'était pas acquise.

Mais la magie n'opère qu'un temps. Et l'Amoral que je n'aime plus s'enfonce dans un concours vocal à n'en plus finir. Ari Koivunen est très bon, aucun doute là-dessus, mais Niko Kalliojärvi manque terriblement à la formation. Le son correct, les balances remarquables (comme souvent au Trabendo) et les Jackson colorées façon 80s de Ben n'y changeront rien.

Pour ceux qui ne sont pas aussi sceptiques quant à l'évolution du groupe, la prestation a du être appréciée. Ari possède une voix cristalline qui ne s'émousse pas malgré les 45 minutes de show tandis que Ben et Masi rivalisent de virtuosité. Toutefois, il est un peu plus à la peine quand il s'agit d'interpréter les premiers titres du groupe.

Si les mouvements sur scène sont limités compte tenu de sa configuration, le groupe n'a pas non plus manqué d'intensité.

Une belle première partie qui m'aura au moins donné l'occasion de voir pour la première fois le groupe sur scène.

Ensiferum :

Au fil des années, la notoriété d'Ensiferum n'en finit plus de grandir. Alors que l'on était une poignée à accueillir les finlandais il y a quelques années au Nouveau Casino, nous voila dans un Trabendo plein à craquer pour apprécier la musique épique de nos amis venus du Nord.

Après quelques balances très courtes et en avance de vingt minutes sur l'horaire indiquée à l'entrée, les finlandais foulent les quelques mètres de la scène alors que Symbols continuent de retentir.

Première chanson, première claque. Petri entame In My Sword I Trust, single du dernier opus dont la chronique est dispo ici. Le son est parfait, Petri est en forme, Markkus est inexpressif, Sami est en feu. Jusque là, rien de surprenant. Tout commence bien, très bien. Et si on se doutait que ce titre serait fédérateur en live, on ne pouvait pas imaginer que la ferveur serait si importante.

D'ailleurs, avant d'aller plus loin, arrêtons-nous sur les abdos de Sami, qui ont fait débats dans les travées. On se rappelle tous de lui dans le concert du 10ème anniversaire il y a quelques années désormais. Et le chemin parcouru est conséquent. Donc soit il est fan des mecs d'Enslaved, soit il a décidé d'inverser la logique : il vaut mieux avoir une grosse barbe qu'un gros cul.
 

Bref, puisque le groupe a décidé de tout donner dès le départ, ils enchainent avec Guardians of Fate. L'un des meilleurs titres du groupe toutes périodes confondues. Les slammeurs commencent à venir s'écraser sur la scène, les mecs de la sécurité (un peu zélés) s'excitent, un petit mosh pit se créé, tout le monde bouge. L'effet Ensiferum est là.

Et ce n'est pas From Afar qui va faire baisser l'intensité. Encore une preuve, s'il en fallait une, que l'avant dernier album des finlandais est une perle. Si j'avais eu quelques réticences au moment de la sortie, je trouve qu'il prend une dimension incroyable en live. Repenser à la performance sur Stone Cold Metal au Metal Camp 2010 est un délice.

Malheureusement, ce qui devait arriver arriva. Burning Leaves est arrivée. Et au meme titre que Pohjola (mais dans une moindre mesure pour cette dernière), l'intensité est un tantinet retombée. Certes ces titres sont très bons sur cd, mais l'absence de choeurs font perdre à la prestation d'Ensiferum ce côté belliqueux qui nous charme tant. Il ne faut pas se voiler la face, si l'on vient les voir en concert, c'est avant tout pour en prendre plein les yeux, les oreilles et retourner chevaucher à l'âge de fer. Or les titres du dernier album ne sont pas tous du meilleur effet en live. Ils m'ont un peu laissé sur ma faim.

C'est l'heure de quitter le pit-photo, un petit clin d'œil à Emmi, et me voila au milieu de la fosse avec mes deux compères. Pile au bon moment pour confirmer que FromAfardémontevraimenttoutenlive, avec un Heathen Throne qui m'aura couté 100 euros d'osthéopathe.

Si, comme à l'accoutumée, n'est pas très volubile voire même dynamique, il faut lui accorder qu'il fait des d'efforts. De son côté, Sami tente de prononcer quelques mots en français, sous les rires du public.

Après un Blood is the Price of Glory qui, malgré sa longueur, ne nous a pas achevé, il est temps de boire One More Magic Potion. Après deux titres assez longs, Ensiferum retourne vers un style plus agressif et nous enchaine avec ce titre qui a l'air de remporter tous les suffrages.


Alors que la température dans la salle avoisine les 35 degrès à ce moment là, Hero in a Dream résonne dans le Trabendo. Sans pour autant être incroyable, elle rend plutôt bien en live. Elle nous permet également de souffler un peu au milieu de ce torrent de notes et d'énergie. Sami continue de courir un peu partout et d'arranguer la foule. C'est devenu le showman du groupe depuis deux/trois ans, en faisant presque de l'ombre au grand blondinet.

L'engouement retombe un peu pour Unsung Heroes qui est faiblarde en live là où elle excelle sur cd. Les rythmes lents ne passent pas toujours en live, celle-ci ne m'a pas convaincue. Toutefois, à en voir les jeunes animaux dans la fosse, ce n'était pas le cas pour tout le monde.
 

Avant Iron, hymne fédérateur du groupe, Sami nous annonce qu'il a (je cite) : "une crevette sous le kilt". Compte tenu de la températeure de la salle qui ne cesse d'augmenter, je n'ose pas imaginer la consistance de la crevette en Finlande. Peut-être un bulot ?

"Papa lala papa lala !" *Solo* "Papa lala papa lala !"

Le groupe fait mine de partir, boit un coup et revient sous un tonnerre d'applaudissements. Cette petite tradition perdure. Des applaudissements gratuits et prolongés, autant en profiter.

Surtout que le concert va finir par un trio de la mort. Car si je vous dis Twilight Tavern, vous allez me dire : génial ! Si je vous dis Twilight Tavern enchainée avec Lai lai hei, vous allez me dire : une tuerie. Mais si vous rajouter à tout ça, un peu de Battle Song, de la chaleur et de la fatigue, vous comprenez juste pourquoi ce groupe en est là aujourd'hui.

Avec mes compères, nous chantons à tue-tête les couplets de Lai lai hei sans même comprendre le moindre mot, rassurés par tous les autres fans qui chantent au moins aussi mal que nous. Cette fois, aucune chance de se faire dévisager parce qu'on chante en finlandais (Cf. concert Bodom/Ensiferum en mai 2011).
 

Au terme de cette soirée, on ne peut qu'être satisfait. Un concert plein, avec des titres fédérateurs, une alternance de chansons courtes et d'autres plus longues, issues de tous les albums du groupe. Le tout savamment orchestré par un Ensiferum avec le sourire. Une belle soirée pour un Bearer of the Sword Tour qui n'aura fait que des heureux.

On regrettera l'absence d'un Little Dreamer, d'un Stone Cold metal ou bien d'un Token of Time. Et aussi d'un Ahti. Bon, en fait, inutile de faire la fine bouche. Quand on est fan d'Ensiferum, on ne sera jamais satisfait par leur setlist. Dans tous les cas, cela faisait bien longtemps que je n'avais pas pris autant de plaisir lors d'un concert. Un groupe avec une joie de vivre communicative et une musique épique. Une moment Kinder.

Merci à Quentin de Cooperative Music, à Alex et Boudha pour leur présence et à Carlos.

Setlist :

Symbols
In My Sword I Trust
Guardians of Fate
From Afar
Burning Leaves
Pohjola
Heathen Throne
Blood is the Price of Glory
One More Magic Potion
Hero in a Dream
Unsung Heroes
Iron
Encore :
Twilight Tavern
Lai Lai hei
Battle Song