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jeudi 11 décembre 2014

Korn + JDevil

Le Bataclan - Paris

U-Zine

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En activité depuis presque 20 ans, KoRn restera le roi du néo-metal. Depuis son premier album éponyme sorti en 1994, le gang de Bakersfield déchaine les foules. Force est de constater que la cote du groupe est toujours forte, bien que les Bercy complets en tête d’affiche semblent désormais bien loin.

Après le départ de deux de ses membres d’origines (et pas les moindres…) à savoir Head et David Silveria, Jonathan Davis et les siens ont tenté de sortir de leur néo-metal avec plus ou moins de réussite, bien que cela divisera clairement les fans du groupe (moi compris).
2010 sera marquée par la sortie de « III : Remember Who You Are » et une signature chez Roadrunner Records (Warner). Un retour musical inespéré à quelque chose se rapprochant d’un mix d’Untouchables et Life Is Peachy pour certains titres. Un retour opportuniste ? Je n’en sais rien et à vrai dire je m’en cogne puisque l’album m’a apporté satisfaction.
Puis à peine un an plus tard, Korn revient une nouvelle fois dans les bacs avec un nouvel album, « The Path Of Totality ». Le retour aux sources n’aura pas duré longtemps. La surprise est de taille lorsque l’on apprend que ce disque a la particularité d’être fait en collaboration avec des DJs et incorporera des parties de Dubstep dans ses morceaux.

N’étant pas du tout client de ce dernier album mais après le très bon (et court) concert donné en première partie d’Ozzy Osbourne (pour mon anniversaire chic !) le 20 septembre 2010 à Bercy, je trépignais d’impatience ne serait-ce que de revoir un « Blind » en live, ça tombe bien Korn était présent au Bataclan le 12 mars dernier.

La salle parisienne affichait complet depuis quelques mois, sans trop de promotion, ce qui montre que le groupe dispose bel et bien d’une fanbase solide malgré que les metaleux soient passés à autre chose.
Une fois rentré dans le Bataclan, on peut assister à un spectacle assez étrange : le public. Voir des trentenaires porter les hoodies « ANARCHY » acheté au Goéland il y a 10 ans, c’est assez priceless. Bien que les fans de la première heure soient présents, le public restera en moyenne bien jeune, du moins dans la fosse, qui est composée en grande partie d’adolescents arborant fièrement les couleurs du dernier album.

Il est 20h30 lorsque la première partie JDevil est sur le point de commencer. Pour ceux qui n’étaient pas au courant, la surprise fut de taille lorsqu’ils ont vu Jonathan Davis débarquer sur scène et jouer le DJ pendant une demi-heure. Gros son au rendez-vous, le frontman se sera « démené » pour faire bouger la fosse du Bataclan qui réagit plutôt bien au son dubstep balancé par JD. Intéressant mais vite lassant. Finalement, Davis ne mixera quasiment pas puisqu’il se contentera de diffuser des titres déjà entièrement composés et de danser sur toute la scène, en haranguant la foule.
Après une demi-heure, Jonathan quitte la scène en remerciant le public pour « sa bonne réaction mais aussi de lui permettre de faire ce qu’il n’est pas censé faire » pour reprendre ses mots.
La lumière se rallume et les réactions sont mitigées, on entendra les kids massés devant la scène être totalement satisfait de ce set tandis que les plus vieux seront effarés et sanglants « voir le maître du néo faire ça, c’est gerbant ».

Mais qu’importe, le DJ set restera qu’une anecdote marrante, puisque le Bataclan ne désire qu’une seule chose : vibrer et se déchainer sur du Korn. Le concert des californiens sera décomposé en quatre parties, tout comme le sera mon report.

1) Old and rarities :
- Predictable
- Lies
- No Place To Hide
- Helmet In The Bush


Voilà une des grandes parties de ma présence ce soir, Korn entamait ses sets par des vieux titres qui n’avaient pas figurés sur leur setlist depuis plusieurs années. Le groupe pénètre sur scène et Munky lance l’introduction de « Predictable » qui aura surpris une grosse partie de la salle qui affiche un sourire énorme. Moi qui ne pensais plus jamais revoir de tels titres, je savoure chaque seconde. Il n’aura fallu que quelques secondes d’un « Lies » d’anthologie pour que je traverse le pit pour y mettre le gros boxon. Les fans de la première heure s’en donnent à cœur joie dans une fosse déchainée par la violence de ce dernier titre, sous le regard des plus jeunes qui semblent découvrir ces deux premiers morceaux, drôle de constat.
« No Place To Hide » dont le refrain fut reprit par la foule, continuera d’agiter le public, la chaleur devient suffocante, comme à son habitude au Bataclan. Grande première avec la présence de l’inquiétant « Helmet In The Bush » qui pour l’occasion passera à merveille l’épreuve du live. Réarrangé pour l’occasion, ce fut une belle surprise de le découvrir sous cette forme. Cependant « Helmet In The Bush » aura tendance à casser un peu la rythmique lancée par l’enchainement « Predictable/Lies/No Place To Hide ». Ce titre sera d’ailleurs remplacé sur les dates suivantes par « Good God », de quoi nous faire rager encore plus !

Une première partie de set dantesque qui rappellera la grande époque. L’interprétation restera fidèle et n’aura pas subi de modifications comme les « Freak On A Leash », « Here To Stay » ou autre « Shoot And Ladders ».

2) New Korn :
- Narcissistic Cannibal
- Chaos Lives In Everything
- My Wall
- Get Up !
- Way Too Far


Ray Luzier opte pour une caisse claire triggée, ressert ses cymbales, Fieldy aborde une basse aux cordes fluorescentes, des panneaux composées de LED de toutes les couleurs s’allument, il n’y a aucun doute, nous passons au dernier album. Korn entame avec un « Narcissistic Cannibal » qui réveillera les aficionados du dernier opus. En effet le second single de ce « Path Of Totality » mettra l’ambiance, le public répond présent et reprend une nouvelle fois le refrain en chœur. Force est de constater que le rendu n’est pas mauvais même si ça manque de son naturel à mon gout.
« Get Up ! » fut le deuxième moment fort de ce set avec un Bataclan scandant le « Shut the fuck up and get up » à tue-tête.
Si ce set semble ravir les fans du dernier opus, cinq titres d’affilé, ça reste très lourd pour ceux qui n’adhèrent pas à cette évolution. Pourquoi ne pas avoir joué un titre ou deux de « III : Remember Who You Are » qui au final n’aura presque pas été promu en Europe ?

3) Greatest Hits :
- Here To Stay
- Freak On A Leash
- Falling Away From Me
- Another Brick In The Wall (Pink Floyd cover)


Retour aux choses sérieuses avec un « Here To Stay » qui mettra tout le monde d’accord. Jonathan Davis headbangue à s’en briser la nuque, derrière son fameux pied de micro designé par HR Giger. Véritable rouleau compresseur, la lourdeur de ce titre ainsi que son refrain mémorable en font un incontournable sans lequel un concert de Korn manquerait de saveur. Puis viennent les classiques « Freak On A Leash » et « Falling Away From Me » qui ont subi quelques modifications (plus ou moins réussies) ces dernières années. Ce dernier reste à mes yeux la plus réussie : tempo légèrement ralenti pour un rendu encore plus lourd, mais aussi le break réarrangé où Jon hurle de toutes ses trippes un « Let’s falling away from me » à vous en faire hérisser le poil, preuve en est qu’il sait toujours faire passer des émotions.
« Another Brick In The Wall », bien que sympathique, n’avait tout simplement pas sa place dans cette partie « Greatest Hits ». Pourquoi jouer la reprise des Pink Floyd alors que derrière vous avez des « Somebody Someone », « A.D.I.D.A.S. » ou autre « Clown » qu’on a envie d’entendre en live ?

« Goodbye cruel world, I’m leaving you today, goodbye, goodbye, goodbye. Goodbye all you people, there’s nothing you can say to make me change my mind, goodbye ». Ce sont sur ces paroles que Jon et les siens quittent la scène sous un tonnerre d’applaudissent.

4) Encore :
- Shoot And Ladders/One (Metallica cover)
- Got The Life
- Blind


Le Bataclan gronde, sous les applaudissements d’un public totalement conquis, Jonathan Davis remonte sur scène cornemuse à la main pour l’incontournable « Shoot And Ladders ». Tout le monde attendait ce moment et se met à chanter ces comptines revisitées… « Nick nack paddy wack, give a dog a bone, this old man came rolling home », sur ce break frénétique le pit explose encore une fois avant de trémousser de l’arrière train sur un « Got The Life » toujours aussi groovy. Les slamms décollent de partout pendant que toute la fosse saute en rythme avec le pattern de Luzier.
Korn pourra se targuer d’avoir fait sauter la sono du Bataclan à la fin de ce titre. N’ayant plus aucun son en façade, le groupe s’en rend compte durant l’intro de « Blind » et s’arrête donc de jouer. 5 minutes plus tard le problème n’est toujours pas réglé, qu’importe, nous auront notre « Blind » quoi qu’il arrive même si pour le coup il manqua cruellement de patate, la faute à la sono.

C’est après 80 minutes que Korn quitte la scène après avoir lancé de nombreux médiators et baguettes. Le public est alors conquis, même si personnellement je reste un peu sur ma faim, la durée est bien trop courte.
On ne m’enlèvera pas les 3 concerts que j’ai pu voir avec le line-up originel qui étaient d’un autre standing, mais je ne crache pas dans la soupe pour autant : la soirée fût bonne et j’y retournerai volontiers aussi bien pour les classiques que pour d’autres raretés.

Un grand merci à Karine et Manon (Roadrunner Records/Warner)