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jeudi 11 décembre 2014

Thrash Fest Classics 2011

Hof Ter Lo - Anvers

U-Zine

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Ah, qu’il est dur d’être fan de thrash et de ne pas avoir connu les années 80/90 ! Qui n’a jamais rêvé de voir les Metallica, Slayer, ou encore Sepultura et consorts à leur apogée, à une époque bénie des dieux du thrash où « Load », « Reload » ou « Diabolus In Musica » n’étaient jamais sortis ? Une époque où le dernier album en date de Sepultura ne se nommait pas « Dante XXI » ou « Kairos » ? Si pour Metallica ou Slayer, vous pouvez toujours vous brosser, en revanche les fans de Mortal Sin, Heathen, Sepultura, Destruction et Exodus seront aux anges puisque le thrashfest les réunit sur une seule et même affiche cette année, et vous savez quoi ? Tous ces groupes ne joueront que des morceaux datant de leurs débuts.

Même fest, même théâtre qui avait accueilli il y a tout juste un an Exodus (déjà là l’an dernier), Kreator, Death Angel et Suicidal Angels : le Hof Ter Lo, chez nos amis Belges à Anvers. Et comme l’an dernier, la grande salle (à vue de nez, 500 places quand même !) fera comble, à croire que le thrash fonctionne toujours autant chez les voisins ! Pour l’heure, place aux représentants du thrash metal Australien, Mortal Sin.

Mortal Sin

Comme quoi, on en découvre tous les jours : malgré le succès que semblent avoir les premiers albums du groupe, Mortal Sin était un nom que je ne connaissais pas avant l’annonce de l’affiche du thrashfest 2011. Un retard que j’ai très vite rattrapé, en m’écoutant en boucle « Mayhemic Destruction » ! Les Australiens nous proposent donc ce soir une setlist basée sur cet album et leur second, « Face Of Despair ». Et ce sera ma très grosse surprise de la soirée ! Son un peu fort (comme l’an dernier) mais dans l’ensemble très bon, musiciens qui nous balancent les classiques sans fausse note et un vocaliste qui a de la gueule : la scène est très bien tenue !

Au milieu des « I Am Immortal » ou « Blood Death Hatred », c’est « Lebanon » qui m’aura vraiment marqué : cette compo à elle seule justifie le placement de Mortal Sin sur l’affiche du thrashfest, et rien que le riff d’introduction me rend déjà dingue ! Et que dire du refrain repris en chœur par une partie de la foule (« Battle ! Of Lebanon ! ») ! A noter la très bonne prestation vocale de Mat Maurer, quasi aussi bonne que sur album. Le groupe nous quitte sur le morceau-titre « Mayhemic Destruction ». Ça va être difficile de passer après ça, même quand on s’appelle Heathen.

Heathen

Au tour de la thrash bay area de s’exprimer via un de ses représentants qui n’a pas eu le plus de succès (comparé à un Exodus par exemple), j’ai nommé Heathen. Et pourtant, le groupe possède une vraie personnalité qui le différencie quelque peu de ses congénères, et qui en fait aussi un groupe à part sur la soirée : tout d’abord, il est de loin le plus mélodique de ce thrashfest 2011, ceci en grande partie dû à l’organe impressionnant de David White. Ensuite, les compositions d’Heathen ont un aspect progressif que peu de groupes de thrash possèdent, mais sans jamais sombrer dans la démonstration à outrance ni être chiant (merde, pourquoi dès que j’emploie cet adjectif pour un groupe de metal le nom Dream Theater me vient à l’esprit ?).

Les Californiens ne jouent ce soir que des morceaux des albums « Breaking The Silence » et « Victims Of Deception », et débutent sur les chapeaux de roue avec « Hypnotized » dont le refrain donne immédiatement envie de faire profiter aux gens de ses talents de chanteur ! Finalement c’est plus rentre-dedans que ce à quoi j’avais assisté en première partie de Overkill en mars dernier (j’avais vu à peine un morceau cela dit), et c’est pas plus mal ! Les zicos ont évidemment un super niveau et balancent le tout à la perfection (et les compos de Heathen, c’est pas du thrash de base quand même), et on sent le public déjà bien chaud, beaucoup semblent connaître par cœur les morceaux, et reprennent les lignes mélodiques de « Death By Hanging » ou encore « Set Me Free ». Il faut dire que si un groupe de thrash se prête bien à cet exercice, c’est Heathen tant les lignes de chant de David White sont inspirées. Ce thrashfest continue de la meilleure des manières, et même si Mortal Sin est plus dans mes goûts musicaux, Heathen m’aura impressionné par son dynamisme et la qualité de ses compos. Encore un groupe culte de thrash qui gagnerait à être (encore) plus connu.

Destruction

Une soirée thrash sans groupe allemand, était-ce concevable ? Destruction se charge de représenter l’école européenne, via une setlist faisant la part belle aux deux premiers albums du combo, « Infernal Overkill » et « Eternal Devastation ». Et ça fait bien mal : « Black Death », « Invisible Force », « Tormentor » et j’en passe sont joués à la perfection (bien que le son semble un peu plus brouillon que pour les précédents groupes) devant un public dont la température monte en flèche depuis la prestation remarquée de Heathen. Marcel Schirmer, leader charismatique de cette formation, hurle les lyrics avec hargne et tient parfaitement la scène, tandis que son acolyte de toujours à la guitare Mike Sifringer se fait plus discret, exactement comme la dernière fois que j’ai vu le groupe en mars dernier.


Le meilleur moment était sans doute pour moi lorsque le groupe a joué « Bestial Invasion », qui restera à jamais mon morceau favori du groupe. Honnêtement, on ne sait plus où donner de la tête niveau headbanging tant les titres cultes s’enchaînent (« Eternal Ban »), MAIS (parce qu’il y a un mais) j’ai tout de même trouvé les Allemands un poil en-dessous de tous les autres groupes de la soirée. Quand Destruction passe après les prestations ultra énergiques de Mortal Sin et Heathen, on est en droit d’en attendre autant de la part d’un aussi gros groupe… mais faut reconnaître que ça bouge pas des masses. Sans doute est-ce dû au fait que le groupe est un trio (quoi que pour Sodom j’ai jamais eu cette impression).
Le groupe sera confronté à un problème technique en fin de set, laissant un blanc que le batteur Wawrzyniec Dramowicz aura comblé avec brio ; le groupe préférant le prendre avec humour après coup. Le trio achèvera le set avec « Curse The Gods », laissant cette impression de « peut mieux faire » malgré une prestation tout de même fort efficace.

Sepultura

J’avoue, si je suis venu ce soir, c’est avant tout pour Sepultura. C’est vrai quoi, vous avez trouvé un quelconque intérêt aux derniers albums du groupe vous ? Moi non, et à l’annonce d’un set basé uniquement sur la période de « Beneath The Remains » à « Chaos AD » j’ai immédiatement acheté mon billet : ça ne se représenterait peut-être pas de sitôt ! J’aurais certes préféré « Schizophrenia » à la place de « Chaos AD » (que je trouve malgré son statut de culte assez ennuyeux), mais on ne va pas faire la fine bouche ! Une introduction brouillant un peu les pistes sur le morceau à venir démarre, puis on aura droit à un début de setlist juste parfait : se prendre dans la gueule « Beneath The Remains », « Refuse/Resist » puis « Dead Embryonic Cells » et « Desperate Cry », ça fait mal, très mal ! D’autant que le son est nickel, les oreilles du public sont bien parties pour chauffer de plaisir !

Le groupe est visiblement en forme et attendu par l’assemblée, Andreas Kisser est excellent à la gratte, Paulo Jr. un peu plus en retrait sur la scène et Derrick Green est juste monstrueux. Je ne comprends toujours pas pourquoi des gens veulent encore voir le retour de Max « Barbapoux » Cavalera (qui ne sait plus aligner deux phrases d’affilée en live) au sein de ce groupe, si ce n’est au nom d’une conspiration anti-Sepultura mise en place par les chinois du FBI. Bref, pour en revenir à Derrick Green, il semblait bien en voix ce soir et sa gestuelle, bien que spéciale, apporte du dynamisme à la prestation scénique de Sepultura.

Comme je m’en doutais, les titres de « Chaos AD » (hormis « Refuse/Resist ») passent moins bien à mon goût, même si «We Who Are Not As Others » et « Amen » feront leur effet sur le public Belge. Mais après tout on s’en fout, car la setlist est très largement dédiée aux deux albums précédents ! Quel plaisir de pouvoir entendre des titres comme « Mass Hypnosis », « Altered State », « Infected Voice » ou « Subtraction » qui rappellent les moments passés à headbanguer comme un taré avec le skeud en fond sonore (quoi, vous l’avez pas fait vous ?) ! J’aurais bien aimé que soit joué « Stronger Than Hate », mais ce ne sera pas non plus pour ce soir, on aura plutôt droit à un « Inner Self » suscitant autant de réactions que les morceaux précédents ! Pour parachever le tout, les Brésiliens nous assènerons un très lourd « Territory » avant de terminer par LE classique de Sepultura, « Arise », qui déchaînera le public du Hof Ter Lo une dernière fois.
 

Setlist : 

Intro
Beneath The Remains
Refuse/Resist
Dead Embryonic Cells
Desperate Cry
Amen
Mass Hypnosis
We Who Are Not As Others
Altered State
Infected Voice
Subtraction
Inner Self
Territory
Arise

Exodus

Place à Exodus, que j’attendais un peu moins que Sepultura (eux, ils n’ont pas disparu de la surface du globe musicalement parlant, les très bons “The Atrocity Exhibit” en sont la preuve) mais qui justifiera pleinement son statut de tête d’affiche de la soirée ! Le groupe a aussi droit à sa setlist old school, puisqu’il ne peut piocher que dans les albums « Bonded By Blood », « Pleasures Of The Flesh » et « Fabulous Disaster ». Là aussi, le set commence tambour battant avec « The Last Act Of Defiance » et « A Lesson In Violence » qui laissent l’assemblée bouche bée, tant le groupe est à l’aise et se donne sur scène ! Rob Dukes au chant est toujours aussi remuant et sous ses allures de grosse brute, dégage une hargne mais également une bonne humeur communicative.

Et que dire du duo de guitaristes, composé de Gary Holt, toujours à faire le con avec ses mimiques face au public ; et de Lee Atlus dont c’est déjà le second concert de la soirée (il a déjà joué plus tôt avec Heathen) ! Tom Hunting à la batterie et Jack Gibson à la basse ne sont pas en reste, les compos des années 80 sont rendues à la perfection avec un son certes encore un peu forte, mais restant parfaitement audible (notamment pendant les solos, que j’apprécie particulièrement dans Exodus).

Les américains enchaînent aussi bien les titres typiquement thrash (« Exodus ») que les morceaux mid-tempo (« Brain Dead », « And There Were None »), la setlist semble en tout cas juste parfaite, laissant le public se reposer quand il le faut et repartir à la charge lorsque le tempo se remet à accélérer. A noter qu’Andreas Kisser viendra en guest sur « Piranha », et ce dernier s’est parfaitement fondu dans la prestation scénique d’Exodus, y allant également de ses soli. Côté public on atteint vraiment des sommets (et pourtant c’est vraiment pas toujours le cas en Belgique), les slammeurs se succèdent et les pogos sont réguliers, bref c’est ambiance assez chaude, et c’est souvent comme ça que ça se passe avec les gros concerts de thrash ! La fin du set sera juste mythique avec LE morceau d’Exodus, « Bonded By Blood », suivi de « The Toxic Waltz » et un petit « Strike Of The Beast » en guise de dessert, qui nous laissera légèrement sur notre faim : on en voulait encore plus !

Setlist : 

The Last Act Of Defiance
A Lesson In Violence
Fabulous Disaster
Brain Dead
Exodus
Chemi-Kill
Pleasures Of The Flesh
Piranha (Andreas Kisser en guest)
And There Were None
Bonded By Blood
The Toxic Waltz
Strike Of The Beast


Chaque année c’est la même chose : le thrashfest à Anvers aura été bien chaud, et on n’a qu’une envie : se reprendre une rasade de thrash dès l’an prochain ! Bravo à l’organisation de cette tournée « Classics » qui aura comblé, je pense, pas mal de fans des belles heures du thrash metal, et pourquoi pas recommencer le même principe avec d’autres groupes l’an prochain ? En tout cas, malgré le fait que tous les groupes de la soirée aient été performants, Exodus reste vainqueur incontestable de cette soirée qui aura senti bon la sueur.