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jeudi 11 décembre 2014

Mass Deathstruction 2011

Ferme du Biéreau - Louvain-la-neuve

U-Zine

U-zine.org, webzine musical metal actif entre 2004 et 2015. Fermé en 2015 suite à sa fusion avec 2Guys1TV, ses articles (chroniques, live-report, interview, dossiers, ...) sont désormais disponibles directement sur Horns Up via ce compte !

David : Le moins qu’on puisse dire, c’est que ce Mass Deathtruction édition 2010 n’aura pas été de tout repos ! Après la nouvelle des annulations de Sodom (problème de batteur) et Suidakra (on sait pas, mais on s’en fout) la veille au soir… Puis les heures de route en bagnole dans des conditions météo proches de ce qu’on pourrait trouver en Sibérie, et malgré notre professionnalisme à toute épreuve (ou presque), c’est légèrement en retard que nous débarquons sur le site de la Ferme Du Biéreau. Ce dernier possédant un certain charme vu de l’extérieur lorsqu’il est enneigé.

Mais alors qu’on croyait être au bout de nos peines, une surprise de taille nous attendait avec un planning complètement désordonné, dû à une annulation supplémentaire, celle des Bruxellois d’Age Of Torment. Bizarre tout de même qu’une seule annulation chamboule autant l’organisation…

Hraesvelg : Arrivés sur place au péril de nos vies (blizzard sur la route, voiture qui percutte le rail de sécurité 20 mètres devant la caisse et part dans le fossé en nous envoyant son parechoc dans les roues !!!), nous finissons par atteindre la fameuse Ferme du Biéreau qui se trouve être aussi chaleureuse à l'intérieur que son extérieur est commun. Ainsi, une fois l'entrée passée, la scène principale est accueillie par un immense bâtiment de ferme en brique (ils ont même des églises et des châteaux comme ça par là haut ... ça fait toujours bizarre quand on est habitué au granit !) dont la charpente massive fait la part belles à de magnifiques poutres apparentes - certainement un hommage à Gronibard, groupe qui a motivé ma venue (et Melechesh le lendemain à Anvers aussi). Je décide de consoler la tristesse engendrée par l'annulation de Sodom (et de fêter celle de Suidakra) en assiégeant le bar où sont proposées d'excellentes, et bon marché, bières : La vie est Belge ! Seul "Hic" : je n'ai pas été le seul et en fin de journée le sol de ce si bel édifice, désormais dévasté, se trouve transformé en patinoire .. la Ferme des Bièreux qu'ils auraient pu rebaptiser la salle (à la trappiste!)

Ananta

David : Les Montpelliérains d’Ananta débarquent à la surprise générale dès 11h20 sur la grande scène (le groupe étant à la base prévu 3 heures plus tard sur l’autre scène !). C’est logiquement devant une foule parsemée que les fenchies vont jouer leur metal assez proche de ce que peut faire Hacride, les influences Flamenco en moins. Et ce fut une très bonne surprise ! Ça joue, les zicos sont rythmiquement impeccable (et les compos, lorgnant entre Fear Factory et Meshuggah, sont bien efficaces de ce côté !), et le vocaliste est convaincant. Mieux : il m’a impressionné autant dans ses vocaux hurlés que dans son chant clair, bien placé et toujours très juste. Vous l’aurez compris, j’ai été conquis et ne manquerait pas à l’occase de me procurer « In Media Res », leur unique méfait à ce jour. A revoir devant une audience plus garnie !

Hraesvelg : LE souci d'orga de ce fest. Alors que les groupes contraints d'annuler (le jour même pour Loudblast) ont été annoncés, un groupe qui ne joue ni sur la scène prévue, ni à l'heure indiquée ne "bénéficie" pas même d'une annonce griffonnée au marqueur sur une feuille à l'entrée ? Ce couac (le seul) conduit à ce que Anantas e produise devant une assistance plus que clairsemée. Néanmoins les musiciens ont fait preuve d'une attitude trés "pro", attaquant leur set à la conquête d'un public qui finira par grossir et se rapprocher de la scène eu égard à la qualité de la musique proposée : pas à proprement parler mon style de chevet, mais exécuté avec talent, conviction et une passion communicative. Très bonne "surprise" pour démarrer un fest !

Neverlight Horizon

David : A présent, direction la Deathcovery Stage pour ce qui s’annonce un parcours du combattant tout au long de cette journée, les groupes se chevauchant d’une scène à l’autre. Leur très bon album « No Heaven…Only Torment » sorti en 2007 fait de Neverlight Horizon le premier groupe que j’attendais avec impatience aujourd’hui… et ce fut la première déception. Pourtant, les Belges possèdent un son puissant (bien qu’un peu fort, ce qui sera le cas pratiquement toute la soirée), les compositions tabassent… Mais c’est d’un mou ! Le public bouge bien son boule sur le death du combo Hutois (habitant de Huy, pour les nuls en géo), nous rappelant par la même occasion qu’on a affaire à des locaux. Mais rien n’y fait, on a vraiment l’impression que le groupe se regarde jouer. Les zicos sont en tout cas loin de tout donner. Dépité, je pars avant la fin du set.

Setlist Neverlight Horizon :
Truth From The Underworld
Spiritual Slavery
Insectodemonium
Desperate Final Assault
Absorbed By Obscurity
Possessed By Hatred
Drowning Blackness


Exuviated

David : Les joies des décalages de programme font que je ne verrai que le dernier morceau d’Exuviated. Le groupe balance un death à riffs très mélodiques, qui ne m’aura pas convaincu plus que ça. Le chant est assez quelconque, la musique l’est également. Je passe.

Hraesvelg : le chanteur du groupe, apparemment habitué au public belge, se félicite de passer de si bonne heure puisque, selon son expérience, la plupart de celui-ci ne se rappellera même pas avoir vu les têtes d'affiches le lendemain ... opinion confirmée dans la soirée même si l'Apocalypse annoncée n'a pas eu lieu, le froid sans doute. Froid comme l'est hélas quelque peu l'accueil du public envers des titres pourtant exécutés proprement, par un groupe bien visuel (ce qui permet de supposer une expérience certaines de la scène) et un frontman à l'aise mais qui pêchent un peu en dynamique et en originalité, sans toutefois justifier une pause bière.

Obscura

Hraesvelg : occasion de découvrir en live si ce groupe, bien branché technique, réussirait à reproduire sur scène ses titres. Non seulement oui, mais leurs morceaux me paraissent bien moins chiants que sur album, notamment du fait d'un frontman charismatique qui manie son immense guitare avec dextérité. Seul bémol : un son de basse inaudible malgré un taulier qui se démène ... victime du syndrome Origin.

David : Passons aux choses sérieuses ! Les Allemands d’Obscura balancent la sauce dès le départ avec leur death technique inspiré tantôt de Necrophagist, tantôt de Cynic. Steffen Kummerer assure à la gratte comme au chant, et s’avère être un excellent frontman. A l’instar d’un Necrophagist, le groupe est super carré sur scène, notamment Graussmann derrière les fûts qui aura assuré de main de maître sur les morceaux de l’excellent «Cosmogenesis ».

Ce qu’on pouvait craindre avec ce type de groupe, technique et avec un chanteur-guitariste, c’est le manque de mobilité : il n’en fut rien et malgré la concentration des musiciens, on ne s’est pas ennuyés une seconde ! Ajoutons à cela un son qui nous permettait de discerner aisément les mélodies (enfin… tout dépendait du placement dans la salle) pour satisfaire le fan que je suis ! Je n’ai apparemment pas été le seul, puisque Obscura fut le premier groupe de la soirée à déclencher des pogos dans la fosse ! Seule petite déception : aucun morceau de « Retribution », ni du prochain album à venir.

Setlist Obscura :
The Anticosmic Overload
Choir Of Spirits
Universe Momentum
Incarnated
Desolate Spheres
Centric Flow

Severe Torture

David : Pause bière - fricadelle sous la neige (on reste fidèle à ses racines) et pas le temps de souffler, Severe Torture arrive sur la grande scène. Passé la surprise de l’apparence de Dennis, le frontman, dont le visage et l’absence d’atouts capillaires le rapproche d’un Reuno de Lofofora ; on se laisse avoir par le brutal death ultra dynamique du combo Néerlandais. On tape du pied au départ, puis c’est la nuque qui finit par nous chatouiller. La musique de Severe Torture est plutôt sympa, alternant temps lourds, groovy ou passages qui avoinent à cent à l’heure !

Le vocaliste, à défaut d’avoir une voix exceptionnelle, est très dynamique ainsi que les musiciens du groupe (notamment le guitariste Thijs qui j’ai trouvé avait une certaine classe). Puis moment assez curieux : alors qu’Ananta a joué en avance et qu’on a appris toute à l’heure que Loudblast ne viendra pas à cause de la neige (oh les lopettes !), on demande aux Severe Torture de se dépêcher et d’écourter leur set. Bizarre, d’autant que le groupe semblait se plaire sur scène et n’en avait visiblement pas envie. Très bonne prestation en tout cas, même si c’était pas non plus le concert de la journée.

Hraesvelg : Groupe présent sur l'affiche en remplacement de Hate, qui remplaçait lui même Mnemic, Severe Torture était attendu de pied ferme puisqu'étant le premier groupe véritablement extrême du fest. Les pogoteurs ont pu s'en donner à cœur joie sur des titres bien sauvages taillés pour l'exercice. Le groupe fait le boulot sans se la raconter : les musiciens ne sont pas là pour faire le spectacle mais bel et bien pour envoyer la sauce. Mission accomplie.

Setlist Severe Torture :
Endless Strain Of Cadavers
Grave Condition
Unholy Misconception
Buried Hatchet
Feeding On Cadavers
Countless Villains
Slaughtered
End Of Christ

Came To Kill


David : Arrivé sur la Deathcovery Stage juste après Severe Torture, j’assiste à la fin des petits filous qui ont pris l’horaire d’Ananta, j’ai nommé Came To Kill. Deux membres portent un t-shirt Pantera, le ton est donné : le groupe du défunt Dimebag Darrell est une grande source d’inspiration pour le combo Wavrien (de Wavre, je précise). Les vainqueurs du concours Mass Deathtruction s’évertuent à nous proposer un power/thrash bien burné et mettent une sacrée énergie dans leur prestation : les Belges font preuve d’aisance malgré leur jeunesse (le groupe n’a qu’un an d’existence dans sa configuration actuelle). A revoir en entier pour mieux juger ça !

Hackneyed

David : Les deux albums du groupe (signés chez Nuclear Blast, excusez du peu) m’avaient mis une claque sévère. Alors quand le matin même sur la route mon collègue me présentait Hackneyed comme un groupe de petits jeunots, je n’imaginais pas que c’était à ce point ! Le doute m’assaille : merde, c’est bien eux qui ont sorti « Death Prevails » et « Burn After Reaping » ? Eh ben bingo ! Dès les premières notes, le pubère-metal-band (bon allez, ils ont 17 ans à tout casser) allemand envoie la sauce et le doute n’est plus permis. Pubère en apparence oui, mais avec de sacrées burnes dans leur instrument !

Les premières rythmiques groovy de « Axe Splatter » nous sont assénées avec la fougue de la jeunesse, et déjà une certaine maturité autant scénique que musicale : pas d’emocore-machinchose, ici on a des jeunes qui ont le goût de nous proposer un brutal death groovy avec des pointes de mélodie. Ça sonne moderne, mais avec un certain respect des traditions du genre. On voit aussi avec surprise que cette bande de gosses a déjà une grosse expérience de la scène, une aisance technique remarquable et une base de fans présente dans le public ! Faut avouer que leur air juvénile m’a fait une étrange impression tant il est en décalage avec ce que dégage le groupe (surtout les deux guitaristes, c’est limite si je me sentais pas un peu pervers bizarre de les prendre en photo), mais on ne peut qu’être impressionné par tant de maîtrise, et impatient de voir ce que vont nous réserver ces Allemands pour la suite !

Setlist Hackneyed :
Intro
Axe Splatter
Worlds Collide
Ravenous
Finger On The Trigger
Deatholution
Weed Flavoured Meat
Home Meat Home
Gut Candy
Guantanamo Bay Holiday
Last Man On Earth

Dagoba

Hraesvelg : ayant zappé les groupes précédents pour cause de queue interminable dans le blizzard (mais la mitraillette fricadelle, ça se mérite !) et de risque d'urticaire (pour éviter un jeu de mot pénible) j'approche de la scène (après une longue pause -annoncée cette fois-ci- du fait de l'annulation de Loudblast) pour revoir un groupe qui semble me poursuivre : à quasiment chaque Fest, le groupe de Marseille est présent et si dans un premier temps, j'étais très honnêtement venu pour assister à un naufrage -qui n'aura pas eu lieu, c'est désormais avec plaisir que je retrouve ce groupe qui, certes, me fait sourire quand il utilise les mots "extrême" et "black metal" pour qualifier certains de ses titres mais n'en demeure pas moins un groupe à l'attitude très pro, et à la musique qui se laisse écouter. J'avoue aussi que le style très visuel du batteur, dont sa manière d'attaquer les cymbales, ne me laisse pas indifférent : si certains ont du mal à exister derrière les fûts, le frontman a ici un contrepoids charismatique plutôt bienvenu puisque cela contribue à dynamiser l'ensemble du jeu de scène du groupe. Toujours pas persuadé d'assister à un show "rien que pour eux" mais Dagoba a toujours été impeccable, quelles que soient les conditions, donc ...

David : A peine remis de la claque Hackneyed que je passe par la Deathtruction Stage pour voir Dagoba. Les annulations digérées, on y voit enfin plus clair niveau planning, ça nous facilitera la fin de journée ! Mais revenons-en à nos moutons. J’ai toujours été plus ou moins dubitatif depuis que j’ai eu l’occasion de voir les Phocéens en live pour la sortie de « Face The Colossus » : ça bouge bien, mais ça se la joue grave. Et là, ce fut la même chose : rien à dire, c’est carré, ça envoie, y’a du spectacle aussi bien sur la scène que dans la fosse (qui aura été bien animée !)… mais ça m’exaspère assez vite. Reste que j’ai retrouvé avec plaisir des titres des premiers albums comme « The Things Within », « It’s All About Time » et « The White Guy (And The Black Ceremony) », et regretté l’absence de « Maniak » (quoi que ils l’ont peut être jouée, j’ai pas tout vu…). Et puis, ça fait quand même plaisir de voir un groupe français bouger la foule comme ça hors de nos terres, même si on reste en Belgique francophone. Petite attention de leur part pour leurs collègues d’en bas d’Ananta, qui, comme ils le disent « ont joué bien trop tôt dans ce festival ». On ne peut qu’être d’accord avec eux.

Hour Of Penance

Hraesvelg : c'est l'heure des pénibles, avec leur chanteur que même mamie a plus de voix que lui ! Direction le bar, les "spéciales" me réclamant !

David : Relativement déçu du passage des ritals à Comines, ce Mass Deathtruction était l’occasion de me forger (ou pas) un avis definitif sur Hour Of Penance. Et dès le départ, ça envoie sévère avec « Paradogma », et ça le fait nettement plus qu’il y a deux mois ! C’est vrai que le frontman actuel n’a pas la puissance vocale espérée pour un groupe du calibre d’Hour Of Penance (n’est pas Francesco Paoli qui veut), mais par contre pour le reste, on a eu le droit à une bonne boucherie ! Son puissant, musiciens ultra carrés et démonstratifs sur scène (sauf le bassiste, qui a toujours un air nonchalant assez curieux)… Et puis merde, quoi, ça avoine ! C’est pas ce qu’on demande à un groupe de brutal death ? Se prendre « Misconception » dans la gueule de toute façon, ça n’a pas de prix.

Waking The Cadaver

David : J’ai pas aimé à Lille, bah c’était la même chose chez les Belges. Ça me fait toujours le même effet : on sent que ça vient, ho un passage death/grind, cool ! Puis derrière v’là que je t’assène un gros break deathcore… je ne supporte toujours pas ! A noter que le vocaliste, Don Campan, semblait plus en voix qu’à Lille. Les fans ont dû apprécier, moi je ne vais pas me faire mal plus longtemps, je retourne attendre les ritals. Enfin, les autres ritals.

Hraesvelg : N'en ayant pas forcément entendu que du bien, pour utiliser un doux euphémisme, je ne m'attendais à rien de bien folichon ... sauf que je suis passé du "pas si mal", au "ah ouais ?!? pour finir sur un "chapeau" tant le groupe fait passer un bon moment. Si là encore, que l'on ne s'y méprenne pas, il est exclu que j'achète un jour un de leur CD, le ramage correspond au plumage, et c'est bien là l'essentiel dans un fest. les musiciens bougent mais assurent, et le public suit. Gros point noir toutefois : les karaté kids qui ont empêché bon nombre de profiter du set en exécutant leurs cascades, malgré les demandes du chanteur de laisser place aussi aux "autres" fans (mais pas certain que les zozos pigent l'anglais).

Fleshgod Apocalypse


Hraesvelg : grosse impression visuelle et sonore pour ce groupe, mais la fatigue a fait que papy Hraesvelg est allé se réfugier dans le froid pour taper la sieste vu la suite des festivités ...

David : Quasiment le même matos (pratique deux groupes qui viennent du même coin et jouent l’un après l’autre) mais image différente : c’est en costard et maquillés de manière sanglante que débarquent les Fleshgod Apocalypse. On sent qu’ils veulent en faire un max pour amener un peu d’imagerie « musique classique » dans leur brutal death, impression renforcée par l’introduction : c’est sur la 5e Symphonie de Beethoven que le set des ritals débute… mais trêves de considérations raffinées, car le reste va juste nous décrasser violemment les cages à miel ! Le groupe enchaîne à la suite « In Honour Of Reason », « As Tyrants Fall » et « Embodied Deception », morceaux joués à une vitesse impressionnante par Francesco Paoli derrière les fûts et avec un son qui restera un peu trop fort, mais bien puissant à mon goût (avec des protections ça passe nickel) ! On peut faire un rapprochement évident avec Hour Of Penance dans le style musical, sauf que si le premier est plus inspiré par Behemoth, ici on sent plus d’Origin dans les mélodies.

Contrairement à leurs compatriotes plus tôt, on a affaire à une bonne performance vocale de Tommaso Ricardi, soutenu par des backing vocals efficaces. Je suis même surpris d’entendre que la voix claire du refrain de « Thru Our Scars » est chantée par un des musiciens du groupe ! Un show presque parfait de la part des transalpins… qui aurait gagné en intensité selon moi si un claviériste était présent sur scène pour jouer les quelques interludes classiques qui parsèment les compositions, de mon point de vue perso ! Enfin, je ne vais tout de même pas cracher dans la soupe, car peu de groupes m’auront mis une telle claque ce soir !

Macabre

David : Grand fan de Macabre sur album, j’avais été assez mitigé lors de la prestation du groupe culte Américain à Lille, il y a tout juste un mois. Sans grande surprise, c’est à peu de choses près à la même prestation qu’on a eu droit ce soir : « Corporate Death » , le chanteur/guitariste avec son micro « plateau d’émission TV style » nous réserve encore une fois un show excellent, énergique, qui fait honneur à la folie de la musique de Macabre. Les speeches entre les morceaux sont toujours aussi délirants et délicieux, et Dennis « The Menace » à la batterie n’est pas en reste et fait parler la poudre. Seul le bassiste reste en retrait.

On a le droit à de super bons moments comme l’inévitable « Nightstalker », « You’re Dying To Be With Me » ou le très dansant « Nero’s Inferno », extrait du nouvel album à venir en 2011. Malheureusement, il y a toujours un truc qui manque scéniquement : le groupe ne bouge pas trop sur scène, et les blancs entre les morceaux sont trop longs et trop nombreux, si bien qu’à de rares moments on a l’impression que les américains se font chier. Du coup, nous aussi. Malgré tout, on passe toujours un très bon moment avec un concert de Macabre, même s’il ne nous donnera jamais de souvenirs impérissables.

Hraesvelg : ça y est, Macabre a enfin réussi à se "retrouver" sur scène et, contrairement au set du Mean, je n'ai pas eu l'impression de voir un groupe en salle de répét' .. et que dire du backdrop "évolutif" qui changeait de couleur selon l'éclairage : LA Grande Klasse. Par contre je ne suis absolument pas ressorti rassuré de ce set concernant l'état mental du chanteur/guitariste : le type vit un peu trop ses titres pour être honnête. Grosse prestation du batteur, qui reprenait son souffle la tête dans le ventilo entre chaque titre.

Gronibard

David : Honte sur moi et ma famille pendant 666 générations ! Je suis du Nord et je n’avais jamais daigné poser ne serait-ce qu’une oreille sur les apôtres locaux de la poésie et la fraîcheur, j’ai nommé Gronibard ! Rebuté par leur côté crado que j’avais pris pour une maladroite tentative de cacher la faiblesse de leurs compos, j’ai bien été obligé de me raviser après m’être pris ce live dans la gueule ! Dès notre arrivée, on sent les Gronib’ impatients d’en découdre avec la scène, tout est bon pour patienter avant le départ : décomptes à la con, feintes sur les Belges… Les super-héros de l’amour (costumés comme il se doit, slibard tout dehors, avec un G majuscule pour « Super Gay ») démarrent et les fans seront ravis de voir que le premier album sera particulièrement mis à l’honneur avec des titres aussi poignants et délicats que « Je Te Déchire l’Anus » ou « La raie de mon cul est une trousse à bite » !

On comprend aisément que dans ce déluge d’affection, Albatard n’aura pas tenu bien longtemps avant de lâcher sa basse pour venir se frotter au public ! Anal Capone en fera de même, même si à son goût il n’y aura pas assez de « garçons tous nus dans la fosse ». Qu’à cela ne tienne, ce dernier fera tout pour rapprocher les gays que nous sommes avec un « wall of kiss ». Au final, si ce n’est pas la partouze espérée, on trouvera quand même quelques métalleux débordant d’émotion pour se foutre à poil sur la scène en fin de set !

D’un point de vue purement technique, je me rends également compte que je suis passé à côté de quelque chose toutes ces années : les musiciens jouent super bien, même si l’esprit reste grind donc ça peut pas être très carré non plus… Et faut avouer que niveau public comme niveau groupe, ça partait en couille sévère, et c’est ce qu’on aime dans un concert de grind ! Bref, ça me fera pas m’intéresser plus que ça aux Gronib’, mais à revoir en live avec grand plaisir !

Hraesvelg : bon, ayant fait le déplacement pour eux, z'avaient intérêt à assurer ! Accueillis par les vivats de la foule ("A poil", "Vous êtes à chier !!!"), les vilains Gronibards apparaissent dans des accoutrements qui les font passer pour encore plus gay friendly que Wanking the cadavers, mention spéciale à "Mr Slip Mauve" qui a "perdu" la poche de son slip kangouru : ses deux papas doivent être fiers de lui ! Hommage appuyé au pays hôte avec une intro "Stroumph Party" et zou, panpan cucul ! Les gronibs envoient vigoureusement de la buchette, entre deux trucs "funs" : des blagounettes faciles sur les belges (un comble quand on vient de la région des pédophiles, chômeurs, consanguins et, accessoirement, alcooliques) et sur Dagoba (la jalousie sans doute, parceque leur batteur est plus mignon que le leur !) - cette dernière vanne débouchant sur un "Wall of Kiss" du plus bel effet ! Le set fut accompagné d'effeuillages virils (ou presque), pour la plus grande joie des musiciens, et de plongeons répétés d'Albatard dans le pit (certainement que l'ambiance "hommes en sueur" lui aura rappelé les saunas -indubitablement gays- de sa folle jeunesse!) Une puissance gaygrind retrouvée qui fait plaisir à voir ! Bisoucaresse, et joie ...

Setlist Gronibard:
March Of The Gronibard (intro)/Je Te Déchire L’Anus
Arrête De Boire Mets Toi Au Foutre
We Are French Fukk You
La Raie De Mon Cul Est Une Trousse A Bite
Prout De Bite
Morceaux Gores part 1
Crème de Chatte
http://www.j’t’Aspire Le Derche.com
Criple Bitch (GUT cover)
Udufru (Belenos va en Norvège)
Anticrust Superstar
Morceau En Son Clair
Wouf Wouf
Nuggets No Glory
Pomme d’Anus
Morceaux Gores part 2
Dans ton cul
Quand je Sodo Mimi Mathy ça Fait Un Méchoui
Sous la douche Avec Miguel
Olé
Va Faire La Vaisselle

Immolation

David : Ce qu’il y a de bien avec un concert d’Immolation, c’est qu’on a la quasi-certitude de passer un moment exceptionnel. Après la claque prise à Lille, la bande à Ross Dolan m’a une nouvelle fois scotché sur place. C’était même encore meilleur que dans le Nord : exécution impeccable (le batteur m’impressionne toujours autant), lights chiadées, haine palpable dans les vocaux et dans l’attitude… quand t’as Immolation en face de toi, même si c’est trop con, t’as juste envie de faire le signe des cornes du diable en gueulant : gloire à Satan ! Tellement puéril, mais jouissif.

La setlist, sans nous réserver de grosse surprise, était plaisante, nous laissant goûter aux morceaux les plus récents (« The Purge », « Power And Shame ») comme à quelques vieilleries (« Immolation »). Le charisme des monstres que sont Ross Dolan et Robert Vigna impose le plus grand respect, les solos de ce dernier étant beaucoup plus audibles qu’à Lille pour mon plus grand bonheur. Une prestation qui frôle le sublime, la perfection, si bien que le temps d’un soir les death metalleux auront supplanté Napalm Death dans mon cœur. A voir et à revoir à l’infini sans aucune lassitude !

Hraesvelg : pas évident de se plonger dans l'ambiance "sérieuse" d'Immolation après le set des Gronibards, d'autant que, même si prends toujours plaisir à revoir ce groupe monstrueux sur scène, je demeure persuadé que la première fois est bien la meilleure. Toutefois, même si l'effet de surprise a disparu, que l'on s'attend à en prendre plein la gueule, Immolation reste incroyablement efficace, set après set, sans jamais perdre en intensité... et bordel quel batteur ! Le terme de "maîtrise" semble avoir été inventé pour eux !

Setlist Immolation :
The Purge
Once Ordained
Father You’re Not A Father
Majesty And Decay
Passion Kill
World Agony
Immolation
Close To A World Below
Harnessing Ruin
Power And Shame

The Monolith Deathcult

David : Ils se seront fait attendre sur scène, les bougres ! Après une introduction si longue qu’elle en a fini par être chiante, c’est par un morceau atmosphérique (dont j’ai oublié le nom) que débute le set des Néerlandais. Pas vraiment l’idéal pour entrer dans l’univers du groupe d’ambiant-brutal-death. Heureusement, on passe aux choses sérieuses par la suite avec un dantesque « Master Of The Byranks Forest » qui me permet enfin de rentrer dans le show du trio de Kampen. Le son est fidèle à ce que l’on peut attendre d’un tel groupe : monolithique. Robin Kok (à la basse) et son acolyte sur scène se donnent, et le fait que les deux se relaient au chant apporte un plus indéniable au show. Les deux voix apportent beaucoup aux compos, le bassiste (dont on n’entendait malheureusement pas assez le timbre) possédant un growl caverneux et le guitariste hurlant de manière plus folle.

Les fans sont présents et je ne suis pas le seul à être à fond dans le show des bataves, mais malheureusement des petits grains de sable viennent à mon sens enrayer la machine. Je m’explique : sur le dernier album (joué en majorité), « Trivmvirate », les effets électroniques et divers samples sont une partie intégrante de la personnalité de TMDC. Alors quand on enlève un grand nombre de ceux-ci, on a plus qu’un brutal death certes lourd, mais également sans nuances. C’est en gros ce qu’on a entendu en live. Ensuite, vient « Deus Ex Machina », accessoirement mon morceau préféré du groupe. Il est joué plus lentement que sur album, soit. Mais quand les musiciens entament la deuxième partie, jouant tous à une vitesse différente, ça donne juste n’importe quoi et ça m’a complètement gâché mon concert. Dommage, car le show s’est terminé en fanfare avec « Kindertodeslied » et un « Wrath Of The Baath » qui n’aurait pas dépareillé dans un match de rugby des All Blacks, avec ses cris guerriers… mais le mal était fait, et pour un groupe atmosphérique comme l’est TMDC, c’était déjà trop. Bilan mitigé, donc, qui je l’espère sera rattrapé lors du passage du groupe au Lille Winter Grindfest deux semaines plus tard.

Napalm Death

Hraesvelg : j'ai raté, sans doute à tort, le set de The monolith Deathcult pour assister à celui de Napalm des premiers rangs. Certains se contentent de ne voir qu'une fois ou deux ce groupe absolument mythique, je n'en rate aucune occasion : pourquoi se priver d'un set que l'on sait d'avance réussi ? d'autant que le groupe botte des culs à en faire pâlir d'envie des groupes de jeunots pourtant dans la force de l'âge. Fin de fest idéale, même si le fait de piocher dans de titres "rares" sent un peu la fin sans vraiment l'avouer ...

David : Putain d’estomac à la con ! C’est après avoir fait la queue plus d’une demi-heure pour une malheureuse barquette de frites que j’arrive pour le show de Napalm Death, visiblement bien entamé. « Bien fait pour ta gueule, t’avais qu’à pas penser qu’à ton bide », vous dites ? Vous avez raison, il ne fallait pas louper une miette du show des britanniques ! Energiques comme à leur habitude, les papys ont juste explosé la Deathtruction Stage ce soir, et avec une setlist de choix qui couvre quasiment toutes les périodes du groupe (paradoxalement, les albums les plus récents étaient moins représentés) !

Et que ce soit sur les « M.A.D », « The World Keeps Turning », « Lucid Fairytale », « On The Brink Of Extinction » ou l’inévitable « Nazi Punks Fuck Off » , ça a été la guerre du début à la fin dans la fosse ! Les slammeurs s’en donnaient à cœur joie, les pogos s’enchaînent, si bien que rester aux premiers rangs devient un véritable sport ! Mark Greenway nous fait profiter de ses speeches anticapitalistes et antifascistes, blague avec le public comme d’habitude, pour mieux nous asséner pain sur pain dans la gueule ! La seule raison qui n’en ferait pas LE concert de la journée, c’est tout simplement parce qu’Immolation a mis la barre incroyablement haut deux heures auparavant. Le set de Napalm Death s’achève sur un rappel Suffer The Children / Instinct Of Survival qui ne manquera pas de bouger les derniers motivés de la soirée, comme il y a un mois lors de leur passage à Lille. Vu l’état de la foule à la fin, on se dit que finalement, elle en a eu pour son compte malgré les annulations de la journée…