U-Zine

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Certains concerts paraissent presque inespérés pour les amateurs de rock dur ou de Metal, et particulièrement quand ces concerts se déroulent dans une petite ville comme Vienne en Isère, habituée aux sonorités du Festival Jazz à Vienne chaque été, et aux concerts plus axés scène française, hip-hop voire punk, mais rarement rock, et jamais Metal il faut bien l'avouer. L'exception de ce soir confirme la règle. Nous voici donc en plein mois de décembre, sous une petite tempête de neige, direction la MJC de Vienne pour un concert Stoner / Metal / Hardcore avec le groupe Calmos , les semi locaux de God Damn, et Mudweiser, le tout est organisé dans le cadre des soirées Beastie Noize par la Locomysic.

Place tout d'abord au groupe Calmos, qui aura la tache d'ouvrir les hostilités de ce dernier concert de l'année à Vienne. Calmos est un groupe proposant un mix hardcore/fusion/metal inclassable, à chant en français, et qui est composé de membres de Tasmaniac, 109 et de Wanapeek. Ce groupe s'est formé autour de l'univers du film méconnu de Bertrand Blier, du même nom, Calmos, sorti il y a plus de 30 ans. Film avec au casting Jean Rochefort, Jean-Pierre Marrielle, Brigitte Fossey, Bernard Blier, comprenant des dialogues savoureux, et de vrais scènes surréalistes, à l'ambiance grivoise et qui est ressorti récemment en DVD, un véritable OVNI dans l'histoire du cinéma français que je vous conseille vivement. Le groupe a sorti un EP au nom évocateur : Un doigt dans le Culte.
Revenons au concert, sur scène le groupe Calmos est en tenue franchouillarde, casquettes de gavroche vissées sur la tête, petite moustache, et pantalon à la Tintin, style seventies, et même bretelles, tandis que sur la gauche de la scène en hauteur, sur un écran de fortune, est diffusé durant tout le set des extraits du film Calmos, qui font office aussi de transition avec des dialogues en adéquation avec la chanson suivante. Quand on a une scène de dialogue de Jean Pierre Marrielle qui parle de CUUULS et de gynécologie avec Jean Rochefort, le décor est planté, le ton est grivois, les thèmes sont autour des plaisirs de la vie, et ce concept fort original de mêler un univers musical à un film de Bertrand Blier ne peut qu'être une putain de preuve de bon gout, et d'originalité! La prestation apporte l'adhésion du public, un peu frigorifié et pas encore excité, et les applaudissements et les rires se font de plus en plus nourris tout le long du set. Les chansons passent à toute vitesse, ce qui est toujours bon signe. Les extraits hilarants du film, et un groupe alliant bonne humeur et un son Metal hardcore font de leur set une sacré bonne découverte, agréable aussi le fait de distribuer entre les chansons du vin rouge au public, ou du fromage (du bon fromton!) surtout par ce temps hivernal! Calmos aura largement remporté sa victoire ce soir, un groupe à découvrir et surtout à voir sur scène, et un film CULte à redécouvrir d'urgence!
Comme dirait Jean Pierre Marrielle dans le film Calmos : Moi ce qui me fait bander c'est le Beaujolais!.

Quelques minutes de répits, le temps de voir débarquer, de nombreux fans de God Damn, de boire quelques bières, de remarquer aussi de nombreuses tête venant de Lyon et des alentours (et même de Chambéry!). La foule se fait plus pressante sur le devant de la scène, car ce soir God Damn est quasiment chez eux, plusieurs membres du groupes sont de la région. Le combo a sorti leur premier album Old Days cette année et a rencontré un succès aussi bien critique que public. Autant l'avouer God Damn est un groupe que j'apprécie sur scène car à chaque prestation on a droit à un putain de set couillu à travers la tronche, c'est efficace, chaque zicos a de la bouteille et un excellent niveau, et les compos sont toutes carrées, en plus ils ont un petit gars dénommé Rénat au chant qui déboite tout et a un vrai charisme sur scène. Ce soir avouons le cet énième concert des God Damn pour moi, aura un côté surréaliste, nous sommes dans ma petite ville de Vienne, et l'ambiance va être démente, ça moshe, ça slamme, Rénat va même demander un putain de wall of death (et il va l'avoir) sous le regard médusé de certaines personnes. Ça restera comme un moment assez dingue, vu la petite salle, bref, ambiance surchauffée, et du tonnerre. La prestation de God Damn comme ils aiment le dire avait des putains de couilles, et celle du public était fort sympatoche aussi. Si on rajoute des titres qui font toujours mouche en live, quelques vieux morceaux et un putain de bel hommage à Dimebag Darrel avec la reprise de Goddamn Electric, instant rare que nous a offert le groupe pour marquer le coup et rendre hommage aux 5 ans de la disparition du guitariste au bouc rouge, c'est d'ailleurs seulement la deuxième fois qu'ils jouent cette chanson de Pantera en concert. On aura droit aussi à la cover à la sauce God Damn, de Big Gun d'AC/DC qui remportera un beau succès et nous ferait presque oublier la version originale! Le concert se déroule dans un chaos total, la sueur est au rendez vous et le froid et la neige ont vite été oubliés. Leur prestation se terminera par un slam de Rénat, et une putain d'ovation et des applaudissements nourris. Force est de constater que les organisateurs et que probablement certains viennois (venus sans trop connaître le groupe et le style) ont du être fort surpris et se demander ce que c'était que ce tourbillon de testostérone et de bon son qui s'est abattu sur Vienne et d'où sortait ce public de déchainés! Avouons le God Damn une nouvelle fois, a mis tout le monde d'accord, ce groupe a tout pour réussir, et ce soir God Damn a tout simplement retourné Vienne comme une crêpe! Rendez vous est pris pour leur tournée Old Days dès Janvier 2010!


Mudweiser sera donc le dernier groupe de la soirée. On ne peut passer à côté de la présence de Reuno (Lofofora) au chant et d'anciens membres d'Eyeless sur scène. Après God Damn le public est un peu plus clairsemé, mais ça n'empêche nullement Mudweiser de proposer un excellent set rock'n roll à souhait. On peut regretter peut être un son moins bien réglé, et une voix de Reuno que l'on avait du mal à entendre, ce qui est un peu dommage, mais peut être est ce ainsi fait pour qu'il ne tire pas la couverture sur lui. En tout cas, ayant vu un très grand nombre de fois Lofofora sur scène, j'ai remarqué qu'il offre un registre de chant surprenant et une attitude plus cool sur scène, limite crooner parfois, et j'ai eu l'impression qu'il y prend un plaisir différent, voire supérieur sur scène avec Mudweiser qu'avec Lofo. Les musiciens lui rendent bien car c'est putain de carré une nouvelle fois, mention au bassiste qui m'a vraiment surpris. Mudweiser offre un stoner varié et plaisant aussi bien en live qu'en album (Holy Shit). Reuno se fendra même d'une petite dédicace à un animateur d'une radio locale, qui l'avait interviewé quelques minutes auparavant. Cette attitude cool, du bon stoner des familles, des très bons musiciens, un Reuno au chant rocailleux, une ambiance qui sent bon le bayou, le houblon, le malt et l'univers des amateurs de Daisy Duke, firent de ce dernier groupe de la soirée un final moite à souhait, plus calme mais bien rock'n roll et très classe. Mudweiser est un groupe qui a une démarche musicale à défendre et qui en plus assure en live, que dire de plus sinon leur souhaiter une longue vie, et de les revoir au plus vite sur scène!

En guise de conclusion saluons la Locomysic et surtout le programmateur musical de cette soirée, qui a eu les couilles de faire une programmation atypique pour un concert dans cette ville de Vienne. Les groupes tous au top, le public, présent nombreux dans des conditions climatiques digne d'un blizzard et l'ambiance surchauffée ont tout simplement prouvé que ce type d'évènement a sa place dans une petite ville comme Vienne. Rien que pour ça je ne souhaite qu'une chose : ne pas attendre décembre 2010 pour revoir un concert Metal/Rock à Vienne.
Les groupes de la scène Metal dans la région Rhône-Alpes sont nombreux, diversifiés et de qualité, tournent dans des villes comme Lyon, Saint Etienne et de nombreuses autres contrées, et ont un vrai public. Ce serait dommage de passer à côté d'autres soirées de ce genre dans cette ville de Vienne, et de ne pas surtout soutenir aussi, cette scène et les groupes qui la composent.