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mercredi 23 mars 2011

Seasons Of Silence

Nicolas Bourduche (Guitare)

U-Zine

U-zine.org, webzine musical metal actif entre 2004 et 2015. Fermé en 2015 suite à sa fusion avec 2Guys1TV, ses articles (chroniques, live-report, interview, dossiers, ...) sont désormais disponibles directement sur Horns Up via ce compte !

Kris, leader du groupe de black/death Withdrawn a pris la casquette du journaliste pour U-zine et a été à la rencontre de Seasons Of Silence ...

01) Hi Nico ! Peux-tu te présenter et nous dire qui est Seasons of Silence ? Quel style de métal pratiquez vous et est ce que ce nom de "Seasons of Silence" a un sens particulier ? Pourrais-tu peut-être nous citer quelques groupes qui vous influencent ?

Salut Chris. Tout d’abord, merci pour nous avoir proposé cette interview. Je me présente, Nico, guitariste rythmique au sein de Seasons Of Silence, groupe vichyssois formé fin 2005-début 2006 mais que j’ai intégré en 2008 en remplacement de Pierre-Edouard, le guitariste rythmique originel, qui avait quitté le groupe quelques mois plus tôt pour cause d’éloignement géographique. Les autres membres du quintette sont Jeff (chant et claviers), Guillaume (guitare lead), Tristan (basse) et Jérémie (batterie).

Nous utilisons souvent le terme de Metal mélodique pour qualifier notre musique. On pourrait bien évidemment classer notre style dans le registre Speed-mélodique à l’écoute des 5 titres de notre EP mais cette étiquette n’est plus vraiment d’actualité à l’heure où je te parle. Depuis quelques temps (avant même la sortie de notre EP d’ailleurs), nous avions déjà commencé à orienter nos nouvelles compos vers un registre plus personnel s’empreignant de styles de Metal plus extrêmes, de sonorités plus modernes (avec l’incursion de sons électro en complément des nappes de claviers) tout en conservant une approche très mélodique héritée du Heavy Metal traditionnel. C’est un point très important pour nous : même si la musique se radicalise un peu plus, il est primordial que l’aspect mélodique reste la base de l’ossature musicale.

En ce qui concerne le choix du nom, quand j’ai connu le groupe, il s’appelait Seasons. Un nom qui symbolise le mouvement, le changement, l’évolution. Le nom de Seasons Of Silence a été finalement adopté en 2008, d’une part pour matérialiser un nouveau départ dans le groupe avec le changement de line-up mais aussi parce que le nom de Seasons est le même que celui de la chaîne câblée dédiée à la chasse et la pêche…des sujets assez éloignés de nos goûts personnels (rires).

Pour ce qui est de nos influences, à la genèse du groupe, c’était principalement les grands noms du Speed-mélodique, Blind Guardian et Sonata Arctica en tête. Depuis, d’autres influences sont venues se greffer notamment celles de groupes de Death mélodique tels que Dark Tranquillity mais aussi de formations plus prog’ comme Orphaned Land ou Symphony X.

02) On sent déjà une certaine maturité sur votre EP. Vous avez travaillé longtemps en répétition et en studio pour obtenir ce résultat ou bien c'est le fruit de précédents enregistrements et expériences au sein d'autres groupes ? ou les deux ?

Merci pour le compliment. 4 des 5 titres de l’EP étant des vieux morceaux du groupe, je n’ai pas participé à leur élaboration. Néanmoins, je sais qu’ils ont tous été composés dans un laps de temps très réduit. La groupe a vraiment démarré fin 2005 et mes camarades s’était fixés pour challenge de fournir un set totalement constitué de compos originales pour leur premier concert qui s’est tenu le 21 juin 2006. Du coup, certaines compos ont vraiment vu le jour dans l’urgence, gagnant ainsi en spontanéité et en cohérence mais parfois aux dépens de l’originalité. Cependant, nous sommes très attachés à l’impact immédiat de nos morceaux sur notre auditoire lors des concerts. Du coup, plusieurs vieux morceaux ont subi quelques petits liftings lorsque certains passages étaient jugés pas assez efficaces ou trop « bateau » à notre goût. C’est notamment le cas de « Run », un des 5 titres de notre EP que nous jouons d’une manière légèrement différente en live.

Plus récemment, nous avons aussi pu tenir compte de certaines remarques formulées dans quelques chroniques de notre EP, notamment l’ombre trop présente de nos influences premières. C’est un point négatif que nous avions déjà commencé de gommer et auquel nous restons très attentifs. De plus, depuis peu, nous nous sommes mis à réaliser quelques petites démos « maison » afin d’avoir plus de recul et une vision plus nette du rendu de nos compos. Ceci nous est d’une grande aide pour juger au mieux de l’efficacité de nos morceaux et préparer le terrain pour notre premier album.

03) Certains passages s'écartent du heavy traditionnel pour lorgner vers le death mélodique avec l'utilisation notamment d'une voix death. On trouve également de l’orgue hammond, des riffs plutôt typés death suédois, des effets sonores plutôt indus, etc... et pourtant on n'a jamais l'impression que vous vous écartez de votre son. Est ce une volonté de votre part d'intégrer des sons "non conventionnels" au heavy ou bien, coup du hasard, ça collait à merveille à cet endroit et à ce moment ? Ce genre d'éléments pourrait être amené à se développer dans vos prochaines compositions ?

Comme évoqué plus haut, le Heavy traditionnel est loin d’être notre seule influence. Du coup, nous n’hésitons pas à piocher dans d’autres styles de Metal, voire d’autres styles musicaux, pour enrichir nos compos. Bien sûr, il faut que cela apporte vraiment quelque chose. Il faut qu’il y ait une logique, une cohérence dans l’utilisation de ces éléments musicaux extérieurs. Coller du chant death partout pour « se la jouer bourrin » perdrait de son impact et ne rendrait pas forcément service aux morceaux. Par contre, si à un moment donné dans le morceau, il y a besoin de chant death, de riffs connotés Metal extrême ou de sons plus aériens pour faire ressortir certaines paroles, certains sentiments ou certaines ambiances, alors nous y avons recours. Toutes ces « expérimentations » sont donc complètement voulues et sont en effet amenées à se développer car nous voulons en faire une des clés de notre personnalité musical.

04) Suite à un remaniement de line-up, Jeff est passé du synthé au chant lead. Pourquoi s'y est il collé ? Pas trop dur pour lui ? Il s'occupe toujours des parties synthé en concert ou vous utilisez des boucles, samples ?

En effet, en 2010, nous avons décidé de nous séparer de notre chanteur lead. Nous aimions beaucoup son timbre de voix mais malheureusement, nous n’avancions pas assez vite à notre goût avec lui comme frontman. Concernant Jeff, il est avant tout chanteur avant d’être claviériste. Il joue (ou a joué) avec plusieurs formations allant du Hard traditionnel au Pop-Rock. De plus, en tant qu’intermittent, il fait aussi beaucoup d’animations dans des registres plus variété ou même classique. Bref, il a un registre vocal très varié. De plus il s’occupait déjà du chant death et des chœurs, il connaissait les morceaux, le mettre au poste de chanteur lead était donc un choix logique. Il n’a donc eu aucune difficulté ni aucune crainte à prendre ce poste. En ce qui concerne les parties de synthé en concert, il arrive que Jeff continue de jouer certains passages en live comme les parties d’orgue Hammond sur « Peacebreaker », le duel clavier-guitare lead de « Run » ou lors du passage central de « Twinsides ». Cependant, comme nous avons rarement l’occasion de faire des Zéniths (rires), le manque de place sur scène nous a contraints à avoir recours aux samples. Mais cette utilisation de samples, rendue nécessaire à cause de soucis purement logistique à la base, est en fait devenue un vrai atout pour nous. D’une part, cela nous a permis d’incorporer des sons plus modernes (les sons plus indus/électro que tu évoquais plus haut). D’autre part, cela nous oblige à être plus rigoureux et meilleurs techniquement : si tu n’es pas calé quand tu joues avec des samples, ça ne pardonne pas en live.

05) Dans quels studios avez vous enregistré, mixé et masterisé ? Des anecdotes à partager à propos de ces sessions ? C'était votre premier enregistrement avec Seasons of Silence ? Quels enseignements en avez vous tiré ?

Toutes les parties de basse, guitares, claviers ont été enregistrées par nos soins avec notre propre matos. En revanche, toutes les prises de batterie et de chant, de même que le mixage, ont été réalisés chez notre ami Eric Prissette du studio Mix Max. Nous avions besoin de quelqu’un que nous connaissions afin d’être en confiance car il s’agissait pour la plupart de notre première expérience en studio. Notre démarche en rentrant en studio était de proposer un CD le plus pro possible, tant en terme de qualité de composition, de son que de visuel, dans la limite de nos capacités techniques et financières bien sûr. A la base, ce 5 titres n’aurait dû être qu’une simple démo vouée au démarchage. Mais nous avons été tellement satisfaits du résultat que nous avons décidé d’en faire un vrai EP agrémenté d’un digipack, à la grande satisfaction de certains des fans assidus qui attendaient avec impatience une réalisation de notre part. Alors, certes, cet EP n’est pas exempt de quelques défauts et nous avons peut-être passé trop de temps sur certains points de détail aux dépens d’autres qui auraient mérité plus d’attention. Nous sommes conscients de ces petites erreurs de débutants et nous allons essayer de les éviter pour nos enregistrements futurs mais nous restons fiers de cet EP car il clôt un chapitre de la vie du groupe.

06) Peux tu nous parler du mode de composition au sein de Seasons of Silence ? Les morceaux font souvent 5 minutes mais en paraissent seulement 3 tant ils sont développés et arrangés avec justesse et maturité. Comment les travaillez-vous ?

Notre mode de composition a évolué au fil du temps. Nous étions généralement 4 à composer dans le groupe, avec chacun nos styles propres, nos marques de fabrique. Auparavant il arrivait souvent que l’un d’entre nous arrive en répétition avec une compo « clé en main ». De nos jours, avec des logiciels comme GuitarPro, Cubase, EZDrummer, il est en effet très facile de faire une démo très aboutie chez toi pour la soumettre aux autres. Ce procédé de composition nous a certes permis de sortir des morceaux dont nous sommes très satisfaits. Néanmoins, certaines ébauches de compos n’ont pas toutes subi le même sort et des idées ont été complétement abandonnées ce qui est toujours frustrant pour celui qui en est à l’origine. Du coup, nous avons décidé de revenir un processus de composition plus collégial. Si quelqu’un à une idée de riff, de ligne de chant, bref, un embryon de compo, il le propose aux autres en répétition. Si cet embryon plait, alors on le développe ensemble et le morceau prend forme grâce au travail des 5 membres du groupe. Par contre, si elle n’obtient pas l’approbation, l’idée va direct à la corbeille. Ce processus de composition collectif nous satisfait complètement. Il est plus démocratique, il renforce la cohésion du groupe et, souvent, le résultat qui en découle est plus spontané, plus frais.

07) La scène Heavy française n'étant pas l'une des plus populaires et développées dans notre pays vous avez une place à prendre mais ne pensez vous pas qu'il va peut-être falloir essayer de vous exporter dans le reste de l'Europe pour rencontrer un vrai public Heavy ? Quels sont vos plans de concert, de tournée à plus ou moins court terme ?

Nous avons bien conscience que la scène Heavy française manque un peu de représentants au sein de la jeune génération de groupes de Metal. Pour preuve, nous avons beaucoup plus de facilités à partager la scène avec des groupes de Metal extrême qu’avec des formations évoluant dans un registre vraiment proche du nôtre. Sur la seule région Auvergne, je crois qu’il n’y a qu’Awacks, Towersound ou Griselda qui évoluent dans des styles approchants. Nous aimerions bien partager la scène avec de tels groupes mais ceux-ci ne sont malheureusement pas très actifs scéniquement à l’heure actuelle. Du coup, sur le plan purement local, nous avons plus souvent l’occasion de jouer avec des formations plus extrêmes que nous comme Morphoss, Altaïr, Detorn, Entropia. Aussi souvent que possible, nous proposons également des échanges de dates à des groupes venant de départements limitrophes : le principe est simple, on t’accueille pour une date chez nous et, dans la mesure du possible, tu nous offres la même possibilité dans ta ville. J’en profite d’ailleurs pour passer un petit message : si vous êtes un groupe de Metal mélodique et que vous êtes intéressé par ce principe d’échange de dates avec nous, n’hésitez pas à nous contacter via notre page myspace ou facebook. En tout cas, cela nous a permis d’avoir de très bons contacts avec des groupes tels que Mordiggan, Bel O Kan, Hollow Graph X et nous gardons un très bon souvenir de nos rencontres. Par ailleurs, notre pote Kermhit (Kermhit AssometalBooking) nous propose aussi souvent des plans sympas et on tient à le remercier chaleureusement pour son soutien. Par contre, notre rayonnement, en terme de concerts, reste pour l’instant limité aux départements limitrophes pour des dates isolées ou à l’hexagone si l’on arrive à trouver plusieurs dates successives dans un même secteur géographique. Tout simplement car il faut aussi que nous rentrions dans nos frais. Sans l’appui d’un label ou faute « d’exposition médiatique » suffisante, il me paraît prématuré de vouloir programmer une tournée en Europe.

08) Suite à cet EP 5 titres j'imagine qu'un album est en phase d'écriture. Peux-tu nous le confirmer et nous en dire plus si c'est le cas ? Vous avez prévu de développer votre son ? De quelle compo de l’EP se rapprocherait le futur album ? (si l'album se rapproche d'une compo du EP bien sûr...)

Dans le mille ! Avec la recherche de dates, la préparation de notre premier album est notre priorité du moment. Nous avons déjà pas mal de matière en vue de cet album et nous continuons de l’étoffer au fil de nos répètes. Et dès qu’un morceau tourne, on le soumet au test de la démo maison pour voir s’il a le potentiel suffisant pour finir sur l’album. Par contre, à l’heure où je te parle, je suis bien incapable de me prononcer sur la tournure qu’il prendra et encore moins sur une éventuelle date de sortie. Les gens qui nous connaissent savent que la rapidité n’est pas notre point fort (rires). Ce qu’on veut avant tout c’est un album cohérent et avec, si possible, un son plus massif et actuel que notre EP. Et s’il faut beaucoup de temps pour y parvenir, alors on prendra le temps nécessaire car nous sommes plutôt du genre à être les plus pros et les plus soigneux possible dans ce que nous entreprenons. On aimerait bien aussi faire appel à un ingé-son qui a fait ses preuves mais malheureusement, ce choix-là dépendra aussi du budget qu’on pourra allouer à cet album. Quant à dire quel morceau de l’EP serait le plus annonciateur de l’album, j’avoue que ce n’est pas facile à dire tellement notre style à évoluer entre temps. Seul « Twinsides » me semble le plus indiqué dans le sens où il a cette faculté à mélanger les mélodies typiques du Heavy traditionnel à des éléments plus extrêmes. D’ailleurs, si on jouait ce morceau avec un accordage en Do # (accordage que l’on utilise de plus en plus), il aurait peut-être eu sa place sur le futur album (rires).

09) Je te laisse le mot de la fin. Si tu as un message à faire passer, vas y.

Aie ! Tu prends un risque là car j’ai l’impression d’avoir été déjà bien bavard. Tout d’abord merci à toi et à l’équipe d’U-Zine pour nous avoir chroniqué et interviewé. Je vais en profiter aussi pour remercier tous ceux qui ont permis à notre groupe de continuer son chemin durant l’année 2011 en participant à notre souscription pour l’EP, en nous soutenant en concert, en nous proposant des dates, en promouvant notre EP par des chroniques, articles, passages radios. La liste des personnes à remercier est longue mais votre soutien et vos encouragements nous vont droit au cœur et boostent notre motivation.

Une dernière info : si notre EP vous intéresse il est disponible auprès du groupe (nous contacter via facebook ou myspace) mais aussi sur le site de Metal Beret Distribution (http://mberetdistribution.free.fr). Ce site est géré par Fred, un passionné de Metal, dont le seul objectif est d’aider des groupes hexagonaux à se faire connaître en leur offrant une distribution. Les fonds recueillis lui servent simplement à enrichir son catalogue et ainsi, à soutenir l’underground. N’hésitez pas à aller y faire un tour.

Merci Chris. Bye !

Merci donc à Nico de s'être pris au jeu de l'interview, pour son temps et sa disponibilité.