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vendredi 17 juin 2011

Dagoba

Shawter (chant)

U-Zine

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Après un retour en force l’année dernière avec son quatrième album « Poseidon »,pourtant bien peu musical et novateur comparé au décrié « Face the Colossus », Dagoba revenait au Hellfest pour la quatrième fois en cinq ans pour promouvoir son nouveau disque et tout détruire en direct de la mainstage 2. C’est après un concert intense et brutal que nous avons rencontré Shawter, visiblement pressé et pris par le temps, mais qui aura pris la peine de se poser quelques instants pour répondre à nos questions… Réponse du chanteur et compositeur principal de la machine à tuer marseillaise ! [Par Eternalis]

1 - Salut Shawter. Comment as-tu trouvé le concert pour commencer ?
Très très bon. On s’est régalé…on a toujours un super accueil ici et on a en plus eu la chance d’avoir le soleil lorsqu’on a joué donc c’était super. Comme d’habitude ici.

2 – On va parler de « Poséidon » maintenant, qui est sorti il y a presque un an. Il a été globalement très bien accueilli par la presse et les fans donc comment s’est passé la tournée qui a suivie ?
Très bien. Je pense que c’est un album qui est sorti sous une bonne étoile. Nous avons donné le meilleur de nous pendant l’enregistrement et la phase de composition et nous récoltons aujourd’hui les fruits de tout ça. On est aussi très satisfait de notre collaboration avec XIII Bis Records qui fait beaucoup pour nous. Je dirais que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes pour nous.

3 – Justement, avec « Poseidon », on peut dire que vous reniez avec une violence et une agressivité en partie perdu sur « Face the Colossus ». Est-ce que tu penses que vous êtes retourné à ça car l’album n’a pas été très bien accueilli et quelque part, cela reste un disque incompris ?
Je pense déjà que ce que tu dis est faux, car pour moi, l’album le plus abouti et le plus extrême, tout du moins dans la composition, c’est "Face the Colossus" justement…

4 – Qui est au passage mon préféré, ce qui n’est pas l’avis de tout le monde…
[d’un ton un peu plus ferme]…mais moi l’avis de « tout le monde » je m’en moque. J’ai l’avis et l’œil du compositeur donc forcément, je ne vis pas la chose de la même manière. Je pense en revanche que « Poseidon » renoue avec une efficacité que l’on avait surement mise de côté pour le bien de la composition justement. Mais je suis vraiment content que, après quatre albums, nous ayons réussi à revenir à nos sources, à rappeler nos débuts dix ans après car ce n’est pas forcément évident. Cela prouve que l’on peut apporter une fraicheur à notre musique et notre style et c’est toujours un plaisir de le jouer sur scène car c’est un album qui est clairement taillé pour elle.

5 – « Face the Colossus » dispose d’une dimension plus atmosphérique, expérimentale presque qui le rend vraiment à part, de plus avec une production vraiment démentielle. Mais est-ce que l’accueil plus que frileux qu’il a reçu a joué sur le fait de renouer avec vos débuts ?
Non pas du tout. Le seul fait qui a joué dans le retour aux sources du prod est Dave Chang. Pour quasiment rien il voulait produire notre disque, ce qui a forcément rappelé le premier disque sur lequel il avait aussi travaillé. Mais nous ne renions absolument rien de FTC et je suis particulièrement content d’avoir à faire à quelqu’un comme toi aujourd’hui pour dire que c’est ton album préféré puisque j’avais annoncé, à la sortie de l’album, que ce serait l’album préféré de certains mais dans dix ans. En tant que compositeur, j’en étais intimement persuadé mais c’est vrai qu’il mérite plus d’écoute que nos autres disques et je ne crois pas me tromper en disant que tu dois être un gros mélomane [ndlr : merci merci] et si « Poseidon » peut marquer en quelques écoutesinterview Dagoba par son aspect direct, il est évident que les gens se retourneront sur « Face the Colossus » à l’avenir et se diront que peut-être, cet album méritait mieux que ce qu’on a pu en dire à la sortie ?

6 – Justement, j’étais content de voir que vous avez ouvert le show avec « The Nightfall and All its Mistakes ». Est-ce que vous aviez une setlist spécial pour l’occasion ou simplement quelques morceaux en moins d’un concert typique ?
La setlist était tronqué ouais. D’habitude, on joue beaucoup plus longtemps donc on a fait une setlist spécial festival avec quelques morceaux différents.

7 – Tu parlais de Dave Chang tout à l’heure. Les deux opus précédents avaient été enregistrés avec Tue Madsen. Est-ce que c’est le fait que Dave Chang soit revenu vers vous qui vous a fait changer d’avis ou aviez-vous dans l’idée de changer de producteur dans tous les cas ?
On avait pour idée de changer de producteur mais on avait pas forcément l’idée de revenir vers lui. On a fait une espèce d’appel d’offre mondiale en fait, et c’est lui qui s’est réellement montré le plus motivé et le plus ouvert, et ça aurait été indécent de ne pas travailler avec lui, et on ne regrette rien tellement on a pu passer du bon temps avec lui pour l’enregistrement. On a tout fait chez nous, à Marseille.

8 – Plus musicalement, je trouve que l’album se rapproche beaucoup de groupes comme Machine Head ou Slipknot…comment le définirais-tu dans l’approche et le style ?
Je pense que c’est le résumé parfait de nos trois premiers albums. C’est tout.


9 – On va parler de toi maintenant, de ton chant. Tu développes beaucoup le chant clair sur ce dernier album. Est-ce que tu imagines à l’avenir des morceaux plus lyriques, avec uniquement des voix claires comme peut le faire Machine Head aujourd’hui ?
Je pense que je le fais déjà. Des titres comme "The World in Between", "Back From Life", "Black Smokers" ou autres…je pense au contraire, enfin j’ai pris parti pour le prochain album de ne livrer que le côté violent de Dagoba, et il ne faudra pas s’attendre à quelques tendresses que ce soit…

10 – Vous avez avancé dans la composition ?
J’ai une idée précise de ce que sera le prochain album de Dagoba, même si nous n’avons encore aucune date. [ndlr : un brin arrogant]Nous sommes libres !

11 – Metallian avait réalisé un concert pour le morceau « Waves of Doom ». Qu’est-ce qui a fait que vous choisissiez Nelly et pas une autre ? Avez-vous flashé sur elle et son interprétation ?
Non, il n’y avait rien de physique là dedans [ndlr : je ne pensais pas à ça voyons] mais c’est vrai que le choix a été difficile à faire. Les derniers étaient très performants dans leur style respectif et pour être honnête, je me suis retiré de la sélection finale pour laisser le groupe choisir, puisque j’étais chanteur. Ils ont l’habitude de me voir et ils savaient ce qui collerait…et au final, ça a été une réussite, tout en me permettant de retoucher une guitare sur scène. Donc un très bon moment.

12 – En parlant de la scène, y-a-t’il des pays où le public est meilleur qu’un autre, ou à l’inverse, des pays où l’accueil est plus froid ?
Je pars du principe qu’on est ce genre de groupe qui donnons le meilleur de nous même sur scène, quel que soit le contexte, la scène ou l’ambiance et je n’ai franchement pas à me plaindre de l’accueil des gens dans les pays. On en visite pourtant une trentaine par pays et à chaque fois, je suis étourdi et épaté par la communauté « metalhead » dans le monde…

13 – Comme tu disais, vous êtes un habitué du Hellfest maintenant, avec quatre participations. Comment situes-tu le festival aujourd’hui vis-à-vis des grands festos’ européen ?
Je pense qu’aujourd’hui, c’est la confirmation que le Hellfest est l’un des plus grands festivals d’Europe. En termes d’audience et d’organisation, le festival est devenu en peu de temps une énorme machine de guerre et cette année est la confirmation je trouve…on a en France l’un des plus grands festivals du monde.

14 – Dagoba a fait parti de cette nouvelle vague de groupe a énormément s’exporter, avec Gojira notamment. Comment vois-tu le groupe dans dix ans ?
J’espère surtout qu’on continuera à grossir, à évoluer...l’important n’est pas d’être le plus gros, le plus fort ou le plus énorme vendeur, mais simplement d’évoluer constamment, de sentir un changement. Et j’espère que dans dix ans, on sera simplement plus haut qu’aujourd’hui. Il faut donner le meilleur de soi-même, tous les jours et repousser les barrières…

15 – Dagoba a un line-up très stable, ce qui est de plus en plus rare et ça se ressent sur scène où on voit que vous vous entendez très bien, qu’il y a une convivialité énorme entre vous. D’où vient cette stabilité d’après toi ?
L’intelligence.
Le savoir vivre, savoir refréner les égos et comprendre que l’intérêt de l’équipe prévaut sur celle de l’individualité.


16 – Quel est le dernier groupe qui t’ait collé une énorme claque musicale ?
[ndlr : Il réfléchit…] Hum…Britney Spears avec l’album « Femme Fatale ». [ndlr : je ne peux m’empêcher de rire un peu…mais voyant qu’il ne semble pas sourire lui-même, je passe à la suite, sans avoir saisi s’il s’agissait d’une blague ou pas…]

17 – Patrick Roy est mort il y a peu…est-ce que tu ressens quelque chose pour celui qui a essayé d’apporter du positif au metal ?
Evidemment. Il y a cinq jours, on était à un festival à Denain, sa ville, dans lequel il nous avait programmés. Avant d’être quelqu’un ayant vraiment aidé à notre musique, on peut surtout dire qu’il fait parti de ces hommes rares qui, comme disait Brassens, ont su « mourir pour leurs idées ». Et je ne pense pas qu’il y ait beaucoup d’hommes comme ça aujourd’hui…donc je lui rends hommage. Simplement.

18 – Je te laisse les derniers mots pour U-zine et les fans français…
Merci beaucoup à vous, à être là contre vents et marées. Sachez que l’on vous respecte tous et que l’on vous remercie énormément, puisque l’on sait très bien que sans vous, nous ne sommes rien. Merci à tous et vive le metal !

Julien, Shawter et l'orga du Hellfest pour leur professionnalisme.