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mercredi 12 janvier 2011

Stratovarius

Matias Kupiainen

U-Zine

U-zine.org, webzine musical metal actif entre 2004 et 2015. Fermé en 2015 suite à sa fusion avec 2Guys1TV, ses articles (chroniques, live-report, interview, dossiers, ...) sont désormais disponibles directement sur Horns Up via ce compte !

Quiconque écoute du power mélodique, du metal à tendance symphonique ou lyrique connait, de près de loin, aime, de près ou de loin, Stratovarius. Controversé comme peu de groupes dans le style, à qui on a souvent reproché notamment un aspect présomptueux et pédant par l’utilisation omniprésente de claviers, de soli ultras rapides et techniques et d’un chant si aigu qu’il en écœurerait ses dames, les finlandais divisent depuis leurs débuts. Néanmoins, ne pas avouer qu’ils furent les pionniers d’un empire musical serait une immense preuve de mauvaise foi, tout comme ne pas voir en Elysium, le second album post-Tolkki, une œuvre grandiose, serait une preuve de mauvais goût. C’est donc avec ce nouveau chef d’œuvre en main, les oreilles enchantées, que nous avons contacté Mathias pour en savoir un peu plus…

[Par Eternalis]

1 - Salut Mathias, vous êtes actuellement de retour en France pour le Elysium World Tour. Comment vous sentez vous ?
Mathias Kupiainen (guitare) : Salut ! Moi je vais bien, c’est plutôt Timo (Kotipelto ; chant) qui n’est pas très en forme. Il a attrapé un microbe il y a une bonne semaine et n’arrive pas à correctement se soigner. Nous avons été obligé d’annuler le concert d’hier soir à Paris (ndlr : interview réalisée le mardi 11 janvier) et ne savons pas encore pour demain soir. Nous continuons de répéter et de faire les balances, une décision sera prise au dernier moment pour faire le maximum pour les fans qui se sont déplacés.

2 – Que penses-tu du public français en particulier ?
Ils sont très cool, comme la plupart de nos fans à travers le monde. Nous avons bien vu qu’ils ont été très déçus et ennuyés de constater notre annulation à Paris hier soir, et nous tenons à nous excuser encore une fois auprès d’eux.

3 – Venons-en à « Elysium », votre 14e album ! que peux-tu me dire dessus ? Comment le décrirais-tu par rapport à « Polaris » ?
Hum…je pense qu’il est assez différent de « Polaris », plus mélodique et peut-être plus ambitieux, plus « grand ». Il a été travaillé plus en profondeur que notre album précédent, de manière plus construite et aussi plus démocratique, chacun pouvant agir comme il voulait sur chaque composition. Je pense que nous étions plus préparés pour cet album, que nous savions à quoi nous attendre et vers quelle direction tendre…tout a été très naturel.

4 – Tu as beaucoup composé pour ton premier album avec « Polaris ». Aujourd’hui, tu reviens avec l’énorme pièce musicale » Elysium », de plus de 18 minutes ! Comment as-tu travaillé sur un tel monstre ?
J’avais commencé à travailler sur cette chanson avant même la sortie de « Polaris », mais je ne savais pas comment faire évoluer la composition, je n’avançais pas et avait finalement renoncé à l’inclure dans l’album. Quand je me suis penché de nouveau dessus, il m’a fallu huit mois pour en venir à bout, et les autres membres, surtout Jens (Johansson ; claviers), n’étaient pas très favorable au début. C’était très progressif, très aventureux et il n’était pas sur de comprendre les différents chemins du morceau, là où je voulais, dans mon esprit, en venir.

C’était un peu la même chose avec « Infernal Maze », un autre morceau complexe et particulier pour nous, avec beaucoup de chœurs et d’arrangements.
Au départ j’avais dans la tête un morceau de vingt-trois ou vingt-quatre minutes divisé en quatre parties mais le résultat final se compose finalement d’uniquement trois parties, sans que je sache vraiment pourquoi, c’est ainsi que c’est venu. Les mélodies se sont enchainées naturellement et j’en suis vraiment très fier, c’est une très grande composition de métal progressif et je n’aurais jamais cru pouvoir composer ça un jour.

5 – Et vous le jouez en live ?
Non pas pour le moment, peut-être un jour !

6 – J’ai l’impression d’entendre la version adulte de Polaris avec ce disque, plus ambitieux et grandiose. Les problèmes avec Timo Tolkki sont loin de votre esprit maintenant non ? Comment vois-tu ton arrivée dans le groupe autour de ce tumulte ?
Evidemment, je suis arrivé dans le groupe avec une pression énorme sur les épaules. Je prenais la guitare du grand Timo Tolkki qui avait tant composé, qui était l’âme même de Stratovarius et j’ai été critique avant même qu’on me voit pour la première fois. J’avais certes ma propre personnalité mais il fallait la montrer au public, et il est vrai que ce n’était pas gagné.
Cependant, les premiers moments sur scène, ainsi que le studio et les répétitions avec les gars du groupe m’ont beaucoup aidé à me sentir mieux, et à surmonter le défi qui se posait à moi.

7 – Il y a un lien direct entre l’artwork de « Polaris » et celui de « Elysium ». Queinterview Stratovariusl est cet énorme vaisseau que l’on voit dans l’espace puis écrasé sur Terre ?
C’est le même artiste hongrois qui a réalisé les deux artwork, ainsi que celui de « Darkest Hours », un gars très sympa au talent énorme, donc le lien est aussi graphique.
Après, pour « Polaris », il y avait cette notion de l’espace, d’un ailleurs, d’aller plus haut et de se sortir un peu de notre situation, de voir loin pour montrer que nous avions toujours de fortes ambitions. Pour « Elysium », il y a tout d’abord la pochette du Ep qui est très sombre, avec cet oiseau (un cormoran) dans un paysage industriel et noir. Elysium est plus belle, plus lumineuse, avec une certaine idée du paradis et d’un monde meilleur quelque part.

Quand à ce vaisseau, il symbolise pour moi l’ouverture d’esprit, le point de ralliement entre les civilisations, qui brise et les frontières et peut permettre à chacun de se réunir sans aucune différence. C’est très utopique, religieux peut-être et ça contrebalance avec les textes du disque qui se veulent plutôt sombres et alarmistes sur notre monde. Cette énorme étoile est la force spirituelle de tous les hommes, notre capacité de faire de belles choses, chacun en faisant après ce qu’il veut. C’est du moins ma vision de cette pochette.

8 – Le son est vraiment énorme…comment s’est passé l’enregistrement ?
(ndlr : petite absence…il me demande de répéter la question).
Aaaah ok, désolé (rires). J’ai personnellement tout enregistré dans mon studio, ça a été un travail absolument énorme et épuisant. Je suis vraiment satisfait de la production, c’est exactement le son que je voulais donner à Stratovarius, plus ample et aéré. La basse est très en avant, « bombastic », c’est très frais et puissant, et les claviers ont une nouvelle dimension je pense.
Ce fut une expérience très cool, détendue. Je pouvais tester mes propres morceaux en direct, enregistrer dès qu’une idée me passait par la tête, c’est le luxe (rires).

9 – Elysium est très attendu par les fans. Avez-vous la pression envers ce disque très important pour vous… ?
Et bien…je pense que nous avons forcément une sorte de pression car nous sommes attendu au tournant, nous revenons avec un nouveau disque et il y a toujours une certaine forme de challenge, de pression due à l’attente des fans et des médias. Mais nous ne nous sommes pas pressé, cela fait six à sept mois que nous peaufinons chaque détail, tout est réfléchi et travaillé.
Nous avons même passé le cap de la scène avec « Darkest Hours » et l’accueil est très bon…donc si pression il y a, elle est naturelle et positive je dirais…

10 – A l’époque de Episode, Visions ou Infinite, Stratovarius était le maître d’un style qu’il avait créé, celui du speed mélodique. Comment vois-tu cette période puisque tu n’étais pas dans le groupe à cette période…comme un fan ou un réel membre du groupe ?
Evidemment, ce sont des morceaux que j’écoutais et jouais tout seul quand je n’étais encore qu’un « kid », ils font parti de ma vie car ils m’ont fait découvrir énormément de choses dans la musique. Dans ce contexte, je respecte tout ce que Tolkki a pu composer, ce qu’il a apporté et apportera encore au metal. Il a aujourd’hui décidé de continuer dans une voie différente…je ne sais pas trop quoi répondre…je suis l’homme le plus heureux du monde lorsque je joue ces compositions devant des fans à travers le monde…c’est une très grande chance.

11 – Peux-tu nous donner des nouvelles de Jorg ? Comment est-ce de jouer un concert sans lui ?
Bien sur ! Il va mieux en ce moment. Ce fut un très très gros choc lorsque nous avons appris pour son cancer. Nous sommes tous avec lui, autour de lui pour le soutenir ; c’est mon ami et je suis très affecté par le combat qu’il livre face à la maladie. Ce fut difficile au début de jouer avec quelqu’un d’autres derrière la batterie, comme si nous étions amputé d’un membre.
Mais maintenant, il va mieux et peu de nouveau jouer…il faut simplement suivre de très pinterview Stratovariusrès son état et ne pas faire trop d’excès. Jorg est un battant !

12 – A l’époque de l’album éponyme, Timo Kotipelto avait dit qu’il aimait sa nouvelle direction vocale, plus directe et agressive. Cependant, après le split, Stratovarius est revenu très rapidement aux racines avec quelque chose de plus mélodique et lumineux…que penses-tu de cet album toi ? album d’ailleurs absent de vos shows…
[il hésite]. C’est un disque très particulier pour le groupe, et Timo y jouait probablement avec un feeling différent de Stratovarius, pour s’évader. Il est cool je trouve, il donnait de nouvelles possibilités et libertés au groupe…mais je ne sais pas trop ce que peux en penser Timo aujourd’hui. Non je ne sais pas…
[ndlr : je sens Mathias un peu plus tendu et hésitant, et je décide de zapper ma prochaine question concernant Tolkki pour revenir à un sujet plus léger…]

13 – Tu es le plus jeune du groupe vis-à-vis des autres musiciens. As-tu la même vision musicale qu’eux ?
Stratovarius est une démocratie donc le problème ne se pose même pas. Bien sur, j’écoute des choses un peu plus modernes, parfois agressives, que Timo par exemple, mais je ne sais pas si nous sommes au final si différent. Comme je disais, c’est une démocratie, nous décortiquons les idées de chacun et n’en tirons que le meilleur…peu importe le reste.

14 – Sur Polaris, tu jouais plus où moins comme Tolkki mais sur Elysium, ta véritable personnalité ressort, bien plus sombre mais en même temps gracieuse…as-tu beaucoup travaillé pour arriver à un tel résultat ?
Ce fut une sorte de challenge de jouer, composer et enregistrer Elysium pour moi. Je me suis investi comme un fou dans cet album, et j’ai beaucoup travaillé ma technique et ma virtuosité pour obtenir le résultat le plus fluide possible, le plus fin.
Je ne pense pas avoir atteint ma limite, j’ai encore beaucoup de choses à apprendre, dans l’apprentissage de la composition notamment, et dans la technique. Je suis loin de m’ennuyer (rires).

15 – Vous jouez avec Helloween. C’est une tournée magique pour les fans mais du coup, vous êtes relégués en première partie…est-ce un problème pour vous ?
Non non non, absolument pas, bien au contraire. Bien sur, nous ne jouons que soixante minutes mais nous pouvons aussi parler avec encore plus de gens, aller dans des salles que nous ne ferions pas seuls. Et puis Helloween est une véritable légende vivante, c’est un honneur de jouer sur la même scène qu’eux, les gens sont très contents de ce « package » d’après ce que je sais. Nous reviendrons en tête d’affiche après notre tournée en Amérique du Sud.

16 – Mes morceaux préférés de l’album sont "Elysium" et "Lifetime in a Moment"…ces compositions sont magiques…mais quel est ton morceau préféré toi d'"Elysium" ?
Je dirais "Elysium". Il y a quelque chose de tellement mystique et magique dedans, elle est impressionnante et dévoile de nouveaux détails après des dizaines et des dizaines d’écoutes. Les parties de guitares sont très puissantes, les chœurs stupéfiants…je n’en reviens toujours pas du résultat. J’espère qu’elle plaira aux fans autant qu’elle me plait.

17 – Avez-vous prévu de jouer dans les festivals d’été 2011 ?
Je ne sais pas du tout encore, nous ne gérons pas vraiment ces choses là, il faut voir ça avec notre tourneur (rires). Je n’ai vraiment encore aucune idée du futur dans six mois, toutes les tournées ne sont pas encore complètement bookées…nous allons défendre "Elysium" partout où nous pourrons, en espérant que les gens nous suivent !

18 – Merci beaucoup pour cette interview. Je souhaite bonne chance pour tout le groupe, pour le concert si vous jouez [ce qui ne sera finalement pas le cas] et j’espère vous voir cet été. Je te laisse les derniers mots pour les fans français…
Merci beaucoup ! Et bien…heu… « Keep on Metal !!! » (rires). Merci beaucoup !!

A julien pour la possibilité et à Roger de Replica pour avoir arrangé le coup alors que ça semblait compromis...
And of course...my pretty witch...