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vendredi 10 septembre 2010

Agone Angel

Aurel / Vince / Alex

U-Zine

U-zine.org, webzine musical metal actif entre 2004 et 2015. Fermé en 2015 suite à sa fusion avec 2Guys1TV, ses articles (chroniques, live-report, interview, dossiers, ...) sont désormais disponibles directement sur Horns Up via ce compte !

Un jeune groupe…déjà un grand talent, une énorme personnalité et une intensité dans le fond et la créativité qui permettent de laisser entendre un espoir très fort pour l’avenir. Transversant les règles et faisant fi des conventions, les nancéens de Agone Angel extériorisent un art entre heavy, prog, electro, transe et parfois pop…avec une fraicheur et une originalité qui force le respect pour un premier ep. « Discovering the Angel » est déjà porteur d’espoir…des espoirs que nous allons analyser un peu plus en profondeur avec les principaux intéressés…rencontre…(pour la première interview du groupe)... [Par Eternalis]

Salut les gars ! Agone Angel est encore un très jeune groupe qui publie sa première démo. Pouvez-vous vous présenter individuellement et collectivement pour nos lecteurs ?

Aurel (chant, claviers) : Je suis à la base pianiste de formation classique, mais j'ai très vite été attiré par la musique moderne, principalement le métal et la musique électronique. Je suis parti m'installer à Nancy pour faire la Music Academy International. C'est à cette école que j'ai rencontré Vince avec qui nous avons formé Agone Angel, puis les autres membres du groupe qui sont venus se greffer au duo.
Actuellement, j'habite à Paris. A côté d'Agone Angel j'ai entre autres un projet solo plutôt électro-rock, et je suis DJ en soirées. J'ai aussi récemment été membre de session pour la tournée en Russie du groupe d'électro-indus Tamtrum. Puis encore diverses autres choses, faire un tour sur mon myspace perso pour plus d'infos.

Vince (chant) : J’ai étudié le chant lyrique pendant 3 ans, participé à divers groupes, et intégré la M.A.I. en 2007 pour parfaire mes connaissances vocales et musicales, et surtout pour trouver les autres membres de ce projet.

Alex (guitare) : Je fais de la guitare depuis l'âge de dix ans, j'ai commencé par jouer du blues, du rock, puis dès la quinzaine je me suis tourné vers le métal en écoutant Van Halen et très vite Dream Theater. Je suis ensuite parti faire la M.A.I., et c'est là que j'ai fait une sacrée année de guitare et où j'ai rencontré mes compatriotes.
C'est en premier Vince et Aurel qui me parlent d'un projet ma foi un peu fou mais qui m'intéresse fortement, car comme je l'ai appris tout du long de mon année à Nancy, je ne suis pas le guitariste d'un style. Ce projet est donc pour moi un épanouissement total.
Pour moi Agone Angel est un groupe de types tout aussi cinglés les uns que les autres, qui aiment et respectent la musique en créant un univers nouveau pour la voir encore plus évoluer.


Discovering The Angel se présente sous la forme d’un format A5 sans livret mais assez original, personnel et esthétique. L’impact visuel est-il une démarche volontaire de votre part ?

Aurel : Bien sûr. Nous pensons qu'un groupe est une entité, pas uniquement de la musique. Le visuel, l'apparence, l'attitude... Toutes ces choses forment un tout avec la musique.

Vince : Tout à fait, le visuel doit représenter notre musique avant même qu'elle soit écoutée, et plonger l’auditeur dans notre univers. Tout a été pensé pour coller au mieux à notre musique

Agone Angel est clairement un hybride entre de multiples styles, allant parfois bien au delà du métal. Comment vous définissez-vous de l’intérieur ?

Vince : Comme un groupe d’électro métal symphonique. Nous essayons d’avoir l’esprit le plus ouvert possible tout en gardant une ligne directrice métal, et en assimilant les nouvelles sonorités qui s’offrent à nous depuis plusieurs années venues de divers courants musicaux, comme par la French Touch par exemple.

Aurel : Les grandes bases sont le métal et la musique électronique, mais nous nous permettons tous les écarts tant qu'ils restent dans l'esprit du groupe.

Alex : Ce sont les influences et la diversité de chaque musicien qui en fait un « hybride ». Pour ma part je n'essaie pas de cataloguer ou de mettre une étiquette sur le style de notre groupe. Les gens appellent ça comme ils veulent, ça ne change rien à notre musique.

Personnellement, je pense particulièrement à Helloween ou Karelia pour l’aspect métal mélodique (notamment au niveau du chant de Vince) auquel on ajouterait une touche progressive et des éléments électro mais parfois plus purement techno ou trance. Ces appellations vous conviennent-elles ?

Vince : Carrément, et je suis fan de ce genre de chanteurs comme Roy Khan, Tobias Sammet, et tant d’autres…

Un morceau comme « Never Be Like You » est proprement génial dans sa capacité à marier les genres et surtout proposer un refrain qui pourrait être repris dans un stade entier tant il est accrocheur. Ces incartades entre pop et techno resteront-elles ancrées dans Agone Angel pour le futur ?

Aurel : Merci ! Oui, absolument, ces incartades font clairement partie du style et de l'esprit d'Agone Angel.

Vince : Je pense même que certains de ces traits seront plus prononcés, et inversement certaines parties seront encore plus purement métal.

Alex : Tout le groupe s'attend certes à des critiques plus ou moins « salées » en ce qui concerne notre style. Mais nous resterons fidèles à notre idée de départ en cherchant de nouveaux horizons pour chaque nouvel album.

La production colle parfaitement à l’astmosphère de votre musique et est impressionnante pour une première démo. Avec qui et où l’avez-vous enregistré ?

Aurel : Et bien merci beaucoup, car c'est moi qui me suis occupé de l'enregistrement, du mixage et du mastering, le tout dans mon appart ; à part le chant de Vince et la basse qui ont été enregistrés chez Vince. Le mixage a été relativement complexe à réaliser, car ce ne fut vraiment pas évident de garder un maximum de cohérence entres les parties métal et les parties électro. Ce n'est d'ailleurs pas encore parfait, mais je suis plutôt satisfait de ce que nous avons réussi à faire avec relativement peu de moyens, du moins par rapport à de grosses productions réalisées en studios possédants pour plusieurs centaines de milliers d'euros de matos.
Je suis de toute façon tellement perfectionniste que je ne voulais sous aucun prétexte, malgré le peu de budget que nous possédions, que la démo sorte sans que nous soyons quasi pleinement satisfaits de la qualité sonore.


Quelles sont vos influinterview Agone Angelences musicales ? Le spectre doit être relativement large à l’écoute de votre musique…

Aurel : Beaucoup de choses. Métal, électro rock, house, trance, indus, techno, trip-hop, classique, musique de film, pop... De toute façon tout et n'importe quoi tant que la musique est bonne.

Vince : Aurel et moi trainons aussi bien en boite que dans les salles de concerts. Dire que tout nous influence serait peut être exagéré, mais pourtant…

Alex : Comme on peut le voir sur notre myspace la liste est longue. Pour ma part mes influences se dirigent vers le prog, le heavy, le death, et beaucoup de classique.

Nancy n’est pas forcément une ville pour laquelle nous connaissons beaucoup de groupe de métal. Y existe-t-il une réelle scène là-bas ? Des salles ou des groupes ?

Vince : Nancy est quand même mieux lotie que certaines autres villes en France, il y existe une vrai culture de la musique là-bas. Au niveau de la scène il y a quand même des structures bien meilleures que ce que l'on peut trouver dans d'autres villes de province, comme par exemple l’Autre Canal qui offrent des salles de répets et de très bonnes salles de concerts. Sans oublier l'Hôtel California, le grand repaire des musiciens, tenu par le grand maître Rach' (rires).

Aurel : Pas mal de groupes de métal reconnus se sont formés à Nancy grâce à la Music Academy International. On peut citer Adagio, Scarve... Après, comme la plupart, nous sommes parti de Nancy, ce n'était qu'un passage pour nous.

Vous mélangez beaucoup de choses mais n’en êtes concrètement qu’au début de votre évolution. A quoi devons-nous nous attendre dans le futur ?

Alex : Je pense à encore plus de métissage au niveau des autres styles. Mais comme pour le premier album, nous essaierons d'être toujours en cohérence pour ne pas sombrer dans le désordre.

Aurel : Nous continuerons d'explorer des univers, des styles musicaux, des ambiances, tout en gardant la même base : le mélange du métal et de la musique électronique.

Que pensez-vous des artistes expérimentaux qui se contrefoutent des normes établies et des avis extérieurs afin de créer un art unique et personnel, à leur image ? Dans la même optique, quel est votre jugement sur le mercantilisme facile qui anime le monde de la musique actuelle ?

Aurel : Musique expérimentale ou pas, je pense qu'il faut dans tous les cas se foutre un minimum des normes établies pour pouvoir faire évoluer les choses. Chacune des évolutions musicales ont été créées par des gens qui s'en foutaient de suivre la norme. Pour prendre un exemple de base, Mozart, à son époque, était un transgresseur des codes musicaux, alors que maintenant sa musique nous paraît tout ce qu'il y a de plus « banal » ; et ça, il ne faut pas l'oublier. Et c'est comme ça pour toutes les évolutions. De toute façon, ça ne sert strictement à rien de refaire quelque chose qui a déjà été fait, car comme n'importe quelle copie on perd l'originalité, la recherche artistique ; ce sera donc forcément moins bon que l'original. Autant donc écouter l'original et laisser tomber tous ses suiveurs.
Au sujet de la musique commerciale, avant de cracher dessus comme un mouton (car oui, celui qui crache dessus sans réfléchir est autant un mouton que celui qui en écoute sans réfléchir, ils suivent juste un troupeau différent), il faut bien dissocier la musique commerciale parce que c'est de la très bonne musique et donc qui se vend bien, de la musique commerciale soupe avec des pseudo « artistes » montés de toute pièce faite uniquement pour être vendue. Sachant qu'il existe aussi de la musique se situant entre les deux, qui penche plus d'un côté ou de l'autre (par exemple David Guetta, c'est très formaté, fait pour vendre, mais c'est aussi de la bonne musique avec des mélodies très simples mais aussi très efficaces).
Pour en revenir à la musique commerciale « soupe », je pense que c'est avant tout le public à blâmer, bien plus que les gens qui font du business avec ça (d'ailleurs ces gens là savent très bien qu'ils vendent de la merde, et ça les éclate de gagner du pognon grâce à la débilité du public). La majorité de la population n'est ni intelligente ni cultivée, c'est donc normal qu'ils écoutent de la merde, qu'ils regardent des émissions et des films de merde à la télé...

Vince : Je pense de même que chaque artiste doit avoir sa propre image, ce qui n’est
pas toujours le cas ; combien de groupes repompent Helloween, ou encore
Dream Theater, In Flames… sans avoir leur propre identité. Il faut savoir qu’un label qui mise sur vous met des billes dans votre groupe, et c’est normal que l’artiste ainsi que le label récupèrent de l’argent pour permettre au groupe d’avancer encore plus dans sa démarche créative. Après au sujet du « mercantilisme » qui sort bien souvent du cadre musical, je trouve ça débile ; à l’heure où on privilégie des gens qui sortent d’une téléréalité pour essayer de vendre de la merde en barres à d’autres qui n’ont pas forcément de culture musicale.

J’ai parfois trouvé quelques passages qui m’ont évoqué Moby ou Jean Michel Jarre… Est-ce que ce sont des influences volontaires ou le hasard ?

Aurel : Pour Moby c'est pour ma part plutôt du hasard, ou peut-être une part d'influence mais involontaire : j'en écoute, mais je n'ai jamais fait le rapprochement avec Agone Angel. Mais c'est vrai que comme lui, nous aimons mélanger instruments acoustiques et électroniques.
Pour Jarre c'est à la fois une influence directe, mais aussi indirecte, car j'écoute beaucoup d'artistes qui ont été influencés par lui.

Vince : Ils font bien sûr partie de notre background, et JMJ est l’un des rares artistes à être connu et respecté en dehors de nos frontières. Beaucoup croient que Johnny Hallyday est une star mondiale alors qu’il est en fait seulement connu dans les pays francophones, contrairement à JMJ.

Alex : Chacun est libre de trouver les sonorités et les influences qu'il veut dans notre musique. Lorsque nous composons nous ne nous disons pas : « Tiens, et si on faisait un passage à la Offspring ou Mozart ? »

Vous êtes cinq dans le groupe mais le rendu sonore est parfois assez complexe. Arrivez-vous à tout reproduire intégralement sur scène ? Je suppose qu’il doit y avoir une base de samples non ?

Aurel : Nous sommes six plus exactement. Sachant d'ailleurs que Vince, Alex et moi sont les membres principaux. Il y a effectivement certaines choses que je ne peux pas jouer, faute de n'avoir que deux mains, et qui sont donc samplées : certains claviers, les boîtes à rythmes, et les instruments symphoniques. Mais nous essayons de jouer le maximum de choses possibles sur scène pour avoir un vrai rendu « live », contrairement à beaucoup de groupes d'électro. Parce qu'il faut bien le dire, la plupart des groupes d'électro, c'est hyper chiant en live.

Vince : A l’heure actuelle nous ne pouvons pas faire sans, ou alors il nous faudrait le budget d’un groupe comme U2 !

Aurel : Et encore, même U2 ne jouent pas tout sur scène.

Justement, comment interprétez-vous vos morceaux sur scène ? Votre musique est très communicative.

Vince : Avec beaucoup d’énergie, et le visuel suivra. On a de très nombreuses idées pour la scène, et on veut faire de nos shows quelque chose d’inoubliable.

Dans une scène française relativement extrême, comment comptez-vous faire parler de vous ?

Aurel : Justement, nous ne sommes pas un énième groupe d'extrême perdu dans cet immense océan. Nous réussirons à faire parler de nous en partie grâce à cette démarcation.

Vince : Je pense que le bouche à oreille fonctionne encore, le tout relayé par internet, et surtout un label qui nous soutiendra. Et il y a pas mal de festivals en France où les affiches sont éclectiques, où l'on peut trouver sur la même scène Korn et Jamiroquaï par exemple.

Les premières chroniques qui affluent sur le net sont véritablement dithyrambiques. Qu’est-ce que cela vous inspire ? Est-ce une pression supplémentaire pour votre premier opus qui, du coup, sera très attendu ?

Aurel : Il est vrai que nous avons eu pour l'instant que d'excellentes chroniques (dont la tienne ;-) ), à part deux ou trois où on comprenait clairement que le chroniqueur n'aimait pas l'électro « mainstream ». Je suis d'abord très fier que notre travail de longue haleine soit reconnu. Mais je n'ai pas de pression supplémentaire, car je sais que l'album sera un cran au dessus de cette première sortie, que ce soit au niveau du son, de la palette sonore (que ce soit au niveau des ambiances ou des textures des sons), des arrangements, de la cohésion des morceaux entre eux... Ce sera vraiment une « oeuvre » dans sa globalité, et non quatre morceaux en vrac comme Discovering The Angel. Nous allons aussi pousser l'aspect visuel bien plus loin que cette première esquisse.

Vince : Le but est de faire le meilleur opus possible. Et nous sommes vraiment heureux de ces bonnes nouvelles.

Quels sont vos projets à courts termes ?

Aurel : Finir les arrangements de l'album, l'enregistrer, le sortir...

Alex : …et tourner.

Si vous deviez citer un album qui vous a particulièrement marqué pendant cette première moitié 2010 ?

Aurel : Beaucoup de choses, et vu que j'écoute beaucoup d'électro, les artistes ne sortent pas forcément d'albums mais des EP ou des singles, en dehors des plus connus. Mais vu que cette interview s'adresse à un public plutôt métal, je ne vais pas vous emmerder avec un obscur truc d'électro, donc je vais dire le Vol.5 de Forgotten Tomb qui est enfin sorti. Je suis un gros fan de Forgotten Tomb, et cet album fout un gros coup de pied dans la fourmilière des puristes à la con en prouvant que l'on peut faire du black dépressif tout en ayant un enregistrement de bonne qualité. Cela prouve une fois de plus que les codes musicaux sont faits pour être transgressés.

Vince : City of Fire, le projet de Burton C. Bell, qui se rapproche de ce que peut faire Devin Towsend dans ses albums solos.

Alex : « We are here because we are here » d'Anathema.

Et si vous aviez un rêve musical à accomplir ?

Aurel : J'en ai beaucoup ! Mais en ce moment je fantasme de faire un live avec un orchestre symphonique et un « orchestre électronique » (une dizaine de personnes avec chacun des boîtes à rythmes, des machines, des synthés...), afin de tout jouer en live sans quasiment aucun sample.

Vince : Un énorme concert, avec pleins d’artistes que je respecte venus de milieux différents, jouant sur nos morceaux…

Alex : Jouer avec les plus grands dans un concert ou festival de rock-métal aux U.S.A pendant une semaine non-stop !

Merci beaucoup à vous pour avoir répondu à toutes ces questions et surtout pour ce fantastique premier EP. Bon courage pour la suite et à bientôt sur les routes j’espère… Je vous laisse le mot de la fin…

Aurel : Merci à toi et à U-Zine pour cette interview qui est notre première interview écrite, merci à tous ceux qui nous supportent et nous suivent, merci à toutes les personnes cultivées et ouvertes d'esprit de faire évoluer les choses vers le haut.

Vince : Merci à toi et aux lecteurs d’avoir suivi cette interview, si vous aimez notre musique n’hésitez pas à parler de nous, nous avons besoin de votre soutien, et allez faire un petit tour sur notre Myspace (www.myspace.com/agoneangel). A bientôt !

Au groupe avant tout...et à cette interview très intéressante et complète.