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vendredi 8 décembre 2006

Dagoba

Izakar

U-Zine

U-zine.org, webzine musical metal actif entre 2004 et 2015. Fermé en 2015 suite à sa fusion avec 2Guys1TV, ses articles (chroniques, live-report, interview, dossiers, ...) sont désormais disponibles directement sur Horns Up via ce compte !

A l’occasion du concert de Dagoba à l’Elysée Montmartre le 8 décembre 2006, j’ai pu m’entretenir en face à face pendant vingt minutes environ (dans un balcon de l’Elysée Montmartre) avec Izakar, guitariste du groupe. Il s’est montré plutôt bavard, et très chaleureux.

Cannibal JC : Bonjour Izakar. Tout d’abord quelques questions vis à vis des débuts du groupe, vu que c’est la première interview que l’on fait sur U-zine vis à vis de Dagoba. Une question qu’on a souvent du vous posez (personnellement je ne suis pas certain de sa réponse) : Pourquoi vous êtes-vous appelé Dagoba ?
Izakar : Ben en fait c’est tiré de Star Wars. Ça apparaît dans le générique du film, c’est dans le système solaire de la planète de Dagoba. On l’a tiré de là, mais sinon ça n’a aucune signification particulière. On trouvait que ça sonnait vachement bien, et on voulait un nom en trois syllabes, à la Pantera, Metallica, tout les trucs en "A". Personnellement je suis très fan de Star Wars, mais c’est surtout pour la sonorité, l’impact du nom que celui-ci nous a plu.

Comment vous êtes vous rencontrés ?
Le groupe a commencé véritablement il y a 10 ans. Des débuts il ne reste que Shawter, qui a fondé le groupe, Ensuite Franky est rentré dans le groupe deux après environ, et le line up actuel date d’à peu prés sept ans. On était tous dans l’underground Marseillais on va dire (Dagoba qui commençait à se détacher un petit peu des autres groupes), et au fur et à mesure, Shawter est venu récupérer dans les groupes qui végétaient autour de Dagoba et de la scène Marseillaise, prendre Werther par ci, moi par là, et au final, c’est comme ça que Dagoba s’est formé.

Dagoba a commencé à être réputé dés votre premier album éponyme. Qu'avez vous pensé à ce moment là dans vos têtes ? Avez eu peur que cette réussite arrive trop vite ?
"Ouof"… ça ne va jamais trop vite. Je pense qu’on a une évolution qui suit son cours, qui est sur une bonne courbe. En étant musicien tu as toujours peur parce que tu as toujours un peu le couteau sur la gorge (est ce que l’album va marcher, est ce que celui d’après va marcher, …), mais personnellement on a toujours eu confiance en notre musique, chaque fois ça a bien répondu, ça répond de mieux en mieux, donc évidement il y a des moments où en attend de voir ce qui se passe, mais quand on fait des concerts régulièrement, on se rend compte que l’engouement prend. Je flippe pas trop pour Dagoba, je suis assez content de la manière dont évolue le groupe, j’espère qu’on va continuer à avancer comme ça.

Que penses-tu d'un groupe comme Gojira, qui exporte de plus en plus sa musique de façon international, et cela avec réussite ? Comment situes-tu Dagoba vis à vis de ça ?
Par rapport à Gojira, il est clair qu’on a exactement la même vision des choses. Exporter la musique dans le métal, y’a peu de groupes en France qui l’ont compris. Il y a une dizaine d’années, tout les groupes chantaient en français. Encore aujourd’hui, il y a énormément de groupes qui chantent en français, et ne comprennent pas que le fait de chanter dans leur langue, c’est un frein à l’exportation énorme. Bon maintenant si ça leur plaît tant mieux, c’est sûrement par goût qu’ils font ça. Nous le fait de chanter en anglais, on a toujours su que c’était un moyen de s’exporter, et qu’il était impossible de vivre du métal qu’en France.

Vous n‘avez jamais eu envie de faire une chanson en français ?
Ça ne nous ai jamais arrivé, je pense pas que ça arrivera. Nous ne sommes pas influencé par des groupes qui chantent en français, on est pas un groupe à messages particuliers (ni politique, ni religieux, ni quoi que ce soit). L’anglais c’est quand même la langue la plus universelle quand on pense justement mondialement et non pas seulement par la France, donc je pense qu’on fera jamais de chansons en français. Sur le fait d’aller à l’étranger, je suis content que quelques groupes (dont nous & Gojira) commencent en France à vraiment pousser les frontières, à faire un peu de bruit ailleurs, que l’Europe commence aussi à prendre conscience qu’il y a une scène française.

Et que manque t’il selon toi pour que la scène métal française soit aussi reconnu que la scène métal américaine par exemple ?
Il faut qu’il y ai des groupes qui sortent du lot au niveau international. Ça rejoint un peu ce que l’on dit. Ça va paraître un peu prétentieux de ma part, mais tant qu’il n'y aura pas un représentant de la France dans les dix meilleurs groupes actuel, je pense qu’on ne sera pas considérer comme un pays de metal. On a pas trop une culture métal de base d'ailleurs, en France, 50 % de gens ne savent même pas que ça existe. Ça ne peut pas prendre comme aux Etats-Unis où la culture est plus basée sur la country que sur Edith Piaf. Toutes ces évolutions là font que chez nous, on a encore peur d’un accord saturé des fois... quoique en ce moment ça devient à la mode, on voit à la télé, ils ont tous achetés une ceinture à clou. Enfin ça reste un phénomène de mode bref.
Le fait qu’il y ai "peu" de publics en France aussi, ça y fait beaucoup. Par exemple, quand on a fait la tournée avec In Flames/Sepultura, en Allemagne nous faisions que des Zénith de 4000 personnes. On arrivait en France, c’était 1000 personnes ou 800 personnes, alors que dans tout les autres pays, c’était plus de 2000 minimum.

Pour revenir à votre concert d’Octobre dernier au Bataclan en première partie de Stone Sour, vous en avez eu un bon souvenir ? Une petite anecdote peut être ?
Excellent souvenir, oui ! Pour anecdote, nous on avait choisi de se déguiser plus ou moins pour Halloween, de se maquiller, car on savait que les groupes ricains faisaient ça à tout les coups pour Halloween. On pensait faire un clin d’œil à Stone Sour par la même occasion, qu’à la limite ça crée un lien ou quoi, mais au final eux n’ont rien fait ce soir là, ce qui nous a beaucoup étonné (rires). On a eu sinon un bon contact avec eux, Corey Taylor était un peu fatigué ce jour là, donc on l’a pas beaucoup vu, mais le peu que je l’ai vu, il a été très sympathique, James Root aussi. J’ai pas vu beaucoup les autres, c’était une date unique. Roy Mayorga pour sa part (le batteur de Stone Sour) est un très bon ami. On le connaît depuis la tournée avec Sepultura.

Vous avez joués en Irelande milieu octobre, le 26 octobre à Cologne, le 27 octobre à Arnhem en hollande, le 1er novembre en Allemagne, comment se sont passés ses dates, il y a t'il eu un bon acceuil du public étranger ?
Cette série là, c’était une série de douze jours sur la route. C’était un peu un test, d’autant plus qu’il y avait des dates en tête d’affiche à l‘étranger, ce qu’on se risque peu souvent à faire (ce qui n’est pas évident pour un groupe français là bas, on commence à peine à vendre des disques). On était en tête d’affiche en Hollande, ça a très très bien répondu. Pour un groupe français, faire du 300 personnes dans de belles petites salles là bas, ça fait plaisir. On a alterné sur cette série là france/étranger/france/étranger, et à chaque fois la différence n'était pas si énorme que ça. Ça commence à bien prendre donc en dehors de nos frontières, on est plutôt content par conséquent.

Shawter n’est il pas trop frustré de ne pas jouer de guitare en live vu qu'il compose une grosse partie des riffs sur album ?
Il compose 80 % des riffs guitare. Au niveau des compositions, il y a un petit peu de technique, et pour arriver à bouger, être à l’aise au niveau chant et au niveau guitare en live, c’est pas évident. Moi si tu veux mon boulot c’est d’être assez bon pour jouer ce que lui a en tête, en y mettant ma touche. De son côté, il bourrine à la voix. Par contre je pense que ça va arriver d’ici peu. Il va prendre la guitare sur quelques titres, mais ce sera plus pour le côté visuelle qu’autre chose.

Avec quel(s) groupe(s) aimeriez-vous (re)jouer dans le futur ?
Machine Head j’aimerai bien rejouer avec eux. Ça c’était bien passé humainement en plus, Sepultura également, et Dimmu Borgir, ça m’intriguerait de jouer avec un jour. Personnellement, je suis assez fan de Children of Bodom sinon, j’aimerai bien rencontrer Alexi Laiho. En ce moment, Lamb of God, ce serait intéressant.

Que penses-tu des groupes faisant votre première partie ce soir, à savoir The Arrs et Lyzanxia ?
The Arrs on les connaît depuis un certain temps. Ça doit faire deux ans qu’on se croise de temps en temps sur la route. Le metalcore sinon n’est pas ma musique de prédilection, mais en tout cas c’est un groupe qui se bouge le cul, qui envoit bien sur scène. Je pense que ça va bien avancer pour eux. Pour Lyzanxia je connais assez peu. Je sais que c’est plutôt thrash, et j’aime bien le thrash, donc je regarderai ce soir voir ce que ça donne.

Pour revenir à votre album "What Hell is about", avez-vous eût des échos positifs venant de l'étranger vis à vis de celui-ci ?
Comme je te l’ai dit, ouais. On a eu de très bon échos, on a même été meilleur espoir du Rock Hard Allemand. Faut savoir que Rock Hard en Allemagne est un des plus gros magazine vendu. C’est assez encourageant, tout les retours qu’on a sont bons, toutes les chroniques sont bonnes. Je suis confiant pour la suite.

Le fait d'intégrer plus de chants mélodiques sur WHIA (comme le featuring de Vortex sur « It's All About Time » ) ou des compo' mélodiques de bout en bout comme sur la très accessible « Cancer », c'était avant tout pour expérimenter d'autres choses, ou bien toucher un public plus vaste ?
Je t’avoue qu’on compose les chansons comme elles viennent. On essaye toujours d’en faire une toujours volontairement, comme « Cancer », ce qui nous permet de jouer des choses différentes. Pendant quinze chansons tu bourrines, tu bourrines, tu bourrines, mais de temps en temps, c’est agréable de jouer différemment, de faire des harmonies différentes, essayer de montrer une autre facette du groupe. Je pense que par rapport au premier album, c’est quelque chose que l’on a gagné de ce point de vue là, une couleur de son propre.

Vous avez déjà des idées sur la tournure musicale que prendra votre prochain album ?
Une chose qui est sûr c’est qu’il y aura moins de différences entre le premier et What Hell is about, qu’entre What Hell is about et le prochain. Pour la couleur musicale, le stade de composition n’est pas très avancée. On en est à avoir des idées chacun dans notre coin, mais pas de compo’ vraiment prête encore. On va rester dans la même couleur que What Hell is about, en essayant de composer des choses différentes.

Vous avez prévu de sortir un DVD un jour ?
En fait ça nous a déjà été proposé, mais en préfère encore attendre un peu. Pour tout ce qui est footage, on a pas mal de vidéos à nous, mais ce qui nous manque c’est le concert en particulier qu’on pourra filmer parfaitement. On le fera après le troisième album donc sûrement, après quelques clips encore mieux réalisés dans le futur on espère, etc…

Tu as un side project avec Franky, appelé Blazing War Machine, pourrais tu me donner des nouvelles conçernant celui-ci ?
On va sortir un petit live en vidéo, qu’on va simplement distribuer en concert, afin de commencer à faire connaître un peu le groupe. Y’aura cinq chansons, que l’on a filmé dans une salle prés de Marseille. On va faire un petit concert à Marseille le 5 Janvier pour le lancer. Le groupe avance bien, c’est dur à managé avec l’emploi du temps de Dagoba, mais ça commence à prendre une forme qui nous plait bien à moi et à Franky.

Sortons un peu du contexte musical. Vu qu’on est en décembre, la question habituelle : que vas tu faire pour les fêtes ?
JE VAIS RIEN FOUTRE ! (rires)

Picoler peut être ?
Ouais voilà !… non peut être pas faire que picoler, puisqu’on picole déjà beaucoup en tournée. On va prendre un peu de repos, parce que ça fait quand même depuis février dernier qu’on tourne tout les week end. Là on arrive à la 87ème date, on va se recharger un peu les batteries, et on réattaque début février à fond. On va essayer de choper une belle tournée en Europe ou aux Etats Unis.

Je suppose que tu es fan de l’OM ?
Hé bien non. Dans le groupe ils sont tous à fond, sauf moi (rires).

D'accord. Je vais quand même te poser la question allez : Que penses-tu du hooliganisme autour du football ?
C’est un bel exemple du fait que le foot ça me gonfle. Même si tout les gens ne sont pas cons, il y a quand même une grosse concentration de cons dans les stades. Ça représente pas tout les gens qui y sont, mais bon les mouvements de foule de ce style en général ne me plaisent pas. Après, je respecte tout à fait les joueurs, le public, et il y a des gens extrêmement passionnés qui adorent ça. C’est quand même le sport le plus populaire, je trouve dommage qu’il y ai toujours des fouteurs de merde.

Imagines... tu as un metalleux ne connaissant pas Dagoba en face de toi, qu'est ce que tu lui dirais vis à vis de ton groupe pour qu'il est envie d‘écouter votre son ?
Je lui dirais que dans Dagoba, il y a tout ce qu’un metalleux actuel peut avoir envie d’entendre : la brutalité, la mélodie, la recherche, et à la fois de la simplicité par moment. De l’originalité parce qu’on a pas mal de séquences créant une atmosphère particulière. Si il aime les groupes qui créent une atmosphère autour de leur musique et qui ont une couleur donc, ça devrait lui plaire. C’est dur à dire, après tu peux citer des références vis à vis de notre musique, c’est toujours le meilleur exemple, mais sur notre dernier album je suis assez fier qu’on ai réussi à se démarquer de ces influences (Note : Fear Factory, Machine Head, etc…), et même si elles y sont toujours, les digérer et faire en sorte qu’elles fassent partie du style de Dagoba. C’est une chose qu’on a gagné sur ce second album.

Je te laisse le mot de la fin pour les lecteurs d’U-zine, ainsi que pour tout vos fans qui lieront cette interview.
Ben… tout ceux qui nous ont vus en concert, j’espère que ça leur a plu, qu’ils vont faire passer le mot. Je pense que Dagoba c’est un groupe de live. On a besoin de votre soutien pour l’étranger, et même si on va baser sûrement notre prochaine tournée sur l’étranger, on oublie pas le public français.

Un grand merci à Izakar pour cette interview, ainsi qu’à leur label Season of Mist