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mercredi 23 mars 2005

Napalm Death

Mark ( Barney ) Greenway

U-Zine

U-zine.org, webzine musical metal actif entre 2004 et 2015. Fermé en 2015 suite à sa fusion avec 2Guys1TV, ses articles (chroniques, live-report, interview, dossiers, ...) sont désormais disponibles directement sur Horns Up via ce compte !

Voilà presque 20 ans qu'est sorti Scum le premier album de Napalm Death et pourtant celui-ci n'a toujours pas pris une ride. Pour la sortie de leur nouvel album "The Code Is red... Long Life The Code", Mark Greenway s'est livré au traditionnel jeu des questions réponses par le biais d'un phoner, "Barney" ayant du annuler au dernier moment sa tournée promotionnelle...

U-zine : Tout d’abord, que signifie le titre de votre nouvel album "The Code Is Red… Long Life The Code" ?
Mark "Barney" Greenway (chant) : C’est une sorte de signal d’alarme, le rouge étant la couleur de l’alerte maximale. The Code Is Red… Long Life The Code fait également référence à l’autorité. En effet, en tant qu’être humain, nous devons obéir à certaines règles immuables qui sont écrites dans ce code.
Aujourd’hui, il y a une menace terroriste évidente et la psychose s’installe. Tu peux être jeté en prison sans aucunes preuves contre toi si tu es suspecté d’être un terroriste… Et je pense que de nos jours, nous devons obtenir plus de droits en tant qu’homme et non moins !

Votre album dure 45 minutes pour 15 titres… Ne penses-tu pas que c’est trop long pour un album de grind ?
Non, pas du tout ! L’album fait la durée qu’il faut, je pense. Tu sais, il n’y a aucune règle qui régit les albums de grind.

On sent un retour aux sources au niveau de la brutalité des compos. Pourquoi ?
Pour aucune raison en fait. On est allé en studio pour enregistrer le meilleur album que nous ayons fait et le rendre aussi intense que possible… Et il en est ressorti ça (rires).
Mais c’est clair que nos derniers albums étaient bien moins brutaux par rapport à celui-là… Mais rien n’a été décidé à l’avance. En fait, tu peux arriver en studio avec une idée en tête, mais durant l’enregistrement tout peut changer et au final tu te retrouves avec quelque chose de très différent de ce à quoi tu t’attendais !

Ce n’est donc pas du à ta colère du moment ?
Non, il n’est pas plus question de colère sur cet album que sur les précédents. Les morceaux sont certes plus agressifs mais la colère qui se dégage de Napalm Death reste constamment au même niveau et c’est elle qui nous met dans la bonne voie pour la continuité de nos albums.

On a le plaisir de retrouver un titre de moins d’une minute sur cet album, était-ce un moyen d’augmenter la brutalité ?
Encore une fois, ce n’était pas vraiment intentionnel mais c’est vrai que c’est le but recherché du morceau ! En fait, quand on écrit un morceau, et qu’on se dit qu’un riff sonne particulièrement bien, on ne cherche pas forcément à le prolonger et le coupler avec un refrain. On se dit plutôt "Ce riff est excellent, prolongeons le légèrement avec une intro et une outro et puis on enchaîne avec un autre morceau !". Ainsi, on obtient à la fois des morceaux assez longs et des titres bien plus courts.

Pour continuer à parler des morceaux, à l’égal d’Utopia, ce nouvel album s’achève avec un titre beaucoup plus mélodique et calme. Pour quelles raisons ?
Je dirais calme… Mais surtout dépressif (rires) ! Nous avons retenté l’expérience car nous ne voulons pas oublier nos racines punks et indie undergrounds du débuts des années 80.
En fait, nous voulions faire connaître une nouvelle approche de l’extrême à nos auditeurs… Ce morceau est toujours heavy mais d’une manière différente de ce que tu as l’habitude d’entendre.

Et d’où t’es venu l’idée d’inviter trois personnes sur ce nouvel album ?
Au début, on n’avait pas du tout songer inviter d’autres musiciens sur cet album car on voulait se focaliser uniquement sur notre musique et non sur le fait que tel ou tel titre collerait bien avec tel groupe. On a donc enregistré cet album avec comme unique idée en tête, faire du Napalm Death et tout le blabla qui va avec…
Une fois l’album fini, on a réfléchit aux personnes qu’on pourrait inviter et nous avons fait une liste. Puis, nous avons très vite réalisé que se serait très facile à faire et que ces 3 chanteurs s’intégreraient très facilement dans le moule. D’ailleurs, j’adore la touche personnelle qu’ils ont apportée à chacun des trois morceaux !

Oui, surtout la participation de J. Biafra sur The Best And The Good, elle se distingue particulièrement du reste de l’album !
Cette expérience avec Jello fut vraiment excellente tout au long de l’enregistrement à San Fransisco du titre. Et pour tout te dire, il n’avait pas encore entendu la chanson quand il a reçu les paroles !
Ce morceau lui convient parfaitement et il est total harmonie avec ce que fait Jello et ça apporte une touche de fraîcheur par rapport à la musique de Napalm Death. Cette chanson parle de la volonté de Dieu… Car si Dieu existe vraiment, ce dont je ne suis pas convaincu personnellement, il doit se demander ce qu’il peut bien se passer sur la terre car des gens sont tués chaque jour injustement… Et il doit également se demander ce qu’il doit faire !

A t’entendre, je suppose que vos paroles sont toujours autant engagées ?!
Oui, il y a toujours un côté politique dans nos paroles… Mais cette fois-ci The Code Is Red… Long Life The Code parle plus de la condition humaine et de l’égalité et la tolérance entre les hommes dans une société sans aucun conflit…
Les scientifiques nous appellent des hommes civilisés, mais 3…4…5 milles personnes ont été tués par la guerre. Or la guerre devrait seulement faire parti du passé et non de nos pensées actuelles !

En parlant de votre position politique, tu peux nous en dire un peu plus sur votre single « Tsunami Benefit » au profits des sinistrés du Tsunami asiatique ?
On a voulu réagir à notre façon sur ce malheureux événement… On s’est demandé ce qu’on pouvait faire pour apporter notre soutient et un single était la meilleure solution à nos yeux. On a enregistré l’album en deux jours et il est sorti chez Century Media. D’ailleurs, vu que The Haunted était également chez Century, ils ont pu participer au single ainsi qu’Heaven Shall Burn. On est vraiment content que notre label nous ait permis de sortir ce CD car cela nous tenait vraiment à cœur !

Sur les 1000 copies disponibles, combien en avez-vous vendus ?
Une centaine seulement. Maintenant, le reste sera disponible sur Ebay.

Tu n’es pas déçu ?
Non, car il se vend bien ! Surtout qu’on en a limité le nombre d’exemplaires, donc tout se vendra sans problème, ce qui nous permettra de récolter de nombreux fonds pour aider ces sinistrés !

Au fait, as-tu été affecté par la mort de Mieszko Talarczyk ?
Oui bien sûr ! J’ai été très attristé quand j’ai appris la nouvelle. Je connaissais personnellement Mieszko et nous étions amis, ce qui me rend encore plus triste…

Pour rester dans le contexte international, que penses-tu de la réélection de Georges Bush ?
(il réfléchit quelques secondes). Je ne suis pas content du tout bien sûr… Je n’arrive pas à croire que cet homme a été élu à la loyale et que les Américains ont pu voter pour lui en masse. Ce gars veut sans cesse augmenter la sécurité de son pays, mais il ne fait que de la merde… Il se prend pour la police mondiale et exerce de mauvaises influences sur certains pays. Et je suis persuadé que tout le monde va ressentir les effets de sa réélection dans les années à venir…

Depuis deux ans vous êtes sur Century Media, qu’est-ce que le label vous a apporté ?
On a toujours travaillé avec des labels expérimentés par le passé et nous voulions travailler avec un label qui sache bien nous promouvoir et qui jouisse d’une bonne popularité. Century Media a une très bonne distribution mondiale, nous encourage sans cesse à tourner et met le plus d’argent possible pour promouvoir nos albums avec par exemple la création d’albums promos…
Je suis donc très content de notre collaboration avec Century même si certains problèmes persistent comme avec n’importe quel label… Mais je n’ai vraiment pas à me plaindre !

Lors de votre venue en Allemagne en Janvier dernier, vous avez fait la promotion de votre nouvel album tout en filmant le concert. Peut-on s’attendre à un DVD ?
On a déjà fait un DVD il y a quelques temps et nous ne voulons pas en sortir un nouveau trop rapidement. On veut donc accumuler le maximum d’images de différents pays et de différents morceaux afin de sortir le meilleur DVD possible. Car nous voulons qu’il soit intéressant pour les fans et non juste là pour faire marcher leur portefeuille ! Il faudra donc attendre pour voir un nouveau DVD de Napalm Death sortir !

En parlant de tournée, tu peux nous en dire un peu plus sur votre tournée Européenne ? Vous allez jouer au Fury Fest entre autres !
Oui on sera en tournée avec Most Precious Blood ainsi que Diecast. Most Precious Blood est un groupe de hardcore old-school et Diecast officie plutôt dans le metalcore mais avec une touche vraiment mélodique.
Ca va vraiment être intéressant cette tournée, j’ai hâte d’y être ! J’ai toujours hâte de jouer en Europe car les fans y sont nombreux et accueillants… Et retrouver des fans dans les lieux où on va, c’est extrêmement gratifiant…
Et puis, c’est la première fois qu’on va jouer au Fury Fest qui est un festival très hardcore… J’ai hâte de voir ce que ça va donner !

Penses-tu que l’apparition de Jamey Jesta sur cet album apportera une plus reconnaissance à Napalm Death de la part de la scène hardcore voire metalcore ?
On jouit déjà d’une bonne popularité dans le milieu hardcore… Mais c’est vrai que certains écouteront peut-être notre album ou du moins le morceau par curiosité. Mais je ne suis pas vraiment convaincu…
En fait, Jamey est un bon ami à nous et nous avons tout de suite penser à lui pour faire une apparition sur un titre. Hatebreed et Napalm Death ont déjà joué ensemble aux Etats-Unis, ce qui nous a permis de devenir amis… Mais pour moi, la chose la plus importante est que la voix de Jamey apporte un plus musical au morceau… Et c’est le cas !

Allez-vous sortir un "Leaders Not Followers 3" ?
Oui c’est sûr ! Mais pas pour le moment car nous venons de sortir pas mal d’albums l’année dernière et il faut le promouvoir maintenant. Nous allons donc attendre un petit moment avant de nous atteler à ce troisième opus.

C’est le 13ème album de Napalm Death, ne penses-tu pas que vous avez fait le tour de la scène grind aujourd’hui ?
Malgré nos changements de line-up, nous avons toujours joué le même style de musique… Le style Napalm Death à la fois fast and furious. Et tout ce que nous avons à faire c’est de continuer à faire ce qu’on aime et à jouer les riffs qui nous tiennent à cœur. Voilà pourquoi on continue à prendre part à la scène grindcore !

Et tu n’as jamais voulu jouer un autre style bien moins brutal ?
Napalm Death me suffit, tu sais. J’aime Napalm Death … C’est une musique très excissante à jouer et ça me suffit pleinement. Je ne suis pas comme Shane (ndr – le bassiste) qui a de nombreux projets. Je ne me sens pas prêt à faire autre chose pour le moment, car Napalm Death me suffit emplement.

Enfin dernière question… Il n’y a plus aucun membre fondateur dans Napalm Death à l’heure actuelle… Pourquoi ne pas avoir changé le nom du groupe ?
Personnellement, je ne penses pas que ça soit utile car nous restons dans la continuité de Napalm Death et nous jouons toujours les vieux morceaux de Napalm en concert, nous avons le même style qu’à leurs débuts…
Nous faisons toujours du bon boulot et qu’importe qu’il n’y ait plus de membres originels dans le groupe, car Napalm Death reste toujours autant intense sur album comme en concert !

Tu veux ajouter quelque chose ?
Merci à tous vos lecteurs et tous ceux qui nous supportent…
Les derniers mots d’une interview sont toujours un peu les même mais ils sont essentiels ! On ne peut que remercier nos fans qui ont toujours été là pour nous soutenir, ce que nous apprécions tout particulièrement.

Un grand merci à Barney pour sa disponibilité et sa simplicité ainsi qu'à Valérie.