Interviews Retour
jeudi 3 février 2005

My Chemical Romance

Frank Iero & Mikey Way

U-Zine

U-zine.org, webzine musical metal actif entre 2004 et 2015. Fermé en 2015 suite à sa fusion avec 2Guys1TV, ses articles (chroniques, live-report, interview, dossiers, ...) sont désormais disponibles directement sur Horns Up via ce compte !

Après une scéance de photos, Frank et Mikey me reçoivent. Ils ont plutôt l’air éprouvé par leur tournée européenne. Mais ils furent tout de même très aimable et amicaux avec moi durant ces 25 minutes d'interview.

U-zine : Comment se passe la tournée ?

Frank Iero (guitariste): Bien vraiment très bien. On a commencé à…
Mikey Way (bassiste): Bristol
Frank : Oui c’est ça à Bristol. On a fait tout le Royaume Uni. On est allé en Allemagne. On a fait quatre concerts là bas. C’est la première fois qu’on fait un concert à Paris. Après on retourne à Londres et on va au Japon. On a été pas mal occupé mais c’était vraiment fou. On s’est vraiment amusé.

Vous êtes donc déjà venu en Europe. Est-ce que vos fans ont changé entre temps avec votre nouvelle popularité ?

Frank : Oui c’est clair. Mais il y a toujours plein d’endroit où personne ne nous connaît. La première fois qu’on est venu c’était il y a deux ans. On a joué à Cologne et à Hambourg. Personne ne nous connaissait. On venait avec The Used donc les kids ont passé un bon moment. Cette fois on est aussi passé à Cologne. La seule différence c’est qu’on était la tête d’affiche et que c’était complet. C’était impressionnant. Les kids étaient totalement fous.

Est-ce que c’est difficile de se retrouver loin de sa famille et de ses amis ? Peut être que certains viennent avec vous ?

Frank : Oui…
Mikey : Tu vois quand on n’est pas en tournée, on a notre appartement. On peut voir nos potes. On a tout ce qu’il faut. Mais une fois sur la tournée, on vit dans notre bus. Il est tout petit et on est déjà neuf dedans. Donc tu ne peux ramener personne sur la tournée.
Frank : Mais c’est ça la tournée. D’un coté tu visites des endroits géniaux, tu joues plein de concerts. C’est ce qu’on aime faire. On est super content à l’idée de le faire. Mais d’un autre coté, tu es loin de tous ceux que tu aimes.

Les français ne vous connaissent pas vraiment bien. Peut être pourriez vous vous présenter et nous parler un peu de la formation du groupe.

Mikey : C’est pour moi, c’est pour moi cette question (rires) . Tu vois le groupe a commencé quand notre ancien batteur et Gerard se sont connus et ont écrit quelques chansons. Ils les montrer à Ray pour savoir si ça le tentait de les jouer. Ray a bien sur répondu oui tout de suite. Et ensuite ils m’ont montré la cassette de démo avec trois chansons dessus. Je me suis dit « putain mec je dois apprendre à jouer de la basse pour pouvoir intégrer le groupe ». Je jouais de la basse quand j’étais plus petit. Mais j’avais oublié et donc il fallait absolument que je m’y remette pour augmenter mon niveau. Je n’avais pas joué depuis 10 ans. Ca a été difficile mais la motivation était là. Frank jouait dans un autre groupe. Mais le groupe a commencé à se détacher…
Frank : c’est ça, notre batteur nous a quitté. On continuait. Mais ce n’était plus comme avant. J’avais entendu parler de leur groupe et on a joué quelques concerts ensemble. Et je suis devenu fan. J’écoutais tout le temps leur démo. Je voulais tellement être dans le groupe. Mon groupe s’est alors séparé et ils m’ont proposé de rejoindre le leur. C’était mon groupe favori. Donc j’ai accepté tout de suite. On a joué un peu comme ça. Et on a demandé à notre batteur de quitter le groupe parce que ça ne se passait pas bien. On a engagé Bob. Et maintenant on est là.
Mikey : je suis tout à fait d’accord (rires) .

Est-ce que c’est dur d’être dans le groupe de son frère ?

Mikey : Non pas du tout. On est comme les meilleurs amis du monde. Depuis qu’on est tout petit, on est toujours ensemble. On partageait la même chambre. La pièce était tellement petite qu’on pouvait mettre deux lits et c’est tout. On est simplement habitué à être ensemble. Quand tu regardes nos photos d’enfance, on était toujours habillé de la même façon. Nos parents nous faisaient posé partout où c’était possible. Donc on a des milliers de photos ensemble. Et maintenant je suis habitué à le voir tout le temps. C’est vraiment génial.
Frank : ils ne se disputent jamais.
Mikey : on ne s’est pas disputé depuis quatre ans.
Frank : il y a quatre, ils ont eu une dispute très forte. Ce n’était pas très beau à voir.

Vous paraissez être très proche de The Used. J’ai vu plusieurs fois Bert McCracken portant un tshirt My Chemical Romance lors d’émission télé. D’où est ce que ça vient ?

Frank : on le paie pour ça (rires) .
Mikey : en fait, leur ancien tour manager est notre manager en ce moment. Il nous a présenté à Bert. Bert a écouté nos CDs et est devenu un grand fan. Je crois que c’est tout.
Frank : voila il bossait pour eux quand il nous a découvert sur le net. Il nous a proposé d’être notre tour manager. Et il a rapproché les deux groupes en nous faisant faire une tournée commune. Ensuite on est devenu amis.
Mikey : On a toujours été un groupe préférant les concerts et The Used est comme nous. Nos deux premières années, on les a passé sur la route. Et faire une tournée avec The Used c’était énorme. Ils nous ont emmené en Europe pour la première fois. C’est génial parce que ça représente un pas énorme pour un groupe. Donc on leur doit beaucoup.

D’où vient votre inspiration pour vos chansons ?

Frank : Tout ce que tu fais, vois ou entends peut être utilisé. C’est l’expérience et tout ce qui vient dans ton cœur qui te permet d’écrire. Pas mal de nos chansons viennent de fictions, ou alors de nos expériences ou celle de nos amis. En fait c’est de la fiction basée sur des faits réels.
Mikey : Nos chansons, c’est juste un mix entre les expériences personnelles et des histoires inventées. Mais on ne peut pas les séparer.
Frank : ce qu’on veut, c’est que ceux qui écoutent nos chansons, puissent en retirer quelque chose. Chacun a son interprétation de nos chansons. On ne peut pas tous ressentir la même chose en les écoutant.

Comment décririez vous votre style de musique ? Quelles sont vos influences ?

Mikey : personne dans ce groupe n’aime la même musique. Gerard et moi avons quelques similarités dans nos goûts musicaux mais c’est tout. Mais en fait tous les membres viennent de différents styles de musiques. Frank, par exemple, est plus sur le hardcore. Gerard et moi, on écoute plus de la pop ou du rock anglais et un peu de punk. Ray lui adore le heavy metal comme Megadeth. Mais il aime aussi la musique classique. Et Bob apprécie tout ce qui est technique. Ca va de la pop au metal. Tu prends tous ces styles, tu les mélanges bien et tu obtiens notre musique. Quand tu écris toutes tes influences sont dans ta tête. Donc tu fais attention à toutes tes influences.
Frank : En fait tu crois qu’un mélange de tous ces styles ne va pas marcher mais si ça marche. Si je dois mettre notre musique dans style, je nous mettrais dans le Rock n’Roll. Mais si tu veux une classification plus précise, je pense que pop c’est ce qui nous va le mieux.

Est-ce que vous avez eu des différences dans l’écriture et l’enregistrement des deux albums ?

Frank : Oui. J’ai rejoint le groupe deux semaines avant l’enregistrement du premier album.
Mikey : le jour où on a commencé l’enregistrement, Frank était dans le groupe depuis quelques jours. On a eu 9 jours pour enregistrer dans une espèce de cave. En plus Gerard était malade. Sa voix était partie. Il devait refaire ligne par ligne les chansons. C’était super dur pour lui. Il buvait plein de thé très chaud. Il a eu une rage de dents aussi. On a du l’amener à l’hôpital. Et puis ensuite il a du retourner au studio. Alors que la deuxième fois on est allé à LA pour le studio. On avait déjà quelques chansons écrites.
Frank : On était beaucoup plus relaxés. On avait déjà écrit des chansons à la maison et on en a écrit d’autre à LA. Et puis on a eu deux mois de pré production. On a eu beaucoup de temps pour trouver exactement le son que l’on voulait. Les chansons sur le deuxième album sont bien réfléchies alors que sur le premier c’était plutôt « cool on a une chanson pas la peine de la retravailler ». Et puis on avait plus d’expérience pour le deuxième album avec toutes les tournées qu’on a fait. En fait pour le deuxième, on a vraiment eu l’opportunité de faire l’album qu’on a toujours voulu.
Mikey : dans l’ancien album on essayait de faire ce que l’on a fait sur cet album. Mais on n’a pas eu le temps ni les moyens pour le faire. Mais dans le premier album tu peux voir que ce n’est pas un album complètement terminé.

Votre deuxième album est en fait dans la continuité du premier ?

Frank : voila c’est exactement ça.

Votre premier album a été produit par Geoff Rickly de Thursday ? Est-ce que vous avez déjà tourné avec eux ?

Mikey : Non jamais parce qu’en fait on ne voulait pas utiliser nos relations pour être connus. On ne voulait pas utiliser la popularité de quelqu’un pour nous propulser. Geoff nous a dit qu’il voulait qu’on tourne ensemble mais il préférait qu’on soit tous les deux têtes d’affiche pour ça. Donc ça se fera un jour mais pas tout de suite.
Frank : On a fait le Warped Tour avec eux. On est comme son petit frère. Il nous a aidé à commencer. On lui en est très reconnaissant pour ça.

Quel est le sens du titre de votre dernier album « Three Cheers For Sweet Revenge » ?

Frank : Ca remonte à notre adolescence alors qu’on nous disait que l’on n’allait jamais réussir ou que ça n’allait jamais marcher. Les gens voulaient qu’on garde notre job parce qu’on n’était pas assez bon. Grandir dans le New Jersey, jouer des concerts et être un tout petit groupe, tout cela a fait qu’on avait l’impression de devoir prouver qu’on en était capable de faire mieux qu’un petit groupe à tous ces gens mais aussi à nous même. Les Three Cheers c’est un peu un sentiment de réussite par rapport à cette revanche.

Vos paroles semblent très tristes sur le dernier album. Que vous est il arrivé ?

Frank : Je pense qu’elles sont tristes, mais pas tant que ça.
Mikey : Oui je crois que c’est bon mix. C’est un mélange entre notre sentiment quand on est arrivé et deux décès. En fait on était super excité à l’idée d’aller à LA et quand on est arrivé ça fait un choc. Je crois que c’est un choc des cultures entre la côte est et la côte ouest. Tu arrives et tu es là « Waouh mec ». Tout est vraiment différent à LA. Les gens ont une mentalité différente. Leur but est arrivé le plus haut possible en utilisant ses relations.
Frank : Il y a plein de personnes fausses à LA.
Mikey : Et puis deux personnes que Gerard et moi connaissons, sont décédées l’année dernière. La première, c’est notre grand-mère et la deuxième, c’est la meilleure amie de notre mère. C’est arrivé en deux semaines. Et ça mixer avec notre départ pour LA où on s’est retrouvé loin de nos familles et amis. C’est de la que vient la tristesse des chansons qu’on a écrites à ce moment.

D’où vous est venu l’idée d’introduire un piano dans « The Jet Set Is Gonna Kill You » ? Est-ce que l’un de vous joue du piano ?

Frank : Oui, c’est notre producteur Howard Benson qui joue du clavier dans cette chanson. Il y a d’autre chanson où le piano est présent mais c’est moins flagrant. Mais je trouve que ça sonne bien. J’aime bien cette idée.

L’introduction de votre premier album “I Brought You My Bullets, You Brought Me Your Love”, “Romance” est tirée d’un film français « Jeux Interdits ». Le Saviez vous ? Avez-vous vu le film ?

Mikey : Ah bon. Non, on ne savait pas. C’est Ray, qui est un grand fan de guitare classique, qui avait ce morceau sur un CD. Il nous l’a joué dans sa chambre et nous l’a proposé comme intro de l’album. On était tous d’accord.

Qui est Helena, la personne dont vous parlez dans la première chanson de « Three Cheers For Sweet Revenge » ?

Mikey : Notre grand-mère.

Pourquoi avez-vous du changer de label ? Quel était le problème avec Eyeball Records ?

Frank : Parce que l’on voulait passer à une étape supérieure. On voulait que l’album soit disponible pour plus de fans. C’était le bon moment, on voulait évoluer. Avant la sortie de notre premier album, on a été approché par plusieurs labels. On voulait faire un nouvel album. Après une longue tournée, on était prêt à faire le grand saut. Et Warner est arrivé à ce moment là. On s’est bien entendu avec eux. On a décidé de changer de label. Ils nous ont laissé carte blanche.
Mikey : A la première approche, on était trop jeune. On avait formé le groupe, ce n’était pas le bon moment. Donc on a préféré un label plus petit. La seconde était la bonne.

Est-ce que le fait que The Used était chez Warner vous a influencé ?

Frank : Non pas du tout. Ca ne s’est pas passé comme ça. C’est une coïncidence.
Mikey : C’est ça, c’est une coïncidence. Mais quand on s’est retrouvé avec The Used, on était « Waouh vous aussi vous êtes là ». Warner nous a contacté avant que l’on rencontre The Used.

En 2002, vous avez sorti “I Brought You My Bullets, You Brought Me Your Love”. Vous êtes devenu un group connu rapidement. Aujourd’hui des groupes sont influencés par votre musique. Comment le prenez vous ?

Frank : C’est flatteur. Mais au début notre but, c’était de jouer de la musique et faire des concerts. On a réalisé que peut être quelque part on faisait un peu la différence, qu’il y avait quelque chose de bien dans le groupe. Et notre but est devenu dans un sens de changer un peu le monde en mieux. Si on peut jouer de la musique que l’on aime, que l’on peut aller dans des pays que l’on aurait jamais vu sinon, et que l’on voit des kids que l’on aurait jamais rencontré et qui sont influencés par notre musique, c’est que dans un sens on a changé le monde. Si quelque chose de bien sort du groupe tant mieux. Tu ne peux rien demander de plus. Pour quatre gamins du New Jersey, c’est presque ridicule de se retrouver là. Je n’aurais jamais imaginé que ce serait arrivé.

Est-ce que le fait d’être connu a changé votre vie de tous les jours ?

Frank : Connu je ne sais pas. Qu’est ce que tu entends par connu ?

Les gens vous arrêtent dans la rue, disent « Oh regarde c’est le guitariste de My Chemical Romance » et vous demandent un autographe.

Frank : Ca arrive de temps en temps. Ca arrive plus souvent quand on est dans le New Jersey. C’est rare quand on n’est pas dans notre région.
Mikey : C’est souvent dans les supermarchés ou les magasins. Mais ça n’a pas changé notre style de vie parce que ce n’est pas arrivé au point où on a peur de sortir à cause des fans.
Frank: Parfois quand ça devient bizarre, tu espères que les gens respectent ton intimité. C’est arrivé que des gens ne respectent pas ton espace vitale et là ça devient très bizarre. Mais c’est quand même agréable qu’on nous demande un autographe. Ca veut dire que ton groupe est reconnu. Les gens t’apprécient. Il y a un moment et un lieu pour tout.

Que préférez vous dans le fait d’être dans un groupe ?

Frank : On aime tout. Ecrire, enregistrer mais c’est vrai qu’on est vraiment un groupe de live.
Mikey : On adore faire des grandes tournées.
Frank : Oui mais on fait quand même des CDs pour pouvoir avoir quelque chose à jouer en live (rires) .

Quel est votre meilleur souvenir dans le groupe ?

Frank : Pour moi, c’est quand on enregistrait cet album. J’ai pu rencontrer Keith Morris qui chante dans Black Flag. Il a même chanté sur notre album. C’était impressionnant pour moi. Je ne sais pas combien de fois j’ai joué les chansons des Black Flag mais c’est énorme. On était totalement bourré quand Keith est arrivé. Et je crois qu’il a eu peur.
Mikey : Moi je crois avoir rencontré tous les musiciens que je voulais rencontrer. On a rencontré Björk quand on a enregistré un peu à New York. Elle marchait vers moi et je ne pouvais pas bouger. Elle m’a regardé bizarrement et elle est partie.

Vous faites partie d’un album tribute aux Smashing Pumpkins. D’où vient cette idée ?

Mikey : Ah oui, on était supposé être dessus. On me pose souvent la question. Je pense que quelqu’un a parlé alors qu’il n’aurait pas du. Mais si on fait quand même partie de l’album, on le fera parce que chaque membre de notre groupe est un grand fan des Smashing Pumpkins. On a été vraiment honoré par la proposition de leur label de faire partie d’un album tribute qui leur était dédié.
Frank : Le problème, c’est que l’on ne sait pas laquelle prendre. Il y en a trop.

Vos plans pour l’année prochaine ?

Mikey : Mec, on va être sur la route jusqu’à Noël.
Frank : Mais après je crois que l’on va retourner en studio. A cette époque en 2006, on sera entrain d’enregistrer.

Un mot sur le procès de Mickael Jackson. Coupable ou non ?

Mikey : Je suis allé dans un café en Allemagne. Je comprends rien à ce qu’ils disent. Mais il y avait deux filles qui parlaient et j’ai entendu « Kinder Sex » et « Mickael Jackson » (rires). Je ne savais pas ce qu’il se passait mais ça m’a beaucoup fait rire.
Frank : Je ne suis pas sur mais je pense qu’il est coupable. Ce n’est pas la première fois qu’on lui reproche.

Peut être un dernier mot pour vos fans français…

Mikey : Restez à l’école (rires).
Frank : J’aimerais leur dire quelque chose en français. Mais je ne connais rien en français.
Mikey : Appréciez Paris parce que nous, on n’aura pas le temps de vister. Alors visitez pour nous.
Frank : Amenez moi Mona Lisa que je puisse la regarder tranquillement dans un fauteuil (rires).

Ok merci beaucoup.

Merci à Frank et Mikey pour leur gentillesse et leur amabilité ainsi qu’à Amael pour cette interview.