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Album

09 décembre 2014 - U-Zine

Hang The Bastard

Sex In The Seventh Circle

LabelCentury Media
styleDoom Sludge
formatAlbum
paysRoyaume-Uni
sortieoctobre 2014
La note de
U-Zine
8.5/10


U-Zine

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Si il y a bien un groupe qui peut se vanter d'avoir réussi leur crossover, c'est bien évidemment Hang The Bastard. Mais si souvenez vous, on est à l'aube de l'année 2007 et un groupe de jeunes anglais effrontés viennent mélanger doom et hardcore.

Un hardcore brut de décoffrage, efficace et sans concession. Du doom savamment amené et des ambiances pesantes. On les retrouve 7 ans plus tard avec un album nommé Sex In The Seventh Circle qui a oublié le hardcore des débuts mais qui pose un côté sludge des plus efficace.
Curieux donc de voir quelle direction prennent les désormais barbus du groupe, j'appuie sur play, pour me lancer dans ce qui sera pour moi l'une des meilleures sorties de l'année.

L'album commence donc avec une intro faisant penser au début d'un film de western, où les cowboys seraient barbus et avec des jeans troués. Cette guitare lancinante, ces chœurs bien amenés, cette montée complétement épique ... Putain ça y est, la chevauchée est lancée, le soleil se lève sur fond de plaines arides. Inutile de préciser qu'on se sent immédiatement plongé dans leur univers et la cavalcade s'annonce mouvementée!

Le chanteur pose alors une voix nous rappelant le grand et l'incomparable Fadadès (gloire à lui). C'est nasillard, à bout de souffle et possédé comme il le faut pour englober avec perfection une instrumentalisation qui paradoxalement fait du 100 à l'heure. A la première écoute, cela peut paraitre impossible d'apprécier une telle voix, et pourtant, tout au long de l'album, elle se mêle à merveille avec les ambiances des morceaux. Keeping Vigil est donc une excellente façon de commencer cette galette et les 5 minutes passent à toute vitesse. Mais déjà, Morrs Tempest et sa basse saturée résonne dans nos oreilles.

Ça y est, à peine deux titres, mais me voilà conquis par une énergie qui ne désemplira pas durant les 40 prochaines minutes. Le côté sludge est bien palpable, tant au niveau des riffs, que de l'ambiance pesante et cradingue qui y règne. C'est fou comme ces anglais sont doués pour nous faire passer d'un riff lourd et pesant à quelque chose de bien plus "rock'n'roll". L'alchimie opère à merveille tandis que voilà Hornfell et son groove irrésistible, si si, un groove comme pas deux, nous invitant au headbang immédiat et furieux. La machine s'emballe, les chevaux vont bon train nous amenant droit sur une interlude d'une minute composée de murmures angoissants, de feu crépitant...

Lesser Key est donc la parfaite introduction à une des chansons les plus majestueuses de ce disque, The Majestic Gathering of Goetia. Un titre déjà bien révélateur de ce qui sera un moment d'invocation obscur, propice à une lourdeur et une noirceur sans pareil. Sans jamais changer de tempo le morceau n'en est pas pour autant ennuyeux, bien au contraire, j'ai eu envie de sortir ma planche de ouija et de naviguer dans l'abîme parmi les esprits les plus sournois. Et c'est d'ailleurs bien leur but, vu que l'Ars Goetia est un grimoire ancien qui décrit par le détail 72 démons ainsi que les rituels pour les invoquer. Ha mais voilà tout s'explique, l'album est en fait une seule et même incantation, destinée à nous envoûter immédiatement! Mais c'est sans compter un rappel à l'ordre de Hang The Basard plus que violent.

Pas question de laisser nos fans vadrouiller et se perdre parmi les fantômes ou autres serial killers. Place à la douceur d'une matinée ensoleillée, où l'odeur de la rosée serait encore présente. C'est comme ça que la ballade mélancolique nommée Mists of Albion se déroule. Du chant clair, des guitares claires et une batterie bien maitrisée, nous font apprécier cette ode à l'amour de leur pays. Ouais parce que j'me suis renseigné, merci Wikipédia, et il se trouve qu'Albion est en fait l'ancien nom de la Grande Bretagne! Ils sont gentils dans leur noirceur quand même ces petits gars!


Et on repart sur Sex In The Seventh Circle et (Reprised) qui sont pour moi la seule ombre au tableau. Bon franchement pour Sex In The Seventh Circle au début c'est cool, pendant 15 secondes on croirait entendre le nouveau Tool (et Dieu sait qu'il se fait attendre le salaud!). Mais quand le morceau éclate on est tout de suite dans la même ambiance que depuis le début, un riff très sludge, carrément efficace mais qui peine à faire redémarrer l'atmosphère déjà bien instaurée. On sautera donc ces deux morceaux, qui restent quand même très appréciable, quoiqu'un peu inutiles à mon goût.

Passons à Absorption et Beyond the Pale, qui font un écho carrément évident à certaines chansons de Kvelertak. C'est osé, ça fonctionne super bien alors pourquoi pas! Bon en fait cet album n'a quasiment pas de défauts et, comme le bon vin, se bonifie avec l'âge. Je vous déconseille vivement d'arrêter après avoir tiqué sur la voix, ou crisé sur le fait que Hang The Bastard " c'était mieux avant ... " Si si, j'en vois venir là au fond, mécontents de voir qu'un groupe sait évoluer et se renouveler ! Faites avec les gars, ils ont de la barbe et de vrais problèmes maintenant, fini l'insouciance des débuts! Morceau de clôture, Sweet Mother, démarrant sur les chapeaux de roues, mélangeant toujours à merveille ce côté lourd et sale du doom avec les tempos accélérés du sludge... Pari réussi donc pour finir un album, cette chanson convient à merveille. Le fade away est plus qu'appréciable, pour nous laisser atterrir en douceur, revenir à nous et enfin pouvoir apprécier un instant de silence bien mérité.

Ça serait vraiment dommage de ne pas prendre ce cd comme celui d'un "nouveau" groupe, certes gardant leur nom initial mais qui arrivent tout de même à prendre un tout autre chemin, et ce avec brio ! C'est rare alors repensez à certaines formations qui tentent des déviations douteuses mais qui se brisent sur les écueils de leur propre talent.

Bon mais je vous laisse découvrir cette galette par vous même, j'espère que vous ne passerez pas à côté, parce qu'honnêtement on tient ici un groupe plus que prometteur dans la scène sludge/doom.

1. Keeping Vigil
2. Morrs Tempel
3. Hornfel
4. The Lesser Key
5. The Majestic Gathering of Goetia
6. Mist of Albion
7. Sex in the Seventh Circle
8. (Reprised)
9. Absorption
10. Beyond the Pale
11. Sweet Mother