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Album

09 décembre 2014 - U-Zine

MaYan

Antagonise

LabelNuclear Blast
stylemetal extrême moderne
formatAlbum
paysPays-Bas
sortiejanvier 2014
La note de
U-Zine
6.5/10


U-Zine

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En ces temps de méfiance envers nos dirigeants, de scandales avec la NSA et du rapprochement dangereux du monde avec la vision d’un certain G Orwell, les Néerlandais de MaYan ont vu l’opportunité d’alerter les consciences en en faisant le thème central de leur nouvel album Antagonise notamment dans la doublette ratée National Security Extremism part 1 and 2. Les musiciens paranoïaques de ce combo viennent des groupes les plus connus de la scène batave puisque le maître à penser du groupe est Mark Jansen d’Epica. On en retrouve aussi le bassiste, le batteur et un guitariste tout comme un ex- After Forever aux claviers. Le tout agrémenté d’une soprano et d’un autre chanteur, Hennung Basse pour le chant clair et on arrive au total de sept musiciens. Il leur faudra un maximum de place sur scène pour pouvoir dérouler le show !

On se pose beaucoup de questions face à un tel groupe : quel est le rapport entre leur nom et leur musique ? il n’y en a aucun. Pas de flûte de Pan ou de mystérieuses cités d’or. Problème réglé. Comment gérer autant de musiciens dans la création ? et bien il faut être créatif et tout au long des onze morceaux savoir distiller le talent de chacun à un moment.

Car chacun veut sa part du gâteau. Le clavier sert à pousser l’ambiance comme les différentes couches quasi symphoniques sur le départ de Burn Your Witches (qui m’ont fait penser à la façon dont Dimmu Borgir a pu se servir de cet instrument). Bien sûr il va aussi lâcher quelques soli pour bien montrer que ce n’est pas qu’un instrument de fond sonore (même s’il est globalement cantonné à ce rôle). Il faut quand même préciser que les claviers sont très présents comme sur Capital Punishment où ils ne vous lâcheront pas la grappe d’une semelle mais pas sur la totalité du disque et ils laissent parfois la place aux guitares seules comme sur les blasts dont la brutalité ne colle pas avec les effets utilisés comme sur Human Sacrifice.

Car Mayan n’est pas un groupe de comiques mélodiques. En fait, ils sont plutôt versés dans un métal très musclé, gonflé par un son énorme, qui blaste sérieusement et dont les riffs peuvent faire mouche : le premier riff de Redemption – the Democracy Illusion c’est du solide et du lourd, on ne peut pas se tromper quand on sort de telles notes tout comme celui de Burn Your Witches à 2’45 qui va vous assommer un bon coup ! Certains titres jouent sur la lourdeur comme Lone Wolf ou Human Sacrifice.

Autre facteur à gérer : celui du chant. Trois chanteurs avec trois timbres différents, pas simple tout ça. Alors pour la soprano, disons le tout de suite, c’est une utilisation classique, cosmétique dont l’intérêt est limité tant il est anecdotique. On en viendrait parfois à penser qu’il s’agit d’un effet spécial comme sur Human Sacrifice. Elle a sa chanson, Insano, petite ballade toute douce, dont on n’a pas grand-chose à faire. Le plus intéressant restant la paire extrême / chant clair. Le chant black est très présent et se partage la vedette avec une voix death bien grave et les deux interviennent aux moments opportuns. Le chant clair a le mérite de ne pas faire dans la douceur mais est assez rocailleux entre le power et le thrash comme sur Enemies of Freedom. On pourra objecter que son utilisation reste classique sur des titres comme Bloodline Forfeit : passage mélodique au refrain et chant clair avec claviers. C’est du déjà entendu mais tout s’améliore par la suite.

MaYan c’est une affaire qui roule et surtout qui sait tout faire : du black, du thrash, du death, du prog, du heavy, du blast et des soli. Les talents de composition et de jeu sont exploités au maximum pour rendre leur musique aussi entière que possible. Mais du coup, l’éclatement de la musique montre aussi à quel point le groupe est capable de produire un objet commercial qui va plaire au plus grand nombre. On sent que le fan de métal moderne qui n’a pas encore arrêté ses préférences va trouver en Mayan le compromis ultime : une musique facile à écouter et qui passe par toutes les couleurs de l’arc-en-ciel tellurique et mélodique. Du coup, on aura quand même du mal à s’emballer à la longue. Si on voulait être sévère on pourrait même dire que MaYan est le groupe catalogue de ce qui se fait aujourd’hui de Dimmu Borgir à Scar Symmetry auxquels on pourrait rajouter un groupe de prog lambda (vous avez remarqué que je ne cite que des groupes de la même écurie Nuclear Blast). Alors on finit par se lasser de ces choses déjà entendues ou servies sans une véritable âme.

Ce qui nous donne un constat très mitigé pour Antagonise. Le second album de MaYan prouve que le talent combiné apporte une sécurité dans la composition mais qu’un excès de sécurité, qu'ils dénoncent dans leurs textes, finit par enlever ce qui touche la plupart des métalleux : l’âme de la musique. En bref, on a un beau produit, bien emballé, qui brille et qui plaira mais qui au final sonne un peu trop creux pour que l’on s’y intéresse vraiment plus que la durée d’une écoute.

01. Bloodline Forfeit
02. Burn Your Witches
03. Redemption - The Democracy Illusion
04. Paladins of Deceit - National Security Extremism part 1
05. Lone Wolf
06. Devil in Disguise
07. Insano
08. Human Sacrifice
09. Enemies of Freedom
10. Capital Punishment
11. Faceless Spies - National Security Extremism part 2

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