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Album

09 décembre 2014 - U-Zine

Elvenking

Era

LabelAFM Records
stylePower / Folk Metal
formatAlbum
paysItalie
sortieseptembre 2012
La note de
U-Zine
5/10


U-Zine

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Un froncement de sourcils, une suspicion désagréable, une gêne constante…
Non, quelque chose ne va pas…ce n’est pourtant pas un manque d’envie, ni la volonté de bien faire, et encore moins le manque de moyens, tant les transalpins ont fait tout ce qu’il fallait sur cet aspect purement matériel des choses. Non, c’est autre chose…peut-être que les éléments ne s’imbriquent pas…

Back to the past.

Elvenking, fort de ses quinze ans d’expérience, n’est désormais plus ce que l’on peut appeler un jeune groupe. Cependant, le combo italien n’est pour autant jamais parvenu à accéder convenablement à l’échelon supérieur, à passer ce cap si important qui l’aurait fait penser des espoirs à ceux des groupes sur qui compter. Il est devenu progressivement un second couteau de qualité moyenne, ne parvenant pas à concrétiser les pensées positives que l’on pensait de lui initialement, ne gommant que trop peu ses erreurs dites un jour de jeunesse, puis apparaissant comme fondamentales dans la musique du groupe. D’un heavy metal extrêmement imprégné de folk et de légendes, Elvenking avait considérablement réduit son champ d’action et minimalisé son approche sur "Silent Red Tides", à la frontière presque hard rock.

Back to the roots

Pourtant, c’est bien un véritable retour à ses premiers amours qu’opèrent les italiens avec ce septième album prénommé "Era". La dimension folklorique a repris sa place prépondérante, les instruments traditionnels ainsi que les claviers ont retrouvé une disposition dominante tandis que, dans un effort conceptuel, le groupe a désiré faire intervenir un flot considérable d’invités sur l’album. Que ce soit Teemu Mantysaari (Wintersun) pour certaines parties solo de guitare, Alessandro Conti (Luca Turilli’s Rhapsody) pour les chœurs, diverses vocalistes pour les chœurs ainsi que la présence exceptionnelle de Jon Oliva et de sa voix si unique. Il s’en donne d’ailleurs à cœur joie sur "I Am the Monster", où la profondeur de son timbre ne fait que renvoyer aux oreilles de l’auditeur le principal défaut de ce Era ; à savoir son chanteur, Damnagoras, complètement hors du coup. Poussant considérablement sur sa voix et l’emmenant dans des retranchements qu’il ne maitrise pas, l’italien ne fait que perdre la cohérence entre la musique et les lignes vocales. Effectivement, sa voix aux abords du hard rock, de plus dénué de puissance et constamment sur le fil du rasoir concernant la justesse, ne correspond que trop peu avec la finesse et la légèreté d’Elvenking.

L’aspect traditionnel et folk, s’il n’est pas très original aujourd’hui, est cependant parfaitement maitrisé et très beau, entre un Blind Guardian à ses heures celtiques ou encore Tuatha de Danann. "We, Animals", par exemple, est d’une grande richesse instrumentale par la multitude des instruments intervenant et notamment par sa partie rythmique très originale. Malheureusement, une fois de plus, la composition ne parvient pas à passer à l’étape supérieure pour la simple raison qu’il lui manque un grand vocaliste pour la porter et l’emmener plus haut. Éraillée mais sans maitrise, très adolescente dans sa finalité, la voix du groupe est clairement son talon d’Achille.
Comme sur chaque album, Elvenking montre parfois bien plus les crocs, habitude ici illustrée par le plus extrême "Walking Dead", au riff puissant et à la batterie plus rapide, même si les mélodies de violons ne parviendront pas à conférer une grande agressivité à l’ensemble. Néanmoins, on sent Damnagoras plus à l’aise sur ce type de composition, particulièrement sur le refrain très réussi à l’impact évident qui risque de faire un effet « headbang » en concert. A cela s’ajoutera le solo supersonique de Teemu et il s’avère évident, une fois de plus, qu’Elvenking dispose des armes pour mieux faire mais ne les exploite pas correctement (ce riff destructeur à la fin est tellement réussi).

Malgré une excellente production, une technique parfaitement maitrisée et un concept ambitieux (très bel artwork faut-il le préciser), les italiens continuent de s’embourber dans un ventre mou qu’ils ne quitteront désormais surement jamais de leur carrière. Faute à des choix de carrière contestables, des changements de line-up incessants et des carences flagrantes qui ne furent jamais comblées avec le temps. Il suffit d’écouter "Poor Little Baroness" pour comprendre que l’art de la composition est parfaitement maitrisé, que l’intégration des éléments folk est réussi mais qu’il lui manque l’envergure nécessaire et une interprétation supérieure pour réellement faire la différence.
"Era" est une déception qui affirme cette fois-ci définitivement la raison du statut actuel des transalpins. Malgré le temps passé à peaufiner sa conception et à l’arranger dans ses moindres détails, l’album reste bien trop léger et manque de subtilités pour s’installer dans la durée. Elvenking marque, par la même occasion, la raison de son éternel place d’outsider. C’est désormais le meilleur qu’on pourra lui souhaiter, plus semblant définitivement indécent…

1. The Loser
2. I Am the Monster
3. Midnight Skies, Winter Sighs
4. A Song for the People
5. Animals
6. Through Wolf's Eyes
7. Walking Dead
8. Forget-Me-Not
9. Poor Little Baroness
10. The Time of Your Life
11. Chronicle of a Frozen Era
12. Ophale

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