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Album

09 décembre 2014 - U-Zine

Dust-Theority

Wolves

LabelM - O Music
styleMetalcore
formatAlbum
sortieavril 2012
La note de
U-Zine
5/10


U-Zine

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Nine Inch Nails un jour, Fear Factory et Meshuggah le lendemain, puis Gojira aujourd’hui…

Ils furent, quelque part, les initiateurs d’un style froid, compact, syncopé, industriel et violent, révolutionnaires chacun à leur manière et tous plus ou moins soumis les années suivantes à plusieurs centaines de milliers d’hordes de jeunes padawans cherchant vainement le Saint Graal. Mélangeant les atmosphères, les sons et les ambiances, peu arrivèrent à apporter de la nouveauté dans des musiques amenées à s’écrouler elle-mêmes sous le propre poids de leur scène.

C’est aujourd’hui le tour des jeunes français de Dust-Theority de tenter d’apporter suffisamment d’eau au moulin pour le faire tourner d’un nouvel élan. Dans le sillage d’un Gojira au zénith de sa gloire et de son talent, Dust-Theority emprunte autant au géant landais qu’à des intonations bien plus américaines et metalcore, remplaçant la rigidité, le stoïcisme et la brutalité vocale des frères Duplantier par des plans très mélodiques, relativement téléphonés et évoquant très facilement Ill Niño, un Killswitch Engage adolescent, Still Remains ou encore Sonic Syndicate.

Se présentant dans un très joli digipack à la pochette très réussie et intrigante, ce "Wolves" (évocateur non ?) se pare également d’une excellente production mettant parfaitement en exergue les qualités techniques du quatuor, qui s’arme d’un excellent guitariste (aimant visiblement énormément le tapping) et d’un batteur au jeu très fouillé et varié.
Comme dans beaucoup de groupes de la nouvelle génération, c’est vocalement que le bât blessera rapidement puisque pour un chant hurlé effectivement bon, écorché et maîtrisé, l’auditeur devra se farcir énormément de parties de chant clair qui n’auront de cesse d’étaler une niaiserie et une transparence émotionnelle de chaque instant ("In my World" s’ouvrant carrément comme du Nickelback des mauvais jours).

Comment qualifier l’excellence des premiers instant de "Rage Inside", brutaux à souhaits et techniquement calés au millimètre, avant qu’un chant clair hideux et creux ne prenne la mesure d’un refrain sans élan, sans impact et sans force. Et c’est bien là tout le problème de ce jeune groupe qui va répéter ce schéma inlassablement, avec la plupart du temps les mêmes erreurs, des poncifs identiques et une optique musicale actuellement éculée au possible tant elle est utilisée à outrance et usée jusqu’à l’os. Les mots sont certes durs mais ils reflètent une dure réalité : cette sensation persistante et de plus en plus proéminente d’entendre huit fois sur dix le même nouveau groupe, sans distinction, personnalité ni véritable valeur ajoutée.

"Existence" pourrait tenir quelque chose si les claviers avaient été plus insistants, avec une volonté plus criante d’apporter quelque chose (peut-être à la manière du premier Enter Shikari), particulièrement dans le passage central, très technique et impressionnant par sa fluidité, pendant que les parties graves de Mike poursuivent leurs hurlements de rage.
Étrangement, c’est lors de la composition acoustique "Rare Sensation", que les vocalises clean seront le plus convaincantes. Sans pour autant éviter complètement le piège des mélodies vocales un peu faciles et mielleuses de type Stone Sour (ces chansons que l’on chante sur les marches du lycée avec sa guitare acoustique, les cheveux au vent et les filles à ses pieds), la composition se veut tout de même réussie, jolie et bien plus prenante que d’autres passages plus superficiels du disque.

Quant au parallèle avec Gojira, il prend tout son sens sur le titre éponyme "Wolves". Montant progressivement en puissance et longtemps instrumental, les dernières mesures font énormément échos aux magistrales parties de tapping que l’on retrouve sur "Global Warming" et "Oroborus" (respectivement dernier morceau de "From Mars to Sirius" et premier de "The Way of All Flesh"), tout en sonnant plus léger, moins grave et pessimiste, particulièrement lorsque le chant refait surface, sans forcément convaincre (laisser le morceau totalement instrumental n’aurait-il pas été un choix artistiquement plus cohérent ?).

Globalement, Dust-Theority manque encore de maturité dans la maîtrise de sa musique, et se laisse un peu trop facilement aller à des automatismes d’écriture qu’il doit probablement aux nombreux groupes qui les influencent. Il sera bon, à l’avenir, de faire un peu le vide autour d’eux afin de partir réellement de zéro, afin de moins discerner des influences trop marquées et visibles encore sur ce premier album.
Cependant, à l’écoute de ce disque, il est clair qu’il y a un potentiel technique fort chez le groupe... il ne reste plus qu’à mettre à profit la personnalité de ces quatre musiciens pour nous offrir un nouveau visage ; le leur.

1. Mother Earth
2. Rage Inside
3. Bad Impact
4. In My World
5. Existence
6. Bring Out Your Dead
7. Rare Sensation
8. Together Strong
9. Giving Up the Past
10. Wolves