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Album

09 décembre 2014 - U-Zine

Killing Joke

MMXII

LabelSpinefarm
styleMetal Industriel
formatAlbum
paysAngleterre
sortieavril 2012
La note de
U-Zine
9/10


U-Zine

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La maturité, ça a du bon. Regardez Killing Joke, groupe culte s'il en est, que beaucoup voyait sur courant alternatif passant du chef d'œuvre à la tuile en quelques années. Depuis qu'ils ont passé la barre des quarante ans, ils n'ont plus fait une seule fausse note et tout le monde sera d'accord pour le dire. Bien sur, il y a des hauts et des un-peu-moins-hauts mais depuis le second album éponyme, il n'y a plus rien à jeter. Même la mort de Paul Raven n'aura pas eu la peau des « Britanniques » qui reviendront en formation originelle (avec Youth à la basse donc) encore plus fort pour nous sortir Absolute Dissent et cette année MMXII.

Fasciné par tout ce qui touche à l'occulte, Jaz Coleman a profité de MMXII (2012 en chiffres romains) pour parler d'un sujet qui lui tient à cœur : la fin du Monde. L'ambiance s'en ressent forcément que je vois comme une tentative de retour vers le son de Pandemonium : Industriel mais facile d'accès. Le terrain est balisé de manière à ce qu'on voit apparaître vite les moments assassins. A la différence d'un Killing Joke 2003 et Hosannas From The Basement Hell, MMXII est un album qui s'appréhende et se digère très vite. Le premier extrait « In Cythera »,chanson d'amour envers tous ceux qui ont soutenu le groupe (les Gatherers) durant plus de trente ans de carrière, faisait dans l'efficacité et au bout d'une écoute, on savait déjà que ce titre était imparable et qu'il ferait parti des incontournables de l'année 2012. Il en va de même avec l'album dont on repère les qualités intrinsèques au bout de seulement deux écoutes. La raison est simple : les titres sont moins longs (Seuls « Pole Shift » et « Trance » dépassent les six minutes), disposent chacun d'un refrain implacable, les claviers sont très mis en avant (Je pense même que c'est l'instrument central du disque) et Jaz utilise plus son chant clair que dans un passé récent. Certains titres comme « Glitch » ou « Corporate Elect » sonnent bon la nostalgie du Metal Industriel des années 90 tandis que ceux qui ont toujours rêver de se rendre dans une boite de nuit qui passe du Rob Zombie à fond comme dans Matrix (un vieux fantasme que j'ai depuis ma vision du film) retiendront les rythmes presque Techno de « Rapture » et de « Trance » (Cette basse!) qui renverront dans les cordes n'importe quel groupe Goth de mauvais genre qu'on entend partout. J'ai d'ailleurs toujours une image du Hellfest 2009. Killing Joke jouait juste avant Marilyn Manson sur l'autre scène et le public était très clairsemé préférant attendre le Révérend que d'aller découvrir un groupe de ringards avec un chanteur grimé. Sauf que quand Killing Joke qui, au passage, avait sorti un gros show, a joué un titre un peu industriel (« Pandemonium » si je ne dis pas de bêtises), une partie de la foule s'est déplacée pour se rendre compte que Killing Joke, ce n'était pas si mal que ça, en fait. Tout cela pour vous dire que Killing Joke a toujours eu deux ou trois trains d'avance, ce qui rend le mépris du public à son égard encore plus insupportable.

Mais attention, si les titres sont entrainants, il y a un truc derrière cet album comme il y en a toujours eu chez Killing Joke. C'est surement ce qui en fait sa force. Le Chevalier des Arts et des Lettres, Jaz Coleman, n'est pas du genre à laisser les choses au hasard, plutôt du genre perfectionniste à vouloir aller toujours plus loin en maîtrisant tout. Bah oui, on n'est pas compositeur de l'orchestre symphonique de Prague, par hasard. Du coup, il passe en revue le concept de 2012 mais sous un angle avant-gardiste. Qu'est ce qu'il y aura après 2012. S'il ne croit pas à la thèse de la fin du Monde (bien que fasciné par celle-ci), il croit parfaitement qu'un événement va avoir lieu et va nous obliger à changer nos comportements. Comme déjà-dit, ce concept apporte de la profondeur et de l'âme à la musique de Killing Joke qui le différencie du reste. Compositions et concept sont indissociables. Même si on ne comprend pas toutes les paroles, la Musique se suffit à elle même pour donner du sens à chacun des titres. « Pole Shift » passe de la quiétude au chaos en quelques secondes comme pour montrer que l'évènement pourra frapper à n'importe quel moment et sans prévenir. « Fema Camp » - nom donné aux camps de concentration américain – est un appel à l'indignation et à faire changer les choses. « In Cythera » et « On All Hallow's Eve » légères et porteuses d'espoir contrastant avec la dérangeante Post-Punk « Primobile » qui (pour)suit « In Cythera ». « Glitch » et « Corporate Elect » tirent les sonnettes d'alarmes dans un monde où plus rien n'a de sens.

Enfin oui, il y a bien quelque chose ayant du sens en 2012... Cette chose, c'est le MMXII de Killing Joke que l'on met directement dans le Top mais plus en avant que les derniers Orange Goblin et Anathema. Même si on préférera Killing Joke (second du nom) et Hosannas From The Basement Hell, Killing Joke est le leader et puis c'est tout. L'espoir d'avoir un nouvel album de Killing Joke arriver très vite, en voilà une excellente raison d'être encore là après le 21 décembre prochain parce que le groupe ne se prive pas déjà pour voir l'après 2012.

1. Pole Shift
2. Fema Camp
3. Rapture
4. Colony Collapse
5. Corporate Elect
6. In Cythera
7. Primobile
8. Glitch
9. Trance
10. On All Hallow's Eve

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