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Album

09 décembre 2014 - U-Zine

Desultor

Masters Of Hate

LabelAbyss Records
styleExtreme heavy
formatAlbum
paysSuède
sortiemars 2012
La note de
U-Zine
7.5/10


U-Zine

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Parfois, on se demande ce qui passe par la tête des musiciens quand ils doivent chercher un nom de groupe. On sait que le ridicule ne tue pas mais il faut aussi faire face au test de la recherche. Ainsi quand on tape Desultor, le groupe qui nous intéresse aujourd'hui, on tombe sur un certain nombre d'explications concernant des personnes qui dans l'Antiquité faisaient des démonstrations de leur talent à cheval en sautant d'une monture à une autre au galop. On est bien loin des Purulent Execrutor et autres joyeusetés de ce genre. Heureusement le duo suédois sait se rattraper en affirmant qu'ils jouent du « murder metal ». ouf l'honneur est sauf. Comme vous l'avez remarqué, je n'ai parlé que de deux musiciens qui ont initié le projet en 2007 et se sont fait connaître avec deux démos. Ils ont réussi à dégoter un contrat avec Abyss Records qui les a donc poussé vers la genèse de ce premier album Masters of Hate.

Ils se sont retrouvés au Necromorbus Studios en Suède (le premier qui rigole à cause du nom.... aura bien raison !) afin d'enregistrer les onze morceaux qui composent cet album. Vu qu'ils devaient être très fatigués après, ils n'ont pas fait beaucoup d'efforts pour la pochette et ont pris une illustration sans aucun intérêt, frisant le moche. Un mauvais point pour eux car pour attirer la chaland, rien ne vaut un visuel accrocheur et qui prépare au contenu. Surtout que si l'on se penche sur la question, le « murder metal » a déjà été évoqué par un groupe que les vieux death metalleux connaissent : Macabre.

Le moins que l'on puisse dire c'est que l'on ne s'attend absolument pas à la musique que l'on va se prendre dans la tête avec Desultor. Bon c'est vrai que cela commence plutôt doucement avec une intro très calme et posée. D'ailleurs on retrouve deux autres instrumentales aux moments charnière : au centre et à la fin. Ils n'apportent vraiment rien et ne sont pas particulièrement remarquable mais tiennent parfaitement leur rôle de remplissage. Et puis, il faut bien un peu de temps pour que l'auditeur repose ses oreilles car Desultor ne fait pas vraiment dans la finesse.

Leur concept, très particulier au demeurant, repose sur une musique très rapide et une voix assez loin de l'extrême, plus proche du heavy / power. Pour faire un résumé des titres, on pourrait faire une comparaison avec un grand prix de F1 : une fois le feu vert allumé, on lâche tout et il n'y a que des toutes petites pauses au ravitaillement et tout ça jusqu'à la fin. Difficile de rattacher le style à quelque chose de déjà fait, on peut prendre ça comme un compliment, mais on voit les ficelles de la composition : filer une grosse claque dans la tronche de l'auditeur. D'ailleurs le titre des chansons comme Division Insane sont la preuve de cet état d'esprit.

Comme précisé plus haut, le groupe a seulement deux allures : vite et très vite. Et dès que Black Monday débarque, on se sent soufflé par le tempo et la voix, qui part du aigu à la Judas Priest jusqu'au timbre râpeux du black. On sent que parfois le chant tire vers la litanie comme le ferait Warrel Dane, le chanteur de Nevermore, notamment sur Another World, dans laquelle la « scansion » est totalement décalée avec le blast ultra rapide tenu par la batterie. On retrouve d'ailleurs ce procédé un certain nombre de fois sur And So We Bleed ou The Luxury of Pain par exemple. Ce procédé connait quand même quelques limites, surtout qu'il est répétitif et convenu au bout d'un moment (Division Insane est un élément assez faible par exemple). Heureusement, les parties plus black viennent varier le tout et apporter un peu de piment extrême au chant.

C'est d'ailleurs en pensant à pimenter leur musique et à se forger un caractère original que Desultor a écrit cet album. On sent néanmoins que le processus est en cours d'évolution puisque l'ensemble est assez homogène et qu'ils continuent d'expérimenter. Le déroulement des titres suit une logique plutôt convenue et établie, prouvée par la relative homogénéité dans la longueur des chansons (autour de trois minutes) : , couplet, refain avec variations du tempo (voir plus haut), soli et on repart. Pas de break ou de moment vraiment originaux. Sans pour autant que cela vienne ruiner le plaisir de l'écoute.

Pour conclure, ne vous laissez par berner par les étiquettes. Desultor est vendu comme groupe de prog / extrême, mais soyons honnêtes, ce groupe est au prog ce que Dark Funeral est à la bourrée auvergnate, une vaste fumisterie. Par contre, si vous voulez vous pencher vers l'énergie brute de ce compromis entre deux mondes qui ne se rencontrent pas souvent aussi frontalement, allez-y vous ne regretterez pas l'achat de Masters of Hate !

1. Chapter 1: New Era
2. Black Monday
3. Another World
4. Denied
5. Division Insane
6. Chapter 2: The Phoenix
7. And So We Bleed...
8. The Luxury of Pain
9. Caged
10. Masters of Hate
11. The End