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Album

09 décembre 2014 - U-Zine

Systr

Gazole

LabelSG Records
styleElectro Indus
formatAlbum
paysFrance
sortiefévrier 2012
La note de
U-Zine
5.5/10


U-Zine

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L’attente…

Laissé dedans depuis des mois, les quelques oreilles qui, dans l’ombre, étaient en proie à l’attente, sont sur le point d’être comblées. Comblé ? Tout du moins de ne plus avoir à supporter cette insupportable et inéluctable montre, ce temps qui passe et s’effiloche, dévorant tout sur son passage. Après un enregistrement cauchemardesque et un premier mixage catastrophique, les nantais semblent enfin voir le bout du tunnel…l’attente prend fin, l’essence est prête à s’enflammer, le flamme s’embraser…Systr, avec des mois de retard, est enfin sur le point de publier son premier et attendu premier album : le bien-nommé "Gazole".

Pourquoi une telle attente salivante ? Simplement parce que, sous couvert d’une tournée en première partie de Lycosia début 2010, les jeunes nantais avaient surpris tout le monde, se payant même parfois le luxe de dépasser la tête d’affiche en termes de prestance scénique, de puissance et de coller une énorme claque à l’ensemble du public présent. Très avancé, l’album était alors prévu pour mars prochain…
Il sortira finalement presque deux ans plus tard.

Le voici enfin. Très sobre, pour ne pas dire minimaliste (ou décevante), l’artwork se suffit à lui-même en ne dévoilant que le stricte minimum ; à savoir le patronyme du groupe et le nom du disque, le tout sur un logiciel devant friser la complexité d’un photofiltre. Plaisanterie évidemment mais qui témoigne d’une imagerie bien terne, pourtant inverse à l’image très forte que dégage le groupe sur scène, autant visuellement que scéniquement. Dans le sillage d’un Rammstein plus mélodique, d’un Deathstars plus moderne ou encore d’un Eisbrecher, Systr ne cache pas ses influences mais compte bien montrer à tous qu’il possède une personnalité forte et indépendante.

"Gazole" ouvre directement le bal dans une influence électro-indus lourde et synthétique, abreuvée de riffs épais et directs, sans fioritures. Les vocaux de Martin (Bagger) s’inscrit dans une veine beaucoup moins virulente et dogmatique qu’un Till Lindemann et se rapproche justement de l’aspect plus commercial de Eisbrecher, plus mélodique et entêtant, loin de l’aspect glacial d’un Rammstein ou d’un Nine Inch Nails. "DBMB" enfonce encore un peu plus ces influences très accessibles avec des vocalises très proche de la new-wave, des riffs en retrait et une prépondérance de claviers très electro, s’éloignant quelque peu de la froideur et des éléments syncopées propre à l’indus (les effets vocaux entre Depeche Mode et Lycosia le prouve grandement, apportant un côté « dance/ boite de nuit » évident).

En l’absence d’une basse, la guitare prend une place non négligeable dans le mixage, mais la production puissante (très léchée) ne parvient jamais à la mettre dans une position optimale, se battant continuellement pour se tailler une place dans cet océan de samples, de machines et de claviers. "Protect your Horizons" distille un schéma plus dépouillé, très électronique mais plus mélancolique, où le chant se fait moins saturé et plus naturel, mais y perd paradoxalement en expressivité.
Après trois morceaux, il pointe un détail clairement identifiable, et éminemment dérangeant : l’énergie dégagée en live et la puissance des morceaux n’ont pas été canalisés et le processus d’enregistrement a littéralement affadi les compositions des nantais. Un titre comme "Understanding", devenu très rapidement un classique des concerts et bénéficiant de nombreuses vidéos sur la toile, ne retrouve jamais l’énergie incroyable qu’elle dégage en live, notamment sur un refrain qui donne normalement directement envie de sauter dans tous les sens. Ici, cela sonne téléphoné, plat et bien trop lisse ; on croirait parfois entendre un groupe de pop électronique avec une voix un tantinet grave mais il manque une énorme dose de virulence et d’épaisseur dans le son et l’interprétation.
"Superheroes" plonge même la tête la première dans un festival du kitsch avec une chanteuse aux « yeah yeah yeah » ridicules et des vocaux graves semblant bien peu naturels, évoquant sans conteste un « Rammstein à minette » qui ne pourra être que péjoratif pour Systr, par manque de personnalité et surtout de crédibilité de proposer une telle composition pour terminer son premier album (en espérant que ce ne soit pas une porte vers le prochain sinon…). La reverb’ dans les lignes vocales, le riff répétitif et basique tournant en boucle et les samples « boom boom » énervent tellement que la sensation et surtout l’envie de remettre l’album après l’écoute est proche du zéro.

Une sensation de déception nous envahit après la découverte de "Gazole", en lequel je misais personnellement beaucoup d’espoir en ce début d’année 2012. La personnalité de Systr, paraissant bien installée, s’évanouit complètement à l’instant même où le disque débute. Les nantais multiplient les poncifs, nagent trop souvent dans des clichés éculés jusqu’à la moelle et rappelle toujours d’autres groupes, qu’ils soient metal ou pas, sans jamais se distinguer eux-mêmes. Rien de neuf ni de créatif ne se dégage de ce "Gazole", aux relents nauséeux de cambouis et ne décollant jamais plus haut que le ras des pâquerettes. Le talent et le potentiel sont là mais il faudra mettre les bouchées doubles pour décharger toute la puissance du groupe à l’avenir, et modeler sa propre personnalité. C’est ici que se placera le plus grand défi des nantais.

1. Gazole
2. DBMB
3. Protect Your Horizons
4. The Race
5. Understanding
6. Point Break
7. All Given Words
8. Sportswear (Dead Or Alive)
9. Remaining Silence
10. Superheroes