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Dès sa création en 1992 sous l’impulsion de son unique maître à penser, Judas Iscariot a frappé fort, et a inscrit d’une pierre noire son nom sur la scène Black Metal internationale, prouvant au passage que pour une même période donnée, la Scandinavie n’était pas la seule terre pouvant offrir de l’intégrité et de la conviction en termes d’Art Noir.
Andrew Harris, plus connu sous le nom d’emprunt Akhenaten, a toujours dirigé son bébé d’une main de fer, s’imposant comme unique compositeur du projet, ne s’octroyant les services de musiciens de sessions qu’occasionnellement. D’une sortie sur l’autre et dès son percutant The Cold Earth Swept Below en 1996, Judas Iscariot n’a cessé d’évoluer, de façonner sa musique, de la parfaire, sans pour autant perdre en hargne et en rigueur, en dépit des controverses, et malgré un léger coup de moins bien, eu égard à la qualité de ses prédécesseurs, sur Heaven in Flames.
Caractérisé jusqu’alors par une production relativement raw, quoique gagnant en clarté à mesure que les opus se sont succédés, un certain tournant, une évolution plus radicale a opéré à la sortie du mini-cd qui nous intéresse ici : Dethroned, Conquered and Forgotten.
Le premier arpège introduisant ce brulôt d’une vingtaine de minutes confirme l’évolution de la production, moins lointaine et étouffée, et la dévastation ne s’en fait que plus percutante dès les premières secondes d’un opus que ne faiblira pas un instant, que ce soit dans ces moments de frénésie pure, ou dans ses aspects atmosphériques (March upon a mighty throne). La relative déception engendrée par Heaven in Flames est immédiatement gommée par cette déferlante de haine et de brutalité, prouvant qu’Akhenaten est bien vivant, toujours aussi belliqueux et réussi son passage à l’an 2000 comme personne. Les power-chords, omniprésents, sont massifs, les transitions assènent les gifles et leurs revers, Descent into the Abyss justifie à lui seul l’achat de cet opus.
Cette évolution n’est pas étrangère à la micro-concession qu’a opéré Akhenaten, plus habitué à mener seul Judas Iscariot, jusqu’à la pratique de tous les instruments, mais qui s’est autorisé les services d’un certain Duane Timlin, a.k.a. Cryptic Winter derrière les fûts, le bougre s’étant déjà illustré notamment au sein de Krieg et Sarcophagus. La précision de ce barbare du drumkit insuffle une saveur nouvelle aux riffs de Judas Iscariot, injectant la précision et l’agressivité nécessaire à l’expansion de la violence du projet. C’est bien simple, au-delà du sens imparable du riffing et du témoignage imagé de la haine dont sait faire preuve Akhenaten sur ce skeud, c’est surtout cette batterie fracassée, martelée avec virulence, jouant du rythme, insistant sur l’aigu des cymbales plus incisives que des lames de rasoir, qui frappe et reste gravé dans le cerveau.
Sorte d’éloge à la haine réfléchie, secondée comme à son habitude par des pensées issues de Nietzsche, Dethroned, Conquered and Forgotten est selon votre humble serviteur la sortie majeure de Judas Iscariot, en décalage par rapport à sa discographie, sorte de sortie couillue venant de nulle part mais qui sait t’atomiser le coin de la tronche sans crier gare, le genre de rondelle qui sait allier nuance et brutalité, Haine et sensibilité musicale.
Il est presque certain que Judas Iscariot n’aurait pas réussi à maintenir cette véhémence et cette cohésion sur une durée plus longue et c’est pour cela que ce mini-cd s’impose comme un instantané de la musique d’Akhenaten. Vive, intense, épileptique, la musique de Judas Iscariot a trouvé sa voie, la voie du vice, de la Haine paroxysmique qui hisse le black-metal US, bien trop négligé à l’époque au rang de référence des pourvoyeurs d’Art Noir.
1. Descent to the Abyss
2. Benevolent Whore, Dethroned for Eternity
3. Journey Through Visions of War
4. March Upon a Mighty Throne
5. Spill the Blood of the Lamb